Production et compr´ ehension de l’implicite dans le discours. Une analyse de l
Production et compr´ ehension de l’implicite dans le discours. Une analyse de la communication intentionnelle Nicolas Galy To cite this version: Nicolas Galy. Production et compr´ ehension de l’implicite dans le discours. Une analyse de la communication intentionnelle . Philosophie. 2015. <dumas-01266805> HAL Id: dumas-01266805 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01266805 Submitted on 3 Feb 2016 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destin´ ee au d´ epˆ ot et ` a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi´ es ou non, ´ emanant des ´ etablissements d’enseignement et de recherche fran¸ cais ou ´ etrangers, des laboratoires publics ou priv´ es. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives 4.0 International License Nicolas GALY Production et compréhension de l’implicite dans le discours Une analyse de la communication intentionnelle Mémoire de Master 1 « Sciences humaines et sociales » Mention : Philosophie Parcours : Histoire de la philosophie et philosophie du langage sous la direction de M. Denis PERRIN Année universitaire 2014-2015 Nicolas GALY Production et compréhension de l’implicite dans le discours Une analyse de la communication intentionnelle Mémoire de Master 1 « Sciences humaines et sociales » Mention : Philosophie Parcours : Histoire de la philosophie et philosophie du langage sous la direction de M. Denis PERRIN Année universitaire 2014-2015 Remerciements Je remercie Denis Perrin de m’avoir soutenu, par ses conseils et ses relectures attentives, depuis le choix de mon sujet jusqu’à la soutenance. Mes remerciements vont aussi à Denis Vernant, pour m’avoir inspiré par ses cours le choix de mon sujet et pour avoir accepté d’être membre du jury. Merci également à Fiona, pour tout, à mes parents pour leur soutien et à Amjad, Cyrielle et Fabien pour leur amitié et leur aide. Sommaire Remerciements ________________________________________________________ 2 Introduction ___________________________________________________________ 6 Chapitre 1 : La théorie gricéenne de la communication _______________________ 12 Section 1 : la communication intentionnelle _______________________________ 13 Section 2 : Implicatures et Principe de Coopération _________________________ 17 Section 3 : Les actes de langage indirects (Searle) ___________________________ 21 Chapitre 2 : La Pertinence _______________________________________________ 24 Section 1 : La communication intentionnelle chez Sperber et Wilson ___________ 25 Section 2 : Les inférences spontanées ____________________________________ 31 Section 3 : La théorie de la pertinence ____________________________________ 38 Conclusion ___________________________________________________________ 46 Bibliographie _________________________________________________________ 48 4 Le problème général de l’implicite […] est de savoir comment on peut dire quelque chose sans accepter pour autant la responsabilité de l’avoir dite, ce qui revient à bénéficier à la fois de l’efficacité de la parole et de l’innocence du silence. Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire 6 Introduction Quelle est la fonction fondamentale de la langue ? Nous sommes passés au cours du XXe siècle, nous dit Ducrot1, d’une conception selon laquelle la langue sert à représenter la pensée à l’idée qu’elle sert à communiquer. Ce changement peut être attribué, selon lui, aux bouleversements qu’a subis la linguistique, et notamment à la révolution opérée par Saussure, qui en plus de délimiter précisément l’objet d’étude de la linguistique2 a contribué à permettre de l’aborder dans toute sa complexité (psychologique, sociale, etc.). Nous pouvons ajouter à cela les attaques d’Austin contre « l’illusion descriptive »3, c’est-à-dire l’idée que « le rôle d’une affirmation ne pouvait être que de “décrire” un état de choses »4, idée que l’on retrouve de façon particulièrement explicite dans la préface de Russell au Tractatus logico-philosophicus : « l’affaire essentielle du langage est d’affirmer ou de nier des faits »5. Sur la base des travaux d’Austin et du Wittgenstein des Recherches philosophiques, la pragmatique, définie comme « l’étude des actes de communication »6 s’est développée comme partie essentielle de la linguistique et de la philosophie du langage. La théorie des actes de discours, notamment, a contribué à dresser un tableau des usages du langage qui ne donne plus la priorité à l’affirmation et à la négation, mais les place dans des typologies où elles côtoient ordres, questions, promesses, etc.7 Nous inscrivant dans les lignées de ces travaux, nous nous proposons donc d’étudier la communication verbale. Or, cette dernière se compose de plusieurs dimensions différentes. En premier lieu, il n’aura échappé à personne que les langues naturelles peuvent être conçues comme des codes permettant de combiner des signes selon des règles, c’est-à-dire ayant sémantique et syntaxe. Autrement dit, produire et comprendre des énoncés verbaux se ramène en partie à des opérations de codage et de décodage : il faut 1 O. DUCROT, Dire et ne pas dire. Principes de sémantique linguistique (1972), Paris, Hermann, 1991 (3e édition), p. 1. 