1. La Torah commence par le Beth de Béréchit, “au com- mencement, D.ieu créa…”,
1. La Torah commence par le Beth de Béréchit, “au com- mencement, D.ieu créa…”, non pas par un Aleph, qui est la première lettre de l’alpha- bet et l’on trouve plusieurs explications, à ce sujet. Voici quelques-unes d’entre elles : A) Le Yerouchalmi(1) cons- tate que l’Aleph est l’initiale de Arira, malédiction, alors que le Beth est celle de Bera’ha, bénédiction. C’est précisé- ment pour cela que la Torah commence par un Beth et non par un Aleph. B) Le Midrash(2) indique qu’un Beth est fermé sur trois côtés et ouvert sur le quatriè- me, celui qui est au nord(3). Cette lettre est donc compara- ble au monde, qui fut lui- même créé avec trois côtés fermés et clos, alors que le côté du nord est resté ouvert(4). Et la raison(5) en est la suivan- te. Si quelqu’un prétend être un dieu, on lui répondra que le côté du nord doit encore être achevé. Qu’il le fasse donc et qu’il le complète ! C) Selon les explications de la Kabbala(6), la Torah que nous étudions dans ce monde matériel a déjà traversé les mondes spirituels de Brya, de Yetsira et d’Assya, après avoir quitté celui d’Atsilout. On sait(6), en effet, quel est le sens du verset : “Pour Ta Torah que Tu nous as enseignée”(7). L’expression : “Ta Torah” désigne ici celle d’Atsilout, alors que celle “que Tu nous as enseignée” est la Torah de Brya. De ce fait(8), la Torah commence par un Beth, afin d’indiquer, d’une manière allusive, que celle que nous étudions relève du second(9) niveau. Son premier(9) niveau, l’Aleph, est ainsi la Torah d’Atsilout. 2. Il semble que des éclair- cissements soient nécessaires, concernant les trois explica- tions qui viennent d’être don- nées : A) Une question se pose sur la première explication, qui est soulevée par le Ibn Ezra(10). En effet, il existe de nombreux mots commençant par un Beth qui désigne le contraire de la bénédiction. A l’inverse, plusieurs mots com- mençant par un Aleph font allusion, quant à eux, au bien et à la bénédiction. B) Concernant la seconde explication, la Torah aurait dû commencer par un Aleph selon l’ordre qui est instauré par la Torah elle-même, dès lors qu’il s’agit de la première lettre de l’alphabet(11), ce qui veut bien dire qu’elle est aussi la première par son rang(12). Or, si l’ordre de la Torah dispose qu’il doit en être ainsi(13), il est difficile d’admet- tre que celui-ci ait été modifié et que la Torah commence par un Beth uniquement pour s’a- dapter au monde, parce que celui-ci ressemble à cette lett- re, étant fermé sur trois côtés. En effet, le monde a été créé par la Torah et pour elle. Comme l’indiquent nos Sages(14), “Il consulta la Torah pour créer le monde” et : “Béréchit, au commencement, pour la Torah qui est appelée commencement”(15), mais en aucune façon l’inverse, ce qu’à D.ieu ne plaise(16). C) Pour ce qui est de la troisième explication, nous disons(17) que D.ieu “nous a donné Sa Torah”, c’est-à-dire celle qu’Il possède Lui-même, dans le même ordre. C’est de cette façon qu’elle se révèle ici-bas(18). La Torah d’Atsilout, au même titre que la nôtre, doit donc commencer égale- ment par le Beth de Béréchit, “au commencement, D.ieu créa”. Bien plus, il doit en être de même à un stade plus haut qu’Atsilout, dès que des lett- res peuvent exister(19). A tous ces stades, la Torah commen- ce par un Beth. Et, la question se pose donc encore une fois : pourquoi la Torah d’Atsilout ou bien celle qui se trouve à un stade plus élevé commen- ce-t-elle par un Beth ? 3. Il y a ici un autre point surprenant. Il découle de tou- tes les explications qui vien- nent d’être données que la Torah doit commencer préci- sément par un Beth et non par un Aleph. Pourtant, la Guemara relate(20) que, lorsque les Anciens la traduisirent pour le roi Ptolémée, “le Saint béni soit-Il inspira le cœur de chacun”, de sorte qu’ils adop- tèrent tous la même formula- tion. Concernant le premier verset de la Torah, notam- ment, ils notèrent : “D.ieu a créé le commencement”. En d’autres termes, D.ieu leur suggéra l’idée de traduire ce verset par : “D.ieu (Elokim) a créé le commencement”, ce qui revient à commencer la Torah par un Aleph. C’est bien la preuve qu’il est fortement envisageable de commencer la Torah par un Aleph(21) ! Toutes les hypothèses selon lesquelles il aurait pu en être autrement n’auraient pas été admises par le roi Ptolémée. De ce fait, un miracle fut nécessaire et D.ieu inspira à tous la même traduction. En outre, c’est bien une très forte question qui est sou- levée de cette façon. Car, il y a, dans la Torah de vérité, diffé- rentes raisons justifiant que la Torah ne commence pas par un Aleph. Comment est-il concevable que le roi Ptolémée n’ait accepté aucune d’entre elles ? 