VILAYANUR RAMACHANDRAN LE CERVEAU FAIT DE L’ESPRIT ENQUÊTE SUR LES NEURONES MIR

VILAYANUR RAMACHANDRAN LE CERVEAU FAIT DE L’ESPRIT ENQUÊTE SUR LES NEURONES MIROIRS 391 © Dunod - La photocopie non autorisée est un délit. TABLE DES MATIÈRES Avant-propos III Intro duc tion 1 1 Membres fan tômes et cer veaux plas tiques 25 2 Voir et savoir 45 3 Cou leurs musi cales et numé riques : la synes thé sie 87 4 Ces neu rones qui ont modelé la civi li sa tion 135 5 Où est Steven ? L’énigme de l’autisme 157 6 Le pou voir du babillage : évo lu tion du lan gage 177 7 Beauté et cer veau : émer gence de l’esthé tique 221 Loi du grou pe ment 232 Loi de l’exa gé ra tion 237 8 L’art au cœur du cer veau : les lois uni ver selles 251 Contraste 252 Iso la tion 254 Coucou- le-voilà ou la réso lu tion du pro blème perceptuel 262 Le cer veau fait de l’esprit 392 L’hor reur des coïn ci dences 267 Ordre 269 Symé trie 271 Méta phore 273 9 Le grand singe et son âme : l’intros pec tion 283 Incar na tion 294 Inti mité 300 Unité 306 Imbri ca tion sociale 316 Conscience de soi 320 Conti nuité 326 Libre- arbitre 329 Épilogue 332 Glos saire 337 Notes 348 Biblio gra phie 368 Index 383 Le cer veau fait de l’esprit 68 la mémoire asso cia tive du visage. Comprendre comment les neu rones encodent le sens et véhi culent les asso cia tions séman tiques d’un objet est le Saint Graal des neu ros ciences, que vous étu diiez la mémoire, la per - cep tion, l’art ou la conscience. Encore une fois, nous ne savons pas vrai ment pour quoi nous, les pri - mates supé rieurs, pos sé dons autant d’aires visuelles dis tinctes, mais il semble que cha cune d’elle soit dédiée à un aspect spé ci fi que de la vision, tel que la vision des cou leurs, des mou ve ments, des contours, la reconnais- sance des visages et ainsi de suite. Les stra té gies com pu ta tionnelles de cha cune d’elles doivent être suf fi sam ment dif fé rentes pour que l’évo lu - tion ait déve loppé le câblage neu ro nal sépa ré ment. Un bon exemple de ce prin cipe est l’aire tem po rale moyenne (MT), un petit amas de tis sus céré braux situé dans chaque hémi sphère, qui paraît essen tiel le ment dévolu à la vision des mou ve ments. À la fi n des années 1970, une femme de Zürich, que j’appel le rais Ingrid, a été vic - time d’un AVC qui a endom magé les MT des deux hémi sphères, sans affec ter le reste de son cer veau. Elle pou vait lire les jour naux, reconnaître les objets et les gens. Mais elle avait de grandes dif fi cultés à voir les mou - ve ments. Quand elle regar dait une voi ture en mou ve ment, elle lui appa - rais sait comme une longue suc ces sion d’ins tanta nés sta tiques, comme sous l’effet d’un stro bo scope. Elle pou vait lire les numé ros des plaques et dis tin guer les cou leurs, mais la voi ture ne lui don nait aucune impres sion de dépla ce ment. Elle était ter ri fi ée à l’idée de tra ver ser la rue parce qu’elle ne savait pas à quelle vitesse arri vaient les véhi cules. Quand elle ver sait de l’eau dans un verre, la cou lée d’eau appa rais sait comme une tige gelée. Elle ne savait pas quand s’arrê ter parce qu’elle ne voyait pas le niveau de l’eau mon ter, de sorte que sou vent le liquide débor dait. Même par ler aux gens reve nait pour elle à leur par ler « au télé phone », disait- elle, parce qu’elle ne voyait pas les lèvres bou ger. La vie devint très étrange pour cette femme. Ainsi, les aires tem po rales moyennes sem blaient impli - quées dans la vision des mou ve ments, mais pas dans les autres types de vision. Quatre argu ments sou tiennent cette théo rie. mmmmmmmmmm Voir et savoir 69 © Dunod - La photocopie non autorisée est un délit. Pre mière ment, vous pou vez enre gis trer les réac tions de cel lules ner - veuses iso lées dans les aires tem po rales moyennes d’un singe. Les cel lules signalent la direc