rendu de l’Ouvrage : Vers la compétence de communication. Dell H. Hymes, 1984,
rendu de l’Ouvrage : Vers la compétence de communication. Dell H. Hymes, 1984, Collection «Langues et apprentissage des langues», Paris, Hatier-Crédif, 219 pages. Madeleine Saint-Pierre Le compte-rendu de cet ouvrage doit commencer par l'histoire de son édition. Dans une note liminaire, Coste explique le projet de la collection LAL de traduire un texte de Hymes sur la compétence de communication à l'intention des enseignants en didactique des langues. C'est le manuscrit de 1973, par Hymes pour la traduction française. À ce texte, l'auteur devait préparer «une présentation lui permettant de se situer par rapport aux développements intervenus depuis 1973, dans les champs linguistique et didactique, à propos et à partir de la notion de Compétence de communication» (p.8). Cet ajout, fait en 1982, devint finalement une Postface au texte de 1973. Le volume présente donc deux inédits, c'est-à-dire le texte Principal de 1973 et la postface de 1982 encadrés d'une préface et d'une bibliographie. 1. Seul le chapitre 8 de ce texte a été édité sous le titre «Ways of speaking» dans Bauman (1974). Le texte initial de 1973, «Vers la compétence linguistique» comporte une centaine de pages dont huit chapitres et un préambule. Dans cette première partie, l'essentiel de l'argumentation de Hymes se développe autour des notions de compétence, performance, créativité, etc. proposées par Chomsky et offre une réplique à ce dernier. En effet, la notion de compétence de communication constitue une réaction à la notion de compétence proposée par Chomsky, dans Aspects. L'ambition de Hymes était et demeure de faire une linguistique socialement constituée. Depuis plus de vingt ans, sa thèse centrale est «qu'il ne saurait suffire d'étendre le domaine de la linguistique à la pragmatique, au discours, au texte, etc. aussi longtemps que les orientations et les bases de la linguistique elle-même demeurent inchangées (p. 12). Hymes propose donc à la linguistique, qu'il identifie comme une des disciplines qui contribue à ce que l'on appelle l'analyse du «discours», d'approfondir et d'étendre les bases sur lesquelles elle repose afin «d'admettre des bases qui incluent les sciences sociales et la vie sociale» (p. 13). L'important pour Hymes semble donc la description de tout trait de parole pertinent pour la mise en relation entre eux des éléments linguistiques «en termes de rapports de rôles, de statuts, de tâches, etc.» (p. 14). Ce qui semble sinon paradoxal du moins assez peu clair, c'est le modèle de description proposé par Hymes. L'on sait qu'il reconnaît que certains linguistes se soucient de la portée sociale de la linguistique en étudiant la variation linguistique. À son avis, le résultat donne une «linguistique socialement réaliste» et non une «linguistique socialement constituée», cette dernière «prend en compte les styles de parole, la façon de parler des personnes et des communautés» (p.20). Pourtant plusieurs études sociolinguistiques variationnistes offrent une description de la variation stylistique. Ce qui étonne c'est la persistance de Hymes à affirmer que ces études «comportent des limitations analogues à celles qui affectent des travaux de Chomsky» (p.146). En d'autres termes, Hymes semble déplorer le fait que ces études utilisent des modèles statistiques afin de construire une analyse de la variation en termes de compétence, mais ne parle-t-il pas lui-même de compétence dans l'étude des façons de parler des individus membres d'une communauté? VERS LA COMPÉTENCE DE COMMUNICATION Les chapitres un à huit présentent une définition conceptuelle des termes qui sont devenus la nomenclature de la sociolinguistique actuelle : communauté linguistique, façons de parler et styles de parole, répertoire verbal, variété linguistique, etc. L'ouvrage peut être considéré comme un essai théorique contenant un ensemble important de références aux travaux ethnolinguistiques permettant de répondre à l'un des objectifs que s'était fixé Hymes, soit la construction heuristique permettant de parvenir à une théorie adéquate sur la base même de ces travaux empiriques et analytiques. Pour Hymes, la notion de compétence va au delà de la grammaire : «Un membre normal d'une communauté possède un savoir touchant à tous les aspects du système de communication dont il dispose. Il manifeste ce savoir dans la façon dont il interprète et évalue la conduite des autres, tout comme la sienne.» (p.89) La postface présente une analyse plus approfondie de la notion de «compétence de communication» d'un point de vue historique et également «un examen des différentes récusations, acceptations et extensions qu'a connues le terme ...» (p.120). Ce qui est important par contre, c'est l'étude que Hymes présente des répercussions que la notion de compétence de communication a dans plusieurs domaines et pour diverses orientations de travail. Dans ce sens, notons l'importance de ce concept dans le domaine de l'apprentissage et de l'enseignement des langues (Paulston 1974). L'impact que la notion de compétence de communication a eu sur les études en acquisition du langage et en enseignement des langues constitue le thème du point 6 de la postface. Malheureusement, ce thème est traité de façon assez sommaire et plutôt factuelle. En effet, Hymes consacre la majeure partie de cette section d'une dizaine de pages, à une revue de la littérature traitant de la notion de compétence de communication dans les situations d'apprentissage et d'enseignement des langues. Il déplore, le peu de des-criptions des langues et d'analyses linguistiques précises de leur utilisation. Ces modèles d'utilisation pourraient servir en pédagogie et seraient une contribution à la linguistique appliquée. D'ailleurs, seule une étude fonctionnelle du langage peut, selon Hymes, mener à l'option communicative et donc à la compétence. ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- MADELEINE SAINT-PIERRE Hymes ne propose pas de conclusion à son ouvrage. Ceci peut s'expliquer par l'historique même de l'édition des textes qui le composent. Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un livre très recommandable non seulement à cause de l'élaboration conceptuelle de la notion de compétence de communication offerte au lecteur mais également pour l'impressionnante synthèse critique d'un ensemble de références bibliographiques des plus pertinentes qui permettent de saisir la complexité de ce que Hymes nomme la «linguistique socialement constituée». Madeleine Saint-Pierre / / Université du Québec à Montréal VERS LA COMPÉTENCE DE COMMUNICATION Références : BAUMAN, R. et J. Sherzer (1974) Explorations in the Ethnography of Speaking, New York, Cambridge University Press. CEDERGREN, H. et D. Sankoff (1974) «Variable Rules : Performance as a Statistical Reflection of Compétence», Language, Volume 50, pp. 333-355. CHOMSKY, N. (1965) Aspects of the Theory of Syntax, MIT Press, Cambridge, trad, française, 1971, Paris, Seuil. uploads/Management/ vers.pdf
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- Publié le Aoû 30, 2021
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