BORIS MOURAVIEFF GNÔSIS Etude et Commentaires sur LA TRADITION ÉSOTÉRIQUE DE L'

BORIS MOURAVIEFF GNÔSIS Etude et Commentaires sur LA TRADITION ÉSOTÉRIQUE DE L'ORTHODOXIE ORIENTALE * Cycle exotérique A LA BACONNIÈRE GNÔSIS 3 ENSEIGNEMENT ESOTERIQUE GNÔSIS La Gnose c'est la connaissance, issue de la Sagesse mystérieuse et cachée, d'après les Ecritures, par une Tradition orale qui vivifie la Lettre. L'Orthodoxie orientale a su conserver intacte cette Tradition à l'abri de l'hermétisme. Toutefois, si celui-ci a constitué, depuis des millénaires, une sauvegarde, les circonstances, aujourd'hui, ont changé. Au tournant actuel de l'Histoire, de même qu'à l'Avènement du Christ, le rideau est partiellement levé. Ainsi, se trouvent facilitées les recherches de ceux qui veulent saisir le sens vrai de la vie, comprendre la tâche qui incombe à l'homme dans l'Êre au seuil de laquelle nous nous trouvons. Dieu dit: Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Commencement et la Fin Entre ces limites, l'homme occupe une position intermédiaire. Il procède de l'Alpha, l'amour subjectif, périssable. C'est le propos de Gnôsis d'indiquer, selon cette Tradition, la Voie qui conduit l'homme vers l'Oméga qui symbolise l'Amour objectif, impérissable, vainqueur de la Mort GNÔSIS 4 ESOTERISME ~ MESOTERISME ~ ESOTERISME Le plan de notre ouvrage, en trois volumes et subdivisé, a été conçu d'après la nature de l'enseignement ésotérique, selon une gradation d'ailleurs semblable à celle généralement adoptée par l'enseignement positif dans le monde. Le premier degré, cycle exotérique, correspond à l'enseignement primaire et a pour but de fournir à l'élève l'instrument de travail. Le deuxième degré, cycle mésotérique, correspond à l'enseignement secondaire et a pour objet de fournir à l'élève qui a assimilé le cycle exotérique un minimum d'éléments lesquels, assimilés à leur tour, peuvent lui donner une base pour le développement ultérieur de sa culture générale ésotérique. Le cycle mésotérique est conduit de façon à donner à l'élève les moyens d'approfondir la matière enseignée, ce qui lui permettra d'entreprendre des recherches dans le domaine de la science ésotérique pure, comme dans celui de n'importe quelle branche de la science positive qui lui est familière. Ce niveau correspond au couronnement des études secondaires (baccalauréat, maturité) et donne accès à l'enseignement supérieur, stade qui exige une participation active de l'étudiant. Le troisième degré, cycle ésotérique à proprement parler, correspond précisément à l'enseignement positif supérieur. Ce dernier est toujours spécialisé; il en est de même dans l'ésotérisme. Comme dans la Science positive, la Gnose comprend plusieurs secteurs, les diverses branches de la Connaissance. Dans la période de transition où nous nous trouvons aujourd'hui, entre le cycle du Fils qui prend fin, et celui du Saint-Esprit qui approche, l'enseignement ésotérique supérieur est orienté vers les besoins immédiats et les plus urgents de la Cause. Or, l'aptitude de l'élève ne se mesure pas, en matière ésotérique, à la seule connaissance livresque. C'est dire que le Savoir, sans le Savoir-faire, est insuffisant, surtout si l'on considère les besoins de l'époque. Quant à l'élève, à présent plus que jamais, il ne peut progresser s'il ne sert efficacement la Cause par une contribution personnelle au succès de la Transition. GNÔSIS 5 AVERTISSEMENT AU LECTEUR Les personnes qui s'intéressent aux problèmes ésotériques ont peut-être lu l'ouvrage de Pierre Ouspensky, publié à titre posthume par ses ayant-droit, sous le titre Fragment d'un enseignement inconnu1. Les idées qu'on y trouve ont été recueillies par l'auteur de « G. »2. Et « G. » indique quelle serait la base de son enseignement : A l'intention de ceux qui savent déjà, je dirai, si vous voulez, que ceci est du Christianisme ésotérique. Il est curieux, dans ces conditions, que le titre parle d'un enseignement inconnu. La Tradition ésotérique chrétienne est toujours restée vivante dans certains couvents, en Grèce, en Russie et ailleurs. Et s'il est vrai que cette connaissance s'entourait d'hermétisme, en existence était connue et sans accès ne fut jamais interdit à ceux qui s'intéressaient sérieusement à ces problèmes. Si quelques passages donnent à penser qu'il peut s'agir, à certains égards d'une sorte de syncrétisme de plusieurs enseignements traditionnels, nous ne doutons cependant pas que, pour l'essentiel, les fragments du système exposé dans l'ouvrage d'Ouspensky tirent leur origine de la Révélation venue de la Grande Confrérie ésotérique à laquelle l'Apôtre Saint Paul fait allusion dans son épître aux Romains3. Ces fragments ont donc été puisés à la source véritable. Cependant, comme l'indique correctement le titre, le livre d'Ouspensky ne contient que des fragments d'une Tradition transmise, jusqu'à une époque récente, par voie orale et dont une