© Colleen Hoover, 2020 Titre original : Heart Bones Tous droits réservés Ce liv
© Colleen Hoover, 2020 Titre original : Heart Bones Tous droits réservés Ce livre est une fiction. Toute référence à des évènements historiques, des personnages ou des lieux réels serait utilisée de façon fictive. Les autres noms, personnages, lieux et évènements sont issus de l’imagination de l’auteure, et toute ressemblance avec des personnages vivants ou ayant existé serait totalement fortuite. Tous droits réservés y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit, sous n’importe quelle forme. Collection New Romance ® créée par Hugues de Saint Vincent, dirigée par Arthur de Saint Vincent Ouvrage dirigé par Sylvie Gand Design de la couverture : Murphy Rae Mise en page : Christophe Petit Pour la présente édition, © 2022, New Romance®, Département de Hugo Publishing 34-36 rue La Pérouse 75116 PARIS www.hugopublishing.fr ISBN : 9782755696912 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. À Kelly Garcia. Ce livre est pour toi, ton mari et le bonheur qui vous attend. SOMMAIRE Titre Copyright Dédicace Chapitre 1 - Été 2015 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 - Automne 2019 Chapitre 32 Découvrez les autres titres de la collection Hugo New Romance ® CHAPITRE 1 ÉTÉ 2015 Un portrait de mère Teresa est accroché au mur du salon, à l’endroit où on pourrait installer une télévision si on avait les moyens de s’offrir ce genre d’appareil, ou même une maison équipée de murs qui puissent le supporter. Ceux d’une caravane ne sont pas faits de la même matière ; ils s’émiettent sous les ongles comme de la craie, pour peu qu’on les gratte. Un jour, j’ai demandé à ma mère, Janean, pourquoi elle gardait un tableau de mère Teresa au mur du salon. — Cette salope était un imposteur, m’a-t-elle répondu. Ce sont ses mots, pas les miens. Je crois que, quand on fait partie de la lie de la société, on a tendance à souligner le pire chez les autres par pur réflexe de survie. On se concentre sur la noirceur des gens dans l’espoir qu’elle masque la nôtre. C’est ainsi que ma mère a passé toute sa vie. À constamment chercher le pire chez les gens. Même chez sa propre fille. Même chez mère Teresa. Janean est allongée sur le canapé, dans la position où elle se tenait lorsque je suis partie travailler chez McDonald’s, il y a huit heures. Elle contemple le portrait de mère Teresa, enfin, pas vraiment. On dirait que ses pupilles ont cessé de fonctionner, d’enregistrer. C’est une toxicomane. Je m’en suis rendu compte vers l’âge de neuf ans mais, à l’époque, elle n’était accro qu’aux hommes, à l’alcool et au jeu. Avec les années, c’est devenu de plus en plus évident et plus dangereux. Il y a environ cinq ans, alors que je venais d’en avoir quatorze, je l’ai surprise pour la première fois en train de se shooter à la meth. Quand on commence à en consommer régulièrement, on voit sa durée de vie se réduire assez vite. Un jour, à la bibliothèque de l’école, j’ai cherché sur Google. Combien de temps peut-on vivre avec une addiction à la méthamphétamine ? Entre six et sept ans, a répondu Internet. Plus d’une fois je l’ai trouvée inconsciente, mais là, c’est autre chose. Ça semble définitif. — Janean ? Une sorte de calme imprègne ma voix, plutôt déplacé en ce moment ; elle devrait être tremblante, inexistante. Je me sens un peu gênée par ce manque de réaction. Je jette mon sac à mes pieds sans quitter son visage des yeux, à l’autre bout du salon. Dehors, il pleut, et je n’ai pas encore fermé la porte d’entrée, si bien que je me fais toujours copieusement doucher ; mais je ne songe pas un instant à me mettre à l’abri alors que je regarde ma mère en train de regarder mère Teresa. Janean a un bras posé sur le ventre et l’autre qui pend au bord du canapé, les doigts traînant sur le tapis râpé. Elle est un peu enflée mais ça lui donne l’air plus jeune ; pas que son âge – elle n’a que trente-neuf ans –, mais plus jeune que sa toxicomanie ne pourrait le laisser croire. Ses joues sont un peu moins creuses ainsi, et les rides qui se sont formées autour de ses lèvres ces dernières années donnent l’impression d’avoir été adoucies par le Botox. — Janean ? Silence. Sa bouche béante laisse apparaître des restes jaunes de dents écaillées et pourries. On dirait que la vie