1 EMILIE JULIEN Vous avez dit Accordéon ? Réflexions sur un instrument aux mult

1 EMILIE JULIEN Vous avez dit Accordéon ? Réflexions sur un instrument aux multiples facettes Cefedem Rhône Alpes Promotion 2010-2013 2 SOMMAIRE Introduction P3 Témoignage P4 I : D’où vient l’accordéon et comment est-il enseigné aujourd’hui P5 1 : Origines P5 2 : Différentes factures et différents répertoires P6 3 : Sa place aujourd’hui P10 II : Traditions d’enseignements P10 1 : Les écoles privées P10 2 : Enseignement au sein des institutions publiques P11 3 : Reconnaissance et conflit fratricide P11 III : Questionnements sur le métier d’enseignant P12 1 : Prise en compte de la place de l’élève P13 2 : Comment déterminer les bases d’une discipline P14 Conclusion P19 Annexes P21 . 3 Introduction J’ai eu un parcours musical quelque peu atypique. J’ai débuté par l’apprentissage de l’accordéon basses standards (1) le répertoire musette et le folklore auvergnat et ceci loin des écoles de musiques. J’ai étudié au sein d’une école privée (l’école de musique étant trop éloignée mais surtout le professeur à la tête de cette école privée jouissait d’une très bonne renommée). Puis j’ai voulu élargir mes compétences de musicienne et je me suis essayée à la musique classique au sein d’un conservatoire. Les instruments utilisés sont un peu différents, de même que le répertoire. Le point commun de l’approche de ces deux styles (variété et classique) reste un lien étroit à la partition, objet sacré du musicien qu’il faut respecter ! En variété la lecture est importante mais généralement moins rigoureuse qu’en musique classique, j’ai souvent adapté ma lecture à l’idée sonore que je me faisais d’un morceau sans qu’on me le reproche et sans vraiment en avoir conscience. Ce n’est que sur le tard en me retrouvant dans diverses situations d’ateliers multi instrumentistes comme à la fac, au conservatoire ou au cefedem que j’ai du préciser et adapter ma lecture. Porter l’attention sur le son, les effets souhaités ou même la lecture d’accords pour faire de l’accompagnement… En grandissant musicalement j’ai donc été amenée à m’apercevoir que finalement la clef d’une pratique épanouie c’est l’ouverture. L’ouverture à d’autres musiques, d’autres cultures, d’autres pratiques… Cela peut paraître être une évidence mais s’autorise-t-on, de notre propre chef à essayer autre chose, à s’aventurer dans divers styles et n’attendons-nous pas que quelqu’un nous le permette, nous y invite ? Professeurs, collègues, institutions… Je me demande donc comment se construit notre identité musicale. Quels outils donne-t-on à nos élèves pour qu’ils construisent leur propre personnalité musicale ? Afin de répondre à ces questions je m’intéresserai à l’accordéon que l’on peut retrouver aujourd’hui au sein de répertoires variés. Mais cela veut il dire qu’il est aussi enseigné de diverses manières ? en prenant en compte ses multiples spécificités ? Au travers de l’enseignement de cet instrument je pousserai la réflexion sur la considération que l’on porte au parcours et aux choix, dits ou non dits des élèves. Dans un premier temps je tenterai donc de faire un état des lieux de ces différentes pratiques et répertoires accordéonistiques. Puis dans un deuxième temps, je proposerai une analyse de la manière dont il est enseigné et tenterai de voir dans quelle mesure ses particularités sont prises en compte. Enfin je tenterai de proposer quelques pistes de réflexions pour réinterroger les dispositifs mis en place en école de musique, afin de voir quelle place l’élève y occupe et comment les répertoires y sont enseignés. 1 : annexe 2 4 Témoignage Quand j’ai commencé l’accordéon, une des choses qui m’a séduite c’était le fait de voir jouer sur scènes plusieurs accordéonistes en même temps. Ils avaient l’air de s’amuser, et je me suis dit pourquoi pas moi ? Pour mes parents c’était aussi une bonne nouvelle car ils allaient pouvoir danser au son de l’accordéon de leur fille. Inscrite dans une école d’accordéon, j’ai appris les premiers rudiments de la lecture musicale avant de toucher l’instrument. Ensuite la difficulté a été d’arriver à coordonner mes deux mains sur les deux claviers qui fonctionnaient de manière différente (2). Mais j’ai pu jouer avec plusieurs musiciens au bout de quelques mois, il ne s’agissait que de quelques notes à la main droite mais peu importe, j’y étais ! Ainsi la progression s’est faite de façon plus ou moins rapide, jusqu’au jour où je suis arrivée au lycée et où j’ai été confrontée à des musiciens d’horizons différents (piano, violon, chant…). J’avais les connaissances de base de la lecture musicale mais le reste ? (J’ai appris l’accordéon au sein d’une école