Béatrice BELLINI IUT de l’Oise, site de Creil 2, rue Maurice Hardouin 78400 CHA
Béatrice BELLINI IUT de l’Oise, site de Creil 2, rue Maurice Hardouin 78400 CHATOU tel/fax : 01 30 53 52 56 e-mail : phil-bea.bellini@wanadoo.fr La montée en puissance des préoccupations écologiques de ces dernières années a rendu incontournable la prise en compte de l'environnement dans le management de l'entreprise. Ce contexte guide ainsi le développement d'une nouvelle culture, qui se traduit différemment dans la stratégie industrielle. Son analyse reste cependant délicate compte tenu de la complexité de la situation se traduisant par une multiplicité d'acteurs, l'imprévisibilité des législations, l'incertitude scientifique...etc. C'est pourquoi une conception plus claire de la situation se révèle intéressante pour l'industriel dans l'optimisation de ses décisions en matière de protection de l'environnement, mais également pour tous les organismes associés, publics, parapublics ou privés, qui interviennent à ce niveau. Afin d’approfondir cette problématique, une étude a ainsi été réalisée sur des sites de production de la région Nord/Pas-de-Calais appartenant à trois secteurs d'activité : la chimie, l'agroalimentaire et la métallurgie/sidérurgie. Cet article résume une partie des résultats de l’étude et se décompose en deux parties. La première concerne la caractérisation des stratégies écologiques des entreprises avec la mise en évidence de divers comportements industriels : - les comportements écodéfensifs, privilégiant le rendement économique immédiat et considérant les investissements environnementaux uniquement comme des coûts ; - les comportements écoconformistes, suivant les exigences réglementaires sans aller au-delà même si ça leur est possible ; - les comportements écosensibles, allant au-delà des exigences légales, la donnée écologique étant considéré comme un élément-clé pour la pérennité de l'entreprise. Ces comportements s'articulent autour de deux logiques de décision au sein de l'entreprise : - la logique additive, suivant laquelle l'entreprise ne remet pas en cause son processus de décision (cas des comportements écodéfensifs et écoconformistes); - la logique systémique, où l'intégration de l'environnement modifie la structure profonde du processus de décision (cas des comportements écosensibles). Cependant, le jugement du comportement des entreprises vis à vis de la protection de l’environnement se doit d’être relativisé compte tenu de l’influence importante de certains critères externes ou internes au site, d’où la présence d’une deuxième partie de l’article consacrée à une classification de facteurs susceptibles d'intervenir dans la définition des choix décisionnels de la firme. MOTS-CLES : stratégie, entreprise, environnement, responsabilité sociale 2 Un nouvel enjeu stratégique pour l’entreprise : La prise en compte de la protection de l’environnement dans son management Etat des lieux et perspectives La montée en puissance des préoccupations écologiques de ces dernières années a rendu incontournable la prise en compte de l'environnement dans le management de l'entreprise. Ce contexte guide ainsi le développement d'une nouvelle culture, qui se traduit différemment dans la stratégie industrielle. Son analyse reste cependant délicate compte tenu de la complexité de la situation se traduisant par une multiplicité d'acteurs, l'imprévisibilité des législations, l'incertitude scientifique...etc. C'est pourquoi une conception plus claire de la situation se révèle intéressante pour l'industriel dans l'optimisation de ses décisions en matière de protection de l'environnement, mais également pour tous les organismes associés, publics, parapublics ou privés, qui interviennent à ce niveau. Afin d’approfondir cette problématique, une étude a ainsi été réalisée sur des sites de production de la région Nord/Pas-de-Calais appartenant à trois secteurs d'activité : la chimie, l'agroalimentaire et la métallurgie/sidérurgie. Cet article résume une partie des résultats de l’étude et se décompose en deux parties. La première concerne la caractérisation des stratégies écologiques des entreprises avec la mise en évidence de divers comportements industriels : - les comportements écodéfensifs, privilégiant le rendement économique immédiat et considérant les investissements environnementaux uniquement comme des coûts ; - les comportements écoconformistes, suivant les exigences réglementaires sans aller au- delà même si ça leur est possible ; - les comportements écosensibles, allant au-delà des exigences légales, la donnée écologique étant considéré comme un élément-clé pour la pérennité de l'entreprise. Ces comportements s'articulent autour de deux logiques de décision au sein de l'entreprise : - la logique additive, suivant laquelle l'entreprise ne remet pas en cause son processus de décision (cas des comportements écodéfensifs et écoconformistes); - la logique systémique, où l'intégration de l'environnement modifie la structure profonde du processus de décision (cas des comportements écosensibles). 3 Cependant, le jugement du comportement des entreprises vis à vis de la protection de l’environnement se doit d’être relativisé compte tenu de l’influence importante de certains critères externes ou internes au site, d’où la présence d’une deuxième partie de l’article consacrée à une classification de facteurs susceptibles d'intervenir dans la définition des choix décisionnels de la firme. 