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ﺔ ﻠ ﳎ ﺣﺚ ﺎ ﺒ ﻟ ﺍ - ﺩ ﺪ ﻋ 11 / 2012 __________________________________________________________________________________________________________________________________ - 1 - Le Contrôle de gestion, en tant que mécanisme de gouvernance des entreprises, et la rentabilité : cas des sociétés marocaines Azzouz Elhamma∗ Professeur agrégé en économie & gestion, Maroc Fatma Ben Slama∗∗ Université de la Manouba, Tunisie Résumé : La crise financière qui secoue le monde actuellement et les défaillances successives des entreprises conduisent à remettre en cause le rôle de l’audit externe dans la bonne gouvernance, et à présenter le contrôle interne, notamment le contrôle de gestion comme mécanisme alternatif pouvant résoudre les problèmes d’agence. L’article met en évidence, à partir d’une étude empirique réalisée auprès de 62 entreprises installées au Maroc, le rôle du contrôle de gestion dans la gouvernance des entreprises. Nos résultats montrent que les entreprises marocaines adoptent un suivi budgétaire qui peut être qualifié comme « développé », par contre la rémunération des dirigeants n’est pas totalement indexée à l’atteinte des objectifs budgétaires et ne peut donc pas être considérée comme un mécanisme de gouvernance qui joue pleinement son rôle. On a pu également montrer qu’un suivi des écarts budgétaires développé et détaillé et un système de rémunération basé sur l’atteinte des objectifs budgétaires sont susceptibles d’améliorer significativement la rentabilité des entreprises, le principal souci des actionnaires. Mots clés : Gouvernance d’entreprise, Contrôle de gestion, Suivi budgétaire, Evaluation budgétaire des dirigeants, Rentabilité. Introduction : La dernière décennie a été marquée par une série de désastres financiers qui ont débuté avec Enron en 2001 et la disparition du cabinet d’audit Arthur Andersen qui lui a été consécutive en 2002, et qui se sont poursuivis et accentués en 2008 avec la faillite de banques de renommée comme Lehman Brothers, l’affaire Madoff et l’affaire du courtier de la Société générale qui a occasionné une perte nette de 5 milliards d’euros à cette banque. Ce sont des exemples non exhaustifs qui ont témoigné de la possible non efficience des systèmes de gouvernance en place, premiers responsables du contrôle externe et interne de la gestion de l’entreprise. Depuis ces événements, plusieurs efforts ont été faits en la matière au sein des pays développés mais aussi de plusieurs pays en développement afin de mettre en place des systèmes de gouvernance adaptés aux besoins des environnements concurrentiels de ces pays. A titre d’exemple, au Maroc, il y a eu récemment la publication du Code Marocain de Bonnes Pratiques de Gouvernance d’Entreprise1 aligné sur les benchmarks internationaux et largement inspiré des principes de gouvernement d’entreprise de l’OCDE. Les principales dispositions de ce code s’intéressent à la réglementation des relations entre les actionnaires et les dirigeants d’entreprises et tentent de promouvoir les pratiques de bonne gouvernance au sein des entreprises des secteurs public et privé notamment en ce qui concerne les missions d’audit. Toutefois, le contrôle interne dans les entreprises marocaines, plus spécifiquement le contrôle de gestion, n’a pas fait l’objet d’un intérêt particulier malgré son importance. Pigé (2009)2 considère l’audit et le contrôle interne comme les piliers qui soutiennent la crédibilité de l’information comptable et financière ; l’audit parce qu’il constitue un regard externe et le ∗ elhamma_azzouz@yahoo.fr ∗∗ benslama_fatma@yahoo.fr Le Contrôle de gestion, en tant que mécanisme de gouvernance des entreprises, et la rentabilité : cas des sociétés marocaines _________________________________________________________________________________________________________________________ - 2 - contrôle interne car il regroupe l’ensemble des procédures et mécanismes employés pour s’assurer de la pertinence des processus de collecte, de traitement et de diffusion de l’information. Le contrôle externe, notamment par le biais de l’audit externe, a fait preuve d’inefficacité parce qu’il n’a pas pu protéger les intérêts des actionnaires des entreprises, ni les alerter, de la dégradation de la situation de leurs firmes. Il n’a donc pas pu résoudre les conflits d’agence. Ceci pourrait être expliqué par les difficultés rencontrées par l’auditeur légal dans l’exercice de sa mission de contrôle, et notamment de sa mission la plus connue et qui porte directement sur l’information financière à savoir l’audit financier (Bertin et al. 2002)3. On distingue, dans le cadre de l’audit financier, entre l’audit légal et l’audit contractuel. C’est le commissaire aux comptes qui réalise le premier dans le cadre de sa mission telle qu’elle est définie par la loi4, il a pour principale fonction de certifier que les comptes annuels sont réguliers et sincères et qu’ils donnent une image fidèle du résultat de l’exercice, du patrimoine et de la situation financière de l’entreprise à la clôture de l’exercice. L’aspect du contrôle le plus étudié dans les recherches portant sur la gouvernance de l’entreprise est l’audit légal qui a fait preuves de deux principales limites. La première concerne la vision restrictive