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© Éditions Tallandier, 2019 48, rue du Faubourg-Montmartre – 75009 Paris www.tallandier.com EAN : 979-10-210-3993-3 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Sommaire Titre Copyright Introduction Première partie - NAISSANCE D'UNE INSTITUTION L'INCONSTANCE DE NICOLAS SARKOZY - 2008-2011 Chapitre premier - Baptême sous le feu pour Bernard Bajolet Chapitre II - Christophe Gomart Un soldat pour la bataille de l'Élysée Chapitre III - Claude Guéant ou le mentor malgré lui Deuxième partie - LE TEMPS DES MUTATIONS - 2011-2015 Chapitre IV - Ange Mancini cunctator Chapitre V - Alain Zabulon au cœur des réformes de l'État secret Chapitre VI - Les hommes du Président vus par François Hollande Troisième partie - LA RECHERCHE D'UN SUPPLÉMENT D'ÂME - 2015- 2017 Chapitre VII - Didier Le Bret dans la tourmente terroriste Chapitre VIII - Nouveau monde et vieilles menaces Pierre de Bousquet de Florian et la CNRLT Appendices - COORDONNER LES SERVICES DE RENSEIGNEMENT UNE COMPARAISON DANS L'ESPACE ET DANS LE TEMPS L'exemple américain Le Director of national intelligence (DNI) Les essais de coordination depuis 1958 L'échec du Premier ministre Conclusion générale - Entre chronos et kairos Une coordination à la recherche du bon tempo Notes Annexes Principaux acteurs de la période Lettre de mission de Nicolas Sarkozy à Bernard Bajolet La coordination nationale du renseignement (en 2019) Dispositions du décret no 2009-1657 du 24 décembre 2009 relatives au CNR introduites dans le Code de la défense Liste des sigles et acronymes Notices biographiques des principaux acteurs Remerciements Introduction Si dans la Constitution le Président détient peu de pouvoirs, dans la réalité il les concentre. Tout converge vers lui, des décisions stratégiques au positionnement des acteurs politiques ; il est le point focal des attentes citoyennes, notamment en période de crise. Conscient de cette charge symbolique et politique, Nicolas Sarkozy a voulu instituer l’Élysée en centre de décision. Aucun champ d’action de l’État n’a échappé à son appétit, pas même le renseignement, d’ordinaire marginalisé et objet de méfiance. Ainsi, le chef de l’État élu en 2007 a-t-il immédiatement créé la fonction de Coordonnateur national du renseignement (CNR) pour le conseiller dans ce domaine stratégique mais également pour relayer ses instructions à des administrations très autonomes. Désormais, la présidence supervise les services spécialisés de la communauté du renseignement et s’assure de leur bonne coopération. À cette fin, le CNR élabore le Plan national d’orientation du renseignement, feuille de route au caractère impératif. De même, destinataire de toute la production des services, il la synthétise au profit du Président qui, à la veille d’une négociation diplomatique au plus haut niveau ou dans l’urgence d’une crise terroriste, dispose d’éléments pour fonder ses choix et tenir le rang dans la compétition internationale. Face à la centralisation opérée, les esprits s’affolent au sujet de ce « chef des espions » qui s’installe au sommet de l’État, dans le cœur du pouvoir. La suspicion plane : le renseignement, enjeu de pouvoir, serait-il en train de muer en un instrument de pouvoir ? Le « secret du roi », embryon de service de renseignement sous Louis XV, va-t-il se réincarner dans cet « espion de l’Élysée » ? Car l’intérêt pour ce sujet ne peut être que suspect tant les services de renseignement ont longtemps été considérés comme un mal nécessaire, un rouage peu apprécié de l’« État secret 1 » qui, précisément, devait le demeurer et, pour cela, se trouvait relégué à la marginalité. Les responsables politiques ne s’en préoccupaient que contraints et forcés, hantés par les scandales qui émaillèrent la Cinquième République, de l’opération Résurrection à l’affaire Clearstream, en passant par le Rainbow Warrior ou les micros du Canard enchaîné. De fait, ces activités ne faisaient traditionnellement l’objet ni d’une supervision suivie, ni d’une orientation, ni d’une coordination pérenne et encore moins d’un contrôle. Les services se trouvaient quelque peu livrés à eux-mêmes, se cherchant – parfois en vain – des interlocuteurs éparpillés à tous les niveaux stratégiques de l’État (entourage présidentiel, état-major particulier du chef de l’État 2, entourage du Premier ministre, Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale 3, ministres de tutelle, etc.). Un indéniable et tenace parfum de soufre nimbait cette activité régalienne. Le vocabulaire usuellement employé en atteste : « espion », « secret », « ombre », « barbouzes », « opérations spéciales », etc. Cependant, la greffe voulue par Nicolas Sarkozy, mais insuffisamment accompagnée, ne prend pas. L’entourage présidentiel et les services de renseignement s’accordent pour rogner les ailes de celui dont ils ne souhaitent pas qu’il s’installe en « Maître espion ». Sa naissance se réalise dans la douleur et tout acte de son existence devient un combat. Les blessures originelles laisseront des