étude d'ensemble permet seule l'accès à la Révélation. Nos relations avec Pierre Ouspensky, que nous avons bien connu, ont été décrites dans un article de la revue Synthèses. Il nous faut réaffirmer ici que, malgré un vif désir de publier son travail de son vivant, Ouspensky hésita toujours à le faire. Nous avions fait valoir avec insistance le danger d'une divulgation fragmentaire et les incertitudes de l'exposé sur certains points essentiels. Le fait que Fragments fut seulement publié après la mort de son auteur, plus de vingt ans après que la rédaction en eut été achevée, vient appuyer nos assertions. L'étude que nous présentons ici a puisé directement aux sources de la Tradition chrétienne orientale : les textes sacrés, les commentaires dont ils ont fait l'objet, notamment dans cette somme que représente la Philocalie, enfin l'enseignement et la discipline tels que les ont transmis les personnes régulièrement investies. On trouvera donc des similitudes entre le contenu de notre étude et l'ouvrage d'Ouspensky, puisque les sources sont en partie les mêmes. Mais une comparaison attentive manifestera surtout le caractère incomplet de cet ouvrage ainsi que les erreurs et les déviations qu'il comporte par rapport à la doctrine. On sait toute l'importance des schémas dans la Tradition ésotérique. Ils sont conçus pour permettre la transmission de la Connaissance à travers les siècles, malgré la mort des civilisations. Les 1 Paris, Stok, 1950. 2 Fragments, p.22 3 Romains, VIII, 28-30 GNÔSIS 6 erreurs sur le fond, dans un schéma particulièrement, ont été exposées dans l'article précité de Synthèses. Que dire de la place donnée à l'homme dans le schéma appelé « Diagramme de toutes choses vivantes » ? Après nombre de considérations tendant à montrer la « nullité » de l'homme non évolué ésotériquement et la place infime qu'est la sienne dans l'Univers, il est placé, dans ce schéma artificiellement compliqué, au niveau des Anges et des Archanges. C'est-à-dire dans le Royaume de Dieu que figure l'équerre supérieure, bien que le Christ ait catégoriquement affirmé que l'entrée dans ce Royaume est interdite à ceux qui ne sont pas parvenus à la deuxième Naissance4, objet et but du travail ésotérique. La place de l'homme extérieur, selon l'Evangile5 , c'est-à-dire de celui chez qui ce travail n'a pas encore porté fruit, mais dont les facultés latentes sont à développer, se trouve, en fait, dans le schéma précité entre les deux équerres, où il forme le lien entre le monde visible et le monde invisible. Nous pourrions multiplier les exemples de ce genre. Il y a plus grave : le concept de l'homme-machine a pour conséquence son irresponsabilité. Celle-ci est en contradiction formelle avec la doctrine du péché, du repentir et de l'accès au salut, base de l'enseignement du Christ. L'entière bonne foi, l'intelligence humaine et la bonne volonté ne suffisent pas à empêcher les erreurs et les déviations dans tout ce qui touche au domaine de la Révélation et qui ne s'en inspire pas entièrement. Erreurs et déviations de Fragment attestent que cet ouvrage n'a pas été écrit sur l'ordre et sous le contrôle de la Grande Confrérie ésotérique. C'est que les données sur lesquelles se fonde ce livre ont un caractère fragmentaire. Or, dans le domaine ésotérique, toute connaissance fragmentaire est source de danger. Les travaux des auteurs anciens, tels que sait Irénée, Clément d'Alexandrie, Eusèbe de Césarée, qui traitent des hérésies des premiers siècles de notre ère, en témoignent. On y apprend, par exemple, que certaines écoles gnostiques, constatant l'imperfection du monde créé, sans chercher les raisons d'être de cette imperfection, parvinrent, par un raccourci de la pensée, à des vues telles que la faiblesse du Créateur, son incompétence, ou même sa méchanceté. L'incomplet est ainsi la source même des hérésies. Seul ce que la Tradition appelle le Plérôme, c'est-à- dire la Plénitude, comprenant Gnôsis dans son ensemble, offre une garantie contre toute déviation. 4 Jean, III, 3 et suivant. 5 Marc, IV, 11. GNÔSIS 7 AVANT-PROPOS Les études ésotériques aident à pénétrer le sens de l'évolution actuelle de l'homme et de la société humaine. Cela explique l'intérêt croissant qu'elles suscitent dans les milieux cultivés. Cependant — et c'est là un phénomène paradoxal — parmi les Européens qui se sentent portés aux recherches de ce genre, nombreux sont ceux qui tournent leur regards vers des traditions non chrétiennes : hindouiste, bouddhiste, soufi et autres. Il est, certes, passionnant de comparer la pensée ésotérique dans ces différents systèmes. Car la Tradition est Une. Celui qui poussera ses études en profondeur ne manquera pas d'être frappé par cette unité essentielle. Seulement, pour ceux qui désirent aller au-delà de la pure spéculation, le problème se pose sous un uploads/Litterature/gnosis.pdf

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