Les universités au Moyen Âge Les universités au Moyen Âge Jacques Verger – 1973
Les universités au Moyen Âge Les universités au Moyen Âge Jacques Verger – 1973, Presses Universitaires de France Résumé: Jacques Verger propose une histoire des universités depuis leur création à la fin du XIIème siècle jusqu’à la fin du Moyen Âge. Il ne s’occupe pas des enseignements en tant que tels, ni de l’histoire des acteurs mais des universités en tant qu’organisations. Dans la première partie, XIIème-XIIIème siècles, il raconte la naissance spontanée des premières universités (Paris, Bologne en exemple) puis les fondations du pape ou de l’empereur. Il décrit la structure et les statuts qui se mettent en place, puis les conflits et problèmes du XIIIème siècle : la lutte de pouvoir avec les ordres mendiants, et le conflit théologique qui aboutit à priver les universités de leurs penseurs les plus audacieux (averroïstes) Il décrit ensuite pour le XIVème et XVème siècles les relations de l’université avec les différents pouvoirs : avec l’Église, les États et avec la société. Intérêt scriptural: D’une part les universités sont des corporations nées au début du XIIIème siècle et qui se font une place dans la ville avec l’appui du roi et du pape et les chartes, les statuts, etc sont très importants dans leur existence. A partir du XIVème siècle, la gamme des textes s’élargit et l’on a conservé des registres plus administratifs, livres de compte, compte-rendu de débats, biens et revenus des collèges, etc. Un document clé est le rotulus, rotuli qui est la liste de tous les maîtres ou étudiants d’une université en état de recevoir un bénéfice ecclésiastique, envoyée au pape pour supplique. D’autre part les maîtres et étudiants transforment le livre d’objet d’art à objet de travail: ils améliorent les techniques de copie, ils modifient l’objet pour le rendre plus pratique et moins coûteux (division en cahiers, suppression enluminures, etc) Enfin, les maîtres et écoliers sont des lettrés et écrivent eux-mêmes ou font écrire à titre personnel : lettres, testament, comptes, etc. Naissance et affirmation des universités (XII-XIIIè siècles) 2 Naissance des universités fin XIIe 2 Les universités comme corporation 4 Problèmes et conflits du treizième siècle 5 La fin du Moyen-Âge (XIV, XVe siècles): déclin ou transformation? 7 Les universités et l’Eglise 7 Les universités et les Etats 8 Université et société 8 Conclusion 8 Jacques Verger: Ancien élève de l’École normale supérieure (1962-1967), agrégé d’histoire (1966), ancien membre de l’École française de Rome (1969-1972), ancien assistant à l’université de Nancy II. Il est docteur d’État depuis 1995 pour sa thèse intitulée : Les Universités du Midi de la France à la fin du Moyen Âge (v. 1300-v. 1450) (Paris IV, 1995) Médiéviste spécialiste des universités au Moyen Âge. 1. Naissance et affirmation des universités (XIIème-XIIIème siècles) i. Naissance des universités fin XIIème siècle Les origines Les écoles religieuses sont assez médiocres au début du XIIème siècle. La réforme grégorienne est peu suivie et les écoles monastiques sont en déclin. Les meilleurs écoles se trouvent dans le Nord de l’Italie et le centre de la France. On y enseigne le trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) mais surtout la lecture de la bible en lectio/sensus/sententia (lecture, sens littéral, sens caché). La dialectique est mal appliquée: Aristote est mal connu, uniquement à travers les textes de Boèce. La renaissance du XIIème siècle Abélard, Anselme de Canterbury vont proposer de nouvelles façons de raisonner et d’enseigner (surtout dans le Sic&Non de Pierre Abélard). La renaissance du XIIème siècle s’alimente d’abord d’une redécouverte des auteurs antiques via les textes grecs, oubliés en Occident, mais transmis aux arabes par Byzance et qui remontent via la péninsule ibérique (Tolède, Cordoue, la Sicile etc). La diffusion se fait via les pèlerins de Saint Jacques, les moines étrangers qui vont en Espagne pour sa richesse intellectuelle. On redécouvre donc: une grosse partie d’Aristote : logique, physique, métaphysique. Euclide, Archimède, Ptolémée, Hippocrate, Galien. Des savants arabes: Al-Khawarizmi (algèbre), Avicenne, etc… On redécouvre aussi le droit romain à travers le code Justinien, notamment. Il y a aussi une renaissance du droit : en droit canonique, avec l’exemple du Code Gratien, vers le milieu du XIIème siècle, qui compile des milliers de textes. Essor urbain – corporations On assiste à des progrès démographique et technique, à l’essor des villes. La division du travail (horizontalement ou verticalement) engendre aussi les corporations qui organisent les métiers: collectif avec ses propres règles reconnu par l’autorité monarchique investi de certains pouvoirs Réforme grégorienne Dans Latran III en 1179: