Envoyé par Delphine. MADAME BOVARY FLAUBERT I - LE RECIT 1) L’incipit Le récit

Envoyé par Delphine. MADAME BOVARY FLAUBERT I - LE RECIT 1) L’incipit Le récit débute puis se termine avec le personnage de Charles. L’incipit relate l’enfance de Charles et dépeind son caractère. En peignant Charles, Flaubert peint aussi l’élément essentiel du malheur qui attend Emma : la médiocrité de son futur mari. Le romancier insiste sur la faiblesse et l’intelligence limitée de Charles, pour ancrer par avance la déception d’Emma dans une réalité bien connue du lecteur : l’insuffisance de Charles aux yeux de celle qui sera Madame Bovary. 2) Analyse et structure du récit Etude de la structure d’ensemble La courbe évolutive du récit Le roman comporte trois parties. Nous remarquons que le coeur de la partie centrale, càd les chapitres 8,9 et 10, correspond au « sommet » de la destinée d’Emma : c’est la période de l’adultère avec Rodolphe, où l’héroïne oublie la platitude de son mariage et n’est pas encore assaillie par les problèmes d’argent, comme dans la troisième partie. Aux extrémités du roman, nous avons, au début, un long crescendo, et à la fin, un long descrescendo : avant le mariage de Charles et d’Emma (Chap 1, 2, 3 de la première partie), Emma elle-même est à peine connue du lecteur, et il faudra encore trois chapitres (chap 4, 5, 6) au romancier pour cerner les causes de l’insatisfaction de son héroïne. A la fin du roman, dans les chap 10 et 11, on découvre la ruine financière, morale, puis physique, de Charles après la disparition d’Emma : le personnage s’éteind petit à petit. L’enchaînement des trois parties Première partie : Emma jeune fille s’ennuie à la ferme (chap 3) et attend du mariage la révélation de l’amour (chap 6). Mais son mariage la déçoit, l’ennui s’approfondit. Espoir de renouvellement en quittant Tostes pour Yonville. Deuxième partie : espoir non concrétisé avec Léon (Chap 6). Espoir concrétisé avec Rodolphe (chap 9), qui néanmoins abandonne Emma (chap 13). Chute de l’héroïne dans le désespoir et le dégoût de la vie (chap 13-14). L’espoir renaît avec Léon (chap 15) Troisième partie : Concrétisation de l’espoir par l’adultère hebdomadaire avec Léon (chap 5), l’oubli des réalités conjugales et financières (chap 6). Chute dans la ruine par endettement, abandon par Léon (Chap 7), suicide (chap 8) 1 On voit que chaque partie constitue une sorte de cycle qui s’ouvre sur l’attente, par Emma, d’un changement positif de sa vie, et se clôt sur la deception, ou même le désespoir, parce que la réalité n’a pas rejoint le rêve. La structure cyclique de chacune des parties Chacune des parties forme donc un cycle qui va de l’ennui à l’ennui plus profond, après le passage par une apothéose illusoire. Première partie Ici,le génie de Flaubert consiste à lier et à opposer le destin respectif des époux Bovary. La vie conjugale, qui est le comble du bonheur pour Charles, coïncide précisément avec le début des désillusions d’Emma et l’attente vague d’autre chose (chap 5). Dans la vie d’Emma, l’apothéose va être représentée alors par l’épisode du bal à la Vaubyessard (chap 8). Nous sommes au sommet de la courbe : rêve et réalité se confondent pour Emma. La phase descendante et déceptive est marquée par le chap 9 où, de retour dans le quotidien de son ménage, Emma connaît un ennui plus profond et même des troubles nerveux. Deuxième partie Nous retrouvons dans cette partie les mêmes éléments de fond, mais les phases d’attente et de désillusion font l’objet d’un travail plus complexe. Les six premiers chapitres sont dominés par l’amitié amoureuse d’Emma et de Léon, qui s’achève avec le départ du jeune homme pour Paris. C’est une phase d’attente, puisque cette liaison demeure platonique et qu’elle paraît ne pas devoir connaître de suite. Mais, très habilement, Flaubert a construit un « mini-cycle » de l’attente-déception-attente à l’intérieur même de cette phase : après le départ de Léon, Emma a des accès de coquetterie, elle compense sa déception par l’achat de toilettes coûteuses et paraît mûre pour l’adultère. (chap 7). Elle attend de nouveau quelque chose. La phase heureuse connaît une apothéose rapide : c’est l’amour avec Rodolphe, dans la forêt (chap 9). A partir de là, tout l’art de Flaubert est d’introduire des ferments de désillusion dans la phase d’illusion heureuse : Emma a le sentiment de retrouver déjà dans l’adultère « les platitudes du mariage ». L’abandon d’Emma par Rodolphe engendre chez celle-ci une dépression de plusieurs mois qui est, du point de vue de la structure, le symétrique aggravé de la phase finale de la