PHILIPPE BIHOUIX L ’ÂGE DES LOW-TECH VERS UNE CIVILISATION TECHNIQUEMENT SOUTEN

PHILIPPE BIHOUIX L ’ÂGE DES LOW-TECH VERS UNE CIVILISATION TECHNIQUEMENT SOUTENABLE 2014 Edition de référence : BIHOUIX Philippe, L ’âge des low-tech : vers une civilisation techniquement soutenable, Paris, Seuil, 2014 (parution originale) Le mot du cobaye Il s’agit pour nous de diffuser des ouvrages intéressants et utiles ou rares sans aucun autre but que de faire de nous des cobayes lettrés et critiques, dans un sens différent de la pseudo-critique circulaire émanant des analyses d’une « littérature » qui rôde autour de nos cages, et qui ne fait rien de plus que nous enfermer en nous faisant croire que nous sommes dehors. Ce livre provenant d’une OCR, certaines erreurs ayant échappé aux relectures sont possibles. Les notes, titres et italiques, ont entièrement été ajoutées et mises en forme à la main, pour une question de précision et de qualité. La pagination est partielle (de 5 en 5), mais permet un repérage facile par rapport à l’édition de référence. Table des matières Le mot du cobaye 3 T able des matières 4 Prologue : La folle valse des crevettes 9 Acte I : Grandeur et décadence des « ingénieurs thaumaturges » 16 Comment la technique a (toujours) répondu à la pénurie de ressources 17 Migrer, échanger ou inventer 19 L ’énergie d’abord 20 Nuée de criquets sur les métaux 22 Des ressources renouvelables à la chimie industrielle 24 Animaux et végétaux 25 Naissance de la chimie minérale 27 Explosion de la chimie organique 29 De la pierre au béton 31 Les murs, les structures les routes 32 Le bois 33 Production et stockage des aliments 34 Changement d’échelle avec la conteneurisation 36 Le grand tournant 37 Pourquoi les high tech n’y répondront pas cette fois 38 Qualité et accessibilité des ressources : rendement énergétique et « peak everything » 40 Qualité des ressources énergétiques 41 Du peak oil au peak everything 43 Limites de l’économie circulaire 44 Emballement de la croissance « verte » 46 Effet parc et effet rebond 47 Problème d'échelle : l’effet parc 47 Exemple des énergies renouvelables 49 Effet rebond et emballement des besoins 51 Les contraintes engendrées par l’innovation elle-même 52 Effet système et rendements décroissants 53 En finir avec les dernières tartes à la crème high tech 54 La « bioéconomie » 55 Les nanotechnologies 60 L ’économie 2.0 et la dématérialisation de l’économie 62 Mirages passés de la dématérialisation 63 Vers l’économie de la fonctionnalité ? 64 Les imprimantes 3D 64 L ’industrie 2.0, secteur secondaire ou tertiaire ? 66 La triple impasse de la société « extractiviste », productiviste et consumériste 67 Acte II : Principes des basses technologies 70 Remettre en cause les besoins 71 À la source, tous les maux 73 Premières suggestions liberticides 74 Concevoir et produire réellement durable 78 Relocalisation, « réparabilité » locale et convivialité 79 Bonne et mauvaise standardisations ? 81 Produits jetables et consommables 82 Orienter le savoir vers l’économie de ressources 84 Rechercher l’équilibre entre performance et convivialité 86 Relocaliser sans perdre les (bons) effets d’échelle 89 Les industries de procédés 89 Les manufactures 92 Les industries de réseau 96 « Démachiniser » les services 100 Savoir rester modeste 103 Acte III : La vie quotidienne au temps des basses tehnologies 106 Agriculture et agroalimentaire 107 Les enjeux 107 Productivité et rendement agricoles 108 Les fausses promesses des OGM 110 Quelles orientations ? 111 9 milliards et moi, et moi, et moi 114 La délicate question du retour à la terre des nutriments 115 Et pour le vendredi ? 117 Du côté de la distribution et de la consommation 117 Transports et automobile 118 Les enjeux 119 Le vélo, la vraie « voiture propre « ! 119 Transports collectifs. Ceux qui m’aiment baisseront la vitesse du train 124 Bâtiment et urbanisme 125 Les enjeux 125 Réduction des besoins 127 Éloge de la lenteur. Low tech = slow tech ? 129 Produits de consommation, sports et loisirs, tourisme 130 Les objets du quotidien 130 Les produits d’hygiène, les cosmétiques 132 Les sports et les divertissements 133 Le tourisme et les voyages 135 Les produits « de luxe » 136 Apprendre à faire les bons choix 138 Nouvelles technologies, informatique et communication 138 L ’enjeu : ne pas jeter bébé avec l’eau du bain ? 138 L ’aspect bien matériel des nouvelles technologies 139 Limites de la démesure ? 141 Des pistes de solution, des gisements d’économie énormes 142 Conclusion 146 Banque et finances 147 La question de l’usure 147 L ’argent et la dette dans nos sociétés 148 Premier aparté : vain débat sur les retraites 149 Deuxième aparté : pourquoi l’on ne démantèlera pas les centrales nucléaires 150 Effet d’emballement 151 Alors, quelles orientations ? 