EN FRANÇAIS OU EN PATOIS, SUIVIES D'ENTRETIENS SUR L'HISTOIRE, LES TRADITIONS,

EN FRANÇAIS OU EN PATOIS, SUIVIES D'ENTRETIENS SUR L'HISTOIRE, LES TRADITIONS, LES LÉGENDES, LES MOEURS, ETC., DU PAYS NARBONNA1S , POÉSIES NARBONNAISES. POÉSIES NARBONNAISES EN FRANÇAIS OU EN PATOIS, D'ENTRETIENS SUR L'HISTOIRE, LES TRADITIONS, LES LÉGENDES , LES MOEURS, ETC., DU PAYS NARBONNAIS , PAR H. B I R A T. De cet épais recueil le mérite est tiieti mince; Parbleu , ce sont (tes Vt*£ fafcng^ien province ! Us ont un autre tb'rt.'ceÇir d'fijte badins. Quoi, par le temps qui" court ! pauvre auteur, je te plains ; Car, d'après Lamartine et sa secte mystique, Le rire abaisse l'âme et n'est pas poétique; Même dans La Fontaine il est futile et bas; . Il médit, il persiffle , et ne console pas. " H. B. TOME PREMIER. C.i.0.0. BÈZIERS NARBONNE, EMMANUEL GAILLARD , IMPRIMEUR-LIBRAIRE. 18(!0. OFFICE REGIONAL DE LA CULTURE CIRDOC OC0013141 GAG 4 52- A +i A/326266 PREMIER AVANT-PROPOS. Aucune idée de bénéfice n'a pu entrer dans la tète de l'auteur de cet ouvrage. Ses précédentes publications le constituèrent en perte. Si, contre toute attente, il n'éprouve pas un dommage proportionné à l'importance et au coût de celle-ci, il ira le dire à Rome, et faire chanter aux échos du colisée, dans un idiome qu'ils comprendront sans doute, puisqu'il dérive du latin, l'hymne de sa reconnaissance envers ses concitoyens bien-aimés. Les hôtes jaseurs de ce grandiose monument, qui voltigent à la manière des hiron- delles sous ses voûtes séculaires, seront ravis de se dire l'un à l'autre, d'arcade en arcade, que les narbonnais ont enfin rendu justice à leur poëte longtemps dédaigné ; qu'ils lui ont su gré dans sa vieillesse d'avoir, en marchant sur les traces>de Terentius Varro (historien, poëte satirique et natif de Narbonne comme lui ), célébré la gloire et les malheurs de cette fille préciputaire de Rome, qu'un décret du sénat, provoqué par le plus grand orateur de son temps, fit sortir toute armée et parée des attributs de la souveraineté, des entrailles de la capitale du monde, et II PREMIER AYANT-PROPOS. (juc c'est avec une partie des irais de son livre , miraculeu- sement recouvrés, que le chantre enjoué du pays atacin a effectué son pèlerinage , pour s'acquitter d'un vœu fait à une époque de découragement poétique. Narbonides Musœ, paidô minora cunamus ! Muses de Narbonne, prenons un ton moins emphatique ! et faisons, en style d'imprimerie, comprendre à nos concitoyens, les- quels paraissent l'ignorer, surtout à Monsieur Just-Pasteur Roques, ancien marchand mercier, qui jette les hauts cris à chacune de mes publications, lui si généreux pour toute autre chose, que les éléments principaux du prix d'un livre sont la composition, la correction, la mise en page et en l'orme et tous les apprêts du tirage ( le papier et l'encre n'y figurent que pour un tiers, tout au plus) ; d'où il résulte que plus est réduit le nombre des exemplaires auxquels on le tire, plus l'exemplaire coiite cher. Peu ou point de béné- fice à retirer d'une publication restreinte. Cela posé, l'auteur de celle-ci, la main sur sa conscien- ce, qu'il presse fortement en donnant ces explications (comme une petite fille presse l'estomac à soufflet de son bébé pour le faire crier), et qui tire ainsi du fond de cette conscience une voix dont ses lèvres sont incapables d'alté- rer la sincérité, affirme au public narbonnais que dans l'hypothèse la plus favorable, celle de l'écoulement com- plet , rapide et sans frais, des cinq cents exemplaires, en deux volumes, dont l'édition se compose, il lui sera impossible, au prix de douze francs l'exemplaire, de ren- trer dans tous ses déboursés. Aussi conjure-t-il ceux de ses amis de Narbonne et des communes voisines, dont les suf- frages ont été son unique stimulant dans le rude labeur qu'il a accompli, notamment MM. les membres de la Société PREMIER AVANT - PROPOS. III archéologique, aujourd'hui ses confrères, à la glorification desquels il a consacré un bon tiers de sa prose, et MM. les membres de la Société philharmonique, dont il faisait jadis partie, et dans le sein de laquelle il espère bien rentrer quand, ayant renoncé à son ingrat métier, il sera redevenu Hercule Birat tout court, d'user de leur influence sur leurs proches, leurs connaissances et leurs clients, pour que l'échec qui le menace n'atteigne pas des propor- tions telles qu'il ait lieu d'en être doublement affecté ; car sa bourse et sa réputation