1. LES COMPORTEMENTS ECOLOGIQUES INDUSTRIELS 1.1. L'environnement dans l'entreprise : une prise en compte progressive sous contraintes L'intégration de l'environnement dans le management de l'entreprise s'est faite de manière progressive et sous l'impulsion de trois sortes d'arbitrage : - des arbitrages de types juridique et normatif ; - des arbitrages de type économique ; - des arbitrages de type technique, liés à la disponibilité d'outils pour la gestion opérationnelle de la donnée écologique sur le site. Tout d'abord, il est amplement reconnu que la législation est le principal facteur qui motive l'industriel à prendre en compte l'environnement. Son évolution allant en s'intensifiant renforce la nécessité d'agir pour les entreprises. Parallèlement à cette poussée réglementaire, se sont développées des approches normatives (normes de la série ISO14000 sur le management environnemental de l'entreprise) qui, même si elles s'appuient au départ sur une logique de volontariat, deviendront au cours du temps des impératifs, de la même manière que se sont imposées les normes sur la qualité (normes de la série ISO9000). Le deuxième type d'arbitrage, économique, est relatif aux opportunités ou menaces que l'environnement représente pour le site industriel. Le tableau ci-joint reprend les principaux aspects que cela recouvre en terme technico-économique et socio-politique. 4 Enfin, le troisième type d'arbitrage est de type technique et concerne, en fait, la disponibilité d'outils d'aide à la gestion de l'environnement pour l'industriel. Deux catégories d'outils peuvent alors être distinguées : - les outils d'aide à la gestion opérationnelle de l'environnement sur le site ; - les outils de sensibilisation, qui se positionnent au niveau global, au niveau sectoriel ou au niveau du site de production. Une description des deux types d'outils figure dans les tableaux ci-dessous. Outils d'aide à la gestion écologique du site Cadre légal Principe du volontariat - Etude d'impact Etude déchet - Etude de danger Méthodologies disponibles à l'externe Méthodologies développées à l'interne - Plan Entreprise- Environnement - Système de Management de l'Environnement - Diagnostics Environnement - Etudes process Tableau 1 : Les outils d’aide à la gestion écologique du site Outils de sensibilisation Niveau global Niveau sectoriel Niveau du site Exemple : Charte de la Chambre de Commerce Internationale Exemple : "Responsible Care" de l'industrie chimique Exemple : Charte de l'industriel Tableau 2 : Les outils de sensibilisation à l’environnement 5 Ces différents arbitrages ont ainsi provoqué et conditionné l'intégration de l'environnement dans l'entreprise d'une manière générale. Cependant, il est facile de constater que la prise en compte varie d'une firme à une autre. Ce sont ces différences de comportements que l'étude à chercher à modéliser dans un premier temps. 1.2. Une typologie des comportements écologiques de l'entreprise Tout d’abord, il est important de souligner que sera défini comme “ comportement écologique ”, le comportement que l’entreprise développe vis à vis de l’environnement. Les entreprises n'ont pris que récemment conscience des dommages qu'elles font subir à l'environnement naturel, et la prise en compte de la donnée écologique est en fait "le fruit d'un long processus de maturation accompagné d'une évolution culturelle." Jolly (1993) développe à ce propos un modèle d'évolution d'après le cas de Rhône-Poulenc. Ainsi, après une absence de gestion de l'environnement, une phase de réponse réactive aux pressions externes, surtout constituée d'exigences administratives, se développa dès le début des années 70. La donnée écologique ne concernait alors que le domaine technique. Puis, l'augmentation des pressions des groupes sociaux des années 80 et le besoin interne d'organisation aboutirent à la mise en place d'une gestion d'ensemble de l'environnement, se traduisant par son entrée dans le domaine organisationnel. Enfin, la montée en puissance de la dynamique écologique, aboutit, au début des années 90, à une vision prospective des enjeux environnementaux, qui conféra alors à l'environnement un véritable statut stratégique. L'auteur allait même jusqu'à imaginer une cinquième phase où l'environnement deviendrait un réflexe naturel qui serait intégré au quotidien. Comme l'indique Jolly, le potentiel de généralisation de cette évolution reste néanmoins à tester compte tenu de l'influence variable de la donnée écologique sur chaque site industriel. Cependant cette évolution se retrouve en effet au niveau des différents comportements existants actuellement au sein des entreprises, et repris dans la typologie présentée ci-après. Cette typologie s'est appuyée sur un certain nombre de travaux repérés lors d'une revue de littérature initiale, et en particulier ceux de Carrol (1979) sur la responsabilité sociale de l’entreprise. 6 D’autre part, les concepts retenus ont été confrontés à la réalité u terrain par une analyse qualitative d’une vingtaine d'entretiens de directeurs et/ou de responsables environnement. Trois comportements ont ainsi été retenus : uploads/Management/ bellini.pdf
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- Publié le Sep 10, 2022
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