séquelles. Depuis, loin d’être le chef des services de renseignement, le coordonnateur joue plutôt le rôle de courroie de transmission entre des administrations ou des échelons qui, d’ordinaire, s’ignoraient. Bien qu’indispensable, il peut incarner, selon les configurations, une force d’impulsion ou n’être qu’un spectateur engagé. Pourtant, les questions traitées sont stratégiques, les enjeux, vitaux et les moyens déployés, considérables. D’ailleurs, les crises se succèdent, et réservent une place croissante aux activités de renseignement : terrorisme, conflits armés, conflits géopolitiques (en Syrie, en Irak), scandale d’espionnage (affaire Snowden, Russiagate), attaques cyber, etc. On imagine un univers où l’irrationnel n’a pas sa place, où les rivalités n’existent pas. On se trompe. Le terrorisme, en particulier, cristallise l’attention et les ambitions. Car, dans cette gestion très opérationnelle, le coordonnateur ne trouve pas de place tant celle-ci est disputée par d’autres, installés depuis plus longtemps et sans doute plus opiniâtres. Il fallait donc ouvrir cette « boîte noire » de l’État, éclairer les vicissitudes de sa structuration, saisir les mécanismes d’institutionnalisation du renseignement mais aussi les freins et les obstacles pour, in fine, appréhender comment s’exerce le pouvoir. Pour servir cette ambition, nous avons donné la parole aux principaux concernés : anciens coordonnateurs, conseillers, ministres et président de la République ont accepté de se livrer à un exercice dont ils sont peu coutumiers, d’évoquer leur succès et, surtout, leurs échecs ou les difficultés rencontrées. Ni hagiographie, ni brûlot, l’ouvrage retrace les cahots d’une histoire administrative passionnante qui nous emmène au sommet de l’État et nous place au cœur des enjeux mondiaux. Tous ont démontré la justesse de la phrase de Cocteau, selon laquelle « un secret a toujours la forme d’une oreille ». PREMIÈRE PARTIE NAISSANCE D’UNE INSTITUTION L’INCONSTANCE DE NICOLAS SARKOZY 2008-2011 Au cours de son quinquennat, Nicolas Sarkozy a procédé à une très importante réforme du renseignement, promouvant ainsi une rapide modernisation de ces administrations. À peine élu à la présidence de la République, il ordonne la mise en œuvre d’un projet conçu lors de son passage au ministère de l’Intérieur mais bloquée par le veto de Jacques Chirac : l’absorption d’une partie des effectifs et des missions de la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) 1 par la Direction de la surveillance du territoire (DST) 2 dans l’objectif de créer la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) 3 que d’aucuns présentent de manière erronée comme le « FBI à la française ». Pour trompeuse que soit la comparaison, elle traduit l’ambition du projet. En parallèle, le reliquat des effectifs et missions des RG est dégradé au sein d’une Sous-Direction à l’information générale (SDIG) 4 confiée à la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP) 5. Indéniablement, la réforme est marquée par l’influence de certains acteurs clés des enquêtes déclenchées lors de la vague d’attentats des années 1995-1996 : ils occupent des fonctions éminentes entre 2002 et 2012, à l’instar de Claude Guéant, ancien directeur général de la police nationale de 1994 à 1998, devenu directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy place Beauvau puis secrétaire général de l’Élysée 6, ou encore de Bernard Squarcini, directeur central adjoint des renseignements généraux entre 1999 et 2004, nommé directeur de la Surveillance du territoire en 2007. Si l’objectif global consistait à rationaliser la lutte contre le terrorisme qui s’était auparavant épuisée en luttes intestines, cette greffe et cette diminutio capitis produisent des effets jugés contre-productifs par nombre d’observateurs 7 et de policiers, mais aussi par la majorité issue des élections de 2012 qui repensera l’entier dispositif de renseignement intérieur. Dans la même dynamique réformatrice, Nicolas Sarkozy reprend une initiative législative lancée par Dominique de Villepin en mars 2006 dans le but de créer une Délégation parlementaire au renseignement (DPR). Le texte, identique à son devancier, est inscrit à l’ordre du jour du Sénat dès le mois de juin 2007 et définitivement adopté en octobre, manifestation d’une incontestable volonté politique traduite en actes. La novation s’avère à la fois considérable et banale : considérable car jamais la France n’avait légiféré en matière de contrôle parlementaire, faisant preuve au contraire d’un certain conservatisme sur ce point ; banale parce qu’elle était le dernier pays d’Europe avec Chypre à ne pas disposer d’une telle instance. Les prérogatives de celle-ci demeurent d’ailleurs timorées (le dispositif sera entièrement refondu en décembre 2013). Conséquence connexe de cette loi du 9 octobre 2007 : uploads/Management/ les-espions-de-l-x27-elysee-floran-vadillo.pdf

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  • Publié le Jan 18, 2022
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