tion des objets en mou ve ment, mais ne semblent pas s’inté res ser à la cou leur ou aux formes. Deuxiè me ment, vous pou vez uti- li ser des micro-élec trodes pour sti mu ler de minus cules grou pe ments de cel lules dans les aires tem po rales moyennes d’un singe. Les cel lules s’excitent et les singes commencent à avoir des hal lu ci na tions quand le cou rant passe. Nous le savons parce que les singes se mettent à bou ger les yeux dans tous les sens pour suivre les mou ve ments ima gi naires d’objets dans leur champ de vision. Troi siè me ment, chez des humains, on peut obser ver l’acti vité des MT grâce à des images du cer veau fonc tion nel telles que des IRMf ( IRM fonc tion nelle). Dans les IRMf, les champs magné tiques du cer veau pro duits par les chan ge ments des fl ux san guins sont mesu rés pen dant que le sujet fait ou regarde quelque chose. Dans ce cas, les aires tem po rales moyennes s’illu minent au moment où le sujet regarde des objets en mou ve ment, mais ne réagissent pas à des images sta tiques, des cou leurs, des mots. Qua triè me ment, on peut uti li ser un appa reil appelé « sti mu la teur transcrânien magné tique » pour inhi ber briè ve ment les neu rones des MT de volon taires – créant ainsi une lésion tem po rale tem po raire. Les sujets sont alors tem po rai re ment aveugles au mou ve ment, comme Ingrid, tan dis que le reste de leurs capa ci tés visuelles demeurent, en appa rence, intactes. Toutes ces don nées semblent lar ge - ment suf fi santes pour prou ver que l’aire tem po rale moyenne est la zone du mou ve ment du cer veau, mais en sciences, il n’est pas inutile d’avoir plu sieurs lignes de conver gences pour prou ver une seule et même hypo thèse. De la même façon, une aire appe lée V4 dans le lobe tem po ral semble spé cia li sée dans le trai te ment de la cou leur. Lorsque cette zone est endom ma gée des deux côtés du cer veau, le monde tout entier est privé de cou leurs et res semble à une image mobile en noir et blanc. Mais les autres fonc tions visuelles du patient semblent par fai te ment nor males : il peut tou jours per ce voir le mou ve ment, reconnaître les visages, lire et ainsi de suite. Comme avec les aires tem po rales moyennes, on peut tra - cer des lignes de conver gence au tra vers de l’étude de neu rones iso lés, de Le cer veau fait de l’esprit 70 l’ima ge rie fonc tion nelle et de la sti mu lation élec trique directe, pour prou ver que l’aire V4 est le « centre céré bral de la cou leur ». Mal heu reu se ment, contrai re ment au MT et au V4, la plu part des trente autres aires visuelles du cer veau du pri mate n’ont pas de fonc - tions aussi défi nies quand elles sont endom ma gées, scannées ou inhi - bées. Peut- être parce qu’elles ne sont pas vrai ment spé cia li sées ou que leurs fonc tions sont plus faci le ment compen sées par d’autres régions (comme l’eau contourne les obs tacles), ou encore que notre défi ni tion de la spé ci fi cité d’une fonc tion est fl oue. Quoi qu’il en soit, sous cette complexité ana to mique déroutante existe un schéma orga ni sa tion nel simple très utile pour l’étude de la vision. Ce schéma consiste en une divi sion du fl ux de l’infor ma tion visuelle en deux voies (presque) dis - tinctes et paral lèles (Figure 2.10). Exa mi nons d’abord les deux voies par les quelles l’infor ma tion visuelle pénètre dans le cor tex. Ladite voie « ancienne » part de la rétine, est relayée par une ancienne struc ture du cer veau moyen appelé colli culus supé rieur, puis se pro jette – via le pulvinar – sur les lobes parié taux (voir Figure 2.10). Cette voie est impli quée dans les aspects spa tiaux de la vision uploads/Management/ feuilletage 3 .pdf

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  • Publié le Mai 26, 2021
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