PARTIE 3 (SUITE) : ETUDE DES CONCEPTS CLES EN PSYCHOSOCIOLOGIE DES ORGANISATION

PARTIE 3 (SUITE) : ETUDE DES CONCEPTS CLES EN PSYCHOSOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS II. LA DYNAMIQUE DES GROUPES La notion de groupe, comme on a pu le voir dans les cours précédents, occupe une place importante dans le paradigme psychosociolo- gique. A quoi renvoie ce concept ? II.1.Définition L ’homme est un animal social par nature. Il a besoin de vivre en société, d’agir et de par- tager des sentiments et des idées avec ses semblables. De ce fait , tout ensemble humain ne peut être considéré comme un groupe. En effet cer- taines conditions légitiment la qualification de l’ensemble humain comme un groupe. Pour qu’un ensemble d’individus constitue un groupe, il faut que ses membres partagent un objectif commun et collaborent ensemble pour réaliser cet objectif . Des personnes qui attendent dans le hall d’une administration pour demander un service ou s’acquitter d’une facture ne forment pas un groupe. A un moment donné ils protestent contre la lourdeur du service et le laisser-aller des employés et décident ainsi de faire une ré- clamation auprès du chef hiérarchique. C’est uniquement à partir de ce moment qu’ils com- mencent à constituer un groupe. Car ils vont collaborer ensemble pour réaliser un objectif commun : améliorer l’accueil et la qualité du service dans l’administration par exemple. C’est donc la visée d’un objectif commun qui détermine les interactions entre les différents membres du groupe. On peut donc considérer qu’un groupe est plus qu’une « collection » ou « somme » d’individus. Car la formation d’un groupe suppose le sentiment d’appartenance de ses membres et la collaboration pour réaliser un objectif commun. Selon certains spécialistes, le groupe se ca- ractérise par des interactions entre ses diffé- rents membres par le partage de sentiments communs et par une certaine forme d’organisa- tion. Pour Roger Muchielli, le groupe n’est pas une somme d’individus, « c’est un objet dont la structure est variable et en constante évolution. Son degré d’organisation constitue un indicateur de leur mode spécifique de fonctionnement. Les groupes constituent ainsi des intermédiaires entre la société et l’individu. C’est un lieu d’échange psychologique et social ». II.2.Les différents types de Groupe dans l’organisation L ’organisation n’est pas constituée d’une somme d’équipements matériels gérés par un ensemble d’individus soumis à des lois et procé- dures. En effet , même si certains managers aiment les considérer ainsi pour faciliter leur gestion, des groupes vont inévitablement se constituer pour satisfaire des besoins et des désirs personnels et on parlera dans ce cas de groupes informels par opposition aux groupes formels. II.2.1. Les groupes formels Ils sont qualifiés par le psychanalyste anglais Bion23 de groupe de niveau des tâches. Ils se créent pour l’accomplissement de tâches pré- cises. Dans ce cas les membres se forment d’une manière consciente intentionnelle et ra- tionnelle. Le but de leur formation en groupe est en relation avec la réalité objective de l’en- treprise. La structure de ces groupes est régu- lée par des normes et des procédures prédéfi- nies par l’entreprise, ils ont un statut , une au- Enseignant : Flavien HEKEELLA I I Page 1 INSG 2020 COURS DE PSYCHOSOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS Séance 4 PL 2 Cours de Psychosociologie des organisations LP 2 - INSG 2020 torité explicite et des rôles bien définis. Ex : les conseils d’administration, les comités des direc- teurs, les groupes de travail etc. II.2.2.Les groupes informels : Ils sont qualifiés par Bion , de groupe des 1 niveaux des émotions par opposition aux groupes de niveaux des tâches. Ces groupes se forment d’une manière inconsciente sur la base des relations affectives, sentimentales et souvent irrationnelle à partir d’interactions et des besoins subjectifs des individus. Les membres des groupes informels ne sont pas nommés comme c’est le cas des membres des groupes formels. Ils y adhèrent d’une manière volontaire. Leurs finalités ne sont pas toujours en adéquation avec ceux du niveau des tâches. Il est important de signaler que souvent des groupes informels se créent dans les groupes formels. Mais par opposition aux groupes formels, dans les groupes informels les rôles ne sont pas définis et les structures d’autorité se font d’une manière naturelle et spontanée. II.3.Les besoins à l’origine de la création des Groupes dans les Organisations - Le besoin de sécurité. Le groupe apporte une sécurité psychologique à l’individu c'est- à-dire une sorte de protection. Le groupe permet , dans des situations menaçantes (pé- riode de crise) d’affronter collectivement les problèmes dans l’organisation et de solliciter ainsi l’aide d’un membre du groupe plutôt que de s’adresser à la direction. - Le besoin de coopération : Par la visée d’un objectif commun, le groupe permet