4. L’explication est la sui- vante. Commentant le ver- set(22) : “Pourquoi le pays fut-il perdu ? Parce qu’ils ont aban- donné Ma Torah”, nos Sages disent(23) : “Comment ont-ils abandonné Ma Torah ? En ne récitant pas de bénédiction au préalable”. Le Baït ‘Hadach explique(24), et Rabbénou Yona y fait allusion(25), qu’ils l’étu- dièrent, certes, intensément, mais qu’ils n’eurent cepen- dant pas l’intention “de se pénétrer et de s’attacher à la sainteté et à la spiritualité de la Torah, d’y révéler la Présence divine”. C’est la rai- son pour laquelle “le pays fut perdu”, car “elle fut détruite et seul son aspect matériel subsista, sans que la Sainteté de la Présence divine la tra- verse”. Cela veut dire que la Torah présente deux aspects(26) : A) Elle est étudiée, par son intellect, selon une approche rationnelle. B) En outre, on s’attache et l’on s’unifie à Celui Qui la donne(27), grâce à la sainteté de la Torah et à son essence, transcendant toute approche intellectuelle. En la matière, l’ordre qu’il convient d’adopter est le sui- vant. Tout d’abord, avant même d’étudier la Torah, on se soumet et l’on s’attache à l’essence de la Torah transcen- dant l’intellect, selon l’expres- sion de la Guemara, “en réci- tant une bénédiction au pré- alable”. Puis, on l’étudie en raisonnant et en la compre- nant(28). On peut ainsi comprendre simplement pour quelle rai- son la Torah commence par un Beth et non par un Aleph. En effet, l’Aleph correspond à la première étape et le Beth, à la seconde(29). Or, ce qu’un Juif lit et étudie de la Torah en est d’ores et déjà le Beth, la secon- de étape, alors que la premiè- re étape, l’Aleph de la Torah(30) est l’attachement à Celui Qui la donne, au-delà de tout intellect et de toute compré- hension(31), au-delà même de la forme des lettres. C’est ce qui précède le Beth, le Béréchit de la Torah et qui prépare son étude. C’est pour cette raison que la Torah, à tous les stades, y compris en Atsilout et même à un niveau encore plus haut, commence par un Beth. On retrouve, en effet, à cha- cun de ces stades, ses deux aspects : A) d’une part, celui qui se révèle en fonction des récep- tacles et des lettres du monde correspondant, B) d’autre part, la Présence de Celui Qui la donne et Qui dépasse ces lett- res. 5. Comme on l’a maintes fois souligné(32), toutes les explications données à propos d’un même mot ou d’un même sujet de la Torah sont liées entre elles. C’est bien le cas, en l’occurrence, puisque les trois interprétations citées au paragraphe 1 découlent toutes d’une même notion générale, de l’explication sim- ple qui est énoncée au para- graphe 4, selon laquelle l’Aleph de la Torah est l’atta- chement, l’unification avec le niveau qui transcende l’intel- lect, alors que l’étude de la Torah, intellectuelle et raison- née, en est le Beth. Cette idée, ce principe général cor- respond à trois aspects spéci- fiques de la Torah et de ce qu’elle accomplit, auxquels font allusion les trois interpré- tations précédemment don- nées : A) S’agissant de la Torah elle-même, la Kabbala explique que son Aleph est la Torah d’Atsilout et son Beth, la Torah de Brya. B) Pour ce qui est de l’effet de la Torah sur l’homme qui l’étudie, celui-ci a conscience que son aspect rationnel et sa compréhension n’en sont que le Beth, qu’elle doit donc être apprise par ce Beth, initiale de Bera’ha, bénédiction, non pas par le Aleph, initiale de Arira, malédiction, ce qu’à D.ieu ne plaise. C) Concernant l’impact de la Torah sur la création, l’étu- de menée de la manière qui convient, précédée par l’Aleph de la Torah, permet d’en répa- rer le côté nord, qui n’est pas fermé, comme l’indique, en allusion, la lettre Beth. 6. L’explication est la sui- vante. L’expression : “réciter une bénédiction au préalable” ne signifie pas qu’il faille se contenter de l’intention, res- sentie par l’âme, de s’attacher à D.ieu. Car, il n’y a là qu’une entrée en matière, conduisant à l’étude uploads/Litterature/ siha-paracha-berechit.pdf
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- Publié le Jui 22, 2022
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