l’a quittée au beau milieu d’une phrase. Voilà un moment, déjà, que je m’attendais à cette scène. Parfois, quand on déteste quelqu’un, on ne peut s’empêcher d’imaginer, au beau milieu de la nuit, comment tournerait votre existence si cette personne venait à mourir. Je l’imaginais différente. Beaucoup plus dramatique. J’examine encore un peu ma mère, pour être sûre qu’elle n’est pas dans une sorte de catalepsie. Je m’approche un peu d’elle et m’arrête en découvrant qu’une aiguille pend de son bras, juste à l’intérieur du coude. Dès que je l’aperçois, la réalité me revient en pleine figure et j’ai un haut-le-cœur. Je fais demi-tour et détale de la maison. J’ai l’impression que je vais vomir, alors je m’adosse à la rampe pourrie, en essayant de ne pas trop m’appuyer pour qu’elle ne se casse pas sous mon poids. Je suis soulagée dès que je vomis car je commençais à me demander pourquoi je réagissais si peu à ce moment qui risque de changer toute ma vie. Je ne vais sans doute pas piquer une crise d’hystérie comme pourrait le faire une fille devant sa mère dans de telles circonstances mais, au moins, je ressens quelque chose. Je m’essuie la bouche avec la manche de ma blouse McDonald’s, m’assieds sur les marches malgré la pluie qui s’acharne sur moi par cette nuit sans lune. Mes cheveux et mes vêtements ruissellent, ainsi que mon visage, mais pas de larmes, juste de gouttes d’eau. Yeux mouillés, cœur sec. Les paupières fermées, je presse mes mains sur mon visage en essayant de comprendre si cette absence de réaction provient de mon éducation ou si je suis née ainsi. Je voudrais bien savoir quel genre d’éducation est pire pour un humain. Le genre où l’on vous protège et on vous dorlote au point d’en oublier la cruauté du monde jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour acquérir les capacités d’adaptation nécessaires, ou bien le genre de foyer dans lequel j’ai grandi : la version la plus atroce d’une famille, où l’on n’apprend qu’une chose : survivre. Avant d’avoir l’âge de travailler, j’ai passé de nombreuses nuits sans fermer l’œil car mon estomac criait famine. Janean m’a dit un jour que ces grognements provenaient du chat affamé qui vivait en moi et râlait parce que je ne l’alimentais pas assez. Après quoi, chaque fois que j’avais faim, j’imaginais le félin dans mon ventre, à la recherche de nourriture, et j’avais peur qu’il ne finisse par manger mes entrailles, si bien qu’il m’arrivait d’avaler des choses immangeables juste pour satisfaire le chat affamé. Une fois, elle m’a laissée seule si longtemps que j’ai dû me gaver de vieilles peaux de bananes et de coquilles d’œufs récupérées dans la poubelle. J’ai même voulu avaler quelques morceaux de rembourrage du canapé, mais c’était trop dur à avaler. J’ai ainsi passé mon enfance terrifiée à l’idée d’être dévorée de l’intérieur par cet animal vorace. Je ne sais pas si elle est restée absente plus d’une journée d’affilée mais, quand on est enfant, le temps s’étire terriblement si on se retrouve seul. Je me rappelle une fois où elle entrée dans la maison en titubant, pour aller s’affaler sur le canapé et y rester pendant des heures. J’ai fini par m’endormir recroquevillée à ses pieds, terrifiée à l’idée de la laisser seule. Le lendemain de cette cuite, je me suis réveillée pour la trouver en train de préparer le petit déjeuner, pas forcément ce qu’on mange habituellement à ce repas, comme à son habitude. Ce pouvait être des petits pois, des œufs, parfois une boîte de soupe de nouilles au poulet. Vers l’âge de six ans, j’ai commencé à observer comment ma mère allumait la cuisinière le matin, car je savais que je devrais m’en occuper la prochaine fois qu’elle disparaîtrait. Je voudrais bien savoir combien d’enfants de six ans doivent apprendre seuls à manipuler une cuisinière de peur de finir dévorés par leur chat intérieur. Pur hasard sans doute. La plupart des enfants ont des parents qu’ils regretteront après leur décès. Tandis que les autres, comme moi, les préfèrent morts. La meilleure chose que ma mère ait pu faire pour moi était de mourir. * * uploads/Litterature/ ebook-colleen-hoover-coeurs-et-ames.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 05, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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