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HAL Id: halshs-03201737 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-03201737 Submitted on 19 Apr 2021 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Dynamiques numériques, gestion de la main-d’œuvre et transformations du travail dans les entrepôts et plateformes de la logistique Mathieu Hocquelet To cite this version: Mathieu Hocquelet. Dynamiques numériques, gestion de la main-d’œuvre et transformations du travail dans les entrepôts et plateformes de la logistique. [Rapport de recherche] Etudes n°34, Céreq. 2021, 29p. halshs-03201737 Dynamiques numériques, gestion de la main- d’œuvre et transformations du travail dans les entrepôts et plateformes de la logistique 34 2021 ÉTUDES CÉREQ Mathieu HOCQUELET Céreq Études n° 34 – Dynamiques numériques, gestion de la main-d’œuvre et transformations du travail dans les entrepôts et plateformes de la logistique 1 Synthèse Ce Céreq Études1 est le fruit d’une recherche réalisée en Île-de-France, Rhône-Alpes et Paca, sur trois territoires logistiques dynamiques autour des modalités de diffusion et d’appropriation sectorielle de la transition numérique annoncée, ainsi que sur les effets concrets qu’esquissent ces transformations numériques sur les organisations, le travail et l’emploi dans les entrepôts. Entre plans de numérisation et stratégies d’entreprises du secteur, cette recherche constitue une première ébauche appréhendant les différents registres des mutations en cours du travail obéissant à trois temporalités : à court terme les effets du numérique sur l’activité de travail, à moyen terme les transformations du système productif et du profil des travailleurs, et enfin, à plus long terme les recompositions du travail. Interface de l’industrie et des services, la logistique s’appuie sur une main-d’œuvre largement ouvrière. Le secteur fait aujourd’hui face à une poussée technologique avec pour corollaire une recomposition de ses chaînes de valeur liée au développement de canaux de distribution numériques. Si le potentiel disruptif pour le travail et l’emploi à moyen terme est fort, les problématiques actuelles en matière de gestion des compétences au sein des entrepôts et plateformes logistiques (EPL) n’ont pour l’instant que peu à voir avec ces transformations. Corollaire de la numérisation, l’automatisation des opérations logistiques reste encore exceptionnelle. Au-delà du seul coût des équipements, constituant un réel obstacle pour les PME, l’équipement technologique des entrepôts est souvent associé à l’automatisation de la production à des fins de réduction des coûts en main-d’œuvre. D’autres facteurs contribuent néanmoins à influencer les décisions des entreprises en matière d’application de nouvelles technologies au sein des entrepôts. Ainsi, le e-commerce et plus largement le commerce (représentant 48 % des surfaces totales des EPL), qui se caractérisent par l’exploitation de plusieurs grands entrepôts où la durée de stockage est plus faible et les salariés plus nombreux, sont les principaux conducteurs d’expérimentations. Créateur d’emplois sur les cinq dernières années, le secteur Transport et Logistique souffre d’après la branche d’une pénurie de candidats et d’un déficit de formations. La logistique en particulier, qui compte plus de 800 000 salariés dont près de 700 000 ouvriers n’échappe pas à ces problématiques. Les difficultés de recrutement dans les EPL, exprimées par les employeurs et agences d’intérim, tiennent essentiellement à un problème d’attractivité des métiers lorsque l’entrepôt est situé dans des zones d’emploi dynamiques, et de stabilité des parcours dans un secteur de main-d’œuvre à forte précarité d’emploi. Pouvoirs publics, employeurs et agences d’intérim tentent aujourd’hui d’anticiper les transformations du secteur tout en essayant de répondre aux difficultés que connait la branche en matière de gestion des emplois et des compétences depuis plusieurs années. Les principales expérimentations ont lieu dans des communes « spécialisées » où ces professions représentent plus de 20% des emplois. Prenant la forme de GPEC territoriales, elles visent la stabilisation et la formation de la main-d’œuvre. Les mutations numériques dans la logistique identifiées dans ce cadre se situent au croisement de la dématérialisation, de la mise en réseau des activités dans l’entrepôt et au-delà, de l’accélération du rythme de la production par la mécanisation et la robotisation, ainsi que de l’amélioration de sa qualité et de sa fluidification. Face aux incertitudes liées à la poussée numérique en cours, le repérage d’activités communes aux manutentionnaires, préparateurs de commandes, magasiniers caristes, gestionnaires de stock et contrôleurs inventoristes, ouvre la perspective d’une polyvalence accrue au sein des entrepôts comme d’une sécurisation des parcours (parcours de certification modulaire, plateformes de mobilité professionnelle). Ainsi, si la compétence première attendue des logisticiens est l’adaptation à un environnement numérique et dématérialisé, le caractère polysémique de l’usage de la notion de savoir-être dans les échanges entre employeurs et pouvoirs publics à propos des difficultés de recrutement (désignant : ponctualité, retard, absences injustifiées, non-respect des consignes de sécurité mais aussi les difficultés en français et mathématiques des ouvriers) dissimule en partie les difficultés liées à l’accès aux EPL, souvent en périphérie des villes, peu et mal desservis par les transports en commun aux horaires d’arrivée et de départ du lieu de travail, rendant souvent indispensable la possession d’un permis de conduire et d’une voiture. 