2 La langue, définie comme « système de signes exprimant des idées » et distinguée de la fois du langage et de la parole dans F. de SAUSSURE, Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1972, p. 33. 3 J. L. AUSTIN, Quand dire, c’est faire (1962), trad. fr. G. Lane, postface de F. Récanati, Paris, Seuil, 1991 (1970), p. 39. 4 Ibid., p. 37. 5 L. WITTGENSTEIN, Tractatus logico-philosophicus (1922), trad. fr. et préambule de G.-G.Granger, Paris, Gallimard, 1993, p. 14. Cette assomption de Russell est encore plus forte que ce qu’Austin désigne quand il parle d’illusion descriptive, puisqu’elle porte sur le langage tout entier et non les seules affirmations. 6 D. VERNANT, Introduction à la philosophie contemporaine du langage, Paris, A. Colin, 2011, p. 93. 7 Voir par exemple Searle qui distingue cinq types d’actes de langage : assertifs, promissifs, directifs, déclaratifs et expressifs. J. R SEARLE, Sens et expression : études de théorie des actes du langage (1979), trad. fr. J. Proust, Paris, Minuit, 1982, chap. 1 : « Taxinomie des actes illocutoires », p. 39-70. 7 savoir passer du mot aux choses et réciproquement pour faire usage du langage. Par ailleurs, les travaux de Grice ont mis en avant une autre dimension, tout aussi essentielle, de la communication : la reconnaissance de l’intention du locuteur8, condition nécessaire et suffisante, selon lui, de la réussite de la communication. En effet, si nous arrivons à saisir l’intention de nous communiquer quelque chose, cette intention est ipso facto réalisée. Or, le contenu de ce qui est ainsi communiqué n’a pas nécessairement à être codé dans l’énoncé du locuteur. De nombreux exemples montrent le contraire et ont fait l’objet de diverses analyses théoriques, dont celle, fondatrice, de Grice, sur ce qu’il appelle les implicatures9, et la description par Searle des actes de langage indirects10. Ces analyses mettent l’accent sur la dimension inférentielle de la communication, certaines choses étant non pas immédiatement comprises, mais obtenues lors d’un processus inférentiel prenant l’énoncé en question comme l’une de ses prémisses. Ainsi, il est clair que le vouloir-dire du locuteur peut véhiculer beaucoup plus que ce qui est contenu, au sens le plus strict, dans son énoncé (ou tout autre chose, voire le contraire, comme dans le cas de l’ironie), ce que l’on peut décrire à l’aide de la distinction entre l’explicite et l’implicite. Nous nous proposons dans ce travail de recherche d’étudier l’implicite dans le discours. Ce terme pouvant recouvrir une variété très large et diverse de phénomènes, il nous faut commencer par une définition provisoire qui nous permettra de distinguer plusieurs sortes d’implicites et ainsi de préciser notre objet d’étude. Nous pouvons construire une définition négative de l’implicite en partant de cette citation de Ducrot, qui s’applique à l’explicite : « par définition en effet, une information encodée, c’est, pour celui qui sait déchiffrer le code, une information manifeste, une information qui se donne comme telle, qui s’avoue, qui s’étale »11. Ainsi, l’implicite correspondrait à tout ce qui, tout en étant effectivement communiqué par un énoncé, n’y est pas codé, et donc qui, pour reprendre les termes de Ducrot, ne se donne pas comme tel. Or, ce qui est désigné par une telle définition recouvre un ensemble hétérogène de phénomènes, parmi lesquels figurent non seulement présupposés et sous-entendus, implicatures et actes de langage indirects, mais aussi tout ce qui résulte de processus comme l’enrichissement ou le transfert 8 P. GRICE, Studies in the way of words, Cambridge (Mass.) ; Londres, Harvard university press, 1989, chap. 14 : « Meaning », p. 213-223. 9 P. GRICE, Studies in the way of words, op. cit., chap. 2 : « Logic and Conversation », p. 22-40. 10 J. R. SEARLE, , Sens et expression : études de théorie des actes du langage, op. cit., chap. 2 : « Les actes de langage indirects », p. 71-100. 11 O. DUCROT, Dire et ne pas dire. Principes de sémantique linguistique, op.cit., p. 5. 8 sémantique, décrits notamment par Perry12 et qui, comme le montre Récanati13, sont de natures complètement différentes de ceux impliqués dans les phénomènes précédents. Pour le dire autrement, les processus du second type contribuent à former « ce qui est dit » tandis que les premiers mènent à la constitution de « ce qui est uploads/Management/ galy-nicolas-production-et-comprehension.pdf
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- Publié le Mai 19, 2021
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