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Digitized by the Internet Archive in 2011 witii funding from University of Toronto http://www.archive.org/details/giovannibattistOOfoci N-^ LIBRARY ^' (;.-B. PlUANESl 1720 - 1778 (IIOVANNI-IUTTISTA PIRANESI 1720 -1778 THÈSE DE l)()(JOHM PHÉSENTÉE A LA FACULTÉ DES LETTUES DE rUNIVEHSITf: DE PARIS PAK HENUl lOClLLO.N ANCIEN ÉLKVE DE L'ÉCOLX NORMALE SL'PÉRIEURK CHARCÉ [>U COURS DHISTOIRE OE l'aRT MODERNK A LA FACULTÉ OtS LETTRES OE l'uNIVERSITÉ UE LY<jM PARIS Librairie Renouard. — HENRI LAURENS, Éditeur 6, RUE DE TOURNON, 6. 1918 A mes Maîtres respectés et aimés, Henry Lemonnier. Victor Focillon PIRANESI. // / UN ATELIKIl DE «UAVEUR AU XVIII* SIÈCLE, D'aPRÈS L'BNCYCLOPÉDIE. INTRODUCTION 1 DE la Renaissance, il semble que l'Italie du dix-huitième siècle n'ait conservé qu'un aspect moral : le bonheur de vivre. Elle est le jar- din où l'Europe vient se délasser de ses fatigues et de son sérieux, après l'avoir ravagée pendant des années par ses rivalités diplomatiques et militaires. Le génie latin s'affaisse, avec plus de grâce que de solen- nité. Avant de disparaître, il jette une dernière lueur qui enchante le monde et qui ne l'émeut plus. Ouvrons les récits des voyageurs. Avant de les utiliser méthodi- quement, de chercher à surprendre la réalité historique derrière leurs impressions, laissons-nous aller un instant à ces impressions mêmes. Suivons-les à travers tant de trésors accumulés par les siècles et dont la vie contemporaine leur paraît à tous si nettement et si profondément distincte. D'après eux, l'Italie est un merveilleux musée dispersé, qui sert d'abri à la comédie des intrigues galantes, aux paresseux plaisirs d'oisifs pauvres et fastueux, aux recherches menues des érudits d'académie. Aux carrefours des villes, entre un palais et une fontaine. vm riKAM'.SI. l'activité pittoresque de la vie populaire arrête un moment les curieux cosmopolites. Ils retiennent des noms et des recettes d'ingéniosités épicuriennes, notent toutes sortes de plaisantes machines faites pour amuser l'esprit et les yeux, inconnues à la gravité des barbares. Ici et là, dans de vastes palais ruinés et magnifiques, au milieu du silence des petites villes, conversations latines chez de jolies savantes. Partout les cantatrices, les virtuoses, leurs chefs-d'œuvre éphémères, un peuple affolé d'opéra. Les statues et les tableaux des maîtres conservés dans les galeries écrasent l'émulation des modernes et en annulent d'avance les résultats. Nulle part, croirait-on, une tentative sérieuse, sincère et grande. L'art se confine à l'ingénieux, au plaisant, au bouffon, à l'é- trange. Il semble que les enseignements de l'école ne puissent pro- duire, chez une race exténuée, qui a donné toute sa fleur, que de froids pastiches, mal soutenus par le plus abstrait des éclectismes. Cette idée, cette image de la plus séduisante des décadences, sa grâce, son parfum, nous les retrouvons fixés malgré nous dans nos mémoires. Les historiens immédiats du settecento nous laissent la même impression que les voyageurs. Ils divisent le siècle en deux grandes parties, séparées par une date, celle des premières décou- vertes importantes faites dans les ruines des villes du Vésuve. Ils ne sauraient omettre le rôle considérable de Piranesi dans cette espèce de renaissance, ils l'y associent étroitement au même titre que de nom- breux archéologues italiens et étrangers, ses émules, mais son œuvre est à leurs yeux une conséquence du rinascimento déterminé tardive- ment par les études antiques. La résurrection d'Herculanum et de Pompéi entraîne le réveil de toute l'Italie : ils s'en tiennent à cette conception simple, commode et claire; les nécessités de leur démons- tration n'y perdent rien, bien au contraire : plus la décadence fut profonde pendant les deux premiers tiers du siècle, plus la renais- sance des dernières années apparaîtra glorieuse, plus les raisons d'es- pérer seront solides et fondées. A cet égard, certaines parties de la Storia délia SciUtura ' du comte Léopold Cicognara sont particulièrement instructives. Quand il 1. Storia délia Scultura dal suo visorgimento fîno al secolo di Canova, del conte Leopoldo Cicognara, per servire di continuazione alV opère di Winckelmann e di d'Agincourt, \. VII, 1. VII, ch. I. IM'hOhICTKi.N ti (Ml vient .111 <li\ liiiiliriiH» .sKîcir, ujircs iivuir Lut l.i part de i'Ilalirj darm la culttiro (^urojM'ciiiH* <lii tcMiips, il (^xainiiH* avec atiiplmir k*K caiiH^'fi do la diVadcnco dn l'arl. 11 iiisi ' m- I;i trisdssr den circoiiMlanc«*H p()liti(|U(vs ri sin* Ir lonf^ rsrl;iva{<«î. 11 vv\tv()c\ir. aux !lali«*riH d'airnor Icin* s(M*vilii(lo, leur n»p()s, Iriirs plaisirs et toulos les frivoliU^'H venucH de IV'tran^^cr. Il |)r(MHl ru piti<'^ r^nidition |M''daiiloHqii<» rît les rnéta- pliysi(|U(»s abstraites, déplore, chez 1rs artistes du temps, y compriH Tiepulo, l'absence de sublimité dans h» ^^énic, de chaleur dans la passion. INMidant quarante années