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L3 EG - Management Management : fondements et perspectives Session 1 Mme Sophie

L3 EG - Management Management : fondements et perspectives Session 1 Mme Sophie AGULHON et M. Mouhoub HANI Durée : 3h + 48h de réflexion type devoir Consignes : À partir des données du cas et en vous appuyant sur les connaissances de management vues en cours : - explicitez le fonctionnement de l'entreprise, - proposez des recommandations pour assurer la pérennité de l'entreprise. © CCMP 2019 – H0658 - Unilever / Scop-Ti : quand les employés prennent le pouvoir – Delphine LACAZE, Delphine DUMAS – IAE Aix-Marseille 3 Unilever / SCOP-TI : quand les employés prennent le pouvoir Une journée chez les « ex-Fralib », ancienne filiale d’Unilever I. Contexte Créée en 2014, SCOP-TI, située à Gémenos près de Marseille, est une société coopérative1 de 58 coopérateurs et 40 coopérateurs-salariés spécialisée dans la production de sachets de thés, tisanes et infusions. Elle a été cédée aux employés de l’entreprise Fralib, anciennement propriété d’Unilever, à l’issue d’une âpre lutte qui a duré 1336 jours. L’employeur d’origine avait décidé, suite à la crise de 2008, de délocaliser la production en Pologne malgré la rentabilité du site. Parmi les 182 employés tous menacés de chômage, une minorité se soude autour des figures emblématiques d’Olivier Leberquier2 et Gérard Cazorla3 qui dynamisent et organisent « la lutte ». Pendant 4 années, les employés occupent le site, parfois accompagnés de leurs familles, et défraient la chronique. Des relations solides se nouent entre les employés devenus « camarades ». Créée en 2014 suite à l’accord de fin de conflit signé en mai 2016 (machines d’une valeur vénale de 7 M€ cédées à l’euro symbolique, financement de 2,8M€ par Unilever pour le démarrage de l’activité), la Scop commercialise désormais ses produits sous les marques « 1336 » en grande distribution4 et « SCOP TI » en réseau spécialisé. En outre, 70% des volumes de ventes sont assurés par les Marques De Distributeurs (MDD) produites pour Leclerc, Intermarché et Carrefour. Cinq ans après la création de la Scop, les ventes progressent, mais le point d’équilibre n’est toujours pas atteint, mettant en danger la survie de l’entreprise. Comment assurer la pérennité de l’entreprise? Comment mobiliser encore les coopérateurs autour d’un objectif commun? Quelles stratégies mettre en œuvre? Tels sont les enjeux majeurs du cas Scop Ti. Le cas se présente sous la forme du récit d’une journée chez les « ex- Fralib », salariés de l’ancienne filiale d’Unilever. Source: https://www.parismatch.com/Actu/Societe/ Les-irreductibles-Gaulois-contre-l-empire-Unilever-1067032 1 Annexe A 2 Actuel Président du Conseil d’Administration de SCOP TI 3 Président de la Scop et secrétaire du Comité d’Entreprise au lancement de SCOP TI 4 Annexe B UNIVERSITE PARIS 8 UFR AES ECONOMIE GESTION Copyright CCMP : Tous droits réservés / All rights reserved - Licence d'utilisation accordée à / Licence to use granted to : UNIVERSITE PARIS 8 UFR AES ECONOMIE GESTION © CCMP 2019 – H0658 - Unilever / Scop-Ti : quand les employés prennent le pouvoir – Delphine LACAZE, Delphine DUMAS – IAE Aix-Marseille 4 II. 5h30 : Ouverture de l'usine Comme chaque matin à 5h30, Nadine est la première arrivée et ouvre l’imposante usine. Doublement responsable de l’assurance qualité et du laboratoire, elle développe toutes les recettes de SCOP-TI. Le laboratoire fonctionne avec une équipe « ultra-réduite ». Alors que quatre salariés à plein temps faisaient fonctionner le laboratoire au temps d’Unilever, seuls Nadine, Christian et Raymonde, qui cumulent diverses responsabilités, y travaillent aujourd’hui. Nadine se charge de la gestion juridique, du support à la production et au marketing, des appels d’offres, de la sélection des produits, des demandes auprès des fournisseurs et des réclamations des clients. Une charge lourde qu’elle assume sans avoir pris un seul jour de congé ou d’absence depuis 2014. Les produits SCOP-TI Source: Site internet de SCOP TI Raymonde arrive peu après. Agent d’entretien chez Fralib, elle s’est laissée convaincre par Nadine de venir travailler au laboratoire et a réussi à surmonter sa peur de ne pas être à la hauteur. Tous les matins, elle organise une dégustation des lots avant de les envoyer sur les lignes de production. Parfois, elle prépare l’analyse d’un « big bag » de thé sans refuser son aide à la production quand c’est nécessaire. 