La classe en tant que groupe 104 BIEN DÉBUTER EN ÉLÉMENTAIRE L’organisation de
La classe en tant que groupe 104 BIEN DÉBUTER EN ÉLÉMENTAIRE L’organisation de l’accueil des élèves le jour de la rentrée est vraiment tributaire des habitudes de l’école. Il est difficile ici de proposer une journée « clés en main » transposable en tout lieu et à tout niveau de l’école élémentaire. L’accueil des CP ne sera forcément pas le même que celui des CM2 qui gagnent leurs galons de vétérans. Une rentrée dans une petite école appartenant à un regroupement pédagogique intercommunal ne se fera pas dans les mêmes conditions que dans une grosse école urbaine de 18 classes. L’organisation générale aura été prévue en équipe lors de la réunion de prérentrée. Logiquement, les élèves sont informés avant l’été de la classe qu’ils fréquenteront. Les nouveaux ont la surprise en arrivant. L’idéal sera de préparer des feuilles A3 avec les listes des noms par classe, affichées près du lieu de regroupement pour faciliter le repérage par les parents. Selon la taille et la configuration de l’école, l’accueil de tous les élèves se fait généralement dans la cour ou sous le préau. À l’école élémentaire, les élèves peuvent arriver seuls, mais les parents sont les bienvenus et sont souvent invités à s’attarder un peu, ne serait-ce que pour transmettre quelque information utile. Dans les écoles qui ont instauré l’accueil direct dans les classes, les élèves sont invités à les rejoindre dans le calme et seront attendus sur le seuil par leur professeur. Parfois, on opte pour une solution hybride : sur le modèle du cycle 1, les CP sont accueillis de façon plus per- sonnalisée dans la classe avec leurs parents, tandis que les élèves des autres niveaux repèrent et rejoignent les points de regroupement prévus. Vous aurez donc à vous placer à l’endroit où votre classe est censée se ranger, en adressant un petit mot à chaque enfant qui arrive et à sa famille. Vous expliquez que lorsque cela sonnera c’est ici qu’il faudra se mettre en rang par deux. Vous pouvez, pourquoi pas, profiter de ce moment pour faire une ronde des pré- noms : on invite les élèves à former un cercle et chacun se présente. On peut rajouter un jeu brise-glace : « On dit ce qu’on préfère et ce qu’on déteste » (vous jouez aussi !) ou on associe un petit geste à son prénom. À la fin, votre défi sera de réussir à réattribuer tous les prénoms… Les premiers instants 105 Créer des conditions favorables à l’apprentissage LES DÉPLACEMENTS Avant de rejoindre la classe, on explique les modalités de rangement et de déplacement en groupe et les conditions habituelles d’entrée dans les locaux. Expliquer n’est pas simplement décrire, c’est expliciter les raisons des choix réglementaires dus notamment à la sécurité ou au respect de ceux qui sont déjà au travail dans les autres classes. Si la vôtre est à l’étage, on repère avec les élèves les endroits où ils doivent s’arrêter pour que le groupe reste « surveillable ». Le principe pourrait être que quand on se déplace sur un parcours nouveau ou potentiellement accidentogène, vous ayez l’ensemble de la classe directement et continuelle- ment dans votre champ de vision. Une place fixe dans le rang Sur ce point essentiel de gestion de groupe, Jeanne Chatel, professeure des écoles souvent en déplacement avec sa classe, est très au fait des risques et des responsabilités qui incombent à tout enseignant lors des sorties. Dans la journée, nous nous déplaçons relativement souvent : lors des récréations, pour aller dans un autre lieu de l’école, pour sortir de l’école, pour nous déplacer sur la voie publique. Il est donc impératif que le rang soit ordonné, ne serait-ce que pour une question de sécurité et de respect (pour les autres classes au travail, pour les autres usagers des espaces publics). J’ai donc décidé d’attribuer une place fixe dans le rang à chaque élève. Afin de ne pas figer cette organisation, ce sont les enfants qui choisissent leur binôme et régulièrement (toutes les deux ou trois semaines). Je leur attribue ensuite un numéro de place dans le rang. Cela me permet tout d’abord de les aider lors de la formation du rang en les appelant, mais également de vérifier rapidement si quelqu’un manque à l’appel. Enfin, lors de déplacements en car, ils doivent monter dans l’ordre et s’asseoir avec leur binôme, nous faisant gagner un temps considérable. Évidemment, cela réduit les libertés des élèves, mais cela ne semble pas leur poser de problème dans la mesure où ils choisissent leur camarade et qu’ils ont conscience du temps