Dans « Les Trois Exils », il raconte la singulière histoire des juifs d’Algérie

Dans « Les Trois Exils », il raconte la singulière histoire des juifs d’Algérie. A lire absolument en ces temps de réexamen de l’histoire coloniale de la France. Essais. Page 8. « La Malédiction de Constantin », un étonnant roman de la Turque Mine G. Kirikkanat ; « Lorraine Connection », une fable économique de Dominique Manotti. Page 10. Benjamin Stora NORMAN RUSH L’UTOPIE PAR LES FEMMES Laurent Mauvignier A l’occasion de la sortie de son nouveau roman, « Dans la foule », il réfléchit à la position de l’écrivain face à des événements comme le drame du Heysel. Rencontre. Page 12. Stephen Jay Gould La publication imminente de « La Structure de la théorie de l’évolution » est un événement que salue Dominique Lecourt. Dossier. Pages 6 et 7. Lire également l’article d’Axel Kahn page 2. « Lignes de faille », de Nancy Huston, « Fraternité », de Marc Weitzmann, « Bon vent » de Pascal Morin, et « Mangez-moi », d’Agnès Desarthe. Pages 4 et 5. Grasset “Lumineux.” Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles OPALE Quinze ans après sa parution aux Etats-Unis, « Accouplement », de Norman Rush, est traduit en français. L’occasion de découvrir enfin ce roman exceptionnel. Page 3. Policiers Littérature française 0123 DesLivres Vendredi 15 septembre 2006 2 0123 Vendredi 15 septembre 2006 AU FIL DES REVUES « Critique » explore les Caraïbes OUVRONS par la fin ce numéro de Critique, consacré à la Caraïbe littéraire : la diversité des quatre inédits de fiction qu’il publie en dernière partie témoigne on ne peut mieux de son propos. La Guadeloupéenne Maryse Condé y représente les Antilles françaises. Et même si l’objectif avoué du spécialiste des études caribéennes Albert James Arnord (université de Virginie), coordon- nateur de cette livraison, est de décentrer notre vision trop fran- cophone de la Caraïbe – y com- pris dans ses enjeux postcolo- niaux – on y trouvera également des études sur Confiant (« Com- ment peut-on être martini- quais ? ») et Césaire. Jean-Marc Moura relit subtile- ment les versions successives du Cahier d’un retour au pays natal, à la lumière de l’essai de Ponta- lis, Perdre de vue. Un autre texte inédit, signé de la romancière his- panophone Rita Indiana Hernan- dez, vient rappeler, si besoin était, que le français n’est pas seul maître dans cette vaste aire caribéenne. Ce voyage en « Dominicanie » est d’autant plus marquant que l’extrait confronte personnages domini- cains et haïtiens, voisins trauma- tisés par une histoire sanglante. Première république noire indépendante, Haïti occupe une place particulière dans le paysa- ge postcolonial et linguistique caribéen. Trois études lui sont consacrées dans ce numéro. L’une d’elles met en avant le tra- vail d’archiviste du romancier américain Madison Smart-Bell. Edwige Danticat, jeune roman- cière haïtienne vivant à New York et écrivant en anglais, réflé- chit sur « l’avenir plurilingue de la littérature de la Caraïbe ». Laboratoire littéraire Un texte inédit, Juif et nègre au Surinam, d’Ellen Ombre, néerlan- dophone née à Paramaribo (Suri- nam), rappelle l’existence de ce territoire méconnu, colonisé par les Pays-Bas. Le périple en fictions s’achève sur des pages étonnantes de l’an- glophone David Dabydeen, (Guyane britannique), monolo- gue imaginaire et créolisé d’un esclave noir peint par Hogarth. Du côté des anglophones, il ne faut pas manquer le parcours éclairant de Mary Hanna dans les œuvres de romancières créo- les blanches, de Michelle Cliff (Jamaïque) à Pauline Melville (Guyane) en passant par la fasci- nante Jean Rhys (Dominique). A lire également l’article de Bénédicte Ledent sur le rapport de la diaspora anglophone à l’Afrique, soulignant l’importan- ce du roman historique, qui ne veut pas dire passéiste. Ces onze études proposent ain- si des pistes fort originales au lec- teur francophone pour envisager plus vastement l’actualité des thé- matiques de l’esclavage, de la colonisation et du devoir de mémoire. Elles montrent à quel point la Caraïbe est un passion- nant laboratoire littéraire du monde contemporain. a Valérie Marin La Meslée Critique, août-septembre, « Aux quatre vents de la Caraïbe », éd. de Minuit, 15 ¤. La « Guerre des sexes » vue par le médecin et biologiste Axel Kahn Et l’homme et la femme dans tout ça ? Voici les principaux extraits de l’intervention du professeur Axel Kahn prononcée lundi 11 septembre à l’occasion de l’Université européenne d’été organisée par Paris-VII - Denis-Diderot autour du thème « Guerre et paix des sexes – Femmes, hommes, sexes, genres : approches de la différence sexuelle ». Axel Kahn C e bipède appartient au règne animal, à l’embranchement des vertébrés, à la classe des mammifères, à l’ordre des primates, à la famille des hominidés ; il est du genre