1 Un système semi-symbolique Hypothèses de lecture Par Elodie Mielczareck Ils n
1 Un système semi-symbolique Hypothèses de lecture Par Elodie Mielczareck Ils ne sont plus si jeunes mais toujours d’actualité. Leur succès est toujours intact, ils inondent depuis la moitié du XXème siècle librairies, cinéma, imaginaires. Que ce cache-t-il derrière ces productions qui réinventent sans cesse, sans jamais l’épuiser ni la vider de son sens, l’existence de ces légendes qui ont peuplé notre univers dès l’enfance ? C’est parce que la sémiotique a les outils pour répondre à cette question qu’il m’a semblé intéressant d’aborder cette thématique. Ne pas en rester au constat, creuser les significations, identifier les signes. Analyser les super héros, leurs représentations iconiques (couleurs, postures, etc.), leurs histoires (quelles transformations ? quels parcours, etc.), leurs charges symboliques, et enfin, percer, peut-être, l’image de la société construite par les comics. Le défi était également de pouvoir se "dépatouiller" face à une thématique aussi large, nébuleuse et galvaudée pour également s'intéresser à la problématique de la constitution du corpus. De manière méthodologique, nous procéderons par strates, nous irons des signes visibles, de leur manifestation pour ensuite arriver à la «matrice structurante», accéder aux «valeurs» constitutives de ce que nous considérons désormais comme un système (nous reprenons la démarche telle que la propose Greimas dans le «parcours génératif»). «C’est le point de vue qui fait l’objet» nous dit Martinet. Héritage du structuralisme et pierre angulaire de toute visée sémiotique, les notions de «système» et de «relation» sont celles qui vont baliser notre objet d’étude. Notre corpus est constitué de représentations graphiques de nos super héros (1) et de quelques couvertures de comics (2). Nous utiliserons le savoir encyclopédique que nous avons sur ces personnages (extra- corpus) en dernière partie (3). Nous prenons le parti-pris de n’étudier que quatre héros. Mais ils sont vraisemblablement les plus «constitutifs» du système, ils en sont à la base. Une recherche google à «super héros» les faits revenir plus que les autres : Superman, Wonderwoman (parfois nommée Superwoman), Batman et Spiderman. Choix confirmé par le dernier numéro de Geek Magazine. COMICS Comment analyser les comics ? Quelles valeurs véhiculent-ils ? Quelles visions du monde ? Quelles histoires nous racontent-ils et comment ? DESS Sémiotique 2010 -2011 LES SUPER-HÉROS DÉCRYPTÉS PAR LA SÉMIO 2 1. Introduction a.Qu’est-ce que la sémiologie ? Et la sémiotique ? b.Méthodologie c.Problématique 2.L’analyse d.La représentation des Super Héros - Les codes graphiques e.Couvertures et discours - Territoires narratifs f.Connaissance encyclopédique des Super Héros - C’est quoi être un super héros ? 3. Conclusions 4. Ouvrages cités Sommaire Plan SEMIOSUPER-HÉROS - DOSSIER 2011 Les super héros les plus référencés sont la trinité de la famille DC (Superman, Wonderwoman et Batman) et deux personnages quasi fondateurs de la famille Marvel (Spiderman et Hulk). Les super héros connaissent au début de leur création des histoires isolées et, au fur et à mesure de leur popularité, peuvent se confronter ou lier affinités avec d’autres super- héros. 3 «Le sémiologue est celui qui voit du sens là où les autres voient des choses» Umberto Eco 1. C’est l’analyse des signes, des messages, aussi bien visuels que verbaux. C’est une méthodologie scientifique, ayant son propre vocabulaire, ses propres outils, ses postulats hérités de l’histoire des sciences humaines et sociales (le structuralisme, l’interactionnisme, etc.) 2. C'est Roland Barthes, écrivain et sémiologue (1915-1980), qui en reprenant les enseignements de Ferdinand de Saussure (père de la linguistique moderne), les a appliqué, pour la première fois à l’image. Notamment, à travers des articles connus, la publicité de Panzani dans «Rhétorique de l’image» mais aussi la 1. Introduction a. Qu’est-ce-que la sémiologie, qu’est-ce que la sémiotique ? une de Paris Match, le catch, le Tour de France ou la nouvelle DS dans Mythologies. Il propose la sémiologie comme outil de décryptage idéologique. Chaque message étant une construction qui ne va pas de soi, le sémiologue a pour tâche de déconstruire cet assemblage arbitraire et prétendument naturel. 3. Le sémiologue est celui qui dévoile « la matrice structurante » et met à nu « le procès du sens » — pour reprendre les expressions de Roland Barthes. Adepte du message sous les messages, le sémiologue observe, décrypte et analyse pour rendre compte des effets de sens, des connotés et des implicites présents dans la communication. 4. Il s’agit de répondre à la question globale : quelle construction du monde propose le message (ou l’objet) ? Ne plus se contenter du «pourquoi» et répondre au «comment» s’écrit le message. 