que nous gagnons, notamment sur le temps de récréation où ils seront libres. De plus, il me semble que certains élèves ne vivant pas bien les moments de mise en rang et de déplacement se sentent soulagés par cette organisation permettant de ne pas avoir à demander à un camarade s’il est d’accord pour se ranger avec lui, de ne pas être bousculé et de pouvoir se déplacer sereinement. Au fil de l’année, les élèves sont capables de former seuls le rang en appelant eux-mêmes les numéros. Il faudra donc exercer les élèves à se ranger, surtout les plus jeunes ou les classes les plus promptes à s’agiter. Vous pouvez, par exemple, mettre en place un jeu de rapidité à la fin d’une récréation : on rompt et reforme le rang le plus rapidement possible sans confondre vitesse et précipitation. On le fait en 20 secondes, puis 15, puis 10 et parfaitement en 5 secondes. On explique que c’est plus qu’un jeu, qu’à l’occasion d’un exercice d’évacuation, on aura besoin de savoir le faire. Et si, malgré cet apprentissage, une agitation ultérieure trop grande survient, qui pourrait mettre en cause la sécurité au moment de la sortie de la classe par exemple, pendant la formation du rang ou de son début de déplacement, il ne faut pas hésiter à l’arrêter, voire à faire faire demi-tour au groupe pour un retour en classe. Tant pis s’il faut prendre une minute ou deux supplémentaires. On fait appel calmement à la respon- sabilité de chacun en rappelant notamment qu’une trop grande agitation peut engendrer des bousculades. Il ne vous reste plus qu’à mesurer l’impact du rappel à l’ordre les fois suivantes pour lever les mesures restrictives, et faire avec les élèves le constat qu’une sortie de classe calme et organisée permet de profiter de la totalité du temps de récréation. Les premières règles pour fonctionner 106 BIEN DÉBUTER EN ÉLÉMENTAIRE AVANT D’ENTRER DANS LA CLASSE Arrivés devant la classe, vous demandez le silence et l’attention de tous, par exemple avec votre doigt sur la bouche et vos yeux grands ouverts. Tentez l’exercice de capter, ne serait-ce que très furtivement, le regard de chacun d’eux. Cette connexion particulière conditionne la bonne passation de votre consigne. C’est le geste professionnel qui va vous suivre toute votre carrière. Il vous faudra le tester, vous l’approprier, l’affiner jusqu’à qu’il soit pleinement efficace. Il se dit que d’obtenir le silence attentif de tout un groupe d’enfants en moins de cinq secondes, sans cri excessif ni geste démesuré, est un bon indicateur d’une autorité bien posée ! Et y arriver en une dizaine de secondes quand on débute n’est pas du tout déshonorant… Vous expliquez également aux élèves le placement provisoire pour ce jour et qu’en fonction de l’organisation à venir du travail, ils vont être amenés à changer plus ou moins régulièrement de place. Pour les plus petits de cycle 2, il pourra être plus approprié que le placement vous incombe. Pour les plus grands du cycle 3, on peut leur laisser un choix, conditionné par leur capacité pour ce jour à ne pas faire des tablées exclusives de copains/copines uniquement intéressés par la « vie souterraine 119 » de la classe… Les élèves sont alors invités à entrer dans la classe dans le plus grand calme, à trouver leur place, prédéter- minée le cas échéant par une étiquette. ET LA POLITESSE ? Dans certaines écoles, il est de coutume que les élèves, en entrant dans la classe, aillent se placer debout à côté de leur bureau et ne s’assoient qu’à l’invitation de l’enseignant. On peut avoir des avis différents à propos de cette pratique. Ce qui peut être plus alarmant c’est de ne plus savoir pour quelles raisons elle perdure dans votre école (« On a toujours fait comme ça… »). S’il s’agit pour les élèves de « faire honneur » à l’enseignant, ce peut être problématique pour le type de relations de proximité que vous voulez avoir avec eux dans le cadre d’une classe où chacun peut gagner en autonomie, en citoyenneté et en marge de manœuvre proportionnelle aux compétences acquises. L’enseignant mérite la politesse mais certainement pas la déférence. Par contre, si l’objectif est de marquer et de faire conscientiser ce moment précis de la classe comme une entrée en institution, et marquer la « césure féconde 120 » dont parle Philippe Meirieu entre le dedans et le dehors, entre le monde récréatif et le monde scolaire, uploads/Management/ biendebuterelementaire-la-classe-en-tant-que-groupe.pdf
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- Publié le Jan 12, 2022
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