Homo, espèce sapiens. Il s’agit de nous, en somme. Depuis Lamarck et Darwin au XIX esiècle, nous savons qu’il est produit de l’évolution. Dans son second grand ouvrage intitulé The Descent of Man (L’Ascendance de l’homme), publié en 1871, Darwin a en effet étendu à l’homme tous les principes de l’évolution qu’il avait établis dans son premier ouvrage de 1859, De l’origine des espèces… De plus, il propose que les mécanismes évolutifs soient non seulement à l’origine des propriétés biologiques des êtres, de leurs formes, mais aussi de leurs comportements, y compris de ceux auxquels l’être humain confère des valeurs. En d’autres termes, la manière que nous avons de nous mettre en colère, d’être terrorisés, de nous comporter en société et de nous reproduire dérive peu ou prou des comportements qui se sont peu à peu mis en place dans les générations animales qui nous ont précédés. Par ailleurs, Charles Darwin fait l’hypothèse que la compétition sexuelle est le moteur de l’évolution. Cette dernière sélectionne les êtres les mieux doués à se reproduire efficacement. Les mâles et les femelles, le rôle principal échéant à ces dernières, choisissent de préférence un partenaire aux caractéristiques favorables, avec lequel ils escomptent avoir une descendance nombreuse et prolifique. Charles Darwin ignorait totalement les mécanismes engendrant la diversité biologique sur laquelle opère l’évolution. De 1865, date de la publication des premiers résultats du moine Johan Gregor Mendel, jusqu’aux années 1930, se constitue le socle de la biologie moderne issue de la rencontre entre l’évolutionnisme darwinien et la génétique : ainsi s’édifie la théorie synthétique de l’évolution. Selon cette synthèse, des modifications aléatoires des gènes sont à l’origine de l’apparition d’une multitude d’individus aux caractéristiques variées. Par le biais de la sélection sexuelle, ceux dotés des meilleures chances d’engendrer un lignage abondant et vigoureux sont sélectionnés. Cela revient à privilégier les reproducteurs heureux possesseurs de gènes favorables et aboutit, de la sorte, à promouvoir la dissémination maximale de ces derniers. Partant de cette constatation, Richard Dawkins a proposé une relecture du darwinisme remplaçant la lutte pour la vie entre les êtres par une compétition entre des « gènes égoïstes » mettant en œuvre les meilleurs moyens pour se répandre. Cette vision envisage les individus et leur comportement en tant qu’artifices au service de cette dissémination. La sociobiologie sous sa forme finalisée par Edward O. Wilson complète ce mouvement réductionniste de la théorie de l’évolution en réinterprétant l’ouvrage The Descent of Man à la lumière des pensées nouvelles. La société humaine est considérée comme un cas particulier des sociétés animales. Puisque les stéréotypes comportementaux d’Homo sapiens sont produits de l’évolution, ils sont gouvernés eux aussi par les gènes, et représentent les astuces inventées par ceux-ci pour se répandre avec l’efficacité maximale. Cela vaut pour l’art, la politique, la philosophie et la morale, si bien que Wilson appelle de ses vœux la société éclairée où des généticiens remplaceront progressivement les prêtres, les philosophes et les politiciens. Pour la sociobiologie, par exemple, la poésie, la musique et les autres formes d’art peuvent être réduites à des arguments de séduction sexuelle. Dans le monde de nature, le but des mâles et des femelles, gouvernés par leurs gènes, est d’assurer à ces derniers le succès optimal. Leur intérêt pour y parvenir diverge souvent. C’est pourquoi, lorsque la femelle peut subvenir seule à l’élevage du petit, l’intérêt du mâle est de la quitter bien vite et de féconder d’autres reproductrices auxquelles il transmettra à nouveau ses gènes. En revanche, si la mère seule ne peut assurer la survie de sa progéniture, il devient essentiel pour le reproducteur de la seconder. Afin que la femelle consacre tous ses efforts aux petits de son sang, beaucoup de reproducteurs, les lions par exemple, s’empressent de tuer la progéniture issue de la fécondation par un autre mâle. Afin de contrecarrer ce mauvais coup, dans lequel elles perdent leur investissement propre dans ces lionceaux de leur lignage, les mères développent chez certaines espèces des stratégies ingénieuses. Certaines multiplient les partenaires, mais trouvent le moyen de sélectionner leur sperme à leur insu, privilégiant la fécondation de leurs ovules par les spermatozoïdes du mâle de rang hiérarchique supérieur. Chez Homo, la période de fécondité est masquée. Dans l’un et l’autre cas, les différents mâles s’étant accouplés avec de telles partenaires ne peuvent savoir s’ils sont ou non pères des petits et, dans le doute, les préservent. La guerre uploads/Litterature/ sup-livres-060914.pdf

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