courent également hasard dans cette circonstance décisive. Il les met l'une et l'autre sous la sauvegarde de l'estime et de la bienveillance que les ama- teurs de sa manière d'écrire lui ont constamment témoi- gnées. Les notes destinées, dans la pensée primitive de l'auteur, à expliquer ou justifier quelques passages de ses poésies, ne sont plus aussi nécessaires par suite des développements qu'il a donnés à ses aperçus historiques sur le pays : elles ne sont encore qu'ébauchées. L'achèvement et l'impression de ce complément de son livre, qui peut avoir de l'intérêt pour les lecteurs sérieux, dépendront de l'accueil fait au texte par le public narbonnais (*). Ah çà, ne suis-je pas bien sérieux moi-même dans cette obsécration à la troisième personne ! Est-ce là le moyen de conjurer la disgrâce que je redoute ? Cet avant-propos ne vaut rien ; il n'y a pas le plus petit mot pour rire, à (*) Ceux qui seront fâchés de ne pas trouver à la fin de mes deux vo- lumes les notes en question, en trouveront une partie dans mes publica- tions précédentes qui parurent avec des remarques auxquelles je ne re- noncerais qu'à regret, car elles obtinrent le suffrage de la plupart de mes lecteurs. IV SECOND AVANT-PROPOS. moins qu'on ne veuille voir une raillerie dans la partie de ma réclame qui s'adresse à MM. les archéologues de Narbonne, s'il est vrai que je ne les aie pas traités dans mon livre avec tout le respect que méritent leurs travaux scientifiques et littéraires. En voici un autre à la première personne, qui plaira peut-être davantage, car j'ai ri en le faisant, et mon style en aura retenu quelque chose. SECOND AYANT-PROPOS. -xjnaoc La plupart de mes lecteurs qui ne s'attendaient qu'à la publication, depuis longtemps annoncée, de toutes mes poésies, seront bien surpris de voir que, dans les deux volumes que je mets en vente, la prose l'emporte sur les vers. Peut-être en seront-ils fâchés, vu le prix élevé de ces volumes, bien que ma prose embrasse une grande partie de l'histoire de Narbonne. A tort ou à raison, j'ai cru que ce travail, qui m'a beaucoup coûté, ne serait pas sans intérêt pour eux, et que je ferais bien de mêler dans mon ouvrage l'utile à l'agréable , surtout si, par un tour de force bien difficile à faire, l'utile pouvait rivaliser de gaieté, malgré le sérieux du fond, avec l'agréable. Si je me suis trompé, j'en porterai la peine. Dans le cas con- traire , j'obtiendrai parmi les prosateurs du pays le rang modeste que m'ont valu parmi ses poètes mes fantaisies rimées. Je serais très-heureux de ce résultat , car la qua- lification de poëte, que l'on me donne de tout côté, ne laisse pas que d'avoir ses inconvénients ; elle a plus d'une SECOND AVANT-PROPOS. Y fois, même dans la bouche de mes meilleurs amis, l'air d'un persiflage. Un soir que je rentrais dans Narbonne par la porte de Perpignan, j'avisai, assis sur un tertre, une douzaine d'enfants de troupe, gais, proprets, en tenue militaire soignée, qui se faisaient des niches. A mon grand étonne- ment, je fus reconnu par le plus âgé, et je l'entendis dire à ses camarades : « Ce vieux bourgeois qui passe , la tête <( baissée , est M. Hercule Birat, le poëte narbonnais. » Ce titre de poëte fit rire toute la bande , et bientôt, grands et petits, jusqu'à un bambin à face joufflue, pas plus haut que ma canne, qui, gêné dans ses mouvements par son pantalon garance et sa tunique bleue, dont le collet rigide lui serrait fortement le cou, devait regretter la ja- quette qu'il portait encore quinze jours auparavant, obéis- sant comme à un mot d'ordre, se mirent à crier, en se contenant tant que je fus près d'eux, et puis à gorge déployée pendant que je m'éloignais en pressant le pas : « Poëte, poëte , poëte, poëte ! » Le vieux caporal, qui leur servait de mentor, ne voyant pas sans doute une grosse injure dans cette appellation, les laissa s'égosiller à leur aise, et moi je me gardai bien de chercher à les faire taire, dans la crainte de les animer davantage. Je cherchai plus tard à savoir comment il se faisait que je fusse connu de ces soldats en herbe, dont les parents étaient tous étran- gers à Narbonne, et j'appris que le plus grand, fils du maître-tailleur du régiment, avait entendu plus d'une fois son père lire, ou chanter en tirant l'aiguille sur son établi, mes couplets anti-socialistes. Si j'entre dans un café, il est bien rare uploads/Litterature/frb340325101-cac-452-1.pdf

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