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Business School W O R K I N G P A P E R S E R I E S IPAG working papers are circulated for discussion and comments only. They have not been peer-reviewed and may not be reproduced without permission of the authors. Working Paper 2014-256 Gouvernance d'entreprise et responsabilité sociale au Maroc: l'évolution de l'OCP. André Boyer Marie José Scotto http://www.ipag.fr/fr/accueil/la-recherche/publications-WP.html IPAG Business School 184, Boulevard Saint-Germain 75006 Paris France 1 Gouvernance d'entreprise et responsabilité sociale au Maroc: l'évolution de l'OCP. André Boyer, Professeur à l’Université de Nice Sophia-Antipolis, GRM EA 4711, boyer@unice.fr Marie José Scotto, Professeur à l’IPAG Business School, Nice, m.scotto@ipag.fr Résumé L’article propose d’analyser la démarche de Responsabilité Sociale d’une grande entreprise marocaine, l’OCP (Office Chérifien des Phosphates). Dans une première partie, nous rappellerons quelques définitions du concept de RSE dans une perspective systémique et préciserons le contexte marocain afin de déterminer les leviers qui expliquent l’appropriation et la mise en œuvre de démarches RSE au sein des entreprises marocaines. La seconde partie de notre travail sera consacré l’analyse de l’évolution de l’OCP dans une économie marocaine en mutation. Notre recherche s’attache à montrer les contraintes auxquelles l’entreprise se trouve confrontée dans son environnement immédiat et international et les réponses qu’elle y apporte et qui sont de nature à modifier sa démarche RSE. Mots clés : RSE, développement durable, Maroc, OCP Abstract Our paper aims at analyzing the case of a large Moroccan company: OCP (Office Cherifien des Phosphates). First, we present some definitions of CSR seen in a systemic perspective. We will explain the Moroccan context to determine the opportunities of CSR’s development in Morocco. The second part of our work will be focused on the evolution of the OCP in a changing Moroccan economy. The implementation and evolution of a Corporate Social Responsibility orientation will be exposed. The case discussion attempts to show the constraints the company has to deal with in its immediate and international environment, what are the answers given and the consequences which could be expected regarding the CSR approach. Keywords: CSR, Sustainable Development, Morocco, OCP Post Print : Management & Avenir, n°63, 2013, pp. 165-186. Le présent article se propose d’analyser la démarche de Responsabilité Sociale d’une grande entreprise marocaine, l’OCP (Office Chérifien des Phosphates). Notre recherche s’attache à montrer les contraintes auxquelles l’entreprise se trouve confrontée dans son environnement immédiat et international, les réponses qu’elle y apporte et qui sont de nature à modifier sa démarche RSE. Il s’agit d’une approche descriptive, contextualisée, illustrant les évolutions de la démarche d’une entreprise multinationale marocaine se réclamant de la RSE. Nous 2 constaterons que dans la mesure où le champ d’action de l’entreprise s’élargit, la compréhension de ce qui relève de sa responsabilité sociale se modifie en réponse à la pression d’éléments externes, ce qui la conduit à envisager une responsabilité plus globale envers son environnement et les parties prenantes qui le constituent. Nous rappellerons tout d’abord quelques définitions du concept de RSE envisagé dans une perspective systémique, et définirons le cadre conceptuel dans lequel à notre sens, s’inscrit le cas de l’OCP. Nous préciserons ensuite le contexte marocain afin de déterminer les leviers qui expliquent l’appropriation et la mise en œuvre de démarches RSE au sein des entreprises marocaines. La seconde partie de notre travail sera consacrée à l’analyse de l’évolution de l’OCP dans une économie marocaine en mutation. 1. Quelques éléments sur la Gouvernance d’entreprise et la responsabilité sociale Le Livre vert de la Commission Européenne1 définit la responsabilité sociale (RSE) à partir des actions qui permettent à l’entreprise « non seulement de satisfaire aux obligations juridiques applicables mais aussi aller au-delà et investir dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties prenantes ». Le Livre vert précise également qu’il s’agit d’une « intégration volontaire de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et à leurs relations avec les parties prenantes ». C’est ainsi que l’on peut relier la démarche RSE à la préoccupation d’un développement durable. En effet, depuis le Sommet de Rio en 1992, les préoccupations environnementales ont été élargies pour englober les individus et les sociétés dans un « paradigme sociétal que traduit le concept de Développement Durable » (Lipietz, 1989; Waaub, 1990). Le concept de RSE reste cependant relativement imprécis et permet de multiples interprétations. 