N° 1044 - OCTOBRE 2005 PRIX : 2,20 € Les compétences des adultes à l’écrit, en
N° 1044 - OCTOBRE 2005 PRIX : 2,20 € Les compétences des adultes à l’écrit, en calcul et en compréhension orale Fabrice Murat, division Emploi, Insee P armi l’ensemble des personnes de 18 à 65 ans résidant en France, 7 % éprouvent de graves difficultés face à l’écrit, 5 % des difficultés moins im- portantes mais suffisamment fortes pour rendre difficile une communication vrai- ment efficace par l’écrit et 7 % ont quel- ques lacunes et ne maîtrisent pas parfaitement les domaines fondamentaux de l’écrit. Les personnes des deux pre- miers groupes, soit 12 % des 18-65 ans, sont dans une situation préoccupante face à l’écrit. Parmi les seules personnes ayant été scolarisées en France, 9 % sont dans ce cas et peuvent être considérées comme en situation d’illettrisme. Les hommes se trouvent plus souvent que les femmes en difficulté face à l’écrit, mais c’est l’inverse en calcul. Les personnes âgées de 18 à 29 ans ont de meilleurs ré- sultats que les générations plus âgées, que ce soit en lecture, en calcul ou en compréhension orale. L’enquête Information et Vie quotidienne, menée à la fin 2004, a pour objectif de mesurer les compétences des adultes face à l’écrit, mais aussi en compréhension orale et en calcul. Elle fait suite à une première enquête à caractère méthodologique, effectuée en 2002 auprès d’un nombre restreint d’enquêtés (Source). Quelques aménagements ont été apportés au protocole, mais le principe reste le même : un ensemble d’exercices, fondés sur des supports de la vie quotidienne, a été pro- posé à plus de 10 000 personnes de 18 à 65 ans, résidant en France métropolitaine. Rendre compte des compétences des adultes face à l’écrit Affirmer qu’un adulte connaît des difficultés face à l’écrit, ou est même en situation d’illettrisme, suppose de se référer non à des situations d’ap- prentissage scolaire, mais à des conduites de communication relationnelle et sociale de la vie courante. Plusieurs types de compétences sont alors sollicités. Ainsi, ne pas maîtriser l’ortho- graphe n’empêche pas d’être compris par un tiers ; des personnes peuvent communiquer sans mal à l’oral, mais beaucoup moins bien par l’écrit. La classification proposée ici combine les résultats dans les trois domaines fondamentaux que sont la lecture de mots, la compréhension d’un texte simple et la production de mots écrits. Dans ces trois domaines, le niveau de compé- tence est estimé par la proportion de bonnes réponses : réussir moins de 40 % des questions (par exemple, écrire correctement moins de 8 mots INSEE PREMIERE Lecture de mots Production de mots écrits Compréhension d’un texte simple Personnes n’ayant pu faire les exercices 1 1 1 Communication très difficile (< 40 % de réussite) 1 4 5 Communication faiblement efficace (entre 40 et 60 % de réussite) 1 4 4 Communication possible (entre 60 et 80 % de réussite) 2 5 9 Communication efficace (au moins 80 % de réussite) 15 6 1 Pas de difficulté dans les trois domaines fondamentaux de l’écrit 80 80 80 Ensemble 100 100 100 Résultats en lecture de mots, production de mots écrits et compréhension d'un texte simple en % Champ : personnes de 18 à 65 ans. Lecture : 1 % des enquêtés avaient trop de difficultés en français ou en lecture pour passer les exercices ; 1 % les ont passés et ont réussi moins de 40 % des questions en lecture de mots ; 15 % ont réussi au moins 80 % des questions en lecture de mots mais se sont trouvés en difficulté dans l'un des deux autres domaines fondamentaux de l'écrit (écriture et compréhension) ; 80 % ne présentent de difficulté dans aucun des trois domaines fondamentaux de l'écrit. Source : Insee, enquête Information et Vie quotidienne, 2004 sur les 20 dictés dans l’exercice de pro- duction de mots écrits) est le signe d’une « communication très difficile » par l’écrit ; un taux de réussite supérieur à 80 % indique une maîtrise suffisante pour com- muniquer efficacement. Une personne sur cinq n’atteint pas ce seuil dans au moins l’un des trois domaines fondamen- taux et peut donc être considérée comme en difficulté face à l’écrit (graphique). Ces difficultés sont d’ampleur variable, selon les personnes et selon les domai- nes (tableau 1). Par exemple, en lecture de mots, 1 % ont des difficultés telles que leur communication avec autrui par ce biais est très difficile ; autant ont des compétences permettant une communi- cation faiblement efficace et pour 2 % la communication est possible malgré les difficultés. Par ailleurs, 1 % des personnes avaient un