1 La Versification Introduction Au départ : vers pour le sacré. Le vers est uti

1 La Versification Introduction Au départ : vers pour le sacré. Le vers est utile pour mémoriser à l’époque de l’oral. Opposition poésie / prose est devenue poésie / récit. Il n’y a plus de lecture à haute voix. Le vers parle davantage à la vue. Terminologie Versification : étude de tous les types de structuration des vers, structure interne/arrangement des vers entre eux ; mesures fixes et conventionnelles / groupements syntaxiques et rythmiques isolés par des coupes. La versification englobe : - prosodie : étude des caractéristiques phoniques, unités non-segmentables, durée, accent, ton… - métrique : système de mesures fixes, organisation interne du vers - rythme : toute configuration libre et répétitive. Chapitre I : Le numérisme Le vers : sur une seule ligne ; segmentation qui se répète de vers en vers. Versus : fait de tourner la charrue au bout du sillon. « Le sillon » -> la « ligne ». le vers tourne tandis que la prose va tout droit. « retour » : en principe, le vers n’est pas isolé. Relative indépendance du vers. Ses limites sont clairement marquées. Structure interne. 1. Historique Prosodie gréco-latine fondée sur la quantité des syllabes. Pieds : groupes de syllabes dont l’une est marquée d’un temps fort. Convention : une longue vaut deux brèves. Pas de rime. Ce système est applicable dans une langue fondée sur des oppositions quantitatives (anglais, allemand…) Avec l’évolution phonétique : isosyllabisme + accent fixe en fin de vers et d’hémistiche. Le nombre de syllabes se fixe. S’ajoute la rime et la césure pour former le modèle du vers roman. 2. Les lois du décompte a. Le e caduc Totalement muet après voyelle. Amuï en fin de mot après consonne. En ancien français, tout e est prononcé, en finale aussi mais ne compte pas : rimes féminines. S’élide devant une voyelle. Renaissance : l’orthographe fluctuant, c’est flou. Classique : - e devant consonne : 1 syllabe 2 - e devant voyelle : 0 syllabe (élision) - e à la rime : 0 (apocope : chute d'un phonème, d'une ou plusieurs syllabes à la fin d'un mot (opposé à aphérèse= au début).) Au Moyen-âge : apocope à l’hémistiche également (césure épique). Problèmes : - e en monosyllabe tonique devant voyelle : « dites-le à ». Les Classiques l’évitent. - e après voyelle et non-élidable : à l’intérieur d’un mot compte pour 0 syllabe (« pri(e)ra ») ; en fin de mot : (V+e+C (« tu pries »)) : interdit sauf exceptions : « pensées » devient « pensers » ; finales verbales en –aient, -oient… Cette règle est observée jusqu’au Symbolisme : apocope en fin d’hémistiche ou le e final est prononcé après voyelle. La règle classique n’est alors plus suivie et l’e caduc est devenu un élément malléable. b. Diérèse et synérèse (2 voyelles successives qui comptent pour 2/1 syllabes) métrique : suit l’étymologie « lier » < ligare ; « pied » résultant d’une diphtongaison. + analogies. Règles strictes mais flottantes. Depuis le début du 20ème siècle, c’est plus libre. La diérèse devient un choix de lecture. c. L’hiatus Rencontre sans élision de deux voyelles prononcées à l’intérieur d’un mot (accepté) ou dans une suite de deux mots (pas toujours accepté). Le latin élidait toute voyelle finale devant un mot commençant par une voyelle. Moyen-âge et Renaissance : pas de règle. Pléiade puis Malherbe : demandent sa suppression, même avec consonne de liaison. Classique : strictement interdit mais tolérances : - si e caduc suit la voyelle - si V suivi d’une C muette (soumis) - si le 2ème mot commence par un h aspiré - quand le 2ème mot exclu la liaison - licences orthographiques (encor) Aujourd’hui encore, le compte syllabique reste essentiel dans la poésie versifiée. 3. Les types de vers Les ensembles de 7, 8, 10, 12 syllabes se sont imposés. Vers simples : < ou = 8 syllabes ; complexes > 8 (décomposables) a. Les plus fréquents - octosyllabe : le plus ancien (environ 10ème siècle). Très utilisé au M.-A. jusqu’au 16ème. Entre le 17ème et le 19ème, dans les genres mineurs et les poèmes courts. 