JEAN-MARTIN FORTIER et CATHERINE SYLVESTRE Le maraîchage nordique Découvrir la

JEAN-MARTIN FORTIER et CATHERINE SYLVESTRE Le maraîchage nordique Découvrir la culture hivernale des légumes RICARDO LARRIVÉE cardinal Le maraîchage nordique Découvrir la culture hivernale des légumes JEAN-MARTIN FORTIER et CATHERINE SYLVESTRE cardinal Le maraîchage nordique Découvrir la culture hivernale des légumes Textes: Jean-Martin Fortier et Catherine Sylvestre Photographie de la couverture: Dominique Lafond Photographies de la 4e de couverture: Maude Chauvin et Jessica Théroux Photographies de l'intérieur: Maude Chauvin, Alex Chabot, Caroline Cloutier, Dominique Lafond, Catherine Sylvestre et Jessica Théroux Illustrations: Laurence F. Lortie Direction artistique: Tania Jiménez Édition : Caroline Cloutier et Joëlle Landry Révision : Vincent Fortier Correction d'épreuves: Marco Chioini Publié par Les Éditions Cardinal 7240, rue Saint-Hubert Montréal (Québec) H2R 2N1 editions-cardinal.ca Coordination de la production: Mathilde Bessière Coordination éditoriale: Virginie Baudrimont Direction éditoriale: Joëlle Landry Direction générale: Antoine Ross-Trempe Dépôt légal: 2021 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada 978-2-925078-42-5 Financé par le gouvernement du Canada Funded by the Government of Canada Canada Nous reconnaissons avoir reçu l'aide financière du gouvernement du Québec — Crédit d'impôt remboursable pour l'édition de livres et programme d'Aide à l'édition et à la promotion — SODEC. ©2021, Les Éditions Cardinal Tous droits réservés 978-2-925078-42-5 Imprimé au Canada FSC www.fsc.org Papier issu de sources responsables FSC® C011825 Aux fermières et aux fermiers de famille qui changent le monde, votre courage n'a d'égal que l'importance de votre métier. À toutes les personnes qui vivent des arts de la table et à celles qui soutiennent activement notre travail tous les jours, votre appui nourrit notre désir de continuer. La survivance En 1666, mes ancêtres ont défriché un lopin de terre sur l'île d'Orléans dans le but de se nourrir, de survivre, de vivre. D'une génération à l'autre, le savoir s'est acquis, transmis, perfectionné et, récemment, dans notre histoire, la courroie de transmission s'est brisée. Nourrir son enfant est probablement le geste le plus significatif et le plus gratifiant qui soit. Il est facile d'imaginer la douleur d'un parent qui n'arrive plus à le faire. Comme nation, perdre son autonomie alimentaire est aussi une tragédie culturelle, sociale et économique sans prix. Notre langue, notre musique, notre agriculture, notre cuisine nous définissent et surtout nous enrichissent collectivement, et nous permettent de nous projeter dans le futur. Ce futur, nous sommes présentement des millions à avoir envie de mieux le planifier pour les prochaines générations. Préface Je ne suis pas un maraîcher nordique, mais j'ai maintenant la conviction d'en être capable. Comme j'ai appris à planter des légumes l'été, j'ai maintenant envie de semer en mars ou en novembre. La découverte de possibilités qui peuvent changer le monde, notre monde, me fait du bien et me rassure. Réaliser que c'est possible, faisable et accessible fait aussi de moi un meilleur consommateur, un citoyen plus engagé, plus libre de ses choix. Comprendre le travail nécessaire pour se nourrir localement hors saison provoque d'emblée le respect des aliments et de ceux qui auront eu l'audace et la clairvoyance de les produire. Les solutions sont là, à portée de main. Faire jaillir la vie sous la neige et le froid a quelque chose de beau et de grandiose. J'ai lu ce livre, ligne par ligne, avec la joie d'un jeune qui se fait dire par son père ou sa grand-mère « place tes mains comme ça, tu vas voir, ça va aller mieux ». Tous les secrets pour réussir ce que l'on croyait utopique y sont expliqués. Ce livre représente une somme colossale de travail et d'information. Je suis touché par la générosité de Jean-Martin et de Catherine. Comme moi, vous aurez peut-être l'impression d'avoir volé des secrets industriels d'une valeur inestimable. Ce livre est celui des possibles. — Ricardo Larrivée Faire pousser des légumes à Tannée, vraiment ? Introduction Au Québec, dans un climat nordique qui compte six mois d'hiver, manger local toute l'année semble être un projet utopique qu'on a collectivement abandonné. À quoi bon? Les moyens de transport efficaces et relativement bon marché font débarquer en abondance des fruits et des légumes de partout dans le monde dans les épiceries, et ce, à n'importe quel moment de l'année. L'épicerie ne connaît plus les saisons, et les environnementalistes peuvent bien se plaindre des coûts écologiques du transport, on leur répondra que c'est ça le progrès ! On se nourrit comme on le veut, quand on le veut, et, surtout, on n'est plus condamnés à ne manger que des pommes de terre, des carottes et des navets pendant les longs mois d'hiver comme le faisaient nos pauvres ancêtres. Et pourtant... La pandémie de Covid-19 a brutalement mis à l'avant-plan la fragilité