niveau en français ou en lecture insuffisant pour permettre la passation des exercices. Les autres personnes (95 %) n’ont pas de difficulté en lecture de mots. Les résultats sont moins bons en com- préhension d’un texte simple et en pro- duction de mots écrits : pour ces deux domaines, une personne sur dix n’atteint pas le niveau « communication pos- sible ». Certaines personnes manifestent des difficultés localisées : ainsi, 6 % réus- sissent l’exercice de production de mots écrits, mais sont cependant considérées comme en difficulté car elles n’ont pas d’aussi bonnes performances quand il s’agit de comprendre un texte simple. Le plus bas niveau de compétence dans les trois domaines fondamentaux résume d’une façon simple, bien qu’un peu réduc- trice, l’ensemble des performances de la personne face à l’écrit. Par exemple, la personne ne parvenant qu’à un niveau de « communication très difficile » en com- préhension d’un texte simple, est consi- dérée comme en grave difficulté, quels que soient ses résultats aux autres épreu- ves. Les personnes en difficulté face à l’é- crit ont ainsi été classées en trois groupes : les personnes en grave difficulté face à l’écrit (7 %), celles qui ont des diffi- cultés moins graves mais assez fortes (5 %) et celles qui éprouvent des difficultés partielles, souvent limitées à un seul des trois domaines fondamentaux (7 %). Les deux premiers groupes recouvrent des situations préoccupantes face à l’écrit. Parmi les 80 % de personnes n’ayant pas de difficulté dans les trois domaines fonda- mentaux, il existe aussi une assez grande variété de niveaux de compétence, éva- lués par des exercices plus complexes : 6 % des personnes ont des performances assez faibles, avec moins de 40 % de réus- site sur ces exercices complexes, tandis qu’une personne sur quatre dépasse le seuil de 80 % de réussite. 9 % des personnes ayant été scolarisées en France sont dans une situation proche de l’illettrisme De manière attendue, les résultats en lec- ture sont fortement liés aux langues utili- sées durant l’enfance, que ce soit la langue maternelle ou celle d’apprentis- sage de la lecture. Ainsi les deux tiers des personnes scolarisées hors de France et dans une autre langue que le français ont des difficultés en français face à l’écrit, contre seulement un tiers des personnes scolarisées hors de France mais dont le français est la langue maternelle ou la langue d’apprentissage de la lec- ture (tableau 2). Par définition, le terme d’« illettrisme » ne peut être appliqué qu’aux personnes ayant été scolarisées en France. Parmi ces dernières, 4 % se trouvent en grave difficulté, 5 % ont des difficultés assez fortes et 7 % n’ont que des difficultés légères dans les domaines fondamentaux de l’écrit. Les 9 % de per- sonnes ayant des graves difficultés ou à un degré moindre des difficultés assez fortes peuvent être considérées comme en situation d’illettrisme. Les résultats en calcul et en compréhension orale En calcul, une personne sur trois réussit au moins 80 % des questions, tandis qu’une sur huit n’atteint pas le seuil de 60 % de réussite (tableau 3) ; 8 % des personnes n’ayant pas de difficulté dans les trois domaines fondamentaux de l’é- crit ont des performances médiocres en calcul (soit moins de 60 % de réponses correctes), contre 39 % pour les autres. Cependant, parmi ces dernières, une part non négligeable (9 %) réussissent très bien les exercices de calcul. Dans le domaine de la compréhension orale, les deux tiers des enquêtés don- nent au moins 8 bonnes réponses sur 10 tandis que 14 % ne dépassent pas 6 bon- nes réponses (tableau 4) ; 9 % des per- sonnes n’ayant pas de difficulté dans les INSEE PREMIERE INSEE - 18, BD ADOLPHE PINARD - PARIS CEDEX 14 - TÉL. : 33 (0) 1 41 17 50 50 Réussite moyenne Réussite aux 3 exercices simples Réussite Groupe 1 : 27 % Groupe 2 : 32 % Difficultés partielles : 7 % Difficultés assez fortes : 5 % Graves difficultés : 7 % Groupe 3 : 15 % Groupe 4 : 6 % Bonne réussite Exercice d’orientation Exercice intermédiaire Échec Échec Exercices complexes Pas de difficulté dans les domaines fondamentaux de l’écrit En difficulté dans les domaines fondamentaux de l’écrit Situations préoccupantes face à l’écrit 80 - 100 % de réussite 60 - 80 % de réussite 60 - 80 % de réussite 40 - 60 % de réussite 40 - 60 % uploads/Management/ les-competences-des-adultes-a-l-x27-ecrit-en-calcul-et-en-comprehension-orale-murat-fabrice-insee.pdf
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- Publié le Aoû 24, 2021
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