Thesis Reference L'unité de Bogomilo-Catharisme d'après quatre textes latins an

Thesis Reference L'unité de Bogomilo-Catharisme d'après quatre textes latins analysés à la lumière des sources byzantines DRAKOPOULOS, Theofanis Abstract Cette thèse tente de faire le point sur la question controversée de la filiation du catharisme, notamment dans ses rapports avec le bogomilisme. On y analyse quatre textes latins: la lettre d'Evervin de Steinfeld à Bernard de Clairvaux (vers 1143), les Actes du concile cathare de Saint-Félix de Lauragais (1167), le "De heresie catharorum in Lombardia" (1210-15) d'un auteur anonyme et le texte apocryphe d'origine bogomile "Interrogatio Iohannis". L'école dite déconstructionniste considère l'ensemble des documents latins médiévaux antihérétiques comme relevant d'un schéma préconçu et mis au service du renforcement de la centralisation pontificale. Pourtant, en confrontant ces quatre textes avec les ouvrages rédigés contre les bogomiles de Byzance, nous aboutissons à la conclusion que les communautés nommées conventionnellement bogomiles et cathares présentent de réels points communs, notamment par leur rattachement à un système de pensée basé sur différentes traditions apocryphes et origéniennes où l'élément chrétien joue un rôle prépondérant. DRAKOPOULOS, Theofanis. L'unité de Bogomilo-Catharisme d'après quatre textes latins analysés à la lumière des sources byzantines. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2010, no. Théol. 599 Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:12233 Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. [ Downloaded 01/06/2014 at 22:14:20 ] 1 UNIVERSITÉ DE GENÈVE FACULTÉ DE THÉOLOGIE- INSTITUT DE THÉOLOGIE ORTHODOXE D’ÉTUDES SUPÉRIEURES AUPRÈS DU CENTRE ORTHODOXE DU PATRIARCAT OECUMÉNIQUE L’unité du Bogomilo- Catharisme d'après quatre textes latins analysés à la lumière des sources byzantines par Theofanis L. Drakopoulos SOUS LA DIRECTION DES PROFESSEURS MICHEL GRANDJEAN ET VLASSIOS PHIDAS Juin 2010 Genève 2 TABLE DES MATIÈRES AVANT PROPOS<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<..... <.3- 5 CHAPITRE I :ETAT DE LA QUESTION<<<<<<<<<<<<<. ..6- 39 CHAPITRE II : LES ORIGINES ET L’EXPANSION DU BOGOMILISME D’APRÈS LES SOURCES BYZANTINES<<<<<<<<<<<.<<<<< ....40- 79 CHAPITRE III : LA DISSIDENCE À COLOGNE<<<<<<<<<...80-105 CHAPITRE IV : LE CONCILE CATHARE A S. FÉLIX DE CARAMAN <<<<... ........................................................................................ 106-157 CHAPITRE V : DE HERESI CATHARORUM IN LOMBARDIA -LA PÉRIODE DES SCISSIONS<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<... .158-188 CHAPITRE VI : LE LIVRE APOCRYPHE DES BOGOMILES- L’INTERROGATIO IOHANNIS,…………………………………………………………...189-251 CONCLUSIONS<<<<<<<<<<<<<<<<<<< .......252-262 APPENDICE<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<.263- 304 BIBLIOGRAPHIE <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<...305-322 3 Avant propos Le présent travail s’attache à faire le point sur la délicate question de la filiation du catharisme, sujet mille fois abordé par les historiens au fil du temps sans qu’aucune conclusion irrévocable ne soit jamais dégagée, et pour cause, des données qui ressortent à intervalles réguliers de nouvelles éditions de textes médiévaux, réinterprétés différemment par les historiens. En effet, le débat devient de plus en plus complexe à mesure que s’y ajoutent des nouvelles études et tendances des écoles d’histoire. Dans l’océan de données bibliographiques sur la généalogie du catharisme, dans lequel il est très difficile- même pour un spécialiste- de trouver ses repères, le lecteur se posera légitimement la question: pourquoi une étude de plus sur ce débat? Quelles nouvelles données justifient une recherche de plus? Fait étonnant, et malgré l’abondance des recherches d’historiens réputés, de nos jours l’hypothèse d’une filiation historico-doctrinale entre les communautés dissidentes d’Orient et d’Occident semble être hors de question car la tendance actuelle, surtout dans la bibliographie francophone, est de considérer les documents médiévaux relatifs à cette question comme les fruits de l’imagination cléricale qui servent à la construction d’un édifice chrétien centralisé et unifié sous le pouvoir papal. Cette ‚déconstruction‛ des sources a éloigné l’intérêt scientifique des œuvres polémiques rédigées à Byzance du 10e au 12e siècle, grâce auxquelles on aurait probablement une nouvelle orientation des recherches sur les origines de la dissidence dualiste en Occident pendant le moyen âge. Or, nous constatons que la majorité des historiens n’ont pas donné l’importance qui convient aux sources byzantines pour mieux évaluer les informations fournies par la littérature antihérétique catholique romaine quelques siècles plus tard. Trop souvent, des historiens actuels considèrent les textes de provenance hérésiologique comme un schéma bien préétabli qui caractérise dans son ensemble la 4 littérature antihérétique de l’Eglise catholique du moyen âge. L’Eglise médiévale est perçue comme une organisation qui met tous ses efforts dans l’élaboration d’un bouc émissaire imaginaire – la dissidence médiévale - afin de pouvoir renforcer son unité et sa politique interventionniste, marquée par l’organisation des croisades contre des populations marginalisées. Pourtant, en prenant en considération les ouvrages rédigés contre les dissidents de