Médiéviste rt.'putt', Paul Zumthur s'c.st spécialement consacré depuis plusieur
Médiéviste rt.'putt', Paul Zumthur s'c.st spécialement consacré depuis plusieurs :mnt·cs aux problèmes relatifs aux transmissions orales de la poésie. L'analyse qu'il est ainsi amené il faire de la notion de «performanœ~· débou- che sur unl' quc!'>tion d'intérêt général: la Jc~ture elle- même, solitaire l'l muette, n\!st-cllc pal->, à l->4t manière, pcrformanl'l: '' Cc livre formule la question, ct propose une ré- ponse, nuancée mais positive. Un avant-propos situe cette réflexion par rapport aux travaux de J'auteur sur Je Moyen Âge; un essai sur l' «imagination critique~> conclut en opérant la mise au point méthodologique de l'ensemble des recherches de Paul Zumthor. Paul Zumthor, d'origine suisse, {txé au Québec depuis une vingtaine d'années, a enseigné aux universi- tés de BtJle, d'Amsterdam et de Montréal. Son œuvre, considérable, embrasse des travaux sur l'histoire et les littératures européennes entre le xe et le xve siècles, ainsi qu'une Introduction à la poésie orale qui fait auto- rité. Écrivain, Paul Zumthor a publié plusieurs romans,. recueils de nouvelles et de poèmes. ISBN 2-89133-124-9 1 9 782891331241 Paul Zumthor Performance, réception, lecture Collection L'Univers des discours Le Préambule Données de catalogage avant publication (Canada) Zumthor, Paul, 1915- Performance, réception, lecture (Collection L' Univers des discours) Comprend des références bibliographiques et un index. ISBN 2-89133-124-9 1. Lecture. 2. Esthétique de la réception. I. Titre. II. Col- lection. PN98.R38Z85 1990 801 '.95 C90-096756-0 Paul Zumthor Performance, réception, lecture Collection L'Univers des discours Le Préambule Distribution: Québec: Diffusion PROLOGUE 1650, bou!. Lionel Bertrand, Boisbriand J7E 4H4 TéL: (514) 434-0306 Fax: (514) 434-2627 France: SEDES 88, Boulevard Saint-Germain 75005 Paris Tél.: (1) 43 25 23 23 Fax: (1) 46 33 57 15 Belgique: Diffusion V AND ER 321, Avenue des Volontaires, 1150 Bruxelles Tél.: (02) 7629804 Fax: (02) 7620662 Suisse: TRANSAT 2, roule du Grand Lancy C.P. 125 CH 1211 Genève 26 TéL: (41.22) 42.77.40 Fax: (41.22) 43.46.46 © 1990, Les Éditions du Préambule, 169, rue Labonté, Longueuil, Québec, J4H 2P6 Tél.: (514) 651-3646 Fax: (514) 651-0378 Tous droits de traduction, d'adaptation ou de reproduc- tion par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays. Avant-propos De la parole et de l'écrit* Première question: aspect interdisciplinaire de vos travaux sur la voix. La recherche que j 'ai entreprise il y a une dizaine d'années, et dont l'Introduction à la poésie orale représentait le premier aboutissement, se situe en effet à un carrefour interdisciplinaire. Je l'ai compris dès le début, et j'ai accepté le risque que cela comporte: celui de travailler, dans certains sec- teurs où ma compétence e'st limitée (comme J'ethno- logie), de seconde main. J'ai dû consacrer beaucoup de temps à m'initier à des disciplines qui m'étaient parfois étrangères, comme l'acoustique. C'est un fait que la voix est aujourd'hui un objet d'étude pour de nombreuses sciences, encore dispersées: la médecine (pensons aux travaux du Dr Tomatis), la * Réponse à un questionnaire de la revue italienne Linea d'Ombra, 1986. 9 AYANT-PROPOS psychanalyse (il y a déjà une grosse bibliographie sur Je sujet), la mythologie comparée (de façon encore très partielle), la phonétique (un beau livre de J. Fonagy a paru il y a quelques années) et, indirectement mais avec une grande pertinence, la linguistique dans plusieurs de ses développements post-structuralistes, la pragmatique, 1 'analyse des discours, la théorie de J'énonciation. C'est du reste par la linguistique que j'ai commencé mon enquête. Ajoutez, du côté sémiologique, tout ce qui concerne les formes de communication interpersonnelle; enfin la sociologie des cultures populaires (chez des auteurs comme Ginzburg ou Burke) ainsi que 1 'his- toire des traditions orales. On peut noter que ces diverses sciences n'ont pas toujours pour objet la voix même, mais bien la parole orale. Il m'a fallu très souvent modifier ou élargir la perspective, J'ai été grandement aidé en cela du fait que l'intérêt pour la voix déborde lar- gement le domaine sci.entifique: voyez le nombre élevé de numéros spéciaux de revues (en particulier, en France et aux USA) consacrés à la voix depuis 1980. Par ailleurs, nul n'ignore le mouvement qui, depuis le début de notre siècle pousse les poètes à réaliser vocalement leur poésie. Ce sont justement les diverses formes de poésie sonore qui rn 'ont ini- tialement poussé à l'étude «Scientifique» de la voix. Ce mot (peut-être abusif) de scientifique nous renvoie à la question de la constitution d' une science globale de la voix. Globale: en effet, la voix humaine constitue dans toute culture un phénomène central. Se placer, pour