1 Du SCM au SCM durable : concepts, pratiques des entreprises et performances t
1 Du SCM au SCM durable : concepts, pratiques des entreprises et performances telles qu'elles ressortent des études internationales depuis 2004 Christine Belin-Munier Université de Bourgogne Laboratoire ThéMA, UMR 6049 IUT Gestion Logistique et Transport 1 Allée des Granges Forrestier 71 100 Chalon Sur Saône Christine.munier@u-bourgogne.fr Résumé : L’objectif de cette communication est de proposer une synthèse des travaux réalisés ces dernières années en sciences de gestion et plus particulièrement en stratégie et en stratégie logistique sur le Supply Chain Management (SCM) et de chercher à nouveau à répondre à la question de Colin (2005), « le SCM existe-t-il réellement ? », et sous quelles formes. A partir de l’examen systématique des sommaires des revues de gestion (et de sciences environnementales pour la durabilité du SCM), principalement de la base des revues en ligne de l’Université de Bourgogne, nous avons pu extraire 130 articles issus de plus de 18 revues. De leur examen il ressort que même si le SCM fait l’objet d’une recherche abondante, sa définition ne fait pas l’objet d’un consensus ni de la part des chercheurs, ni de la part des praticiens. Néanmoins, certains points communs ressortent, comme le caractère inter-fonctionnel et inter-organisationnel des processus concernés, la coordination, la coopération, voire la collaboration sources de valeur ; ces différents points sont successivement abordés. Au niveau des pratiques des entreprises, les études mettent en évidence plusieurs types de démarches, plus ou moins poussées, ayant globalement une incidence plutôt positive sur les performances, mais très variable d’une étude à l’autre et assez peu significative à un niveau global. Les résultats s’améliorent, en termes de significativité, si l’on introduit dans les modèles l’orientation stratégique, le pouvoir, l’environnement. Ces dernières années, les Supply Chains font par ailleurs de plus en plus l’objet de l’attention des parties prenantes et servent de vecteur à la diffusion de la responsabilité sociale des entreprises. Cette diffusion ne se fait pas de façon symétrique vers l’amont et vers l’aval et est fonction de différents facteurs. Les pratiques de SCM deviennent « vertes » ou « durables », ce qui n’est pas sans effet sur les performances. Mots clés : Supply Chain Management ; pratiques ; performances ; SCM « vert » ; SCM « durable » 2 1 Le succès d'une entreprise aujourd'hui dépend non seulement des capacités de cette entreprise mais aussi de celle de la « Supply Chain » dans laquelle elle s'insère (Chow et al, 2008). Tous les auteurs s'accordent pour affirmer qu'aujourd'hui une société ne peut pas à elle seule satisfaire aux exigences des clients : elle a besoin de s'appuyer sur les fournisseurs dont certains sont des sous-traitants, sur les fournisseurs des fournisseurs, sur des distributeurs ; ces différents partenaires constituent une chaîne, ou plutôt un réseau d'entreprises, (Supply Chain), tantôt appelée chaîne logistique multi- acteurs (Paché, 2007), tantôt appelée chaîne de valeur (Brulhart et Moncef, 2009). Les membres de cette chaîne doivent être liés non seulement par les flux physiques à l'origine de la satisfaction du client final, mais également par les flux d'informations nécessaires à leur coordination. A ces deux premiers types de flux, il convient d'ajouter des flux financiers et des flux humains (Dornier et Fender, 2007). Pour beaucoup d'auteurs, le SCM est lié à un besoin de coordination voire de coopération et/ou de collaboration le long de la Supply Chain. Ce Supply Chain Management permet de se réapproprier ou de garder le contrôle des processus éclatés dans des unités juridiquement distinctes. Le supply chain management fait l'objet d'une recherche abondante ; il est omniprésent dans les revues professionnelles. Pour Frankel et al (2008), le SCM est un domaine d'importance croissante tant sur le plan des pratiques que sur celui de la connaissance, depuis deux décennies. Pour Giunipero et al (2008), l'importance du SCM est renforcée par le développement de la globalisation. Néanmoins, les auteurs en général s'accordent pour affirmer la jeunesse du Supply Chain Management comme discipline de recherche voire comme pratique d'entreprise. Ainsi pour Harland et al (2006) le SCM est une discipline nouvelle, ce qui induit encore en 2006 un manque de consensus sur les définitions des concepts et même sur celle du SCM. L'étude du Journal of Business Logistics depuis 1993 par Davis-Sramek B et Fugate Brian S (2007) accompagnée de l'interview de 13 « visionnaires » de la logistique (discipline développant ces dernières années le SCM comme axe de recherche) montre que même si les auteurs ont cherché des définitions du SCM, des confusions demeurent. Selon ces mêmes auteurs, les résultats des études sont en outre plutôt mal connus. Pour