de la gouvernance axée sur la rentabilité et la résolution des conflits entre dirigeants et actionnaires (Watts et Zimmermann, 1983)5 alors que d’autres parties prenantes au sein de l’organisation (salariés) ou externes (clients, créanciers) doivent être également satisfaites (Cornell et Shapiro, 1987)6. La seconde critique à l’encontre de l’audit légal est relative à la défaillance de la mission même d’un auditeur légal qui peut faire preuve d’opportunisme en choisissant de ne pas engager toutes les ressources et les efforts nécessaires à un audit efficace puisque le client n’est pas en mesure d’observer l’effort de l’audit engagé (Bertin et al. 2002)7. Ajoutée à cela une difficulté de mesurer la qualité d’audit liée à la compétence et à l’indépendance de l’auditeur. Si l’audit externe a fait preuve d’inefficacité, il nous semble pertinent de nous intéresser au contrôle interne en tant que deuxième pilier de la gouvernance d’entreprise sans lequel cette dernière risque de s’effondrer. L’audit légal s’inscrit dans une approche restrictive de la gouvernance de l’entreprise. En adoptant une vision multicritère et multidimensionnelle de la gouvernance, qui émane de la philosophie européenne et qui rompt avec la vision financière réductionniste de la gouvernance, nous intéressons au rôle du contrôle interne, spécifiquement du contrôle de gestion. Bouquin (2005)8 considère le contrôle de gestion à la fois comme un dispositif de gouvernement d'entreprise, une représentation des missions des managers ainsi qu’une grille d'analyse des processus organisationnels. Le contrôle de gestion intervient dans trois phases (Bouquin, 1994)9. La première a lieu avant l’action. Elle consiste à définir les finalités et à les traduire en objectifs quantifiés sur un horizon déterminé (le plus souvent l’année), c’est la phase de la « finalisation ». La seconde phase est celle qui concerne le déroulement de l’action. Il s’agit d’assurer le suivi du déroulement et de proposer les actions correctives des déviations éventuelles, c’est la phase de « pilotage ». La troisième phase intervient une fois l’action prévue terminée. Il s’agit de mesurer les résultats afin de sanctionner positivement ou négativement les responsables, cette phase est souvent appelée « post-évaluation ». Dans cette recherche, notre attention sera focalisée sur la seconde (suivi des écarts budgétaires) et la troisième phase (rémunération des dirigeants en fonction de l’atteinte des objectifs budgétaires). Pigé et Lardy (2003)10, dans cette perspective de gouvernance d’entreprise, considèrent que le système de contrôle budgétaire permet d’alimenter les membres du conseil d’administration, pour lesquels les actionnaires ont transféré le pouvoir de contrôle et de fixation des orientations stratégiques de la firme, en informations leur permettant de mieux évaluer le respect des intérêts des actionnaires, ainsi que le maintien et le développement de la performance de la firme. Ces ﺔ ﻠ ﳎ ﺣﺚ ﺎ ﺒ ﻟ ﺍ - ﺩ ﺪ ﻋ 11 / 2012 __________________________________________________________________________________________________________________________________ - 3 - auteurs évoquent le fait que cette dimension et son importance soit souvent sous-évaluée dans l’étude de la gouvernance d’entreprise et de la relation d’agence. Ce qui nous encourage à aborder la problématique de la gouvernance d’entreprise dans cette dimension de contrôle budgétaire et de son rôle en tant que mécanisme de contrôle et d’incitation des dirigeants dans l’amélioration de la performance des entreprises. Dans cet article, nous tentons de répondre à la question suivante : dans quelle mesure le contrôle de gestion, en tant que dimension de la gouvernance d’entreprise, contribue-t-il à l’amélioration de la rentabilité des entreprises marocaines? Autrement dit, ce contrôle de gestion, appréhendé à travers la qualité du contrôle budgétaire a-t-il un impact significatif sur la rentabilité des entreprises marocaines? Et dans quelles mesures l’utilisation des données budgétaires dans l’évaluation des performances des managers permet-elle de favoriser ladite rentabilité ? Cet article est structuré ainsi : tout d’abord, nous présentons notre développement des hypothèses de l’étude. Par la suite, nous mettons en exergue les outils méthodologiques mis en œuvre pour tester les hypothèses. Enfin, nous présentons les principaux résultats, interprétations et conclusions. 1. Développement des hypothèses Dans le cadre de cette étude, nous nous intéressons au rôle du contrôle de gestion dans l’amélioration des la rentabilité des entreprises. Nous présentons tout d’abord, le lien entre contrôle de gestion et gouvernance d’entreprise. Par la suite nous essayons de développer l’hypothèse relative au lien entre contrôle budgétaire et rentabilité de l’entreprise. Enfin, nous mettons en relief le lien théorique qui pourrait exister entre rémunération des dirigeants en fonction de l’atteinte des objectifs budgétaires et la rentabilité de l’entreprise. uploads/Management/ le-controle-de-gestion-en-tant-que-mecanisme-de-gouvernance-des-entreprises-et-la-rentabilite-cas-des-societes-marocaines.pdf
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- Publié le Fev 22, 2022
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