La passion du négatif : Lacan et la dialectique Vladimir Safatle 5 Ce livre est
La passion du négatif : Lacan et la dialectique Vladimir Safatle 5 Ce livre est le résultat d’une thèse de doctorat soutenue à l’Université de Paris VIII (en 2002) sous la direction du Professeur Alain Badiou. Je voudrais exprimer ici ma gratitude envers lui, ainsi qu´à sa clairvoyance et générosité. Je voudrais aussi remercier les Professeurs François Regnault, Peter Dews, Paulo Eduardo Arantes, Slavoj Zizek et surtout Antonia Soulez e Monique David-Ménard. Ils ont tous aidé, d’une façon ou d’autre, dans la structuration de ce livre. Pierre Magne m’a rendu un service inoubliable en corrigeant les preuves, Bruno Haas e Filipe Marti ont tous les deux discuté avec moi certaines questions majeures de ce livre. D´autres amis comme Barbara Formis, Vannina Michelli-Rechtman, Philippe Van Haute, Jean- Pierre Marcos, Cristina Alvarez, Christian Dunker ont été des interlocuteurs importants. A eux, j’exprime ma sincère gratitude, ainsi qu’à mes élèves à l’Université de São Paulo. 6 A Sandra, devant qui les mots de reconnaissance sont toujours trop faibles À Valentina, qui est née avec ce livre Et, surtout, à Bento Prado Júnior (in memorian), Avec qui j’ai tout commencé 7 Table de matières Préface, par Monique David-Ménard, 12 Introduction, 15 Une expérience dialectique, 17 Sur le besoin de soutenir l'impératif de reconnaissance, 21 La résistance de la catégorie de sujet, 24 Une synthèse non-totalisante: penser à travers des constellations, 28 La dialectique entre conceptualisation et formalisation, 30 Considérations finales pour l’introduction, 33 Première partie: Une rationalité à la praxis analytique - considérations sur le recours lacanien à la notion d'intersubjectivité Chapitre I: Histoires de renversements Remarque sur la Dialectique du Maître et de l'Esclave, 36 La dialectique hégélienne, selon Lacan, 38 Deux façons de dire non, 42 La Verneinung comme dialectique bloquée, 49 Remarque sur le problème de l'intersubjectivité chez Hegel, 53 Dora et ses renversements, 54 Le sexuel comme opacité, 58 Chapitre II: La transcendance négative du désir Purifier le désir, 63 Un sujet transcendantal pour la psychanalyse? 67 Une image bloque toujours la vérité, 69 Catégoriser à travers des images, 74 La subjectivation du manque entre Sartre et Lacan, 78 Le manque-à-être lacanien et le désir de Freud, 80 Hegel et le travail du désir, 84 8 Chapitre III: Unir un désir à la Loi: la maturité de la clinique de l'intersubjectivité Désirer la Loi, 94 Symbolisation analytique comme métaphore, 97 Théorie comme fiction? 101 L'affirmation métaphorique et le reste métonymique, 104 Pour quoi les psychotiques ne sont pas des poètes? 106 Être reconnu par un père mort, 110 L'impossible de la tautologie du père, 115 Une castration qui ne menace personne, 119 Désirer un Phallus châtré, 122 L'Aufhebung suspendue du Phallus, 126 Pour quoi le Phallus est-il solidaire d'un semblant? 129 Deuxième partie: Entre la Loi et le fantasme Chapitre IV: L'acte au-delà de la Loi: Kant avec Sade comme point de torsion de la pensée lacanienne États de lieux: vers le désir de la Loi, 137 L'intersubjectivité entre Kant et Lacan, 142 La Loi morale est le désir en état pur, 145 Das Ding, das Gute et la jouissance au-delà du plaisir, 148 Le piège sadien, 153 Acte et division subjective, 156 Est-il possible de juger l'acte? 159 Chapitre V: La perversion comme figure de la dialectique du désir L'immanence perverse, 165 La perversion et ses coordonnées structurales, 167 Dolmancé comme objet, 172 Masochisme, vérité du sadisme, 175 Kant avec Sacher-Masoch, 178 La négation fétichiste comme production des semblants, 182 L'acte analytique au-delà de la perversion, 186 Chapitre VI: Traverser le fantasme à travers le corps Penser le fantasme, 190 Genèse et structure du fantasme, 192 L'objet a entre fantasme et Réel, 198 9 L'amour dans la chair, 203 Adorno et le corps comme cause de l´acte, 206 La destitution subjective comme procédure d’amour, 209 Troisième partie : Destins de la dialectique Chapitre VII: Repenser la dialectique hégélienne Travail et langage, 216 Hegel, Lacan et le problème de l'arbitraire du signe, 218 La performativité du concept : rapports entre langage et action, 223 Le moi et la dialectique, 228 Le sensible entre Hegel et Lyotard, 231 Construire des rapports à travers des négations déterminées, 233 Deux (ou trois) négations: entre l'opposition réelle et la contradiction, 237 La contradiction objective entre Hegel et Adorno, 244 Entre intersubjectivité et reconnaissance, 249 Les limites de la démarche, 256 Chapitre VIII: Esthétique du réel Psychanalyse et art: histoire d'un échec? 