5. La sémiotique peut se définir comme une «sémiologie seconde génération». Apparue un plus tardivement avec l’Ecole de Paris autour de Algirdas Julien Greimas, elle est utilisée pour ses applications concrètes dans les bureaux d’études et plannings stratégiques à partir des années 90, durant lesquelles elle commence à se diffuser dans un cadre hors de l’université. Le sémiologue est un extra- terrestre La description du message s'effectue en « immanence ,, c'est-à-dire hors des volontés (conscientes ou inconscientes) de l'émetteur et des présupposés (conscients ou inconscients) du récepteur. Le sémiologue doit échapper à ses propres projections culturelles et personnelles, comme s'il regardait I'objet de son analyse depuis l'espace... SEMIOSUPER-HÉROS - DOSSIER 2011 4 Nous utilisons la méthodologie propre à la sémiologie et à la sémiotique, inspirée, notamment, de la phonétique (constitution d’un système de «valeurs différentielles»). Plusieurs postulats de base : - Le monde du sens humain est intelligible : tous les signes ont un sens qui est analysable et interprétable et qui donc, de fait, obéit à des règles d’organisation rationnelles. - La constitution du corpus correspond à des critères d’homogénéité, d’exhaustivité et de représentativité. - L’immanence de l’analyse : dans un premier temps, le corpus est décontextualisé : on s’intéresse d’abord aux messages, aux signes et codes utilisés avant de s’intéresser aux conditions d’émission de ces mêmes signes. - La notion de «système» : le corpus forme un système de relations fini, c’est l’ensemble des différences entre les éléments du corpus qui crée le système. La sémiotique prétend étudier ces relations. Enfin, nous considérons, selon la définition proposée par Louis Hjelmslev (à la suite de Ferdinand de Saussure) qu’un signe est la réunion d’un plan de l’expression et d’un plan du contenu. Nous considérons également, grâce à l’apport théorique et méthodologique de Jean-Marie Floch, qu’un système est semi-symbolique lorsque certains systèmes signifiants ne sont pas caractérisés par une conformité totale entre plan de l’expression et du contenu mais lorsqu’il existe des corrélations entre un ensemble du plan de l’expression et un autre du plan du contenu. Nous utilisons donc la démarche «classique» de l’analyse sémiotique, à savoir le parcours génératif. Dans notre introduction nous avions déjà posé quelques questions. Plus spécifiquement, nous aimerions nous intéresser à trois clefs d’entrée qui nous permettent de quadriller l’univers des super héros. b. Méthodologie MODETOUS LES MOIS 3 mars 2011 5 En effet, le choix d’un dossier ayant pour thématique les super-héros est une porte ouverte vers l’infini. Or nous avons délimité, de manière arbitraire certes mais non moins justifiée, notre corpus en vue d’aborder le sujet par trois niveaux complémentaires : 1. Les super-héros et leurs représentations : comment sont-ils habillés, quels sont leurs caractères individualisants, etc. 2. Les couvertures de bandes-dessinées : quels discours ? quelles histoires ? quels thèmes ? 3. Le savoir extra-corpus concernant la mythologie des super-héros : leur naissance, leur vie, leur mort. Quelles structures sous-jacentes ? Dans chacun de ces niveaux, nous appliquerons le parcours génératif, en partant des signes perçus visuellement pour comprendre comment se structurent les valeurs de notre corpus. Par ailleurs, nous avons découvert un autre outil proposé par Jacques Fontanille comme «le parcours génératif du plan de l’expression» (voir ci- dessous). Il nous permet de comprendre où se situe l’analyse. Par rapport aux trois clefs d’entrée proposées précédemment, la représentation des super-héros (1) se situe au niveau du «Signe» et de la «Figure»; les couvertures étudiées (2) se situent au niveau de l’ «Objet» (et donc du Signe, de la Figure et du Texte puisqu’il y a générativité). La mythologie des super-héros (3) se situe davantage du côté de la stratégie, voire de la forme de vie car on peut se poser la question de la place de cette mythologie dans la société. C’est pour cela que ce dernier point nécessite une connaissance extra- corpus pour mener à bien l’analyse. Ne s’agissant pas d’une commande client, notre problématique est assez large et reprend les questions posées dans notre page de couverture, à savoir : Comment analyser les comics ? Quelles valeurs véhiculent-ils ? Quelles visions du monde ? Quelles histoires nous racontent-ils et comment ? En outre, nous avons eu besoin de faire appel à des connaissances dites «encyclopédiques» soit hors corpus et parfois une méthodologie davantage sémiologique que sémiotique (notamment dans l’analyse de certains symboles). c. Problématique SEMIOSUPER-HÉROS - DOSSIER 2011 Jacques Fontanille propose un parcours génératif du plan de l’expression. Ce parcours permet de définir plus précisément la problématique et le «niveau de pertinence». Où se situe-t-on exactement ? Un bon outil pour pouvoir comprendre à quel niveau se situe l’analyse. 6 2. Analyse d. uploads/Management/ comics-les-super-heros-decryptes-par-la-semio.pdf
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- Publié le Oct 30, 2022
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