première partie. A l’opéra de Rouen, Emma, transportée par le spectacle (chap 15) est prête à idéaliser un nouvel amour quand réapparaît Léon : un nouveau cycle commence. Troisième partie Le romancier a ajouté un élément dans le destin d’Emma, qui fait tourner au drame l’échec sentimental : c’est l’endettement, et la menace de la ruine pour le ménage Bovary. Ce facteur nouveau se conjugue avec la déception qu’Emma connaît avec Léon, comme avec Rodolphe. La phase finale (désespoir et suicide) apparaît à son tour comme le symétrique aggravé de l’abattement qui a suivi l’abandon de Rodolphe. Structure d’alternance et structure de répétition La structure d’alternance 2 A l’intérieur de chacune des trois parties, le romancier fait alterner le récit de moments statiques (essentiellement consacrés à l’ennui d’Emma) et le récit d’événements marquants et uniques, qui se détachent sur la grisaille de fond. Dans la première partie, cette alternance est particulièrement nette. - chap 4 : moment fort ; les noces de Charles et d’Emma. - chap 5 : rythme étale et répétitif ; la vie conjugale. - chap 8 : moment exceptionnel ; le bal à la Vaubyessard. - chap 9 : retour à la vie répétitive ; ennui d’Emma. Dans la deuxième partie, le chap 9, qui raconte la scène unique à tous les égards de l’amour en forêt avec Rodolphe, est suivi par la description des plates routiens de l’adultère (chap 10). L’opération du pied-bot par Charles, qui échoue pitoyablement (chap 11) , joue le rôle de faux moment fort dans la carrière de Charles. Dans la troisième prtie, on remarquera qu’à l’alternance entre la description des petites habitudes de l’adultère et celle de l’endettement à répétition (chap 6 et 7), succède l’épisode dramatique de la mort d’Emma. La structure de répétition Il est des exemples évidents, où la signification de la symétrie saute aux yeux : Emma quitte un bourg ennuyeux, Tostes, pour trouver en Yonville un second bourg étouffant. Il y a une idylle platonique avec Léon en début de troisième partie, et après l’échec avec Rodolphe, un adultère avec le même Léon,dans cette même partie. Flaubert souligne ainsi le fait que la vie d’Emma, malgré un désir perpétuel d’évasion, est destinée à retomber toujours dans les mêmes ornières. La répétition s’accompagne souvent de dégradation dans la situation répétée : à l’amour en forêt avec Rodolphe, dans la splendeur de la nature automnale (II, 9) répond l’amour avec Léon, dans le pitoyable fiacre de location (III 1). La structure cyclique est l’image de l’éternel retour de l’échec dans le destin d’Emma. Le génie de Flaubert est d’avoir concilié les phénomènes de cyclicité et de répétition avec la marche de la fatalité dans le récit, qui fait de Madame Bovary, à certains égards, un roman tragique. 3) Le personnage de roman L’identité Le titre du roman prive Emma de son identité en assimilant la jeune femme à son rôle social. C’est cette aliénation au mari que souligne Rodolphe lorsqu’il déclare : Madame Bovary !...Eh! tout le monde vous appelle comme cela !... Ce n’est pas votre nom, d’ailleur ; c’est le nom d’un autre ! Madame Bovary est l’héroïne du roman. Mais il faut attendre le chap 5 pour que Emma, objet du regard de Charles, devienne sujet, et pour que le lecteur ait accès à sa conscience. II - LA NARRATION 3 1) Le point de vue L’omniscience L’omniscience dans la présentation d’un lieu ou d’un personnage : Ainsi, la présentation de Yonville (II, 1) paraît relever d’un savoir complet que possèderait le narrateur sur le pays dans les domaines géographique, topographique et économique. Nous repérons un signe supplémentaire d’omniscience, quand le narrateur observe : « Depuis les événements que l’on va raconter, rien, en effet, n’a changé à Yonville ». C’est donc que le romancier attest savoir tout de la vie du bourg, le drame particulier du ménage Bovary n’étant qu’un épisode de la chronique yonvillaise. On remarquera que les trois derniers paragraphes du roman sont écrits dans cette même omniscience froide. Avec beaucoup de rigueur, Flaubert use de l’omniscience lorsqu’elle est justifiée par le destin des personnages : en tête de la deuxième partie, Yonville est présentée sous le régime de l’omniscience parce que, Charles et Emma n’y étant pas arrivés, l’adoption de leur point de vue aurait été malencontreuse. Plusieurs personnages sont présentés par un narrateur omniscient. Rodolphe est rapidement peint comme intelligent et sans scrupules, par un narrateur qui semble l’avoir percé à jour. L’omniscience uploads/Litterature/ synth-bovary 1 .pdf

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