Emberson et Harrison (2006) le SCM est un domaine émergent non seulement pour le chercheur, mais aussi pour le praticien. Il nous a donc paru opportun de faire un état des lieux de la recherche académique le concernant, en nous reposant la question de J Colin (2005), cinq ans plus tard : « le supply chain management existe-t-il réellement? » et sous quelles formes, en confrontant les résultats de plusieurs travaux réalisés par des chercheurs d'origines géographiques et disciplinaires variées. Pour réaliser cette revue de la littérature nous avons privilégié deux types de travaux : les revues de littérature s'interrogeant sur la validité du SCM comme objet de recherche et les études proposant une étude empirique sur les pratiques des entreprises et/ou la performance du SCM. En partant de la base des 2 revues scientifiques disponibles en ligne de l'Université de Bourgogne, nous avons pu extraire 147 articles pour la période 2004-2009 dont 35 centrés sur la modélisation mathématique de problèmes liés au SCM ; nous n'avons pu exploiter la partie non mathématique que pour 4 d'entre eux ; seuls 116 articles ont donc été retenus. Nous avons complété ce premier échantillon de 14 autres articles non explicitement sur le SCM, mais sur la gestion de la relation fournisseur, ainsi qu'un ouvrage collectif et une communication au colloque de l'AIMS en 2009. Nous avons recherché dans ces études l'origine disciplinaire du SCM et comment le Supply Chain Management était défini (partie 1). Après avoir examiné la réalité académique du SCM, nous nous sommes penchés sur sa réalité empirique et son utilité managériale. Nous avons ainsi tenté de dégager les pratiques identifiées et observées par les différents auteurs dans les entreprises, et les études empiriques sur les conséquences sur la performance (partie 2). Enfin, nous nous sommes intéressés aux répercussions du développement des préoccupations environnementales et sociales sur ces définitions et pratiques (partie 3), car le nombre de travaux sur le sujet est en pleine croissance sur la période retenue pour cette étude (2004-2009) et paraît comme un nouvel axe de recherche sur le SCM. 1. LES DIFFERENTES DIMENSIONS DU SCM 1.1 LE SCM, UN CENTRE D'INTERÊT MULTI-DISCIPLINAIRE Plusieurs auteurs ont analysé l'origine disciplinaire des travaux de recherche sur le thème du SCM. Onze disciplines différentes sont à l'origine des travaux de recherche analysés. Le SCM apparaît comme un domaine fréquent de recherche pour les logisticiens et le management des opérations (Mentzer et al,2008 ; Charvet et Cooper, 2008 ; Frankel et al,2008). C'est également un sujet de recherche pour la mercatique (Mentzer et al,2008 ; Charvet et Cooper, 2008), les achats (Mentzer et al,2008 ; Frankel et al,2008) et les systèmes d'information (Charvet et Cooper, 2008 ; Burgess et al, 2006), la distribution (Frankel et al,2008), et dans une moindre mesure la finance, l'économie, la sociologie (Burgess et al, 2006). Le SCM est aussi un sujet de recherche en stratégie (Burgess et al, 2006) en développement sur les dix dernières années (Giunipero et al, 2008). Pour notre étude,en ne comptant pas les articles rajoutés plus centrés sur la gestion de la relation fournisseur 14, 82 articles sont issus d'une revue relevant du domaine de la logistique ou de la production ( 20 de l'International Journal of Production Economics, 22 du Journal of Operations Management, 14 de l'International Journal of Operations & Production Management, 3 du Journal of Supply Chain Management, 8 de l'International Journal of Physical Distribution & Logistics Management, 9 du Journal of Business Logistics, et 5 de Logistique & Management, 1 de Human System Management), 11 articles d'une revue de stratégie (1 pour le Strategic Management Journal, 3 pour 3 la Revue Française de Gestion, 2 pour l'European Management Journal, 5 pour Omega, the International Journal of Management Science), 1 d'une revue d'économie spatiale (Transportation Research), 2 d'une revue financière (Journal of Financial Economics). Les 20 autres sont issus de revues environnementales ou éthiques (9 du Journal of Cleaner Production, 8 du Journal of Business Ethics, 2 du Greener Management International, 1 du Journal of Environmental Management) Cette multi-disciplinarité peut être vue comme un atout pour l'étude du SCM car elle permet d'enrichir le concept, en variant les problématiques et les outils utilisés (Boyer, 2007). Ainsi, pour Gripsrud et al (2006) le SCM permet de combiner différentes approches tenant compte des interdépendances entre activités (plus étudiées en logistique), entre acteurs (plus étudiées en mercatique) et entre ressources utilisées. Un grand nombre de théories différentes sont utilisées par les chercheurs : chaîne uploads/Management/du-scm-au-scm-durable.pdf
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- Publié le Mar 22, 2021
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