de la chaîne d'approvisionnement, qui dépend plus que jamais d'une agriculture mondialisée. Pendant l'hiver, c'est à peu près 70% des légumes consommés en épicerie qui proviennent des États-Unis, du Mexique ou d'ailleurs sur le globe. Lorsque cette chaîne d'approvisionnement est compromise, les épiceries se vident de leurs légumes et de leurs fruits frais en seulement trois jours. Soudainement, il n'y a plus que des avantages à ces produits venus d'ailleurs. On découvre avec stupeur à quel point notre système d'approvisionnement est vulnérable. Il en va de même pour les consommateurs mangeurs des climats nordiques qui ont fait le choix d'acheter local en priorité. La saison des « bons légumes» se résume la plupart du temps aux mois chauds d'été. L'abondance arrive en juillet et prend fin quelque part en octobre, alors que les premiers gels s'installent et qu'il commence à faire trop froid. Les «À l'année prochaine ! On va s'ennuyer de vos bons légumes ! » marquent tristement la fermeture des marchés en plein air. On cesse soudainement de célébrer l'agriculture dite de proximité, cette agriculture nourricière qui unit le public aux productrices et aux producteurs locaux qui cultivent souvent des légumes bios et travaillent sur des petites fermes. L'arrivée des grosses gelées signifie la fin des récoltes pour les fermes qui opèrent sur de grandes surfaces cultivées, mais aussi, trop souvent, pour les petites fermes à échelle humaine. Une fois la chambre froide remplie de légumes de conservation, toute la production au champ entre en pause jusqu'au retour du printemps. Six mois de culture et de récoltes intensives pour six mois d'inactivité. La réticence à cultiver en hiver est légitime dans un pays nordique où il n'est pas rare que le thermomètre affiche -10 °C dès le mois d'octobre et où la température moyenne la nuit est de -15°C de décembre à mars. L'hiver est rigoureux et il est compréhensible qu'il entraîne habituellement la fin de la récolte des légumes frais. Et s'il pouvait en être autrement? L'agriculture hivernale, telle que nous la pratiquons à la Ferme des Quatre-temps, demande peu d'énergie et est en phase avec les saisons. Plusieurs légumes résistent au froid, voire aux gelées, lorsqu'ils sont protégés des vents glaciaux d'hiver; il faut apprendre à les connaître et à les apprivoiser. Nous cultivons près de 30 légumes différents pouvant être récoltés durant les mois hivernaux, dont plusieurs sans chauffage énergivore. Et c'est dans ce contexte qu'il devient possible d'envisager un nouveau mouvement pour une souveraineté alimentaire québécoise, en lien avec une offre légumière saisonnière connecté à nos quatre saisons. Introduction Pour nous, la pratique de l'agriculture hivernale, aussi innovante soit-elle, n'est pas celle des grandes installations qui nécessitent un apport massif en chauffage et en éclairage artificiel, et qui cherchent à déjouer, par des moyens technologiques, les limitations amenées par notre saisonnalité. La clé de notre réussite n'est pas le résultat d'un système high-tech, mais bien d'un savoir-faire développé grâce à l'observation, à l'expérimentation et à l'intelligence appliquée. Nous avons appris à sélectionner les variétés (cultivars) les plus résistantes, à protéger nos cultures à l'aide d'abris simples et abordables, à faire les bons calculs de successions et à ajuster leur densité afin de tenir compte de la croissance plus lente des plantes et du plus faible apport en lumière l'hiver. Ces facteurs de réussite dépendent tous d'une seule chose: la connaissance empirique d'humains croyant qu'il est possible de cultiver autrement. Les méthodes, techniques et astuces proposées dans ce traité de maraîchage nordique sont avant tout le fruit de collaborations entre plusieurs maraîchères et maraîchers qui ont pris la peine de partager leurs expériences. Nous voulons ici témoigner notre appréciation envers leur altruisme et leur passion. La popularité de l'agriculture hivernale s'accélère depuis quelques années grâce à plusieurs transformations sociétales. Un cercle vertueux s'est créé grâce à la prise de conscience des gens, au développement des circuits courts et à la résurgence des microfermes maraîchères. Les personnes conscientisées qui souhaitent manger à l'année de bons aliments frais et locaux sont de plus en plus au rendez-vous. Cela insuffle une énergie nouvelle au mouvement de souveraineté alimentaire, encourageant ainsi les petites fermes à être ingénieuses et à faire les choses simplement pour répondre à la demande croissante envers leurs produits exceptionnels. Si vous lisez ces mots, vous êtes probablement maraîchère ou maraîcher, consommatrice ou consommateur, et vous rêvez de réinventer l'agriculture en climat nordique telle que nous la connaissons. Nous uploads/Management/ le-maraichage-nordique-decouvrir-la-culture-hivernale-des-legumes-by-jean-martin-fortier.pdf

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  • Publié le Jan 06, 2023
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