CONFÉRENCE DE CONSENSUS ÉCRIRE ET RÉDIGER COMMENT GUIDER LES ÉLÈVES DANS LEURS
CONFÉRENCE DE CONSENSUS ÉCRIRE ET RÉDIGER COMMENT GUIDER LES ÉLÈVES DANS LEURS APPRENTISSAGES ? Dossier de synthèse Mars 2018 En partenariat avec : Pour citer ce document, merci d’utiliser la référence suivante : Cnesco (2018). Écrire et rédiger : comment guider les élèves dans leurs apprentissages. Dossier de synthèse. https://www.cnesco.fr/fr/ecrire-et-rediger/ Le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) et l’Institut français de l’éducation (Ifé- ENS de Lyon) ont organisé leur cinquième conférence de consensus intitulée « Écrire et rédiger : comment guider les élèves dans leurs apprentissages ? » les 14 et 15 mars 2018, au Lycée d’État Jean Zay (Paris). Cette conférence s’est tenue sous la présidence de Catherine Brissaud, professeure en sciences du langage à l’université Grenoble Alpes, et Michel Fayol, professeur émérite en psychologie à l’université Clermont Auvergne. Le jury de la conférence, composé d’acteurs de terrain, a été présidé par Jean-Paul Bronckart, professeur honoraire en didactique des langues à l’université de Genève. Le bilan présenté dans la suite de ce dossier s’appuie sur ces ressources. À cette occasion, le Cnesco publie un dossier de ressources complet sur la thématique « Écrire et rédiger » : les recommandations du jury de la conférence ; un état des lieux, présentant les enjeux et constats autour de cette thématique ; un rapport scientifique d’évaluation sur les liens entre production écrite et étude de la langue, réalisé par Catherine Brissaud et Michel Fayol ; des présentations d’experts (sous forme de notes, diaporamas et vidéos) abordant les différents thèmes de la conférence : variété des écrits et de leurs fonctions, premiers écrits, étude de la langue et production écrite, nouvelles pratiques d’écriture ; l’identification de projets innovants pour améliorer les apprentissages. 1 SOMMAIRE ÉDITO DE NATHALIE MONS ........................................................................................................... 3 SYNTHÈSE DES RECOMMANDATIONS DU JURY .............................................................................. 5 CE QU’IL FAUT RETENIR DES RÉSULTATS DE RECHERCHE .............................................................. 14 DIAGNOSTIC DES DIFFICULTÉS CROISSANTES DES ÉLÈVES FRANÇAIS ..................................... 15 ÉTAT DES PRATIQUES ENSEIGNANTES ET DE LEUR EFFICACITÉ .............................................. 19 1882-2018 : ANALYSE DES ÉVOLUTIONS DE L’ENSEIGNEMENT DE L’ECRITURE AU PRIMAIRE .. 27 ÉVALUATION DE LA PLACE DE L’ÉCRITURE DANS LES MANUELS SCOLAIRES DE 2016 .............. 29 ÉTAT DES LIEUX AUTOUR DU LIEN ENTRE ÉCRIT ET NUMÉRIQUE ........................................... 31 BILAN SCIENTIFIQUE SUR L’APPRENTISSAGE DE L’ÉCRIT ........................................................ 33 PROJETS INNOVANTS ................................................................................................................. 38 PRÉSENTATION DE LA CONFÉRENCE ..................................................................................... 46 2 3 ÉDITO DE NATHALIE MONS En tant qu’adultes, nous avons tendance à sous-estimer la difficulté et la diversité de ce qui est mobilisé dans l’apprentissage de l’écriture pour un enfant. Écrire c’est, tout à la fois, maîtriser un geste physique et technique (graphier), maîtriser une langue et sa construction (l’orthographe, la grammaire…), mobiliser des connaissances, construire une pensée structurée, être créatif… Autant de dimensions de l’écriture qui méritent d’être apprises, d’être pratiquées et donc d’être enseignées. Comment les élèves français maîtrisent-ils cet exercice complexe, et pourtant central pour leur future vie sociale et professionnelle ? Avec difficulté pour nombre d’entre eux. Les élèves français font preuve tout d’abord de réticences à écrire : dans l’enquête internationale PIRLS par exemple au CM1, ils répondent moins souvent que les élèves des autres pays européens aux questions ouvertes, qui exigent d’eux quelques lignes rédigées. Les études nationales montrent également, au primaire comme au collège, que la production d’écrits est un exercice difficile pour les élèves. Sollicités pour produire un texte d’argumentation ou d’invention (finir de narrer une histoire), en 3e 40 % des élèves ne rédigent pas ou très peu. Les mêmes difficultés se rencontrent dans les autres écrits disciplinaires, en histoire-géographie ou en sciences par exemple. Au-delà de la production de texte, les compétences dans la maîtrise de la langue (orthographe, grammaire…) sont, elles, en régression depuis trois décennies. Ces difficultés sont-elles dues à la langue ? Le français présente, en effet, de nombreuses particularités lors du passage de l’oral à l’écrit, contrairement à d’autres langues, plus transparentes, comme l’italien ou le finnois. Est-ce dû à la peur de s’engager dans l’écrit ? La production d’écrits arrive souvent, dans les classes, à la fin des séquences pédagogiques, comme une activité d’évaluation. Est-ce dû à un manque de temps accordé à son enseignement ? Dès le début de l’école primaire, les activités de lecture l’emportent très souvent sur celles d’écriture. Est- ce dû à un manque de formation des enseignants dans cet enseignement complexe ? Au primaire, 40 % des enseignants de CM2 déclarent n’avoir reçu aucune formation relative à la langue française, à