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Rechercher.. PRAXIS 74 . Travail social et psychanalyse. > Messages mars 2021 > Les constellations transférentielles, un outil pour les équipes... 08 mars 2021 Les constellations transférentielles, un outil pour les équipes... François Tosquelles est à l’origine de ce concept de Constellation transférentielle (CT). Pour l’expliquer, rien de tel qu’une situation clinique tirée de la réalité. En 2017, j’étais depuis quelques mois le superviseur d’un Groupe de vie (ils appelaient ça une famille…et c’est vrai que le groupe, était aussi aliénant qu’une famille !), au sein d’une Maison d’Accueil Spécialisée (MAS). Se retrouvent en MAS des « malades » dont la psychiatrie publique et privée s’est débarrassée ; ce sont les inéducables, les chroniques inguérissables, les incasables, les inclassables de la clinique. Certains évoquent des « lieux-poubelles » où survivent, dans une promiscuité chaotique, des autistes profonds (type Kanner), des schizophrènes catatoniques vieillissants, des trisomiques mélancoliques, et quelques cas atypiques. Une équipe pluridisciplinaire y est au travail, H24…la MAS est un internat, les malades sont appelés euphémiquement résidents. Ils sont huit dans l’équipe, il y a quinze résidents. Un psychologue clinicien (et psychanalyste) fait aussi office de responsable du service. Il y a deux éducateurs spécialisés, quatre A.M.P.[1], une employée de maison (ménage et traitement du linge), une veilleuse de nuit. Une fois par semaine, un kinésithérapeute vient toute la journée pour de l’éveil musculaire. Il y a seize résidents dans ce groupe de vie, et quatre groupes dans la MAS. Les résidents les plus jeunes ont vingt ans, le plus vieux a soixante ans et attend une place en EHPAD qui tarde à se libérer. Certains résidents sont en fauteuil roulant. La session de supervision commence, et c’est une éducatrice qui se propose de prendre la parole ; elle évoque un résident diagnostiqué bipolaire, en crise maniaque depuis trois semaines, qui fait beaucoup parler de lui dans l’établissement. En d’autres termes, il remue le contre transfert institutionnel. Il se nomme Django (sur la carte d’identité, c’est Raymond !), il est gitan, il a cinquante ans et il réside à la MAS depuis deux mois, après de nombreux séjours en EPSM[2] et autres Maisons de santé d’où il s’est fait virer. Grosso- modo, ce n’est pas « un cadeau », mais il est là, il existe, et il faut bien faire avec ça. Il faut dire que chaque jour il est l’objet de plaintes, s’originant à d’autres résidents, ou parfois de professionnels excédés. Django dérange, il n’a pas de Surmoi, il n’a pas rencontré l’éducation, son père est mort pendant son enfance, il n’y a pas eu d’adulte qui ait compté pour lui, il a été élevé par une mère Mes sites préférés Association des superviseurs indépendants européens Institut européen: Psychanalyse et travail social L'@Psychanalyse Patrick Valas, psychanalyste Réseau pratiques sociales Une psychanalyse (le site de Richard Abibon) Archives septembre 2021 août 2021 juin 2021 avril 2021 mars 2021 janvier 2021 octobre 2020 août 2020 juillet 2020 avril 2020 Toutes les archives Albums photos Mon affiliation Pages Contacter l'auteur Envoyer à un ami S'abonner Tweet Se connecter Créer un blog PRAXIS 74 . Travail social et psychanalyse. Les constellations transférentielles, un outil pou... http://www.praxis74.com/archives/2021/03/08/... 1 sur 4 06/10/2021 à 15:10 incestueuse et alcoolique. Par conséquent, il ne connait pas le renoncement pulsionnel, alors, du matin au soir, il s’agite, déambule, réclame, revendique, conteste toutes les règles, il peut être menaçant, obscène (ne s’est-il pas masturbé en public en salle de télévision ?). En outre, il arrive qu’il passe du verbal à des démonstrations physiques destructrices, alors il casse du matériel, enfonce des portes, brise des vitres, vole des cigarettes à ses pairs ; et si quelqu’un d’excédé s’interpose pour le réguler, il peut réagir avec une violence démesurée. Il est par surcroit très fort, et très fier de sa musculature qu’il entretient en faisant des répulsions au sol (des pompes !). Il arrive parfois qu’il s’apaise – ce qui augure la fin de la crise maniaque qui annonce une phase mélancolique – et consente à discuter avec « l’employée de maison » nommée Marie, c’est elle qui nettoie sa chambre et s’occupe de son linge.Ainsi, le