1.1. Cadre conceptuel : la RSE comme guide de la gouvernance plurielle Le concept de « contrat social » développé par Bowen (1953) et repris par Donaldson et Preston (1995), constitue un des fondements du concept de RSE. Ce contrat, tel que le définit Pesqueux (2002), relie l’entreprise et ses parties prenantes, l’auteur distinguant les parties prenantes « contractuelles » (fournisseurs, clients, salariés), d’une part et les parties prenantes « diffuses » (collectivités locales, organismes publics, associations), d’autre part. Les relations engendrées par ce « contrat » s’articulent autour des trois éléments, économique, social et sociétal du « Triple Bottom Line » d’Elkington (1998). Caroll (1991) précise par ailleurs les quatre niveaux de responsabilité de l’entreprise socialement responsable: - Une responsabilité économique : l’entreprise se doit d’être un centre de création de richesse et de profit, - Une responsabilité légale avec le respect du cadre juridique et normatif de son environnement, - Une responsabilité « sociale », dans la mesure où l’entreprise se doit d’être « citoyenne » au sens d’Edgar Morin (1981) et contribue à l’amélioration de la société par sa bienfaisance, - Une responsabilité éthique qui implique d’être attentif aux attentes des parties prenantes et aux règles définies par la société. Selon Pluchart (2010), ces quatre niveaux de responsabilité sont de nature à remettre en cause le modèle classique de l’organisation centrée sur le profit et les actionnaires, telle que Friedman (1970) la définissait, et conduisent à concevoir un modèle d’organisation dit 1 Commission Green Paper 2001 “Promoting an European Framework for Corporate Social Responsibility”. 3 « pluraliste », celui de la « firme plurielle », « ouverte sur ses partenaires ». En s’appuyant sur la définition de Burchell et Cook (2006), Michel Renault (2008, p.2) admet qu’ « appréhender la RSE, implique de considérer la firme comme une unité multifonctionnelle, pluraliste et légitimée produisant une valeur ajoutée et remplissant des fonctions socio-économiques diversifiées pour différents partenaires ». Pour l’auteur, cette approche « partenariale » de l’entreprise ne peut que favoriser l’émergence des démarches RSE, tout en obligeant à des compromis ou à des négociations entre les différentes parties prenantes, au sein desquelles se trouvent « les territoires et les institutions qui les structurent ». Parmi les nouveaux acteurs qui apparaissent dans l’environnement des entreprises, Ballard et Banks (2003) observent que les communautés locales s’impliquent de plus en plus dans leur rôle de parties prenantes. Dans ce cas, une démarche RSE impacte non seulement les modes de gouvernance de l’entreprise, mais concerne aussi la gouvernance locale des territoires. Grochain (2009) évoque une « gouvernance plurielle », analysée comme un mode de régulation qui « émerge des interactions entre acteurs et institutions autour d’un domaine ou d’un secteur spécifique de la vie sociale ou économique » (Grochain, 2009, p. 3). Cette firme « plurielle » conjugue la prise en compte de son environnement (préoccupations écologiques), l’établissement de liens avec la société civile, associée à une réflexion sur la gestion de la ressource humaine. Cependant, ces interactions ne peuvent s’établir que si les entreprises se considèrent elles-mêmes comme des acteurs socialement responsables à la fois sur le plan social mais aussi environnemental. Une démarche RSE implique donc que l’entreprise accepte de ne pas se dissocier de son environnement, et que ce dernier puisse à la fois participer et bénéficier de sa performance économique (Hamouda et Scotto, 2011). Nous nous situons dans une approche systémique visant à concevoir la RSE comme une fonction de régulation. Cette approche fonctionnaliste, qui vise à intégrer les buts de la société et ceux des entreprises, présente la RSE comme un outil de régulation sociale permettant de stabiliser les interactions entre l’entreprise et la société (Gond et Igalens, 2008). En pratique, les démarches de RSE sont restées pour l’essentiel une préoccupation de grande entreprise multinationale, même si les PME depuis quelques années s’y engagent à leur tour. Plusieurs auteurs y ont vu des ressemblances avec le paternalisme industriel du XIXe siècle, tel qu’il a émergé des préoccupations philanthropiques des hommes d’affaires américains avant de s’imposer en Europe dans les années 1980. Le paternalisme industriel, tout comme la RSE, peuvent être analysés l’un et l’autre comme constituant des réponses destinées à garantir la continuité du fonctionnement de l’entreprise face aux bouleversements de l’environnement. Alors que le paternalisme représentait une forme de réponse à la création des modèles d’État - providence et à l’émergence des doctrines socialistes, La logique de RSE peut s’analyser comme une réponse aux tensions de la mondialisation, à l’affaiblissement de ces mêmes Etats providence, à la dérégulation et au rôle croissant des ONG. Dans les deux approches, les entreprises privées s’impliquent, voire se substituent à l’Etat pour développer des infrastructures collectives présentées comme des œuvres sociales, environnementales et uploads/Management/ rse-maroc.pdf

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  • Publié le Mai 18, 2021
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