BLIDA RÉCITS SELON LÉGENDE, LA TRADITION & L’HISTOIRE PAR LE COLONEL C. TRUMELE

BLIDA RÉCITS SELON LÉGENDE, LA TRADITION & L’HISTOIRE PAR LE COLONEL C. TRUMELET COMMANDEUR DE L’ORDRE DE LA LÉGION D’HONNEUR OFFICIER DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES TOME PREMIER « On t’a nommée La Petite Ville ; « Moi, je t’ai appelée une Petite Rose. » (Les Dictons de SIDI AHMED-BEN-IOUCEF, ALGER ADOLPHE JOURDAN, LIBRAIRE-ÉDITEUR 4 PLACE DU GOUVERNEMENT, 4 1887 ΓΪѧѧѧѧѧѧѧϴϠΒϟ΍ ϚѧѧѧѧѧѧѧϟϮϟΎϓ αΎѧѧѧѧѧѧѧϨϟ΍ ΓΪϳέϭ ϚΘϴ˷ Ϥγ Ύϧ΍ Je remercie M. Vincent ROIG d’avoir bien voulu scanner cet ouvrage faisant parti de sa bibliothèque personnelle. Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. spenatto@club-internet.fr D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens, (du 14e au 20e siècle), à télécharger gratuitement ou à lire sur place. A MONSIEUR MAUGUIN SÉNATEUR DU DÉPARTEMENT D’ALGER & MAIRE DE LA VILLE DE BLIDA Je dédie ce Livre, et j’en donne la raison : MON EXCELLENT ET VIEIL AMI, Il est bien naturel que votre nom soit mis en « Fa- teha(1) » de ce Livre, c’est-à-dire qu’il l’ouvre, et en fasse les honneurs au public lisant ; car, enfin, vous êtes bien pour quelque chose dans sa perpétration ; j’irai plus loin en affirmant que, sans vous, cet enfant de mes peines et de mes veilles n’aurait jamais vu la lumière du jour. Il est hors de doute que, sans vous, je le répète, l’ouvrage serait resté sinon dans mon encrier, tout au moins dans mes cartons, et cela à tout jamais. Mais, grâce à vous, à vos presses, à votre excel- _______________ (1) Fateha signifie ouverture, commencement, intro- duction, exorde. On désigne ainsi le premier chapitre du Lioran, parce qu’il ouvre le Livre Sacré. — IV — lente et bonne petite feuille « Le Tell, » qui est aujourd’hui dans la vingt-quatrième année de son âge, et qui se porte comme un charme, l’enfant naquit, vé- cut et grandit. Vous vous rappelez mes feuilletons ayant pour ti- tre « Sur un Piton du Petit-Atlas, » et dont on voyait d’autant moins venir la fin, que vous ne paraissiez pa- resseusement que deux fois par semaine, et vous n’en avez pas perdu l’habitude. Nos vieux amis de Blida m’ont-ils assez plaisanté à propos de ce qu’ils appe- laient dédaigneusement mon « Piton ! » Il est vrai que je ne m’en inquiétais que médiocrement; je les laissais dire, ces ingrats, parce que je savais qu’un jour, j’aurais aussi mon tour, — la vérité l’a toujours, — et que les Blidiens de ces temps préhistoriques fi- niraient par me bénir d’avoir écrit l’histoire de leur pays, annales dont il ne possédaient pas le premier mot, les ignorants ! et, il n’y a pas à dire, sans moi, ils ne l’auraient jamais su ce mot. Qu’aujourd’hui, ils me tressent des couronnes, qu’ils me couvrent de fleurs des pieds à la tête, je n’y vois pas trop d’inconvénients; dans tous les cas, ces té- moignages de l’enthousiasme de mes homochrones (!) je ne les aurai pas volés ; car, ce que je me suis donné de peine pour fouiller dans les vieux papiers, et dans les vieilles mémoires des Turks, Mores et Kabils contem- porains du coup d’éventail de 1827, « iâlem Allah ! » — Dieu seul le sait! — comme disent les Arabes. — V — Quoiqu’il en soit, mon cher Mauguin, le livre est fait, et cela, probablement, parce qu’il était écrit que ce livre serait fait, et en donnant asile, autrefois, dans votre journal, aux fragments successifs que je produi- sais, vous assuriez leur conservation, et me permet- tiez d’attendre, sans crainte de les égarer, le jour for- tuné où ils pourraient être réunis, et former ainsi deux beaux et appétissants volumes. Or, rendons-en grâce aux dieux ! ce jour est enfin arrivé ! Les Blidiens peuvent être désormais tranquilles ; au moins, à présent, ils ne sont plus exposés à rester cois quand on les questionnera sur les origines de leur charmante cité. Je vous devais encore cette dédicace, mon cher Maire, parce que vous avez magnifiquement et intel- ligemment continué l’œuvre de vos devanciers, dont quelques-uns ont été des Administrateurs d’élite, et parce que vous l’avez achevée et poussée à ce point de faire de votre délicieuse ville une merveille d’élé- gance, de grâce, de fraîcheur et de salubrité. C’est pour le coup que, si, par faveur insigne, le Dieu unique permettait à son Ouali(1), Monseigneur Ahmed-ben-Ioucef, de sortir de son tombeau de Mi- liana pour venir visiter son « Ourida » — petite Rose — de trois cents