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Contribution de l’expert- comptable à la performance des PME : une réflexion th

Contribution de l’expert- comptable à la performance des PME : une réflexion théorique Résumé : Cet article propose une réflexion théorique sur la contribution de l’expert-comptable à la performance financière des PME. Cette contribution s’opère au travers des leviers d’aide à la gestion interne, de conseil stratégique et d’accès au financement externe. Les études empiriques existantes ne permettent pas toutes de trancher sur le sujet et démontrent un effet plutôt indirect sur la performance notamment grâce à l’amélioration du processus de décision. Nous avons tenté de creuser plus en détail ces travaux pour démontrer théoriquement ce lien entre la PME et son expert-comptable et proposer quelques perspectives de recherches qui permettraient in fine d’optimiser cette relation. Mots clés : Expert-comptable ; performance ; PME ; conseil stratégique ; gestion interne ; financement. Association Internationale de Recherche en Entrepreneuriat et PME 12ème Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME 29, 30 et 31 Octobre 2014, Agadir Amandine DELAUNAY EM Normandie, France Nazik FADIL EM Normandie, France 12eme Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME 2 12e. CIFEPME – 29, 30 et 31 octobre 2014, Agadir Contribution de l’expert-comptable à la performance des PME : une réflexion théorique Introduction Les PME constituent plus de 90% du tissu économique et créent plus de 50% d’emploi. Leur contribution en termes de richesse et de dynamisme économique devient un constat irréfutable au niveau mondial (OCDE, 2009 ; Ulubasoglu et al., 2010 ; Kamyabi et Devi, 2012). Face à ce rôle crucial des PME dans la prospérité des nations, Dunn et Liang (2011) réalise le constat alarmant concernant le taux d’échec que connaissent de nombreuses PME, notamment dans ce contexte de crise. L’une des principales causes citées est la défaillance au niveau de la gestion financière : manque de planification financière (Perry, 2001), problèmes de financement et de gestion du BFR (Gaskill et al., 1993 ; Sunday, 2011 ; Baños-Caballero et al., 2012), problèmes de flux de trésorerie (Baron et Shane, 2005) et de ressources financières (Cassar, 2002 ; Mason, 2008 ; Abdulsaleh et Worthington, 2013). Ainsi, le développement des compétences managériales notamment en gestion financière semble nécessaire et passe principalement par la formation et par le conseil. L’expert-comptable joue un rôle important en termes de conseil et d’assistance en gestion (Mole, 2002). Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’accompagner certains changements complexes (Gooderham et al., 2004). Ainsi quelques recherches ont mis en exergue ce rôle de conseil et d’accompagnement et ont analysé son incidence en termes de performance (Benett et Robson, 1999 ; Dyer et Ross, 2008 ; Kamyabi et Devi, 2012). D’autres études se sont intéressées indirectement au sujet, au travers du lien entre les états financiers ou le système d’information comptable et la performance (McMahon et Davies, 1994 ; Orser et al., 2000 ; Lavigne et St-Pierre, 2002 et 2007 ; Affès et Chabchoub, 2007). Il ressort globalement, deux constats principaux (Lavigne et St-Pierre, 2007) : premièrement, les créanciers, notamment les banquiers, sont les principaux utilisateurs des états financiers. L’objectif étant de réduire l’asymétrie informationnelle et d’évaluer le risque associé à un accord de prêt. Deuxièmement, les états financiers constituent des outils informationnels d’aide à la décision et à la gestion interne qui permettent de bonifier le processus de prise de décision et donc d’améliorer indirectement la performance (Lavigne et St-Pierre, 2007). C’est autour de ces deux éléments que nous avons construit notre réflexion théorique qui a pour objectif de comprendre la contribution de l’expert-comptable à la performance des PME. Cette contribution s’appréhende au travers de deux dimensions : le conseil en termes de gestion interne et en termes d’accès au financement. Nous avons articulé notre recherche théorique autour de ces deux dimensions. Au préalable, nous avons tenté de brosser brièvement la littérature existante en présentant les principales études empiriques y afférentes. Nous constaterons l’absence d’évidences claires sur le sujet et notamment le manque de travaux qui portent directement sur la relation individualisée avec l’expert-comptable et son rôle de conseiller et d’accompagnateur dans le processus de décision vers une amélioration de la performance. C’est à ce manque de littérature que cette réflexion tente de combler. L’objectif étant de fournir quelques éléments de base nécessaires à la construction d’un modèle explicatif des mécanismes à travers lesquels l’expert-comptable pourrait contribuer à 12eme Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME 3 12e. CIFEPME – 29, 30 et 31 octobre 2014, Agadir la création de valeur au sein des PME mais surtout sensibiliser les chercheurs à l’importance des études qualitatives, menées en profondeur, pour mieux appréhender la relation directe avec l’expert-comptable et pouvoir l’optimiser. De nombreux dirigeants, rappelons-le, ignorent ou sous-estiment l’étendu de l’activité de l’expert-comptable (Marchesnay et Fourcade, 1997; Doran, 2006 ; Robinson et Stubberud, 2009). Outre cet intérêt d’optimisation de la relation avec l’expert-comptable pour améliorer la performance de la PME, nous pourrions également citer l’intérêt en termes d’évolution de la fonction de l’expert-comptable vers plus de conseil que de technique. 