transfert demeure envisageable, tout n’est pas si désespérant, mais l’équipe fatigue et se plaint sans cesse. On ne parle plus que de Django, certains attendant avec impatience la crise mélancolique qui aura raison de lui et le laissera prostré sur son lit pendant plusieurs jours. En outre, sa conception de l’hygiène est très approximative, il ne se lave jamais, se contentant de se raser avec un rasoir électrique, et il laisse souvent traîner son dentier sur la table, provoquant rejet et dégoût des autres convives. Alors, les autres résidents l’évitent, autant que faire se peut dans une MAS ! Depuis peu, Django recrache systématiquement son traitement (déjà peu efficace, il est pharmaco-résistant) dans le lavabo, dès que l’infirmier a le dos tourné. Résultat, tout le monde se plaint, et j’ai le sentiment que Django – à son insu- fait analyseur des contradictions de l’institution. Des postures de rejet s’actualisent, de même que des tentations ségrégatives de la part de certains professionnels qui préconisent le recours aux entraves et à l’isolement en chambre dédiée[3]. Avec bonheur – et c’est louable – la majorité de l’équipe ne veut recourir à ces méthodes coercitives que seulement en état d’urgence. Le psychologue (chef de service) tient bon, lui non plus, animé d’une éthique humaniste, ne veut pas recourir à la coercition systématique, mais il redoute les réactions de l’équipe trop mise à mal depuis plusieurs semaines. A l’issue de la narration, phase I de l’Instance clinique[4], chaque-un a pris le temps de s’exprimer quant à ses affects relatifs à Django. Nos échanges langagiers ont pu édulcorer la colère et les ressentiments imaginaires. Alors, il nous restait une heure, et c’est ainsi que j’ai proposé à l’équipe de transformer l’espace de supervision en Constellation transférentielle, demandant de plus que Marie (employée de maison) vienne nous rejoindre. « La constellation, ça nous vient de la Clinique de la Borde. Le principe : plusieurs personnes se réunissent pour parler de quelqu’un en graves difficultés. La constellation aura d’autant plus d’efficacité si elle est hétérogène. Si l’on convoque sept psychologues, ça sera beaucoup moins efficace qu’un cuisinier, une maitresse de maison, une femme de ménage, une aide-soignante, un psychologue, un médecin et un éducateur. Il y aura là beaucoup plus de possibilités et d’ouvertures, de surprise, d’échanges, de manifestations et d’expressions. Le principe : convoquer des personnes différentes, aux statuts, fonctions et rôles différents, mais qui toutes ont ce point commun : un lien transférentiel avec le patient. Cela peut provoquer des changements extraordinaires, la mise au travail d’une chose fondamentale qui est niée par la psychiatrie traditionnelle : la pathoplastie. Le milieu, ça se travaille ».[5] A propos de Django, trois Constellations eurent lieu (et la première avec moi) et regroupant toute l’équipe, du chef de service à l’employée de maison. Les changement furent rapides, certains professionnels en seront « bluffés » : Django découvrait l’usage de la parole, négociait au lieu de crier, il intégrait peu à peu la notion de limite, la vie collective et l’ambiance devinrent beaucoup plus paisibles pour tout le monde, et ce changement s’opéra en trois semaines. Comment l’expliquer ? Il faut partir du constat qu’une personne est à l’entrecroisement d’un grand nombre d’interactions avec d’autres, alors, il fallait réunir pour ce résident l’ensemble de l’équipe, chacun étant impliqué dans l’existence quotidienne de Django, ce résident « remuant ». L’hétérogénéité du groupe de Constellation (la diversité des statuts et des rôles) sera un « plus » qualitatif. En quelques jours, PRAXIS 74 Formation, interventions en an Langue et corps: le traitement de l'alté ACLIS 74 Qu'est ce que l'idéologie? Prendre soin de soi en psychanalyse Le sujet comme accident Pour une éthique de la modestie Résistance!!! Un monde sans fous? Formation en psychopathologie L'analyse de la pratique en institution Les conduites riscogènes De l'individu au sujet A propos d'ACLIS 74 Contactez l'auteur Derniers commentaires Texte fort, émouvant, sincère, Serge ! avec mes sur Retraite et retrait... Derniers messages C'est la rentrée ! Troisième ouvrage à paraitre... 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- Publié le Mar 26, 2022
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