col- lectivement de réaliser certaines tâches et résoudre certains problèmes qui nécessitent une compétence collective. - Le besoin d’estime et de pouvoir : Les groupes assurent aux individus la satisfaction des besoins d’estime qu’apportent les autres membres des groupes. Pour d’autres per- sonnes les groupes permettent d’assouvir le besoin de pouvoir car il assure à ses membres un sentiment d’invulnérabilité. - Le besoin d’identification : L ’appartenance à un groupe permet à certains individus de construire leur personnalité sur le modèle d’autres membres du groupe, généralement des personnes privilégiées et influentes dans le groupe sont prises comme modèle. - Le besoin d’affiliation : C’est un besoin universel et naturel qui répond à l’instinct grégaire de l’homme. C’est le besoin d’établir et de rétablir des relations affectives posi- tives. C’est aussi le désir d’être aimé, accepté et admiré par les autres car l’être humain est incapable de vivre seul. Il a besoin d’avoir des amis qui le supportent et qui le com- prennent. II.4.Les avantages de la présence des Groupes informels dans les Organisations - Faciliter le fonctionnement général de l’organisation : Les groupes informels per- mettent d’alléger la lourdeur des procédures. Ils constituent des éléments nécessaires pour le fonctionnement de l’entreprise. Par leur spontanéité et flexibilité, les groupes atténuent la rigidité des procédures administratives. - Faciliter la communication : Les groupes informels par leur position transversale et leur intrusion dans différents services et dans différents niveaux de l’organisation court-cir- cuitent le système officiel d’information. La transmission d’information n’est plus tribu- taire de l’organigramme officiel et du niveau hiérarchique mais de la position que détient chaque membre du groupe informel dans l’organigramme de l’organisation. - Un générateur de sécurité : Les groupes informels constituent , dans l’organisation une « soupape de sécurité » . Les groupes pro 2 - BION W.R (1965). Recherche sur les petits groupes, Paris, Presse universitaire de France. 1 Le terme est emprunté de l’ouvrage collectif « Las aspects humains de l’organisation »Ed Gaaeten Morin, Quebec, 1986. 2 Cours de Psychosociologie des Organisations 4e Séance Page 2 Cours de Psychosociologie des organisations LP 2 - INSG 2020 curent une certaine sécurité pour leurs membres, notamment dans les périodes de crises et de conflits : avoir des amis qui vous supportent et sur qui on peut compter est très important pour les employés dans une organisation. - La stabilité : Les groupes informels par le fait qu’ils sont construits sur la base de liens affectifs très forts favorisent un bon climat social pour leurs membres chose qui peut les motiver pour demeurer plus longtemps dans l’entreprise car la quitter signifie la rupture de ces liens affectifs ce qui garantie une plus grande stabilité pour l’organisation. - Des managers plus prudents : Vu la soli- darité et le consensus qui caractérisent les membres des groupes informels dans une or- ganisation, le manager se doit d’être plus prudent lors de la prise de nouvelles décisions par crainte que son autorité ne soit mise à l’épreuve. II.5.Les inconvénients de la présence des Groupes infor- mels dans les organisations - Générer des situations conflictuelles : L ’un des objectifs de la formation des groupes informels dans l’organisation est de satisfaire des besoins sociaux pour ses membres. Pour atteindre cet objectif, les groupes recourent souvent à des méthodes de rapports de force qui peuvent générer des conflits avec la hié- rarchie et entraver ainsi le bon fonctionnement de l’organisation. Exemple les membres forts de leur solidarité se permettent d’exiger que les pauses déjeuner durent plus longtemps, chose qui peut ne pas correspondre avec les intérêts de l’entreprise. - Faciliter la circulation des rumeurs : Les groupes informels facilitent certes la circula- tion de l’information, mais ils sont aussi un terrain favorable pour la circulation des ru- meurs qui peuvent perturber le bon déroule- ment du travail et générer une ambiance délé- tère. - Résister au changement : L ’existence des groupes informels peut être à l’origine de comportements individuels ou collectifs défa- vorables aux changements. Le changement signifie, en effet , des transformations donnant lieu à de nouvelles situations. Or les groupes informels installés dans une sorte de routine quotidienne peuvent appréhender de façon négative ces changements. Dans ce sens, il est nécessaire de mettre en œuvre des ef- forts à fin d’expliquer les bénéfices du chan- gement pour les employés et la négation des menaces imaginées. - Le conformisme : C’est un effet de l’in- uploads/Management/ se-ance-4-cours-de-psychosociologie-des-organisations-2020-pl-2.pdf

  • 41
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Sep 04, 2021
  • Catégorie Management
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.2174MB