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liiliiiîi!l!iiii jp. iiiii THE LIBRARY OF THE UNIVERSITY OF CALIFORNIA RIVERSIDE Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/lalanguederabela01sain LA LANGUE DE RABELAIS PAR L. SAINEAN Ancien Professeur de l'Université Vice-Président de la Société des Études Rabelaisiennes TOME PREMIER CIVILISATION DE LA RENAISSANCE PARIS E. DE BOCGARD, ÉDITEUR Anciennes Maisons Thorin et Fontemoing 1, RUE DE MÉDICIS, 1 1922 A MONSIEUR ARISTIDE BLANK HOMMAGE DÉVOUÉ DE L'AUTEUR s PRÉFACE Depuis une quinzaine d'années l'œuvre de Rabelais a été la constante préoccupation de ma pensée, Tobjet prin- cipal de mes recherches. Ce sont les résultats de cette longue enquête, reprise et continuée avec persévérance, que je viens présenter aujourd'hui aux rabelaisants, à tous ceux qui aiment et admirent le grand écrivain. Il y a plus de deux siècles, Le Duchat abordait pour la première fois, dans son célèbre commentaire, le côté philologique de Rabelais. Ses efforts très méritoires, étant donné l'état chaotique de la philologie française au début du xviii^ siècle, sont malheureusement restés iso- lés. Un système d'exégèse mort-né, celui de l'allégorisme historique, a pendant deux siècles complètement sacrifié l'étude philologique du roman rabelaisien, et les consé- quences désastreuses de cette méthode n'ont pas échappé au célèbre bibliographe Jacques-Charles Brunet, qui écrit en 1834: « La philologie restera désormais l'ob- jet principal, sinon unique, des interprètes futurs du Pantagruel ; et certes le cadre ainsi restreint est encore assez vaste pour qui saura le remplir convenable- ment » (i). Le réveil des études rabelaisiennes, dans les premières (1) J.-Ch. EvxxnQX, Notice sur deux anciens romans intitulés Chroni- ques de Gargantua, oîi Von examine les rapports qui existent entre ces deux ouvrages et le Gargantua de Rabelais, Paris, 1834, p. 2. vin PREFACE années du xx" siècle, est la conséquence de l'enseignement de M. Abel Lefranc, à l'Ecole des Hautes-Etudes, puis au Collège de France. De ses conférences sur l'Histoire littéraire de la Renaissance sortit la première phalange de rabelaisants, presque toute recrutée parmi ses élèves ou ses amis. La critique du texte, la recherche des sour- ces, l'établissement de la biographie, l'interprétation réaliste de l'œuvre furent dès lors assis sur des bases scientifiques. Une Société des Etudes rabelaisiennes fut constituée, dont la Repue commença à paraître en iqoS, et l'édition critique des Œuvres fut projetée. Je n'ai pas eu Thonneur d'être l'auditeur de M. Lefranc, et j'ai rejoint tardivement ce premier noyau de panta- gruélistes; mais je n'en ai pas moins subi la séduction de sa parole entraînante, de son esprit large et sympathi- que. Grâce à ses encouragements, j'ai abordé à mon tour la philologie rabelaisienne. Depuis mon premier article : « Les éléments adven- tices du vocabulaire de Rabelais » (1908), je n'ai cessé, pendant une quinzaine d'années, de fournir une longue suite d'études et de notices qui parurent périodiquement dans la Revue des Etudes rabelaisiennes, puis dans la Revue du XVP siècle, et dont la substance passa dans le commentaire philologique de l'édition critique des Œu- vres de Rabelais publiée sous la direction de M. Lefranc (1912 et suiv.). J'ai exposé, dans l'Introduction de cette Edition, sous la rubrique « Méthode », les principes suivis pour la rédaction du commentaire. Qu'il me soit permis d'en rap- peler deux passages : « L'absence d'un dictionnaire du xvi^ siècle reste très sensible. Pour en atténuer l'inconvénient, en ce qui con- cerne Rabelais, il nous a fallu faire le tour des écrivains des XV® et x\f siècles. Les genres dramatique (mystères, farces) et narratif (romans, nouvelles, facéties) nous PREFACE IX ont fourni une riche cueuillette, à laquelle sont venus s'ajouter les témoignages des principaux auteurs de l'épo- que, depuis Villon et Jean Le Maire jusqu'à Amyot et Montaigne. « Ce n'était là d'ailleurs qu'une partie de la tâche qui nous incombait. L'œuvre de Rabelais est le plus vaste recueil non seulement du moyen français, mais encore des parlers vulgaires des provinces françaises. L'Ouest (Maine, Anjou), le Sud-Ouest (Poitou, Saintonge), l'Or- léanais et le Berry, le Lyonnais et la Provence, le Lan- guedoc et la Gascogne ont laissé, dans son vocabulaire^ des traces multiples et caractéristiques. Nous avons tâ- ché de les mettre en lumière avec toute la précision que permettent les nombreuses ressources dont on dispose de nos jours pour la connaissance des patois. « Nous avons tenu compte, dans nos notes, des rap- ports qui unissent les mots aux faits correspondants, en nous efforçant de commenter notre auteur à l'aide des sources de la même époque. La philologie rabelaisienne est inséparable