ans, ce saint poëte, n’hésitant pas à ajouter un paquet de cordes à sa lyre, ne manque- rait pas, dans son enthousiasme, de s’écrier ravi : « Je _______________ (1) Ami de Dieu. — VI — t’avais nommée autrefois « Ourida, » — une petite Rose ; — aujourd’hui, je t’appelle un « Roudha, » — un parterre de fleurs ! » Il faudrait être bien exigeant, ce me semble, pour se refuser à reconnaître que cet amas de raisons est parfaitement suffisant pour vous mériter la dédicace de ce livre de Récits. J’ajouterai, du reste, que, dans cette occasion, je n’ai pris conseil que de ma tête, et que c’est toujours ainsi que j’ai la mauvaise habitude d’opérer. Croyez donc, mon cher Maire, à une affection qui a déjà des cheveux gris ; car il y a bien près d’une trentaine d’années, si mes souvenirs sont exacts, que je vous l’ai vouée. L’Auteur, Colonel TRUMELET. Valence (Drôme), le 1er septembre 1886. INTÉRÊT DE CE LIVRE Bien que notre occupation de la partie des États barbaresques qu’on désignait sous la dénomination de « Régence d’Alger, » date déjà de plus d’un demi-siè- cle, nous ne saurions que fort peu de chose des temps qui l’ont précédée, des villes d’origine indigène que nous habitons, et des populations que nous y avons trouvées, si quelques rares curieux, quelques ardents et opiniâtres chercheurs ne s’étaient donné la peine de fouiller dans leur passé si obscur, passé qui n’est point écrit, et qu’il faut demander à la mémoire des hommes. Et c’est précisément là que gît la difficulté; car, faire parler un Arabe n’est point une petite affai- re, surtout quand cet indigène est doublé d’un lettré, et que son interlocuteur est un Roumi(1). Aussi, que ne nous a-t-il point fallu de patien- ce, de ténacité, de persévérance et de haute politique, _______________ (1) C’est ainsi que les Barbaresques désignent dédai- gneusement les Chrétiens. (BRESNIER.) — VIII — malgré les excellentes conditions d’interrogateur dans lesquelles nous nous trouvions, pour obtenir des indigènes les renseignements dont nous avions besoin ! Possédant suffisamment la langue arabe par- lée et écrite ; appartenant à un corps indigène — le 1er de Tirailleurs algériens — en garnison à Blida; chargé d’une mission d’assez longue durée dans la région montagneuse à laquelle s’adosse la Petite Rose de la Mtidja, mission qui nous a mis en rela- tions avec les populations habiles qui habitent ce massif, ainsi qu’avec les individualités ayant joué un certain rôle dans le pays, soit pendant les dernières années de la domination turke, soit pendant les quin- ze premières années de la conquête ; des rapports suivis avec des personnages ayant exercé, à Blida, des fonctions de l’ordre politique, administratif ou judiciaire durant ces mêmes périodes, et, particu- lièrement, avec le dernier de ses hakem(1) et de ses mezouar(2), ainsi qu’avec les marabouths de la des- cendance du fondateur de Blida, l’illustre Sidi Ah- med-el-Kbir ; tous ces avantages, nous le répétons, nous plaçaient dans les meilleures conditions pour entreprendre, avec quelque chance de succès, l’œu- vre que nous nous étions donné la tâche d’accomplir, voulant ainsi doter une ville que nous aimons, et une population qui nous a toujours été si sympathique, et _______________ (1) Celui qui gouverne, qui commande dans une ville. (2) Le mezouar était chargé de la police de la ville. — IX — au milieu de laquelle nous avons passé quatorze an- nées de notre existence militaire; voulant doter l’une et l’autre, disons-nous, de l’histoire des origines de ce charmant coin de terre où fleurit l’oranger, et dont un poëte-marabouth a dit, il y a de cela plus de trois cents ans : « On t’a nommée la Petite Ville ; moi, je t’appelle une Petite Rose. » Ce livre est donc le résultat, ainsi que nous le disons plus haut, de plusieurs années de recherches, d’abord, dans les souvenirs des Oulad-Sidi-Ahmed- el-Kbir pour la partie légendaire, laquelle comprend une période de près de trois siècles, et ensuite, nous le répétons, dans la mémoire des derniers fonctionnai- res ou agents du gouvernement turk employés à Blida depuis le commencement de ce siècle, jusqu’à l’épo- que de l’occupation de cette ville par les Français, en 1838(1). A partir de ce moment, qui est le commence- ment de la phase historique écrite, les documents ne uploads/Litterature/ blida-legende-la-tradition-amp-l-x27-histoire-tome1.pdf

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