UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL LA CONCEPTION DU BONHEUR CHEZ ARISTOTE: ESSAI S
UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL LA CONCEPTION DU BONHEUR CHEZ ARISTOTE: ESSAI SUR LA HIÉRARCHIE DES BIENS DANS L'ÉTHIQUE À NICOMAQUE MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN PHILOSOPHIE PAR XAVIER CAMUS MARS 2008 UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL Service des bibliothèques Avertissement La diffusion de ce mémoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522 - Rév.ü1-20ü6). Cette autorisation stipule que «conformément à l'article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à l'Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d'utilisation et de publication de la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l'auteur] autorise l'Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire." 11 REMERCIEMENTS Pour ce travail, j'aimerais tout d'abord exprimer toute ma gratitude envers M. Georges Leroux pour sa pédagogie lumineuse et magistrale. Je lui suis redevable pour sa sollicitude, sa générosité et l'effet protreptique qu'il a toujours exercé sur moi. Je lui dédie donc ce mémoire avec l'espoir de mettre à jour une fraction d'humanisme recelée dans l'Éthique à Nicomaque. Je voudrais également remercier chaleureusement M. Louis-André Dorion qui fut le premier à m'introduire à la problématique du bonheur chez Aristote. De par sa défense « élenchtique » de l'inclusivisme, il m'a poussé à creuser toujours davantage mon sujet, jusqu'à ses éléments essentiels. Il me faut aussi souligner l'apport significatif des commentaires de M. Claude Panaccio, qui ont enrichi ce travail, notamment en signalant le rôle-clé de la notion d'energeia tout au long de l'œuvre nicomachéenne. Enfin, je tiens à mentionner l'appui inconditionnel et enthousiaste de mon cher ami Gwennaël Bricteux, jeune érudit attaché principalement aux études peircéennes. Sa perspicacité et sa rigueur ont été pour moi une inspiration constante, sans compter sa collaboration directe à ce travail, par sa lecture critique des différentes épreuves. 111 TABLE DES MATIÈRES RÉsuMÉ v INTRODUCTION 1 La signification philosophique d"êthikê' et d"eudaimonia' .. ... 3 Complexité hennéneutique autour de praxis et theôria 10 Structuration du mémoire.............................................. 13 PREMIERE PARTIE Les enjeux du débat inclusivisme / exclusivisme 17 CHAPITREI LE MODÈLE "INCLUSIVISTE" 18 1.1 W.F.R. Hardie, aux origines du débat 21 1.2 J.L. AckIill, pionnier de l'inclusivisme 28 1.2.1 L'argument d'adjonction 30 1.2.2 Définition du bonheur au livre 1 32 CHAPITRE II LE MODÈLE "EXCLUSIVISTE" 42 2.1 Le point de vue "dominant" des "rationalistes" 47 2.2 L'exclusivisme radical (J.-L. Labarrière) 58 DEUXIÈME PARTIE La visée protreptique de l'Éthique à Nicomaque 68 CHAPITREI L'INCLUSIVISME RELATIF DE LA SOPHIA 69 lV 1.1 L'exigence d'autarcisation........... 73 1.2 L'argument fonctionnaliste 79 1.3 L'inscription de Délos 84 CHAPITRE II JUSTIFIABILITÉ DE L'EXCLUSIVISME 92 2.1 Hiérarchisation des biens: le timion et l'epaineton 93 2.2 Le modèle du sophos ......... .. .................. ........... ....... . 104 CONCLUSION 117 La portée protreptique de l'eudémonisme 117 BIBLIOGRAPHIE 130 1) Éditions et traductions utilisées 130 2) Études d'ensemble 132 3) Études sur l'eudémonisme aristotélicien 134 v RÉSUMÉ Le mémoire se donne pour tâche de discerner ce qui constitue l'essence du bonheur dans l'Éthique à Nicomaque. Une telle étude rencontre l'un des plus importants défis exégétiques des études aristotéliciennes ; déterminer l'articulation précise entre les modes de vie pratique et théorétique. Nous nous attachons plus spécifiquement au rapport entre praxis et theôria à l'aune du bonheur idéal, « hê teleia eudaimonia », qu'Aristote postule comme étant la fin ultime de la vie pratique. Il s'agit de circonscrire quelle part des biens pratiques et intellectuels pourrait former la vie heureuse d'un être humain. En premier lieu, nous parcourons tout d'abord la littérature récente sur ce sujet, en suggérant une classification opératoire entre quatre interprétations types, partant de la plus permissive jusqu'à la position la plus exclusive. Cette quadripartition s'appuie sur les deux principales écoles rivales de commentateurs qui ont vu le jour depuis Hardie (1965), celles de 1'« inclusivisme» et de la « fin dominante ». Selon les tenants de l'inclusivisme « compréhensiviste », le bonheur, tel que défini par Aristote, doit comprendre plusieurs biens intrinsèques, peu importe qu'ils soient de nature morale ou strictement intellectuelle. S'ils restreignent ces biens aux vertus seules, nous les nommons « inclusivistes arétiques ». Tandis que pour les défenseurs de