1 Les visites et les entretiens ont été réalisés avec Emmanuel Sulzer et Michaël Segon, chargés d’études au Céreq. Céreq Études n° 34 – Dynamiques numériques, gestion de la main-d’œuvre et transformations du travail dans les entrepôts et plateformes de la logistique 2 1. De l'influence du numérique sur les compétences dans les entrepôts de la logistique Dans ses orientations de moyen terme 2019-2022 le Céreq fait état d’un intérêt renouvelé pour la relation entre transformations des métiers et les besoins en compétences des entreprises. Les travaux du Céreq ont notamment mis en évidence le rôle déterminant des dynamiques de travail et des espaces organisationnels. Les entreprises sont des terrains privilégiés d’observation des transformations du travail et de l’accès aux différents modes d’acquisition des compétences. Pour éclairer les politiques publiques qui visent à répondre aux besoins en compétences de demain, il importe en outre de comprendre comment les mutations en cours jouent sur ces dynamiques du travail. Au-delà d’un discours homogénéisant autour des compétences, l’effectivité des politiques de formation passe par la prise en compte de la diversité des situations productives et des territoires. Une attention particulière doit être accordée à la façon dont le travail et les métiers évoluent sous l’impulsion des transformations sociétales contemporaine: principalement le vieillissement de la population, l’élévation du niveau de qualification de la population active sous l’effet du renouvellement des générations et de l’arrivée massive de diplômés du supérieur, les transitions numérique et écologique; mais aussi les transformations de l’organisation du travail, des modes de gestion de la main- d’œuvre, des contextes organisationnels, et ce au plus près de leur déclinaison concrète. Il s’agit donc d’interroger la façon dont les organisations du travail font face à ces mutations. Il importe également de regarder du côté des salariés, de la construction de leur professionnalité, des évolutions réelles des compétences, des risques de déprofessionnalisation des accompagnements qui existent ou devraient exister, du rôle de la formation, et plus largement de toutes les formes d'apprentissage. 1.1. Pourquoi s’intéresser à la transition numérique ? La numérisation n’est pas nouvelle. Elle n’induit pas nécessairement la dématérialisation, elle ne change pas les organisations à elle toute seule, de manière homogène et univoque. Au niveau des individus, le numérique interroge la maîtrise des outils numériques, c’est-à-dire « l’autonomie numérique » comme déterminant de « l’employabilité » des individus. Cette maîtrise, qui devient un savoir de base renvoie alors le numérique aux parcours des individus. Le développement du numérique se manifeste par ailleurs à travers l’apparition de nouvelles chaînes de valeur à partir desquelles se développent les plateformes d’intermédiation en ligne. Ces dernières sont amenées à se développer fortement dans les années à venir, faisant naître des questions liées à l’emploi, au travail et à la formation autour des transformations induites par l’économie de plateforme (Abdelnour & Bernard, 2018). Le Céreq cherche à mieux appréhender la réalité de ces plateformes en observant, par exemple, les compétences et les parcours des individus qu’elles emploient et l’organisation du travail dans ce type d’entreprises. Le croisement entre numérique et compétences incite également à observer si la transformation technologique s'accompagne réellement, ou systématiquement et uniformément, d’une élévation des compétences. Il vient nourrir à ce titre les débats actuels autour de l’existence d’une de polarisation du marché du travail et de l'emploi (Resheff & Toubal, 2019 ; Ducoudré & Simonnet, 2019 ; France Stratégie, 2020), mais aussi territoriale (Askenazy, Behaghel, Laouenan & Meurs, 2019), avec d'un côté des individus très qualifiés à qui le numérique offre des opportunités d’enrichissement de leurs compétences et d’accès facilité à des informations et à des savoirs, et d'un autre côté des individus peu ou pas diplômés condamnés à un appauvrissement des tâches. L’appréhension de la transition numérique suppose alors de s’intéresser aux reconfigurations productives liées aux transformations des chaînes de uploads/Management/ hocquelet-cetudes34-2021.pdf
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- Publié le Jan 07, 2023
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