1. Contribution de l’expert-comptable à la performance : une revue de littérature Lavigne et St-Pierre (2007) constatent un manque de travaux portant sur la relation entre le système d’information comptable (SIC) et la performance financière des PME. Depuis leur recherche en 2002, où les résultats étaient mitigés malgré l’articulation des caractéristiques des SIC avec les facteurs de contingence, très peu de travaux ont abordé directement le sujet. Les auteurs insistent sur l’effet indirect, « par le biais d’une bonification du processus de prise de décisions de gestion en général, grâce à la production d’une information congruente avec les besoins des PME et de leurs dirigeants » (Lavigne et St-Pierre, 2007, p.1288). Dans leur étude de l’association entre la complexité du SIC et la performance financière des PME, Affès et Chabchoub (2007) démontrent que l’utilisation importante des informations comptables dans la prise de décision contribue à la création de valeur des PME Tunisiennes. Parmi les travaux précurseurs sur le sujet, nous pouvons citer la recherche menée par Thomas et Evanson (1987) sur les PME américaines du secteur pharmaceutique, les auteurs n’obtiennent pas de relation significative entre les pratiques du reporting financier et la rentabilité ou la survie des PME. Ils expliquent cela par un défaut de compétence dans l’interprétation des indicateurs et des ratios financiers. Des résultats assez proches ont été obtenus par McMahon et Davies (1994). Sur la base des travaux qui soulignent l’importance de développement des compétences nécessaires pour la lecture et l’interprétation des états financiers (Rausch, 1982 ; Walker et Petty, 1986, Barrow, 1988), notamment pour les PME en croissance dont les contraintes financières imposent le recours à l’autofinancement et l’endettement (Hutchinson et Ray, 1986), les auteurs ont réalisé une étude exploratoire qui tente de déceler les éventuels liens entre la production et l’analyse de l’information financière et la croissance et la performance des PME. Les résultats sont mitigés et tendent à démontrer une faible association positive. Les dirigeants des PME vont d’abord se concentrer sur la croissance et la performance de leur entreprise avant d’adopter les pratiques d’analyse financière (McMahon et Davies, 1994, p.15). En 2001, McMahon démontre que le reporting financier est une compétence managériale parmi d’autres qui est susceptible d’influencer la performance, dans une approche holistique qui prend en compte les facteurs internes et externes. Il s’appuie entre autres sur la méta- analyse réalisée par Capon et al. (1990) au sujet des facteurs environnementaux, stratégiques et organisationnels qui déterminent la performance financière et selon laquelle le reporting financier ne fait pas partie des éléments les plus explicatifs de la performance. Dans la même lignée, Orser et al. (2000) étudient le lien entre les capacités managériales et la croissance des PME. Les auteurs constatent que la sévérité des problèmes managériaux dépend des attributs de la firme. Plus particulièrement, le manque de ressources et d’expertise financières entravent la croissance des PME. D’où le rôle de l’expert-comptable. 12eme Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME 4 12e. CIFEPME – 29, 30 et 31 octobre 2014, Agadir Une étude réalisée sur 658 PME Iraniennes, démontre un effet positif et significatif de l’utilisation du conseil de l’expert-comptable sur la performance (Kamyabi et Devi, 2012). Les auteurs précisent que leurs résultats concordent avec d’autres études réalisées dans les pays émergents (Devi et Samujh, 2010) du fait de l’absence d’autres formes de conseil au profit des PME. Dans les pays développés, Kamyabi et Devi (2012) constatent que les expert- comptable demeurent aussi les principaux conseillers des PME en Angleterre (Scott et Irwin, 2009, Berry et al., 2006, Kirby et al., 1998), en Australie (Leung et al., 2008, Carey et al., 2005), à la Nouvelle Zélande (Lewis et al., 2005) et en Norvège (Gooderham et al., 2004)1. Kamyabi et Devi (2012) reposent leur démonstration sur la théorie basée sur les ressources qui considère l’expert-comptable comme une ressource (un actif intellectuel) offrant à chaque PME des connaissances et des compétences propres qui viennent combler le manque des ressources internes (Doving et Gooderham, 2008). Elles sont de ce fait, difficilement transférables (Hafeez et al., 2007) et surtout créatrices de valeur (Marshall et al., 2007 et McIvor, 2009). Ainsi, uploads/Management/ delaunay-fadil.pdf