1 30 décembre 2008 dossier de presse La troupe de la Comédie-Française présente
1 30 décembre 2008 dossier de presse La troupe de la Comédie-Française présente Salle Richelieu en alternance du 7 février au 19 mai 2009 L’Ordinaire Pièce en sept morceaux de Michel Vinaver mise en scène de Michel Vinaver et Gilone Brun Avec Sylvia Bergé, Bess Jean-Baptiste Malartre, Bob Elsa Lepoivre, Pat Christian Gonon, Jack Nicolas Lormeau, Joe Léonie Simaga, Sue Grégory Gadebois, Jim Pierre Louis-Calixte, Dick Gilles David, Ed Priscilla Bescond, Nan Et Gilles Janeyrand, Bill Collaboration artistique, Sarah Siré Scénographie et costumes, Gilone Brun Collaboration pour la scénographie et les costumes, Yvett Rotscheid Espace sonore, Michaël Grébil Lumières, Olivier Modol Travail chorégraphique, Opiyo Okach Maquillages, Cécile Kretschmar Entrée au répertoire Représentations Salle Richelieu, matinée à 14h, soirées à 20h30 Prix des places de 5 € à 37 € Renseignements et location : tous les jours de 11h à 18h aux guichets du théâtre et par téléphone au 0825 10 16 80 (0,15 € la minute), sur le site internet www.comedie-francaise.fr Contact presse et partenariats médias Vanessa Fresney : Tél 01 44 58 15 44 - Email vanessa.fresney@comedie-francaise.org 2 L’Ordinaire Par Pierre Notte, secrétaire général de la Comédie-Française Sue. On a brûlé les derniers morceaux de bois. Les prochains repas seront froids. L’Ordinaire Pièce en sept morceaux Ils sont onze à bord du jet privé qui s'écrase dans les neiges éternelles de la cordillère des Andes. Que reste-t-il ? Une carlingue déchiquetée et huit survivants - les dirigeants d'une multinationale, accompagnés de leur femme, maîtresse, secrétaire et fille. Mais leur nombre se réduit inexorablement au fil des quarante-deux jours où ces êtres, arrachés à leur milieu, sont confrontés à la souffrance, à l'amour, à la peur, à la mort, au choix des gestes de survie – se manger. En reprenant le fait divers de 1972 inscrit dans la mémoire collective, Michel Vinaver bouscule quelques certitudes quant à la frontière entre civilisation et sauvagerie dans le comportement humain. Écrite en 1981, L'Ordinaire entre en 2009 au répertoire de la Comédie-Française dans une mise en scène de Michel Vinaver et Gilone Brun. La pièce a été publiée pour la première fois par L’Aire, à Lausanne, en 1983, puis dans Théâtre complet chez Actes Sud, en 1986. Elle a été rééditée dans un nouveau Théâtre complet, volume 5, chez Actes Sud, en 2002, puis avec une postface de Michel Vinaver et Evelyne Ertel, dans la collection Babel, chez Actes Sud, en 2009. L’Ordinaire a été représenté pour la première fois au Théâtre national de Chaillot, salle Gémier, à Paris, le 10 mars 1983, dans une mise en scène d’Alain Françon et Michel Vinaver. Michel Vinaver Né à Paris en 1927, Michel Vinaver entre en 1953 dans une entreprise multinationale fabriquant des produits de grande consommation, où il occupe jusqu'en 1980 des fonctions de cadre, puis de PDG de filiales dans plusieurs pays d'Europe. Après deux romans publiés chez Gallimard en 1950 et 1951, il s'engage à partir de 1955 dans une carrière d'écrivain de théâtre, en parallèle avec son activité dans l'industrie. Ses pièces, parmi lesquelles Les Coréens, Les Huissiers, Par-dessus bord, Les Travaux et les jours, Les Voisins, L'Emission de télévision, King, 11 septembre 2001, ont été montées notamment par Planchon, Serreau, Vitez, Lassalle, Françon, Cantarella, Schiaretti... Récemment, Michel Vinaver a lui-même mis en scène deux de ses pièces, À la renverse et Iphigénie Hôtel, cette dernière en collaboration avec Gilone Brun. Gilone Brun Née à Rabat en 1949, formée à l’École de Théâtre de Prague, elle collabore comme scénographe avec de nombreux metteurs en scène avant de s’orienter elle-même vers la mise en scène, principalement de théâtre contemporain : parmi ses réalisations, Les Baigneuses de Daniel Lemahieu, Vous qui habitez le temps de Valère Novarina en collaboration avec Claude Buchvald, Iphigénie Hôtel de Michel Vinaver en collaboration avec l’auteur. Pierre Notte, juin 2008 3 L’Ordinaire, en 2009 Entretien avec Michel Vinaver, auteur et metteur en scène 1972, 1981, 2009. Un fait divers toujours prégnant. Ce fait divers comporte une dimension qui m’a semblé d’emblée mythique. Le mythe a priori relève de la permanence, il se réinterprète et se réécoute au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. Le fait divers du crash dans les Andes en 1972 n’a rien perdu de son acuité dans la conscience collective, peut-être même a-t-il gagné davantage de prégnance par l’effet du temps. Rien depuis les trente-six ans qui se sont écoulés ne vient affaiblir la portée du contenu de ce fait divers, à savoir la transgression