ainsi dire, à 1 'intérieur de ce phénomène, c'est nécessairement occuper un JO DE LA PAROLE ET DE L'ÉCRIT point privilégié d'où les perspectives embrassent la totalité de ce qui est à la base de ces cultures, à la source de l'énergie qui les anime, rayonnant dans tous les aspects de leur réalité. On pourrait, il est vrai, s'exprimer dans les mêmes termes à propos du langage, comme tel. Mais, intentionnellement, j'ai opéré un glissement, du langage même à son support vocal, en prenant ce dernier à la fois comme réalisateur du langage ct comme fait physio-psychiquc propre, débordant la fonction linguistique. Second glissement: après avoir inventorié les données générales du problème de la voix et de la parole, j'ai resserré mes préoccupations sur les formes non strictement informatives de la parole ct de l'action vocale, et me suis interrogé sur la parole et la voix «poétiques»: je veux dire sur leurs usages possédant une certaine finalité interne et une forma- lisation adéquate à cette finalité. Cette stratégie pose en termes particuliers la question méthodologique de 1 'analyse et de la syn- thèse. Je voudrais renvoyer sur ce point à mon petit livre Parler du Moyen Âge. Il est consacré, certes, principalement aux recherches historiques; mais je crois pouvoir en extrapoler la pensée directrice. Plu- tôt que d'opposer analyse et synthèse, érudition ct interprétation, j'ai tendance à proposer une alter- nance du particulier et de 1 ' universel (ou du moins, du général), mais avec cette importante réserve que la vue initiale, qui déclenche le processus de confir- ma ti on et (s'il y a lieu) de preuve, est de 1 'ordre de la perception poétique et non de la déduction. C'est 11 AVANT-PROPOS là pour moi un point d'importance épistémologique capitale. Deuxième question: comment définiriez-vous vos recherches par rapport aux études littéraires? Je viens de parler de la nécessité d' un dépas- sement (en toute prudence) des disciplines particu- lières, en vue d'une tentative de saisie globale de ~bj et. Dans la même perspective, il me paraÎt t~ aussi nécessaire de briser Je cercle vicieux des points de vue. ethll.Qc ~nhiqüës ct, dans le cas de la poésie, graphocen!riques. C'est a propos du Moyen Âge que la question de la vocalité s'est d'abord posée à moi. Les médiévistes des années 60, 70, aimaient à polémi- quer sur le point de savoir si et dans quelle mesure la poésie médiévale avait fait l'objet de traditions orales. C'était là un point important d'information . . ' mais qm ne touchait en rien à l'essentiel, c'est-à- dire à l'effet exercé par 1 'oralité sur le sens même et la portée sociale des textes que nous ont transmis les manuscrits. Il fallait donc se concentrer sur la nature, le sens propre et les effets de la voix hu- maine, indépendamment des conditionnements cul- turels particuliers ... quitte à revenir ensuite sur ceux- ci et à ré-historiciser, re-spatialiser, si je puis dire, les modalités diverses de sa manifestation. Dans cette entreprise de désaliénation critique, c'est le préjugé littéraire que j'ai d'emblée tenté d'éliminer. La notion de «littérature» est historique- 12 DE LA PAROLE ET DE L'ÉCRIT ment marquée, de pertinence limitée dans l'espace j et dans le temps: elle réfère à la civilisation euro- péenne, entre les XVIIe ou XVIIIe siècles et nos jours. Je la distingue très nettement de 1 'idée de poé- sie, qui pour moi est celle d'un art aü langage humain, indépendant de ses modes de concrétisation et fondé sur des structures anthropologiques pro- fondes. C'est dans cette perspective que je me suis posé le problème de la poésie vocale U 'insiste sur l'adjectif) et ai écarté tout présupposé lié à l'expres- sion, malheureusement fréquente, de «littérature orale». Troisième question: l'opposition entre parole et écriture constitue-t-elle une simple antithèse rhétorique, ou réfère- t-elle à des différences irréductibles? Il me paraît aujourd'hui évident que la dicho- tomie oral/écrit, proposée par Mac Luhan il y a qua- rante ans, puis de façon beaucoup plus subtile par W. Ong dans les années 70, ne peut être comme telle maintenue rigoureusement. En ce qui concerne ma position personnelle, je dois faire deux remar- ques d'ordre très différent, mais qui se conjoignent, car la première désigne la base subjective de la seconde. Quoique par profession je sois un homme d'écriture (et que, dans une très grande mesure, je me sente et mc veuille écrivain), j'ai toujours éprou- 13 AVANT-PROPOS vé spontanément un intérêt affectueux, parfois une passion, pour la voix humaine, ou plutôt pour L es voix, car elles sont, par nature, particulières et concrètes. Dans la conclusion uploads/Litterature/ zumthor-perfomance.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 30, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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