la position dite « dominante », seules les vertus rationnelles sont aptes à fonder notre bonheur, en raison de leur niveau ontologique supérieur. Certains d'entre eux iront encore plus loin, estimant que panni les facultés de la raison, la sophia obtient un statut d'exception, équivalent au plus haut bonheur accessible à l'homme. Nous ne nous en tenons pas à un exposé critique de ces conceptions de l'eudémonisme aristotélicien. Dans la deuxième partie, nous confrontons directement les lectures « inclusive» et « dominante» au texte nicomachéen. Tout d'abord, en cherchant plusieurs points de raccord significatifs entre les livres l et X, il nous apparaît que le bonheur intellectif défendu au livre X peut recouvrir de nombreux critères du bonheur exposés au livre l, sans pour autant verser dans un inclusivisme pur et simple, incompatible avec la partie conclusive de l'œuvre. Nous procédons ensuite à une tentative de reconstruction des principaux paliers ontologiques concernant les types de bonheur politique et contemplatif, afin de mettre à l'épreuve l'interprétation exciusiviste, qui a de la difficulté à admettre sa propre radicalité. En fin de parcours, nous traçons un rapide portrait du sophos, de manière à signaler que l'exclusivisme de la sophia semble tout à fait compatible avec une valorisation de la pratique vertueuse, à la condition d'occuper son rang respectif. Et d'après ce motif ontologique, qui respecte Me perspective « téléologique », le dieu sagesse s'avère être un bien indépassable, hê teleia eudaimonia. Mots clés: Aristote - Éthique à Nicomaque - Bonheur - Éthique - Sagesse INTRODUCTION ... un tel homme est sans doute comme un dieu au milieu d'hommes... pour des gens comme ceux dont on vient de parler il n'y a pas de loi, car ils sont eux-mêmes une loi ... - Aristote, Pol., III, 13, 1284a 10-14 Au travers des mille chemins se présentant à nous, nous errons. Comment se défaire de cette impression de vertige qui porte à abdiquer à la rencontre de l'effort répété, perdant tout espoir d'un bonheur futur, réel et définitif. Tout n'est qu'illusion, pense-t-on alors, nos objectifs sont-ils fondés? La recherche d'un bien suprême prit plusieurs formes au cours des âges. À l'époque médiévale, par exemple, nous étions captivés par les récits de la légende arthurienne, relatant les épreuves traversées par de preux chevaliers (Perceval, Gauvain ou Galaad). Ces héros, bien souvent, chevauchaient seuls en quête du Saint-Graal et de la gloire retrouvée de leur patrie. Il leur fallait se montrer à la hauteur d'une telle initiation mystique, par leur pureté et leur force d'âme. Thierry Hentsch remarque à juste titre que, dans le Haut Livre du Graal, « Dieu et la Nouvelle Religion se présentent eux-mêmes comme les métaphores d'une visée intérieure que nul ne saurait dire, qui échappe à quiconque croit en approcher» 1. Nous verrons qu'il en sera à peu près de même chez Aristote: selon lui, le bonheur auquel nous aspirons ne consiste pas en la possession d'un quelconque bien extérieur, mais doit être appréhendé par un retournement de soi vers 1 Thierry Hentsch, Raconter et mourir, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 2002, p. 285. soi, au sein même de notre âme. Ce Graal apportera lui aussi l'immortalité, car il faut, autant que faire se peut, « s'immortaliser» (athanatizeinl La geste bretonne partage encore d'autres traits avec l'eudémonisme aristotélicien. Deux types d'homme manifesteront, chacun à leur manière, un héroïsme conduisant à la prospérité du royaume de Camelot. Qui sera le plus méritoire ? Sera-ce Merlin, « savant, secret et mystérieux»3, sachant le passé et l'avenir, ou bien Arthur, « prud'homme couronné, rayonnant, défenseur avoué de la Nouvelle Religion»4 ? En quelque sorte, ils joueront des rôles complémentaires: « Arthur fait l'histoire au premier degré [...]. Mais il n'est finalement qu'un bras. Merlin, véritable cerveau du récit, fait l'histoire de manière beaucoup plus décisive en la disant, c'est-à-dire en lui donnant son sens »5. De même, Aristote radicalisera l'opposition entre le genre de vie politique et le genre contemplatif, de façon à ce que leur complémentarité devienne impossible, tant l'idéal de sagesse transcendera toute activité mondaine, récoltant presque tout le bonheur dont un homme est capable. L'homme moralement vertueux, même s'il s'avère être un brillant législateur à la Périclès, devra se contenter d'un bonheur de second rang. Ici s'arrêtent donc les comparaisons avec le « roman uploads/Litterature/ thesis-la-conception-du-bonheur-chez-aristote.pdf
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- Publié le Jul 04, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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