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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/310465545 Les compétences individuelles de l’artisan au proﬁt du développement de son entreprise ? Etudes de cas. Conference Paper · October 2016 CITATIONS 0 READS 603 2 authors, including: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Professionnal identity and work identity View project Reyes Gregory Université de Poitiers 28 PUBLICATIONS 45 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Reyes Gregory on 22 November 2016. The user has requested enhancement of the downloaded file. LES COMPÉTENCES INDIVIDUELLES DE L’ARTISAN AU PROFIT DU DÉVELOPPEMENT DE SON ENTREPRISE ? ÉTUDES DE CAS Grégory REYES, maître de conférences IAE de Poitiers greyes@poitiers.iae-france.fr Laurène GAUTIER, doctorante IAE de Poitiers laurene.gautier@univ-poitiers.fr Résumé En considérant la place et le rôle du propriétaire dirigeant en TPE artisanale (Picard, 2009a et 2009b ; Thevenard-Puthod et Picard, 2013) et également la relation dialogique entretenue entre entrepreneur et entreprise (Bruyat, 1993 ; Fonrouge, 2002), cette recherche mobilise les travaux sur les compétences individuelles selon un processus combinatoire (Loué et Majdouline, 2015 ; Le Boterf, 2013). Son objectif est de comprendre l’impact des compétences individuelles de l’artisan sur le développement ou non de son entreprise. Dans notre approche, notre analyse considère l’incidence de l’articulation entre des compétences techniques propres à un métier et des compétences managériales utiles à la gestion de l’entreprise. Pour mener ce travail une étude de cas réalisée auprès de quatre artisans et leur entreprise est proposée. Les résultats montrent que l’artisan est sous tension notamment en raison d’un environnement qui se durcit. De plus, l’analyse des cas permet de constater que certains s’appuient sur leurs compétences individuelles techniques pour développer leur entreprise ou maintenir un statut quo alors que d’autres utilisent des compétences managériales. Mots-clés : artisan, relation dialogique, compétences indivi- duelles, développement de l’entreprise, TPE 13e Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME CIFEPME2016 Institut de recherche sur le PME, Trois-Rivières, octobre 2016 [1] LES COMPÉTENCES INDIVIDUELLES DE L’ARTISAN AU PROFIT DU DÉVELOPPEMENT DE SON ENTREPRISE ? ÉTUDES DE CAS Introduction « Small is beautiful » expression évocatrice du titre de l’ouvrage de l’économiste E.F. Schumacher (1973) et inspirée de son mentor le philosophe L. Khor où une critique de l’économie occidentale et de la mondialisation dès 1973 offre un plaidoyer sur l’importance de l’échelle humaine. En reprenant cette expression, M. Marchesnay (1982) titrait un article « Is small so beautiful ? » pour questionner la place de la petite entreprise dans l’économie et son rayonnement dans les recherches anglo- saxonnes et francophones. En reprenant Schumacher notamment sur l’idée que la petite entreprise est la cellule socio-économique de base pour les sociétés du futur, M. Marchesnay (1982) se demandait si elle est plus efficace que la grande et quelle est la nature de son efficacité. Il conclut à l’époque que « small is specific » et que « small is difficult ». Il attirait alors l’attention sur le caractère spécifique de ces entreprises notamment en terme de structure, de conduite et de performance. Il souligne également un intérêt grandissant du monde académique pour cet objet mais également que beaucoup reste à faire pour accompagner ces entreprises très fragiles. Plus de trente ans après, M. Marchesnay (2014) offre un nouveau constat sur la place de la petite entreprise française dans la société et auprès de la communauté académique. Si la spécificité de la petite entreprise n’est plus à démontrer, il semble que sa survie est toujours un sujet en discussion. En effet, la complexité et l’incertitude des marchés obligent les petites entreprises, pour rester compétitives, à faire preuve de singularité et à développer leur différence. Cette singularité passe par l’implication des acteurs qui composent la structure et principalement son entrepreneur. M. Marchesnay (2014) souligne que la singularité de la petite structure repose sur la capacité à repenser le rôle de l’entrepreneur en passant de l’esprit d’entreprise (création, reprise, innovation) à l’esprit métier. Ce dernier marque la nécessité pour l’entrepreneur de s’appuyer sur son « art » c’est à dire les compétences requises pour exercer son métier (craftmanship). Dès lors, la capacité de survie de la TPE n’est pas seulement liée à la taille ou la croissance mais à un recentrage sur des métiers clés et la maîtrise de compétences. Ainsi, le développement d’une économie axée sur le métier, sur le talent et les capacités individuelles autorise le dépassement du clivage entre l’entrepreneurship (saisir des opportunités) et le leadership (aptitude au commandement) chez l’entrepreneur. « Craftmanship is beautiful ! » est