son enseignement (la didactique) ou aux processus d’apprentissage des élèves dans ce domaine. Un manque d’autant plus dommageable que les programmes scolaires changent très régulièrement. Ainsi, entre 2002 et 2015, quatre programmes scolaires différents abordant l’écriture se sont succédé pour le seul primaire. Au regard de ces constats, après la conférence de 2016 sur la compréhension en lecture, il paraissait nécessaire de s’intéresser à l’écrit, dans toutes ses dimensions, afin d’outiller les enseignants et les formateurs de ressources appuyées sur des résultats de recherches scientifiques. L’objectif de cette cinquième conférence de consensus organisée par le Cnesco et l’Ifé/ENS de Lyon est donc d’abord de faire le point sur les différents résultats d’évaluation disponibles relativement à la production d’écrits, de les analyser afin de comprendre les problèmes identifiés et (re)donner aux élèves le goût de l’écriture. “ 4 Sous la présidence de deux universitaires, Catherine Brissaud et Michel Fayol, les interventions de 20 experts, issus de disciplines variées (didactique, psychologie, neurosciences, sciences du langage…) ont contribué à enrichir la conférence de consensus. Leurs présentations sont venues nourrir les recommandations du jury de la conférence, composé d’acteurs de terrain (enseignants, parents, élèves, conseillers pédagogiques, formateurs, collectivité territoriale, association d’éducation populaire…) et présidé par Jean-Paul Bronckart, professeur émérite de didactique des langues, à l’université de Genève. Le jury a ainsi pu faire ressortir de grands enseignements. L’élève doit commencer à écrire très tôt dans sa scolarité – il n’est pas nécessaire d’être un lecteur expert pour se lancer dans l’écrit. Plus l’élève produit des textes, plus il développe des automatismes, plus il progresse dans l’écrit, l’enseignant doit donc fournir des occasions fréquentes aux élèves d’écrire. L’écriture doit se construire comme un processus ; elle doit être préparée (brouillon, schéma, tableau, dessin, carte mentale…), révisée, seul ou à plusieurs élèves. Les recherches montrent qu’être lu par d’autres élèves améliore la qualité du travail de révision de l’élève. La production d’écrits doit être pratiquée dans toutes les disciplines (histoire, sciences…), car chaque discipline possède ses propres conventions, que chaque enseignant doit expliciter. Le français par exemple fait la chasse aux répétitions, alors que les mathématiques les acceptent car leur langage vise en priorité la précision scientifique. Par ailleurs, pour appliquer les règles de la langue, il faut tout d’abord la comprendre. L’étude de la langue (orthographe, grammaire…), enseignée explicitement, doit donc être pensée dans cet objectif. Ainsi, la dictée, souvent utilisée exclusivement comme un outil d’évaluation, est un instrument efficace si elle évolue vers une utilisation plus orientée vers un travail de réflexion avec et par les élèves. Enfin, la conférence a permis de questionner la place de l’écrit à l’heure du numérique. Il n’est pas question, aujourd’hui, de remettre en cause l’apprentissage de l’écriture à la main, dont les recherches montrent les effets bénéfiques pour les apprentissages des élèves tout au long de leur scolarité. Mais l’école ne doit pas, non plus, être hermétique aux nouvelles technologies. Pour favoriser les apprentissages et offrir aux élèves les capacités d’évoluer dans un monde numérique, il s’agit donc d’identifier les conditions pédagogiques d’utilisation des outils numériques qui sont bénéfiques aux élèves. À partir des recommandations concrètes produites par le jury, d’un état des lieux précis et d’un rapport scientifique étayé, le Cnesco apporte ainsi, une nouvelle fois, un ensemble riche et accessible de ressources pour accompagner les enseignants dans leurs pratiques quotidiennes. Nathalie Mons Présidente du Cnesco, Professeure de sociologie à l’université de Cergy-Pontoise ” 5 SYNTHÈSE DES RECOMMANDATIONS DU JURY Écrire et rédiger : des recommandations pour améliorer les apprentissages des élèves Les recommandations ont été rédigées par le jury de la conférence de consensus1 « Écrire et rédiger : comment guider les élèves dans leurs apprentissages ? » qui s’est tenue les 14 et 15 mars 2018 (Lycée d’État Jean Zay, Paris). Ce jury était constitué de 19 acteurs de terrain (enseignants, élèves, parent d’élèves, personnel de direction, conseiller pédagogique, inspecteurs, formateur, représentants de collectivité territoriale et d’association d’éducation populaire) ; il était présidé par Jean-Paul Bronckart, professeur honoraire en didactique des langues de l’université de Genève après un parcours en psychologie expérimentale. La maîtrise de l’écrit constitue un objectif majeur de l’enseignement, parce qu’elle est nécessaire à la réussite scolaire et indispensable à la construction d’un parcours social et professionnel. Pour autant, l’écrit est un objet difficile à appréhender : il s’agit de maîtriser à la fois le geste, les régularités et les irrégularités de la forme écrite de la langue française, la rédaction de phrases simples et la production de textes longs. Paradoxalement, la formation des futurs enseignants se focalise trop peu sur l’enseignement-apprentissage de uploads/Litterature/expression-ecrite-ecrire-rediger.pdf
Documents similaires
-
20
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 05, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 1.1848MB