L’ÂGE CLASSIQUE LE CONTEXTE POLITIQUE En route vers l’absolutisme : la Renaissa

L’ÂGE CLASSIQUE LE CONTEXTE POLITIQUE En route vers l’absolutisme : la Renaissance et le premier XVIIe siècle Trois étapes marquent l’histoire politique et culturelle de la France, entre 1498 et 1661, c’est-à-dire depuis l’accession au trône de Louis XII jusqu’à la prise de pouvoir par Louis XIV. D’abord, jusqu’à la mort de Henri II (1559), la France a les yeux fixés sur l’Italie. Terre de conquête, elle est aussi modèle et source d’inspiration pour les arts et les lettres de la Renaissance française. Puis, de 1562 à 1598, le royaume s’égare dans les convulsions internes des guerres de religion. Contestation au plan théologique du « sens » du christianisme et de sa pratique, la Réforme génère dans le même temps une controverse politique sur le statut légal des églises réformées. Cette dimension politique s’exacerbe en France, quand, à la faveur des troubles, la noblesse cherche à s’emparer d’un pouvoir affaibli. En 1594, le roi doit reconquérir Paris, et chasser, en 1597, les Espagnols du royaume. Avec Henri IV, la royauté retrouve finalement légitimité et autorité. Protestant converti au catholicisme, le nouveau souverain reconnaît aux protestants une existence légale et leur accorde la liberté du culte. Avec lui, c’est la dynastie des Bourbons qui s’installe. Roi aussi absolu que ses prédécesseurs, il censure écrivains et prédicateurs au nom de la paix publique. Mais – paradoxe de l’histoire – il meurt assassiné, succombant au fanatisme religieux qu’il n’avait cessé de chercher à apaiser. Pendant le demi-siècle qui suit, le cardinal de Richelieu (1585-1642) orchestre la reconquête du pouvoir en France par l’État. Surveillant l’imprimerie, il étouffe la presse naissante. Soucieux de la pureté de la langue, il crée l’Académie Française: parfait exemple d’un programme politique qui place la culture sous le contrôle de l’État. Après la Fronde, dernier sursaut féodal de la noblesse contre l’autorité royale, le cadre et les mécanismes de l’absolutisme sont en place. Louis XIV peut entrer en scène. La monarchie absolue et son déclin : le Grand Siècle et le Siècle des Lumières Jugeant fondamentale la capacité d’un État à maîtriser la culture sous toutes ses formes, Louis XIV et Colbert mettent en œuvre un « programme culturel » qui, dans les arts, les lettres et les sciences vise à glorifier la monarchie en la personne du roi. Ainsi les forces créatrices de l’élite intellectuelle et artistique se trouvent-elles « dirigées » vers les Académies, les produits de luxe, les sciences et dans une certaine mesure les conquêtes. Le roi Soleil n’aura cessé d’exalter cet élan créateur, de le rendre éclatant hors des frontières mêmes. Jamais contrôle de la culture par l’État n’atteignit un tel degré en France. Les Académies récemment créées « glorifient » le roi, insufflant vitalité nouvelle à la « religion royale ». Une censure sévère écarte les écrits jugés scandaleux, rejette les textes incompatibles avec l’idéal monarchique. Acquisitions à l’étranger de témoins remarquables d’autres cultures viennent encore rehausser le prestige du souverain. Et comme pour couronner ces heures glorieuses, le classicisme, avec son goût d’ordre et de règle, son aptitude à contrôler l’élan, son harmonie, sa distinction... Très vite cependant, dès les dernières années du règne de Louis XIV, cet étatisme culturel quelque peu routinier apparaît à certains comme une insupportable contrainte, une « brimade » pour l’individu. Prenant leur pleine mesure sous Louis XV et Louis XVI, les idées des philosophes des Lumières en viennent à ébranler insensiblement les assises mêmes de la royauté: une sorte de révolution de « contre-culture ». Versailles et la cour ne sont plus au centre de la France. C’est Paris, ses salons littéraires, ses cercles d’artistes, ses séances d’Académie. La presse, les comptes-rendus scientifiques, les explorations, les nouvelles découvertes vivifient la vie culturelle. Croyant dans le destin de l’individu, confiant dans le progrès de l’humanité et dans son bonheur possible, l’écrivain – qu’il soit philosophe, romancier ou savant – est désormais porteur des espérances d’une société nouvelle, juste et parfaite. Autorité morale indépendante du pouvoir, il n’est plus le serviteur du roi. Émancipation de l’individu et mise en vedette d’idées considérées alors comme subversives atteignent leur apogée sous la Révolution. L’imprimé y joue un rôle de premier plan. C’est la fin de l’Ancien Régime. ART ET LITTÉRATURE DANS LA SECONDE MOITIÉ DU XVIIE SIÈCLE Cette période a pendant longtemps été considérée comme l’apogée de la littérature française par la qualité de la langue et du style, la justesse des observations et l’exactitude des propos. La littérature a été d’autant plus célèbre qu’elle s’est voulue simple, refusant les invraisemblances, la vulgarité et la préciosité. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA LITTÉRATURE CLASSIQUE Cette littérature adore la description pour dénoncer les défauts individuels et sociaux, les excès et les dérèglements qui déforment les rapports humains. Pour les classiques, la bonne société se fonde sur la modération et la mesure et cela seul apporte le bonheur durable. • Molière, La Fontaine, La Bruyère, Boileau dénoncent avec humour − les avares − les hypocrites − les ambitieux − les naïfs 1 Séminaire no 4 : L’esthétique et la poétique du classicisme. Boileau (L’Art poétique) − les bavards, etc. • Racine dénonce les excès de la passion amoureuse : − de la mère pour son beau-fils (Phèdre) − de la mère pour ses enfants (Andromaque) − de deux amants (Bérénice) − du père pour sa fille (Iphigénie) • Le théâtre se veut simple, tout est dans l’expression, même si à l’époque on gesticulait beaucoup devant d’extraordinaires décors. La présence de riches spectateurs sur la scène elle-même ne facilitait pas le jeu des acteurs. Les auteurs y suivent la règle des trois unités : − unité d’action = un sujet unique − unité de lieu = un seul lieu − unité de temps = une seule journée pour chaque pièce Louis XIV et la cour de Versailles sont essentiels pour cette littérature. Le roi a protégé personnellement Molière, Racine, et Boileau. Les premières de toutes les grandes pièces étaient jouées à Versailles. Bossuet et Fénelon parlèrent devant le roi et les goûts de ce dernier étaient toujours respectés. Cette littérature s’occupe beaucoup des relations de l’homme avec Dieu. • Pascal et Racine insistent sur la nécessité pour chaque homme de croire alors que • Bossuet traite de la dépendance de la société et de l’histoire du bon vouloir de Dieu et de sa Providence. • Les Jansénistes vont pousser à l’extrême le sentiment de la grandeur de Dieu face à la misère et au péché de l’homme. Pascal et Racine jansénistes s’opposent à Bossuet et Fénelon plus partisans de la bonté de Dieu et d’une conception plus optimiste de la vie et de l’histoire. • Molière dénonce l’hypocrisie religieuse avec Tartuffe et pour la première fois met en scène un libertin, amoral et athée: Don Juan. • Descartes insiste sur la nécessité d’établir la foi sur la raison. LES GRANDS CLASSIQUES • Un grand philosophe : − Descartes (1596-1650), le premier classique, a écrit le Discours de la Méthode et les Méditations Métaphysiques pour montrer l’importance du doute et de la critique afin d’établir une connaissance rigoureuse. Il est le maître de l’esprit rationnel français. • Deux théoriciens religieux : − Blaise Pascal (1623-1662) ce grand savant inventa la brouette, les taxis et la machine à calculer. Dans les Pensées, il insiste sur la misère de l’homme éloigné de Dieu. − Bossuet (1629-1704) fut un évêque célèbre comme orateur et prédicateur, très connu par ses Oraisons Funèbres et comme théoricien de l’histoire dans son Discours sur l’Histoire Universelle. • Au théâtre, deux grands noms : − Molière (1622-1673), le maître de la comédie, auteur de L’Avare, du Misanthrope, des Précieuses Ridicules, du Bourgeois Gentilhomme, des Femmes Savantes, de Tartuffe, de Dom Juan, du Malade Imaginaire, etc. − Racine (1639-1699), le maître de la tragédie, écrit Andromaque, Phèdre, Britannicus, Bérénice, Bajazet, Mithridate, Iphigénie, Esther, Athalie, etc. • Deux grands moralistes : − La Bruyère (1645-1696) a écrit les Caractères, où il dénonce les vanités mondaines. − Boileau (1636-1711) écrit les Satires, tableau sombre et amusant de la bêtise humaine, et l’Art Poétique. • Un grand conteur : − La Fontaine (1621-1693) a écrit des Fables et des Contes, merveilles d’humour, de simplicité et de sagesse. L’ACADÉMIE FRANÇAISE ’Académie française fut fondée en 1635 par le cardinal de Richelieu. Les statuts et règlements visés par le Cardinal, avec les lettres patentes signées en 1635 par Louis XIII et enregistrées par le Parlement en 1637, consacrèrent le caractère officiel d’une compagnie de lettrés, qui se réunissaient auparavant de manière informelle. La mission qui lui fut assignée dès l’origine était de fixer la langue française, de lui donner des règles, de la rendre pure et compréhensible par tous. Elle devait dans cet esprit commencer par composer un dictionnaire. La première édition de celui-ci fut publiée en 1694, les suivantes en 1718, 1740, 1762, 1798, 1835, 1878, 1932-1935, 1992. La neuvième édition est en cours de publication. ’Académie tint ses séances d’abord chez tel ou tel de ses membres, puis chez le chancelier Séguier à partir de 1639, au Louvre uploads/Litterature/ seminaire-4-le-classicisme.pdf

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