Byzance, qui sont certainement indépendants des sources latines car antérieurs, nous aboutirons à une meilleure évaluation, non seulement des sources latines, mais aussi de la nature de la dissidence médiévale. Dans cette recherche sur les relations entre les communautés, nommées conventionnellement l’une <bogomile> et l’autre <cathare>, nous tentons de montrer comment la distinction faite par les historiens ne correspond pas à la réalité et que, finalement, ces diverses communautés se rattachent essentiellement à un système de pensée basé sur différentes traditions dualistes, où l’élément chrétien joue un rôle prépondérant. Cette conclusion se dégage d’une étude comparée des sources byzantines et latines qui met en lumière les similitudes frappantes des conceptions métaphysiques bogomiles et cathares. Lors d’une époque de rencontres sociopolitiques et idéologiques entre deux mondes (Orient orthodoxe - Occident catholique romain), des missionnaires bogomiles auraient diffusé un message pour le retour à l’époque héroïque du christianisme, quand les fidèles participaient aux synaxes, demeuraient dans les catacombes où ils devenaient martyrs du pouvoir impérial, synonyme de l’intervention démoniaque dans l’histoire humaine réalisée par le Seigneur de ce monde. Nous allons essayer de suivre les chemins de missionnaires dissidents vers l’Occident et de reconstituer la continuité historique et théologique du mouvement dualiste. C’est sous cet angle que nous nous attacherons ici à mettre en lumière l’expansion étonnante de ce système lors du 12e siècle en 5 Rhénanie, en France, en Occitanie et en Lombardie, en mettant en parallèle les documents qui témoignent d’une origine grecque du phénomène avec le corpus des sources byzantines afin de vérifier jusqu’à quel point la documentation latine nous offre des informations crédibles et si les objections de l’école déconstructionniste sont tout à fait justifiées. Je dois remercier deux personnes sans qui rien n’eût été possible: mon maître en Histoire de l’Eglise, Vlassios Fidas, de l’Université d’Athènes et de l’Institut d’études supérieures en théologie orthodoxe auprès du Centre Orthodoxe du Patriarcat oecuménique de Chambésy, qui malgré ses réticences, parfaitement justifiées, en ce qui concerne la complexité du sujet, m’a fait confiance. Par ses remarques et son esprit critique, il m’a ouvert de nouveaux horizons sur la problématique de mon sujet. Faut-il le dire, les erreurs et lacunes qui pourraient subsister sont miennes. Le directeur de ma thèse, Michel Grandjean, professeur d’Histoire du Christianisme à l’Université de Genève qui m’a aidé à mieux cadrer le phénomène de la dissidence médiévale et m’a fait profiter de ses conseils à propos de la bibliographie moderne. Y. Hagman, professeur d’Histoire des religions à l’Université de Linköping, pour sa disponibilité et sa détermination à suggérer des ajouts indispensables pour la forme finale de cette étude. Il serait vain de vouloir exprimer tout ce que je dois au personnel scientifique de l’Institut des études oecuméniques du Patriarcat œcuménique, ainsi qu’à Mgr Damaskinos, ancien métropolite de Suisse et à son successeur Mgr Jérémias. Ma reconnaissance va également au personnel de l’Institut d’Etudes Cathares à Carcassonne, qui a mis à ma disposition la documentation de sa bibliothèque. Genève- juin 2010 6 CHAPITRE I L’ETAT DE LA QUESTION 7 L’ÉTAT DE LA QUESTION Y avait-il en Occident une dissidence dualiste cohérente et consciente de son organisation internationale durant les 12e et 13e siècles? Cette question primordiale pour l’histoire de la dissidence médiévale a provoqué une polarisation des cercles d’historiens, en fonction de leur position envers la documentation antihérétique d’origine catholique romaine, dont une partie affirme à la fois l’unité du phénomène et son origine orientale. De cette façon, la généalogie de la dissidence dualiste est liée strictement à la fiabilité que les historiens accordent aux informations des hérésiologues, mais sans donner l’importance qui convient aux sources d’origine dissidente. Ainsi, un débat acharné a été lancé entre deux écoles historiques qui ont appliqué des méthodes différentes d’approche du phénomène, en ayant comme point de départ principalement la documentation polémique : la première école penche pour une approche positiviste à l’égard des sources polémiques qui s’est différenciée au fil du temps. La tendance à prendre au pied de la lettre les informations fournies par la littérature polémique - même les dénonciations stéréotypées, raison pour laquelle d’ailleurs certains historiens ont continué jusqu’à la deuxième guerre mondiale à considérer les « cathares » comme des « manichéens » du moyen âge - a laissé place à une étude des sources plus approfondie et comparative mettant aussi en jeu les sources directes. L’autre école à partir des années 50 a lancé une critique exhaustive à l’égard des sources polémiques en prenant comme point de départ l’axiome selon lequel la littérature polémique, de par sa nature, a comme but de stigmatiser la dissidence. Cette école a assumé les principes du déconstructionnisme à partir des années 90 en venant à nier l’existence même de la dissidence dualiste, qu’elle considéra comme une invention fictive des cisterciens, dictée par leurs efforts uploads/Litterature/ unige-12233-attachment01.pdf

  • 13
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager