Université de Paris III Sorbonne Nouvelle UFR Arts et Médias Le téléphone porta
Université de Paris III Sorbonne Nouvelle UFR Arts et Médias Le téléphone portable, nouvel outil de médiation dans les institutions muséales françaises Stedelijk Museum © Clélia Dehon Mémoire de master 1 Conception et direction de projets culturels Sous la direction de Mme Cécile Camart Juin 2011 2 « En janvier 2001, à Syracuse, je me promenais avec Jacques Derrida. Nous parlions de téléphones mobiles. La discussion était, non pas technique, mais philosophique. Pour ma part, campant sur une position dogmatique, je soutenais que le mobile est un appareil stupide, et l’ordinateur, une machine intelligente. Peut-être parce que je pensais qu’avec l’ordinateur, on peut écrire des essais intelligents et avec le mobile, des messages stupides. De toute évidence, je faisais fausse route. Et pas seulement parce qu’on peut écrire des essais d’une idiotie monumentale avec l’ordinateur, mais aussi et surtout, parce que, observait Jacques Derrida, avec le temps le mobile finirait par concentrer toutes les fonctions de l’ordinateur, outre celle de ne jamais nous quitter, que l’ordinateur ne possède pas encore. » Mauricio Ferraris « T’es où ? Ontologie du téléphone mobile » Bibliothèque Albin Michel Idées, 2006, p.14 3 REMERCIEMENTS Je tiens à remercier ma directrice de recherche, Mme Cécile Camart, pour son intérêt envers mon sujet, son soutien et ses conseils, qui ont pu m’éclairer tout au long de l’élaboration de ce mémoire. Mon analyse n’aurait pu être matérialisée sans les nombreuses rencontres professionnelles, qui m’ont permis d’élargir mes connaissances dans le domaine des nouvelles technologies mobiles et de la façon de les concevoir dans une institution muséale. Je remercie donc vivement Mme Marieke Rollandi, Médiatrice culturelle au musée municipale de Cambrai, Mr Mauricio Estrada Munoz, Chef de projet au Studio 13/16 du Centre Georges Pompidou, Mr Frédéric Durand, Directeur associé de la société smartApps, Mr Yann Hamet, Responsable de la politique tarifaire et des audioguides à la RMN-Grand Palais, Mr Benoît Villain, Responsable des projets éducatifs et culturels au LaM de Lille, Mr Benjamin Bardinet, Responsable de la médiation et de l’action culturelle au Palais de Tokyo et Mme Catherine Collin, Responsable du service des publics au musée des Arts décoratifs. Le temps qu’ils ont bien voulu me consacrer m’a été plus que bénéfique. Parallèlement à ces entretiens, de nombreuses personnes se sont montrées ouvertes et disponibles pour échanger avec moi autour de ce sujet très vaste. Je tiens particulièrement à remercier à ce titre Melle Noémie Couillard, Doctorante à l’École du Louvre, Mr Gonzague Gauthier, Webmaster et Community Manager au Centre Georges Pompidou, Mme Caroline Bugat, Coordinatrice pédagogique à la Cité de la Musique, Mme Coline Aunis, Chargée de projets multimédia au musée des Arts et Métiers et Mme Claire Séguret, Responsable adjointe du service de communication au musée de Cluny. D’autres personnes ont également contribué à ancrer mes recherches sur un terrain professionnel. Je remercie pour cela Mr Pierre-Yves Lochon, Directeur de Synapses Conseils et Coordinateur du Club Innovation et Culture. Je souhaite également exprimer ma gratitude auprès de la société smartApps et de la RMN-Grand Palais, en particulier Mme Valérie Bex et Mme Béatrice Laigneau, qui m’ont accordées la permission de transformer les Galeries Nationales du Grand Palais en un terrain d’observations et de recherches. L’étude que j’y ai réalisée n’aurait été rendue possible sans la contribution et le dynamisme de huit étudiantes de l’Université de Paris III, Sorbonne Nouvelle. Je tiens à 4 remercier pour leur collaboration et leur dynamisme : Patricia Bass, Marie-Eve Brisson, Catherine Boullier, Anne-Solène Chevallier, Maeva Mazan, Lisa Moneret, Sarah Papon et Caroline Stradella. Enfin, le dernier remerciement, mais non le moindre, va en direction de Simon Wasselin, pour sa compréhension, ses relectures, son regard extérieur, ses conseils techniques, ses encouragement, sa patience et parfois même, ses sacrifices. Si la rédaction de ces pages fût une aventure longue et solitaire, toutes ces personnes l’ont rendu plus riche et plus humaine. 5 AVANT-PROPOS Au printemps 2009, je visitais l’exposition « Alexander Calder » au Centre Gorges Pompidou, lorsque je reçu un appel sur mon téléphone portable. Je ne décrochais pas mais décidais d’écouter le message laissé sur mon répondeur. Aussitôt, un agent d’accueil s’approcha en me faisant un signe d’interdiction et me dit qu’il n’était pas possible de téléphoner dans l’exposition. Dans un mouvement de surprise, j’éloignais le téléphone de mon oreille avant de le ranger dans mon sac, sans même avoir écouté le message. Après coup, je me trouvais idiote de ne pas lui avoir dit qu’il s’agissait simplement d’une écoute et non d’une conversation. Le geste était de toute évidence ambiguë. Quelques semaines plus tard je fis une découverte qui me semblait paradoxale en comparaison à cette anecdote. Je visitais