une école par chapitre cathédral avec une prébende et un écolâtre. Les écolâtres doivent donner la licencia docendi à ceux qui en sont dignes au niveau du diocèse L’Église s’arroge le monopole du droit d’enseigner. La montée en puissance de Paris On assiste à une multiplication des écoles avec l’arrivée d’Abélard. Transfert Rive gauche puis exil. Affluence internationale à Paris (rappel : le latin est langue internationale). Les écoles se concentrent d’abord sur la théologie, la grammaire et la logique mais s’ouvrent progressivement au droit, à la médecine après 1150. La multiplication des écoles et un besoin d’organisation et de gestion des conflits avec les autres corporations, entraînent la création des premières universités au tournant du XIIIème siècle:1180-1210. Naissance de Paris Les maîtres et écoliers de Paris commencent à s’organiser entre eux, et entament une double lutte contre l’évêque de Paris pour obtenir certaines prérogatives en terme d’éducation contre les bourgeois et le prévôt du roi qui répriment les désordres violemment Les maîtres et écoliers font donc appel au pape et au roi pour obtenir certains privilèges. Philippe Auguste leur accorde en 1200 le privilège du for qui les rend justiciables, en toute chose, de la justice ecclésiastique. En 1231 la bulle Parens Scientiarum accorde ce privilège et celui du canon (excommunication pour quiconque porte la main sur un clerc). Cette bulle est une véritable Charte de l’université. Le pape soutient la naissance des ces universités pour garder le privilège de l’éducation et avoir un contrôle direct du saint siège par dessus les évêchés. Si le soutien du Pape ne suffit pas, les maîtres et écoliers font grève, voire se dispersent comme à Paris entre 1229 et 1231. L’importance prise par les écoles en tant que groupe de consommateurs et élément de prestige fait de cette extrémité une arme redoutée et le roi s’y soumet. En 1246, l’université de Paris se dote d’un sceau. Les principaux acquis de l’université sont : les étudiants et maîtres restent dans le for de l’Église, ils sont clercs. le chancelier (évêque) est obligé d’accorder la licencia docendi aux maîtres proposés par l’université. l’université a des statuts et peut les faire respecter. Elle a le droit d’élire des représentants. Il faut noter par ailleurs que la plupart des maîtres et nombre d’élèves étaient titulaires d’un bénéfice ce qui leur permettait de subvenir à leurs besoins. Ils étaient donc également partie prenante du système économique de l’Église. Naissance de Bologne Bologne se crée à partir d’écoles laïques de droit qui étudiaient le droit théodosien. Bologne est au cœur du conflit entre guelfes (soutien du pape) et gibelins (l’empereur) A la fin du XIIème siècle ce sont les étudiants qui s’organisent d’abord en communauté, universitates, pour se protéger. Ce sont les citramontains et les ultramontains, elles mêmes divisées en un certain nombre de nations. A plusieurs reprises les étudiants font grève ou dispersion et entrent en conflit avec la commune et le pape. Mais vers 1230 L’université de Bologne est établie. Universités spontanées ou créées Paris et Bologne sont spontanées, elles naissent d’une volonté d’organisation des maîtres et écoliers dans une structure scolaire existante. Suivent ce modèle Oxford (1214), puis Montpellier (1220). Certaines universités naissent aussi après une migration ou une sécession: Cambridge est issue d’Oxford, Padoue est issue de Bologne. Il existe aussi des universités créées directement par un pouvoir, empereur ou pape, conscient du prestige que cela apporte. Les succès sont mitigés, du moins au XIIIème siècle. Ces universités créées grandissent plutôt au XIVème siècle. Naples en 1224 par Frederic II. Toulouse en 1229 par le pape, imposé par son légat au comte de Toulouse (hérésie albigeoise). Salamanque, Valladolid. 1. ii. Les universités comme corporation L’université est en fait deux choses : le studium : établissement d’enseignement supérieur l’universitas : organisation qui fait fonctionner le studium La direction est avec un recteur et des assemblées. Il y a des nations d’étudiants. Le rôle du recteur se stabilise progressivement : l’élection est régulière il est gardien des statuts, il gère les finances avec les nations il a juridiction civile sur ses membres il préside les assemblées Dans les facultés il y a un doyen : la faculté des arts (sorte de première année commune) la théologie : le must le droit canonique ou droit civil la médecine les arts libéraux Il n’y a pas de bâtiment : les cours sont données dans des églises, chez des particuliers, etc. Après 1250 les rois et les papes protègent les universités d’autant uploads/Litterature/les-universites-au-moyen-age.pdf
Documents similaires
-
19
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.1652MB