de l'histoire de la civilisation du xvr siè- cle ». Ces dernières lignes renferment le plan même du pré- sent ouvrage. Le premier volume en est consacré à Tétude des carac- tères saillants de la Société française à l'époque de la Renaissance, et tout d'abord à l'influence de l'Erudition antique. Les écrivains grecs et latins, retrouvés et pas- sionnément commentés, sont devenus la source unique de tout savoir et ont exercé une influence absorbante sur les esprits les mieux doués. Considérées comme autant de dogmes, les idées des Anciens ont fini par entraver toute pensée libre, toute initiative. La science de Rabe- lais, comme celle des savants de son temps, est tout en- tière du ressort de l'érudition. Mais ce qui distingue le X PRÉFACE Maître de ses contemporains, en dehors de ses dons d'écrivain, c'est qu'il ajoute à Tinformation livresque les fruits de sa propre expérience, les résultats de son ar- dente curiosité, les aperçus de sa vision pénétrante. Sou- vent il puise presque exclusivement aux sources vivantes, pour ses termes nautiques par exemple, dont le réalisme a donné le change à des spécialistes modernes^ mais qui^ examinés à la lumière des documents de l'époque, se ré- vèlent d'une exactitude inattaquable. Vient ensuite l'étude du Contact avec l'Italie. L'archi- tecture et l'art militaire, la navigation et l'industrie, la vie sociale et mondaine ont été profondément modifiés par cette action multiple et féconde. Seuls quelques élé- ments de la vie sociale — le costume et la cuisine en pre- mier lieu — ont échappé à l'italianisme, gardant ainsi une valeur documentaire de premier ordre. Les Faits traditionnels complètent cette série de fac- teurs, qui ont contribué à donner au roman rabelaisien sa physionomie à part et son caractère encyclopédique. Un bien petit nombre d'œuvres de génie se prête à une étude d'ensemble de ce genre. J'ai essayé de faire pour Rabelais ce qui n'a encore été réalisé ni pour Dante ni pour Shakespeare. Le deuxième volume est consacré spécialement aux éléments constitutifs du lexique. Lillimité. Telle est l'impression qui s'en dégage. Si l'œuvre elle-même déborde tous les cadres de la littéra- ture, le vocabulaire dépasse infiniment ce qu'on appelle la langue générale, car il renferme les germes et jusqu'aux virtualités de toute évolution ultérieure. Il reflète l'image intégrale de l'idiome national, envisagé à la fois dans le temps et dans Icspace. Estienne Pasquier appelle Calvin et Rabelais les deux « pères de nostre idiome ». Ce jugement résume d'une PREFACE XI manière heureuse l'influence que ces deux génies ont exercée sur le développement de la langue littéraire. Si elle doit au premier sa gravité et sa logique, elle a reçu du second la souplesse et la vie. Molière et la Fontaine ont dignement continué cette illustre lignée des créateurs du verbe. J'ai pris ici le terme philologie au sens le plus large. Les créations verbales du grand écrivain, si heureuses et si frappantes, son onomastique et surtout les côtés affec- tifs de son lane^afre ont été étudiés avec le même intérêt que les éléments linguistiques proprement dits de son vo- cabulaire immense, original et varié. Il s'agissait d'en saisir les traits essentiels et de les replacer chacun dans son cadre. Tâche difficile et complexe qui commande l'indulgence. Un dernier mot. L'effort prodigieux fourni par notre pays pendant la grande Guerre permettait d'espérer un prompt relève- ment du génie national, un brillant réveil artistique, litté- raire et scientifique. Jamais peut-être, hélas ! la pensée française n'a traversé une période plus sombre que celle qui a suivi les premières années de la Victoire. Les soucis de la vie matérielle, indéfiniment accrus, ont relégué au dernier plan les préoccupations intellectuelles. Par un temps si peu favorable aux travaux de l'esprit, cet ouvrage serait longtemps resté sur le chantier sans le concours obligeant de M. Aristide Blank. Intelligence d'élite, ami des artistes et des érudits, il a bien voulu s'intéresser à mes recherches et seconder mes efforts pour ériger à Rabelais un monument philologique, dont les pierres ont été taillées et cimentées pendant de longues années. Je dois mainte suggestion intéressante à M. Henri Clouzot, rabelaisant et critique d'art, notamment dans les chapitres consacrés à l'architecture et aux traditions XII PREFACE populaires. Un autre érudit, le D"" Paul Dorveaux, a été mon guide dans le domaine scientifique de la Re- naissance française. J'exprime à ces deux amis de lon- gue date ma sincère gratitude. Je ne saurais terminer sans adresser de vifs remercie- ments à mon excellent, éditeur, M. E. de Boccard, qui, pendant cette crise uploads/Litterature/ sainean-lazar-la-langue-de-rabelais 1 .pdf

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