un véritable plaidoyer aux métiers de l’artisanat pour leur richesse et les compétences qu’ils requièrent. Cependant, ce tour de main qui faisait la particularité de l’artisan est aujourd’hui confronté à une montée en puissance d’un besoin de gestion de son entreprise (Mazaud, 2012) dans un contexte de plus en plus incertain (Picard 2009a, Thevenard-Puthod et Picard, 2013). Ainsi, ce travail propose d’étudier les compétences de l’artisan et de comprendre leur incidence sur le développement de son entreprise. En considérant la place et le rôle du propriétaire dirigeant en TPE artisanale (Picard, 2009a et b ; Thevenard-Puthod et Picard, 2013) et également la relation dialogique entretenue entre entrepreneur et entreprise (Bruyat, 1993 ; Fonrouge, 2002), cette recherche mobilise les travaux sur les compétences individuelles selon un processus combinatoire (Loué et Majdouline, 2015 ; Le Boterf, 2013). La problématique de cette recherche est la suivante : Quel est l’impact des compétences de l’artisan sur le développement de son entreprise ? Il s’agit dans le cadre d’un processus combinatoire d’analyser les compétences individuelles de l’artisan dans 13e Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME CIFEPME2016 Institut de recherche sur le PME, Trois-Rivières, octobre 2016 [2] l’action et en rapport avec le contexte de l’organisation surtout au vu du rapport fusionnel que ce propriétaire dirigeant entretient avec son entreprise (Bruyat, 1993). La première partie consacrée au cadre conceptuel reviendra sur la place du propriétaire dirigeant dans la gestion de la TPE pour ensuite développer le concept de compétence utilisé dans cet article. La seconde partie présente la méthodologie et notamment les cas utilisés pour l’analyse. La troisième partie expose les résultats en revenant sur les tensions de l’artisan, l’articulation entre compétences techniques et compétences managériales et leurs incidences sur le développement de l’entreprise. Nous terminerons par une conclusion/discussion. 1. Cadrage conceptuel : la TPE artisanale et les compétences de son entrepreneur L’entreprise artisanale est avant tout une TPE avec toutes ses particularités qui font son originalité notamment sa proximité (Torrès, 2003, 2009). Sa singularité par rapport à la TPE « classique » vient davantage de son dirigeant. Il est investi d’une culture métier très forte (Zarca, 1988, Picard 2009a) traduisant un savoir et un savoir-faire spécifique important. Dès lors, la question de ses compétences apparaît intéressante pour comprendre l’orientation qu’il compte donner à son métier et par conséquent à son entreprise compte-tenu du lien fort qui les unit (Picard, 2009b). 1.1 Le dirigeant-propriétaire au cœur du développement de sa TPE La très petite entreprise est un objet qui attire de plus en plus la communauté scientifique et professionnelle, en atteste les différentes manifestations et associations qui lui consacrent une place importante. Pour reprendre les termes de Marchesnay (2003), ces recherches nous invitent à « sortir de l’ignorance » concernant la réalité de ces entreprises. Pour cela, il faut multiplier les investigations la concernant. Ainsi, si la TPE suscite l’intérêt de nombreux chercheurs sur des thèmes très divers des Sciences de Gestion, la question de sa définition est une étape liminaire importante. A ce sujet, Torrès (2003, 2009) a apporté un éclairage important avec la notion de proximité. Elle est au cœur du fonctionnement de ces entreprises de petite taille et se retrouve à plusieurs niveaux. Elle est spatiale et temporelle pour qualifier le marché réduit de la TPE et sa stratégie implicite. Elle est fonctionnelle et hiérarchique pour désigner sa faible spécialisation et la centralisation de sa gestion. Torrès (2009) en allant plus loin évoque le management sensoriel des TPE où les sens occupent une place essentielle dans son mode de management. Le dirigeant occupe alors une place centrale où il lui est possible de toucher, voir, sentir, entendre son environnement et ses acteurs (fournisseur, clients, salariés...). Ainsi, cette proximité attire l’attention sur la singularité de la TPE (au sens de Marchesnay, 2008) et la place qu’y occupe son propriétaire-dirigeant. Dès lors, si la TPE est souvent qualifiée d’organisation de petite taille (moins de 10 salariés), de structure simple pauvre en ressources, avec un management intuitif et centralisé, une faible spécialisation des salariés et un système d’information simple (Jaouen et Nakara, 2015), c’est surtout son propriétaire-dirigeant qui retient l’attention du chercheur en raison notamment de son rôle dans son développement (Reijonen et Komppula, 2007, Delmar et Wiklund, 2008 ; Anderson et Tell, 2009, Higgins et al., 2013, Garavan et al. 2015; Jaouen et Lasch, 2015). Ces travaux montrent que les traits de caractère et le comportement du propriétaire-dirigeant influencent le développement et la croissance de son entreprise (Jaouen et Lasch, 2015, uploads/Management/c86-pdf.pdf