6h00 : Un camion de livraison arrive à l’usine. Christian, le contrôleur qualité du laboratoire, prend en charge les réceptions en toute autonomie. Boulanger de formation, Christian a intégré Fralib lorsque son entreprise de boulangerie industrielle a été rachetée par Unilever en 1999. Il s’est vu confier un poste d’ouvrier non spécialisé sur les lignes de production. Passionné d’informatique, il s’était chargé de « casser la sécurité des ordinateurs » de Fralib pendant « la lutte ». Aujourd’hui, il aimerait poursuivre dans l’informatique mais on a besoin de lui au laboratoire. Yves, le responsable achats-planning et logistique, a prévenu Christian, hier : UNIVERSITE PARIS 8 UFR AES ECONOMIE GESTION Copyright CCMP : Tous droits réservés / All rights reserved - Licence d'utilisation accordée à / Licence to use granted to : UNIVERSITE PARIS 8 UFR AES ECONOMIE GESTION © CCMP 2019 – H0658 - Unilever / Scop-Ti : quand les employés prennent le pouvoir – Delphine LACAZE, Delphine DUMAS – IAE Aix-Marseille 5 « On attend une livraison ce matin, j’espère qu’elle sera conforme, on a en besoin à la production! » SCOP TI maintient en effet un niveau de stock très bas pour limiter les coûts, mais « il ne faut pas mettre les clients en rupture ». Si Yves fait aujourd’hui partie du comité de pilotage et donc est, à ce titre, aux manettes de l’entreprise avec deux autres coopérateurs-salariés, sa situation était bien différente avant la reprise : « Chez Fralib, j’étais au planning avec un rôle beaucoup moins large, j’appliquais les consignes et je me taisais. Il n’y avait aucune liberté dans le travail, c’était de la routine pure et simple. Aujourd’hui, les journées ne sont pas assez longues mais c’est ce qui fait l’intérêt du travail ! » III. 8h30 : Point qualité Exemple de produit sur la chaine de production SCOP-TI Source: http://www.frontsyndical-classe.org Une fois la production lancée, Nadine retrouve Olivier et Bruno en salle de réunion, au sujet du manuel qualité. Olivier, le regard franc, la parole libérée, accueille Nadine avec le sourire. Profondément bienveillant, il est une personne clé pour SCOP TI. Lorsqu’il en prend la Présidence, Olivier, initialement titulaire d’un BEP/CAP et d’un brevet d’éducateur sportif, s’inscrit à l’université et obtient un Master 2 de dirigeant d’entreprise sociale et solidaire. Adhérent CGT pendant plus de trente ans, la lutte syndicale est pour lui une histoire de famille. Dans une interview5, il explique : « J’ai grandi dans les usines occupées ». Originaire de la cité communiste Harfleur, Olivier a vécu la fermeture de l’usine Unilever du Havre. Bien décidé à ne pas revivre la même chose, Olivier n’a pas hésité pendant « la lutte » à faire barrage de son corps aux dirigeants d’Unilever venus avec des agents de sécurité pour reprendre le site occupé par les ouvriers. Aujourd’hui, il est fier d’annoncer : « Même si ça s’arrête, on aura gagné contre Unilever. [...] On a déjà tenu cinq ans sans patron, on a montré que des ouvriers et des agents de maîtrise pouvaient gérer une usine ». 5 La Provence économique, 26 mars 2019. UNIVERSITE PARIS 8 UFR AES ECONOMIE GESTION Copyright CCMP : Tous droits réservés / All rights reserved - Licence d'utilisation accordée à / Licence to use granted to : UNIVERSITE PARIS 8 UFR AES ECONOMIE GESTION © CCMP 2019 – H0658 - Unilever / Scop-Ti : quand les employés prennent le pouvoir – Delphine LACAZE, Delphine DUMAS – IAE Aix-Marseille 6 Quant à Bruno, il est le responsable commercial et marketing. Il travaille depuis un an chez SCOP TI en tant que consultant. Après une carrière dans de grandes entreprises agroalimentaires, il apporte désormais son savoir-faire aux équipes de SCOP TI. Ses missions concernent l’innovation, le développement et le packaging. La réunion débute sous l’œil de Fidel Castro. Bruno: « On a un problème avec le manuel qualité. On a fait un seul organigramme avec un rond6. Ça ne passe pas chez les distributeurs. » Olivier : « La lutte qu’on a menée contre Unilever, on l’a gagnée avec nos valeurs7. Si on pouvait faire un modèle avec 51 coopérateurs sans se donner des titres, on le ferait. On va leur faire un organigramme en pyramide, mais on maintient aussi notre organigramme en rond ! » IV. 9h00 : Arrivée de la seconde équipe de production Dans le vestiaire, Raymonde en profite pour échanger quelques mots avec ses anciens coéquipiers sur les lignes de production : « Avant avec Unilever, on produisait plus. Certes, on faisait les nuits mais on avait des primes ! » En reprenant l’outil de production indépendamment, les ouvriers se privent des marques Lipton et Eléphant – dont la notoriété assurait des volumes de vente importants à l’entreprise – ainsi que des revenus et des marges financières associés. 9h30 : Autour de la machine à café Une uploads/Management/controle-continu-1-devoir-complet.pdf