261 La mort comme pulsion, 267 Pour introduire le concept lacanien de sublimation, 273 La sublimation comme contradiction objective, 277 L'historicité du concept lacanien de sublimation, 281 Trois protocoles de sublimation: soustraction, 283 Trois protocoles de sublimation: le déplacement à l’intérieur de l’apparence, 287 Trois protocoles de sublimation : la littéralisation, 291 Chapitre IX : Reconnaissance et dialectique négative Critique de l’intersubjectivité, 295 Mimésis, nature et étrangeté, 299 Schoenberg mimétique, 306 Spécularité et opacité, 307 Vers une ontologie négative, 314 Bibliographie, 320 10 Les citations de l´oeuvre de Lacan seront indiqués par S (pour les séminaires suivie du volume), E (pour les Ecrits), AE (pour les Autres écrits) e PPRP (pour De la psychose paranoïaque dans son rapport à la personalité). Dans le cas d´Adorno, TE indique Théorie esthétique et DN Dialectique négative. Dans le cas de Hegel, PhE indique Phénoménologie de l´Esprit (dans la traduction de Jean Hyppolite). 11 Il n’y a que certaines personnes de mauvaise foi qui considèrent que j’ai promu l’hégélianisme à l’intérieur du débat freudien Jacques Lacan1 1 LACAN, S XVI, p. 272 12 Préface En construisant l’espace conceptuel commun à deux pensées qui se sont ignorées durant un demi-siècle, celle de Lacan et celle d’Adorno, Vladimir Safatle fait beaucoup plus qu’un rapprochement intéressant : il confronte deux philosophies, appuyées chacune sur une pratique –la cure psychanalytique pour l’un, la création artistique pour l’autre -, et oblige la pensée à s’interroger sur ce qu’un système, qui a sa densité propre de theoria doit, justement, à la pratique ou à l’expérience qu’elle privilégie. La thèse de Vladimir Safatle est qu’un certain rapport des sujets désirants à l’opacité des objets qui causent leur désir - et qui a fait dire à Lacan que l’objet du désir et de la pulsion , loin de compléter le sujet, le divise d’avec lui-même tout en le constituant -, représente une expérience du même registre que la pratique artistique décrite par Adorno : elle libère le sujet moderne, enfermé dans un rationalisme trop court, des illusions d’identité que le sujet de la science ne peut pas ne pas développer en se déployant, se rendant ainsi solidaire d’un monde social aliénant. Il y a une résistance à la visée de complétude subjective qui vient des objets, expose V.Safatle, et cette résistance seule – résistance des matériaux d’une création à toute visée dominatrice et à toute vie réifiée, résistance de l’altérité de l’Autre dans le transfert en analyse -, empêche que nos désirs assimilateurs ne se referment dans un narcissisme mortifère. En dessinant la carte de cette rencontre entre Adorno et Lacan, Vladimir Safatle ne fait pourtant aucun réductionnisme : il fréquente assidûment l’itinéraire et la logique propre de chacune de ses pensées : Lacan situe le sujet du désir comme devant être reconnu ; mais cette reconnaissance n’est pas délivrée par une autre conscience ; aucune visée de transparence, de maîtrise par le savoir ou de partage d’un universel ne qualifie ce qui relève, en psychanalyse lacanienne, du rapport à l’Autre et de la reconnaissance. C’est même pour éviter les connotations trop phénoménologiques et trop sartriennes d’une conception du désir liée à la reconnaissance que Lacan serait devenu structuraliste : si la reconnaissance qui est obtenue dans une analyse est celle de l’aliénation du sujet à la série des signifiants qui ont structuré son histoire, le sujet est seul avec l’épure structurale de son désir ; et cette dernière est, de plus, marquée d’incomplétude : si un signifiant est ce qui représente un sujet auprès d’un autre signifiant, le sujet est ce vide 13 déterminé par sa place dans une structure. Il est donc affronté au rien dont il est l’effectuation. Et on ne sort des illusions de complétude que par ce que Lacan nomma le désir pur, seule façon pour un sujet de se désidentifier d’une chaîne constitutive mais aliénante. Or cette pente de la pensée de Lacan n’est corrigée, justement, que par son insistance sur l’importance de l’objet : objet du désir, lié encore à une configuration signifiante, mais aussi objet de la pulsion, à laquelle l’analyste ramène l’analysant, lui permettant par là de traverser l’idéalisation de l’amour de transfert. Le moment structuraliste n’était donc qu’un moment, dont l’importance de l’objet, cause du désir, prélevé sur l’Autre et pourtant opaque car inassimilable, libère. Le trajet d’Adorno est tout différent : l’expérience de la création artistique est pour lui ce qui libère des illusions d’une reconnaissance intersubjective dont J.Habermas et A.Honneth espèrent encore pouvoir tirer une théorie de la socialité. Un artiste s’identifie avec ce qui ne peut pas être lui dans ce qu’il crée. Même, il fréquente l’impersonnalité des choses et la dureté uploads/Litterature/ safatle-la-passion-du-negatif-lacan-et-la-dialectique-libre.pdf
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- Publié le Dec 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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