d’un tabou socioculturel et universel, ce réflexe de survie qui a été plus fort que tous les interdits. Dans tout mythe, il y a une histoire qui se raconte, et il y a une pluralité des sens qu’on peut lui attribuer. Notre vision du crash dans les Andes ainsi a évolué. Qu’est-ce que ce mythe met en jeu aujourd’hui ? Nous assistons à la mise à l’épreuve d’une structure institutionnelle, une entreprise économique organisée en pyramide. C’est une hiérarchie a priori sans faille pour celui qui est à sa tête comme pour ceux qui en dépendent. À la faveur d’un événement désastreux majeur, comment les individus de cette pyramide vont-ils passer du pouvoir autocratique et absolu à une autre forme de société ? Via le cannibalisme, l’émergence de la démocratie. Cette forme de société nouvelle ne provient pas d’une prise de pouvoir. Il s’agit bien au contraire d’un passage à la démocratie qui advient dans un petit groupe d’individus mis à l’épreuve. La démocratie émerge via le cannibalisme. Le cannibalisme étant l’élément déflagrant de l’ordre social. L’accident fait que le souverain se trouve réduit au statut des autres êtres vivant autour de lui. Ceux qui étaient les plus marginaux dans ce groupe assument progressivement de plus en plus de fonctions vitales, ils en viennent par exemple à la décision de manger de la viande humaine. Ils régulent la nouvelle société sans qu’il y ait prise de pouvoir. Il y a comme une utopie démocratique qui se réalise à la fin de la pièce. C’est, je crois, le sens profond du mythe aujourd’hui, qui n’était pas encore dans les consciences en 1972, ni même en ce qui me concerne quand j’ai écrit la pièce en 1981. C’est ce qui ressort de notre travail en cours à la Comédie-Française. Le thème de la pièce n’est pas l’écroulement de la démocratie suivi de sa résurgence, mais plutôt sa réinvention. La démocratie se réinvente, elle surgit du quotidien de la vie dans des situations extrêmes, situations du corps, de la tête et du cœur… Le premier réflexe des gens qui se trouvent transportés brutalement d’un monde qu’ils connaissent à un monde totalement différent, c’est de faire « comme si » ce passage n’avait pas eu lieu. On peut ainsi appeler ça : « le faire comme si ». Ce réflexe est le premier geste de résistance à la catastrophe, mais il est fatal à ceux qui en restent là puisque à force de « faire comme si » telle chose n’avait pas eu lieu, on se disloque. En revanche, ceux et surtout celles, car les femmes sont peut-être plus douées que les hommes dans cet exercice, qui font le déplacement d’eux-mêmes dans une situation nouvelle, s’adaptent à quelque chose de neuf et d’inédit. C’est là que surgissent les nouveaux modes d’être, que j’appellerais la démocratie. Le monde de l’entreprise, aujourd’hui. Le contexte a changé tout particulièrement dans la façon dont les entreprises fonctionnent. L’un des principaux changements a été apporté par l’informatique, par les puces et tout ce que les puces ont produit d’immédiateté. Nous vivons deux courants contraires : la contraction totale du temps, et la globalisation ou la dilatation de l’espace. Le résultat est qu’on n’a plus besoin d’être ensemble pour travailler, et qu’il n’y a plus de noyau à l’entreprise : le nid chaleureux, familial, même s’il contient des haines, des jalousies et toutes les rugosités de l’entreprise, a disparu. Il s’est délité. C’est une évolution considérable : on n’est plus « chez soi » dans l’entreprise. Il en résulte une solitude, un effritement du lien social. Au moment où j’écrivais L’Ordinaire, l’entreprise était encore « son propre projet ». 4 Elle n’avait pas à se justifier d’exister. Aujourd’hui, c’est le projet de l’entreprise qui prime et prévaut sur l’entreprise elle-même. On est embauché pour un projet ; dès qu’on a participé à ce projet, on est à nouveau disponible, hors de l’entreprise. La valeur d’un individu ne se mesure plus à sa fidélité à sa société, mais à sa disponibilité, à la façon qu’il a de passer d’un projet à un autre, à sa capacité éventuelle de sauter dans le vide. Tragique, comique, chronique. Pour autant qu’il y ait « figuration » dans le travail que nous faisons, la pièce s’inscrit dans l’histoire au moment-même de son écriture : au début des années quatre-vingts. Dans le dessin des costumes et des accessoires notamment, nous nous situons dans les années quatre-vingts en Amérique, mais l’espace scénique comme la gestuelle sont intemporels. Il n’est pas question de signifier un moment uploads/Litterature/ sur-l-x27-ordinaire-dossier-de-presse-the-a-tre.pdf
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- Publié le Dec 27, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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