152 Ballet du troisième acte : aimer, vivre et mourir à basses technologies 152 L ’amour 153 La délicate question démographique 154 Guide de la mort écologique 156 Quand la poubelle disparaîtra 157 Et l’énergie dans tout ça ? 162 Prendre la mesure de la transition nécessaire 162 Du bon usage des énergies (vraiment) renouvelables 163 Acte IV : La transition est-elle possible ? 166 Impossible statu quo ? 166 Quelques analyses possibles de la situation 167 Statu quo impossible 169 Entre attentisme, fatalisme et « survivalisme » 170 La question majeure de l’emploi 174 Hommage à George Orwell 175 T entative de robinsonnade 176 Détail critique : la balance des paiements 178 Je consomme, donc je crée des emplois... 179 Quel bilan ? 180 La question de l’échelle : les leçons de l’abolitionnisme anglais 184 La question de la mutation culturelle et morale 189 Du système de valeur : retour en grâce des métiers manuels 189 Sur le contenu et les objectifs de l’enseignement 190 Comment rendre la transition désirable : vive les low tech. 192 Catastrophisme éclairé... 192 ... ou magie des lucioles ! 193 Finir sur une note positive 194 Épilogue : Rêve s’il en fut jamais 196 Remerciements 201 Prologue : La folle valse des crevettes LA FOLLE VALSE DES CREVETTES [9] Mai 1940. Les colonnes de blindés allemands ont enfoncé les lignes françaises et la population effrayée se jette en masse sur les routes qui s’encombrent rapidement. De son avion d’observation, envoyé en missions désespérées sur les lignes ennemies pour récolter des renseignements que personne n’exploitera, Antoine de Saint-Exupéry contemple le gâchis de la débâcle : « Les vieilles autos surtout sont pitoyables. Un cheval bien d’aplomb entre les brancards d’une charrette donne une sensation de santé. Un cheval n'exige point de pièces de rechange. Une charrette, avec trois clous on la répare. Mais tous ces vestiges d’une ère mécanique, ces assemblages de pistons, de soupapes, de magnétos et d’engrenages, jusqu’à quand fonctionneront-ils ? » 1 Pardonnez-moi, mon cher « Saint-Ex », de vous propulser par cette unique réflexion, vous l’aviateur intrépide nécessairement confiant dans la technique de pointe, précurseur des low tech, des basses technologies. Mais vous l’aurez cherché, en [10] proposant d’abandonner ces autos hier pimpantes pour revenir à des charrettes à cheval ! Surtout, rien ne résume mieux, pour moi, la question cruciale qui se pose à notre société industrielle. Il suffirait de remplacer mécanique par électronique, pistons et soupapes par transistors et condensateurs... et votre vision fulgurante, si évidente, retrouverait toute sa fraîcheur. Notre monde ultra-technicisé, spécialisé, globalisé pourrait-il résister à une débâcle, que celle-ci vienne de la raréfaction des réserves énergétiques et métalliques facilement accessibles, des conséquences de la pollution — changement climatique en tête — ou d’une nouvelle crise financière et économique plus aiguë que celle en cours ? Cet ouvrage développe en effet la thèse, iconoclaste j’en conviens, qu’au lieu de chercher une sortie « par le haut » aux impasses environnementales et sociétales actuelles avec toujours plus d’innovation, de hautes technologies, de métiers à valeur ajoutée, de numérique, de compétitivité, de haute performance, de travail en réseau, bref, de développement durable, de croissance verte et d'économie 2.0, nous devons au contraire nous orienter, au plus vite et à marche forcée, vers une société essentiellement basée sur des basses technologies, sans doute plus rudes et basiques, peut-être un peu moins performantes, mais nettement plus économes en ressources et maîtrisables localement. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble que je vous dois quelques explications sur ce qui m’a amené à de telles réflexions. Rien ne me prédestinait a priori à ruer dans les brancards de ma charrette à trois clous, ni à prendre à contre-pied la majorité de mes confrères ingénieurs, qui ne jurent que par les high tech, la recherche et développement, l’innovation, bref, le progrès au sens où on l’entend aujourd’hui, et que l’on n’arrête d’ailleurs pas, comme le veut l’adage populaire. Né deux ans après le premier alunissage, mon enfance, comme tous ceux de cette génération, fut bercée d’exploits scientifiques ou technologiques divers, rythmée par les films de science-fiction et régulièrement abreuvée de produits « révolutionnaires » : l’année de mes dix ans, la navette spatiale Columbia décollait de Cap Canaveral — le poster est encore affiché dans ma chambre d’enfant uploads/Litterature/ lage-des-low-techs-philippe-bihouix 1 .pdf

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