pour la première fois musée du Moyen Âge et appris par la même occasion l’existence des bornes Bluetooth dans la salle de la tapisserie de la Dame à la Licorne. Cette fois, il m’était possible de sortir mon téléphone, pour obtenir un contenu, ce que je fis. Malheureusement, j’ai été contrainte de terminer rapidement ma visite, sans écouter le commentaire reçu face à l’œuvre. Par curiosité, je décidais tout de même de l’écouter… mais dans la rue. Il y avait là pour moi une double contradiction : dans un musée on me demandait de ranger mon portable, dans un autre on me demandait de le sortir ; dans le premier cas je n’avais pas pu écouter un message personnel dans le musée et dans le second je pouvais écouter un message muséal dans l’espace urbain. Les applications pour smartphone, qui se sont avérées de plus en plus nombreuses, ont ensuite suscité mon intérêt. Je choisis ainsi de centrer mes recherches – à l’origine orientée vers les dispositifs de médiation numérique au sens large - entièrement sur le téléphone portable. Dans l’objectif de mieux cerner mon sujet et d’affiner mon regard sur les technologies des terminaux mobiles, j’ai sollicité et mené des entretiens avec divers professionnels, proches des questions des publics et de leurs usages au musée. Cela m’a bien entendu permis d’envisager certaines pistes d’analyses, d’en écarter d’autres et surtout de mieux saisir l’organisation de ces systèmes de médiation, leurs enjeux et leurs limites, aussi bien pour les publics, les institutions muséales et les entreprises qui les développent. Si certains s’attendent peut-être à lire un audit, un rapport, un dossier complet sur des retours d’expériences, je tiens à préciser ici qu’il n’en est rien. L’objectif principal de ma recherche étant de « poser » un contexte et de proposer une première analyse des influences 6 de ces dispositifs sur les façons dont les publics peuvent envisager leur utilisation et sur les manières dont les outils de médiation sur téléphone pourraient modifier leurs liens à l’institution et aux autres visiteurs. En outre, les regards experts en technologies mobiles pourraient peut-être trouver matière à critiquer mon approche technique, observer des imprécisions ou des maladresses dans les définitions. C’est pourquoi je rappelle qu’il ne s’agit pas d’un mémoire en sciences et techniques de l’information et des télécommunications mais d’une recherche présentée dans le cadre d’un master en conception de projets culturels. Toute mon analyse est donc tournée avant tout sous l’angle de la médiation, de la transmission et de l’appropriation. Je vous en souhaite une bonne lecture. 7 SOMMAIRE REMERCIEMENTS……………………………………………………………. AVANT-PROPOS………………………………………………………………. INTRODUCTION………………………………………………………………. CHAPITRE I : LE TÉLÉPHONE PORTABLE, NOUVEL OUTIL DE MÉDIATION DANS LES MUSÉES 1. De la réticence à la tolérance, analyse de la réception du mobile au musée…………………………………………………………………………… a. Introduction du mobile dans les lieux culturels : des inégalités ?......... b. Le musée, un lieu prédisposé à l’utilisation du mobile ?...................... c. De l’ « hostilité » à l’ « utilité » : vers une évolution du statut du mobile au musée………………………………………………………… 2. Téléphone et présence muséale institutionnelle…………………………. a. Les prémices du téléphone au musée, entre diffusion et médiation : la question de la transmission……………………………………….… b. « Capture d’écran » des technologies mobiles au musée ………….. c. Les outils pervasifs, connexion directe entre publics et artefacts d. Le musée augmenté 3. Musées, téléphones portables et usages amateurs……………………… a. La recherche internet comme « auto-médiation »……………………. b. L’enregistrement……………………………………………………… c. Le partage social……………………………………………………… CHAPITRE II : LE TÉLÉPHONE PORTABLE, UNE OFFRE DE MULTI-MÉDIATION. EFFETS ET ENJEUX SUR LES USGAGES DES PUBLICS 1. Le mobile, canalisateur d’outils de médiation………………………… a. La mobilité………………………………………………………….. b. Entre livre et écran ? ………………………………………………... c. Interactivité et sociabilité……………………………………………. 2. Effets de la multi-médiation…………………………………………….. a. Un triple niveau de médiation………………………………………… b. « L’embrassement » du regard et la (re)découverte à distance……….. 3. Quand le musée « appelle » son public………………………………… a. Public ciblé…………………………………………………………… b. Publics approchés…………………………………………………….. c. Public à conquérir …………………………………………………… p.3 p.5 p.9 p.12 p.12 p.14 p.18 p.22 p.22 p.28 p.32 p.35 p.36 p.37 p.38 p.39 p.43 p.44 p.46 p.49 p.51 p.52 p.55 p.57 p.58 p.61 p.63 8 d. La multi-médiation et l’éclosion de « tribus médiatiques »…………... CHAPITRE III : LE TÉLÉPHONE PORTABLE, UN OUTIL DE PROXIMITÉ. FORMES D’INTERACTION ET DE COMMUNICATIONS ENTRE INSTITUTIONS MUSÉALES ET PUBLICS 1. Promixité et formes de connivence…………………………………….. a. L’institution dans nos poches………………………………………. b. La personnification : un nouveau rapport à l’institution uploads/Management/ le-telephone-portable-nouvel-outil-de-mediation-culturelle-dans-les-institutions-museales-francaises.pdf
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