privée et le dispositif mis en place par le professeur se résumait ainsi : un cour individuel par semaine de ½ heure, un cours de théorie en groupe aux vacances scolaires (1h voire plus) puis des répétitions d’orchestre de 2 heures toutes les semaines). La construction des accords, le chant choral… tout était nouveau et bien qu’intéressée je me sentais un peu perdue. J’ai tout de même persévéré pour enfin entrer en fac de musicologie. Pendant ces années de fac je n’ai plus pris de cours d’accordéon. J’avais besoin de temps pour m’adapter à une nouvelle vie et je ne retournais que très peu dans ma région d’origine. Petit à petit j’ai eu la sensation d’utiliser un quart des possibilités de l’instrument aux vues des découvertes que je faisais sur les bancs de la fac et des situations musicales auxquelles je me frottais. Je me suis donc décidée à changer de professeur. Je me suis renseignée sur la démarche à suivre pour pouvoir passer mon DEM d’accordéon. Et là j’ai eu la mauvaise surprise de me voir refuser l’entrée au conservatoire. Ce n’est pas l’accordéon de variété qui y était enseigné mais l’accordéon classique. Je connaissais la musique de ce répertoire mais je ne pensais pas que l’accordéon de variété n’était pas considéré au sein des institutions comme un instrument ayant une identité propre. Qu’a cela ne tienne j’ai trouvé un endroit où pousser l’étude de l’accordéon basses standards avant d’essayer l’accordéon à basses chromatiques. Mais pourquoi m’a-t-il fallu trouver un organisme indépendant, ayant une convention avec un conservatoire ; et puis changer d’instrument pour prétendre accéder aux diplômes dispensés par le conservatoire et reconnu comme tel par les institutions ? 2 : annexe 1et 2 5 Ce sont ces questionnements qui sont en quelque sorte l’objet de ce mémoire. La famille des accordéons et de ses proches cousins est vaste par delà les cultures et les continents. Les réflexions traitées dans ce mémoire vont s’articuler autour des pratiques qui font partie du paysage de l’enseignement « traditionnel » français (accordéon diatonique mais surtout chromatique (3) ). Je commencerai par ces mots de Laurent Faugeras : »Quoi de plus disparate que le monde de l’accordéon, et par conséquent quoi de plus méconnu. On l’adore ou on le déteste avec la même ignorance. […] L’accordéon est multiple et chaque grenier recèle le sien avec son passé, mais il existe entre toutes ces traditions un lien diffus, comme une fraternité qui peu à peu se révèle. » (4) I : D’où vient l’accordéon 1 : Origines aux travers de quelques explications techniques Au premier regard un accordéon c’est deux claviers implantés dans deux caisses, toutes deux sont séparées par un soufflet. Mais ce qui produit le son ce sont des anches, elles ne sont pas en bois mais métalliques. Elles sont nombreuses et se cachent à l’intérieur des caisses. Elles sont dites libres car une extrémité est fixe alors que l’autre est libre et donc peut vibrer quand le soufflet fait entrer un petit courant d’air. Ce principe de vibration n’est pas propre à l’accordéon, on le retrouve dans divers instruments comme l’harmonica, le cheng (chinois)… puis petit à petit l’idée et l’envie de créer une machinerie utilisable sans le souffle de la bouche se fera sentir. Viendront donc la famille des accordéons comme le concertina (crée en 1829 en Angleterre par sir Charles Wheatstone) ou l’accordion (crée par le Viennois Cyrill Demian la même année). Cet instrument plait beaucoup car il regroupe 3 éléments importants et nouveaux au XIXème siècle : - une dimension polyphonique (il permet de jouer plusieurs sons en même temps), - une dimension expressive (le son est modulable par l’action du soufflet), - et une dimension portative ! C’est au sein de la bourgeoisie française, allemande et italienne que l’accordéon naissant trouve sa place jusque dans les années 1870. Par la suite ce sont les classes populaires qui auront plus d’engouement pour lui, « L’instrument orchestre, idéal pour les fêtes populaires, va trouver sa place pour longtemps ». Sa facture va donc être sujette à de multiples transformations pour le perfectionner progressivement, ajouts de touches, de bascules d’harmonies (pour permettre d’avoir deux accords d’accompagnement à partir d’une touche) ; les sommiers (sorte d’harmonicas sur lesquels sont fixées les anches (5)) se verront allongés pour obtenir plus de puissance, sa décoration sera elle aussi l’objet d’ouvrages artistiques. 3 : annexe 1et 2. 4 : Laurent Faugeras, Accordéons, de la java au jazz, Boulogne-Billancourt, Du May, 2008. 5 : annexe 3 6 C’est uploads/Litterature/ vous-avez-dit-accordeon.pdf

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