19ème : à nouveau dans la grande poésie lyrique. Vers souple, sans césure (beaucoup utilisé dans la chanson) - décasyllabe : très ancien (11ème) utilisé dans la poésie épique, chanson de geste, hagiographie. Vers lyrique jusqu’au 16ème siècle où il est détrôné par l’alexandrin. Retrouve sa place dans la poésie lyrique au 19ème siècle. Rythme : 4+6 le plus fréquent ; 6+4 rare ; 5+5 - l’alexandrin : apparaît au 12ème siècle. Son nom apparaît au 15ème, d’un poème sur Alexandre le Grand du 12ème. Au 13ème : épopées hagiographiques etc. éclipse au 14 et 3 15èmes siècles. Réapparaît au 16ème puis dans la comédie et la tragédie. C’est le grand vers. 6+6. l’hémistiche : 1/5 ; 2/4 ; 3/3 ; 4/2 ; 5/1 (36 variations possibles). 3/3/3/3 : « tétramètre régulier ». 4/4/4 : « trimètre romantique » utilisé par les Romantiques pour créer un effet de rupture. Peu à peu, la marque syntaxique de la césure s’efface. b. Les vers longs - 9 syllabes (ennéasyllabe) : Malherbe (3/3/3) et surtout Verlaine (4/5). Vers impair utilisé au 16ème et 17ème siècles pour les genres légers puis remis à l’honneur par les symbolistes. - 11 syllabes (hendécasyllabes) : utilisation irrégulière (5/6 ou 6/5) - 13 syllabes très rares, au M.-A., Verlaine, Chansons à boire. - >13 vraiment très rares. c. Les vers courts Rares en isométrie. Pas de césure. - 7 syllabes (heptasyllabes) : poésie lyrique courtoise, utilisé tout le temps - 6 syllabes : pour conclure les laisses au M.-A. Utilisé comme un ½ alexandrin. - 5 syllabes et moins, en hétérométrie. 4. Le vers en question a. Vers libre et vers libéré Différents du vers mêlés (La Fontaine) ou du vers blanc (sans rime). Le vers libre apparaît dans le dernier quart du 19ème. Gustave Kahn. La justification devient purement interne. Un même vers peut être rythmé de différentes façons, longueur variable ; la rime n’est plus qu’occasionnelle. Il se définit surtout comme non-prose. Sa marque reste le retour à la ligne : poésie de plus en plus visuelle. Vers libéré : nombre régulier de syllabes mais indépendance vis-à-vis des règles classiques. b. Le verset Unité de l’ordre du paragraphe. Verset métrique : vers réguliers mais souples. Verset cadencé : pas de régularité rythmique mais ensembles syntaxiques qui s’enflent ou décroissent au gré du lyrisme. Verset « amorphe » : pas de distribution notable de ses éléments. Différents de la prose par la fréquence des alinéas et le principe même d’une écriture non discursive. Chapitre II : La rime Elle n’est pas indispensable, absente dans la poésie des langues accentuelles. Lien nécessaire entre le caractère syllabique et la rime pour faire l’identité du vers. I. Les types d’homophonies 1. Définitions Rime : homophonie de la dernière voyelle accentuée du vers ainsi que des phonèmes qui éventuellement la suive. Si l’homophonie est suivie d’une hétérophonie consonantique, on parle d’assonance. Contre-assonance : homophonie des consonnes mais pas des voyelles. 4 2. Rôle de la rime - fonction mnémotechnique - rôle de structuration du vers et du poème - rôle associatif : associe les mots qui se trouvent à la rime II. Historique Absente de la versification latine classique. Apparaît dans la poésie latine chrétienne (peut-être sous l’influence du système hébraïque). Les poèmes les plus anciens (langue vulgaire) sont assonancés. Ce type de rime prédomine jusqu’au 13ème. À partir du 13ème, la rime se développe mais pas très riche. Au 14ème, elle est ornée de façon plus judicieuse (artifices des Grands Rhétoriqueurs), poésie purement formelle : - rime léonine : sur 2 syllabes - rime équivoquée : le mot entier - rime dérivative : mots de même racine - rime grammaticale : formes fléchies d’un même mot - vers holorimes - rime annexée : dernière syllabe de la rime est reprise au vers suivant - rime fratrisée : à la fois annexée et équivoquée - rime enchaînée - vers léonin : les deux hémistiches riment ensemble - rime batelée : fin du vers rime avec le mot à la césure du vers suivant - rime brisée : vers riment par la césure - rime couronnée : répète la syllabe de la rime (« apparente rente ») - double couronne : même phénomène à la césure et à la fin du vers - rime emperiere : syllabe de la rime triplée - rime senée : tous les mots commencent par la même consonne. III. La rime classique Du Bellay puis Malherbe demandent une mise en ordre de la rime, moins artificieuse et plus pure. 1. Qualité de la rime Proscription de toute recherche excessive : la rime est limitée à la fin du vers et subordonnée au sens : - rime pauvre : une seule homophonie qui porte sur la dernière voyelle accentuée en syllabe ouverte - rime suffisante : V + C ou C + V - rime riche : C + V + C uploads/Litterature/ versification.pdf

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