d(.' paix profonde, aucun prince, sauf Charles 111, n'a son^é à faire travailler les peintres et les sculp- teurs ou à bàtii" des édilices di^^nes des f^rands exem[)les légués par les anciens. Les riches sont oisifs et frivoles, soumis au caprice des modes imposées par l'Europe : la France rend à l'Italie, mais défi- gurés, les arts qu'elle lui avait jadis empruntés. La ferveur religieuse disparaît et, avec elle, toute inspiration grande. Enfin la vogue extra- ordinaire de la gravure, — tout en assurant la diffusion des belles œuvres, en rendant faciles à connaître et à étudier les chefs-d'œuvre des collections privées, en épargnant de longs voyages aux amis de l'art, — tend à diminuer l'originalité de l'invention, permet aux peintres de s'inspirer trop aisément et trop fidèlement d'autrui, prépare et garantit les plagiats, sous le nom d'imitation des maîtres... Mais le coup de théâtre d'Herculanum se produit, l'histoire change d'aspect, mille circonstances favorables à un renouveau sont déterminées du même coup. 11 serait intéressant de contrôler l'exactitude de ce tableau. La médiocrité artistique de l'Italie au dix-huitième siècle est discutable, puisque c'est à cette époque qu'elle a produit ses plus illustres musiciens et fait retentir, entre tant d'autres, la grande voix de Marcello, sans parler des maîtres de l'école vénitienne de peinture, de nombreux architectes incontestablement doués et de quelques beaux graveurs. Dès à présent, il est permis de se demander si, derrière les apparences de nonchaloir voluptueux, de pénétrabilité cosmopolite, de dissolution morale, il ne subsiste pas en elle des éléments assez nombreux et assez vivants de sa grande tradition, pour expliquer, sans avoir besoin de recourir au miracle de la résurrection campanienne et à l'afflux des chercheurs étrangers, tant de manifestations éminentes et méconnues X PIKANESl. de son génie, pour justifier d'une manière générale, — sans le déter- miner autrement, — la possibilité d'un Piranesi. Les vices qui font la faiblesse de l'Italie comme nation, sa mollesse, sa licence, sa dispersion intellectuelle, sont peut-être favorables à l'éclosion de personnalités indépendantes. Il y a des âges autoritaires, concentrés, où la pensée est unanime et d'un seul jet, où les habitudes de la race et les courants de la conscience nationale modèlent avec uniformité Tesprit et les mœurs. Le settecento est beaucoup plus épars et presque fuyant. Dire de Piranesi qu'il est du dix-huitième siècle n'apprend pas grand'- chose sur les caractères de son art : du moins, il est vrai que son temps garantissait la liberté de son humeur et de ses songes. A cet égard, l'Italie restait une terre féconde. De la surprenante vitalité de son âge d'or, elle conserve quelques traits curieux. II A force d'étudier les colonies française, anglaise et allemande attirées en Italie par les fouilles heureuses de Charles III et par la magnifique publicité ' que Piranesi faisait à sa ville d'élection et aux antiquités romaines, on court le risque de ne plus voir l'Italie elle-même, de méconnaître l'effort de ses artistes et de ses savants. L'histoire des milieux cosmopolites, comme la médiocrité des peintres de la plu- part des écoles, — exception faite pour les Vénitiens, — tendrait à faire croire que l'Italie a épuisé les plus beaux dons de son originalité créatrice, qu'elle est devenue exclusivement la galerie, l'atelier et le champ de fouilles de l'Europe. En fait, elle n'a jamais oublié les prin- cipes de sa grande époque, ils sont en elle et dans son génie, et s'ils ne se manifestent plus avec éclat qu'à de longs intervalles, ils con- tinuent néanmoins à se faire sentir dans le mouvement des idées, les habitudes d'esprit et les mœurs; ils subsistent, malgré les nuances nouvelles que la fortune politique et morale de l'Italie impose à leurs 1. Cicognara, op. cit., ibid. c Giovan Batista Piranesi... e dopo lui Francesco e gli altri délia famiglia... diedero pittoresca e facile e nohïli^simdi pubblicità a tutte le romane anti- chità... i> iMiionicnoN. Il rrsnllats. Mllr rsl tmijoupH une /•colo criinlividualiMiiie et de curiofiité, Sos arts (3ns(;i{^Mi(»nt à rKiirM|H' »!• s sncrots nouvmiiix et varién. \\trrn un sit>ch^ (rinctntiludo ot dv caprice, elle revient aux ^VdwlH exeinple» proposés par les anciens. I/in(livi(iualisni(N qui donne un n'iiefsi puissant à la physionomie morale des hommes (h» la Henaissanco, (jiii permet d'expliqiutr la plu- part (h' h'urs démarclies indliectuelles et que vient juslilier Hi H^^uvent leur esthéti(juc, |)ersistc dans l'Italie du dix-huitième siècle, mais sin- gulièrement transformé. Il ne donne plus naissimce à ces belles maîtrises spontanées, d'un seul jet, si nombreuses et si intéressantes à uploads/Litterature/ focillon-gb-piranesi-pdf 1 .pdf
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- Publié le Mar 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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