Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 1 Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:4
Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 1 Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 2 Les pires ennemis de la psychanalyse Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 3 Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 4 Luiz Eduardo Prado de Oliveira Les pires ennemis de la psychanalyse Contribution à l’histoire de la critique interne Voix psychanalytiques Liber Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 5 Les éditions Liber reçoivent des subventions du Conseil des arts du Canada, du ministère du Patrimoine canadien (padie), de la Société de développement des entreprises culturelles (sodec) et participent au programme de crédit d’impôt-Gestion sodec pour l’édition de livres du gouvernement du Québec. Maquette de la couverture: Jonathan Tremblay Dépôt légal : 1er trimestre 2009 Bibliothèque et archives nationales du Québec © Liber, Montréal, 2009 isbn: 978-2-89578-174-5 Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 6 Yitzhak Rabin, militaire et politicien israélien, a posé une question: «Avec qui pouvons-nous faire la paix, sinon avec nos ennemis? » Cela lui a valu d’être tué. Il n’a pas été attentif au corollaire de sa phrase: Qui nous trahira et nous fera la guerre, sinon nos amis? Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 7 Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 8 Le «pire ennemi» de Sherlock Holmes a été Conan Doyle, son créateur, qui n’avait de cesse que de se débarrasser de sa créature, pour se consacrer à l’écriture de tragédies historiques. Heureusement, les lecteurs ne l’entendaient pas de cette oreille. Ils ont protesté devant la maison de l’écrivain et ont exigé le retour de leur héros. Et ils ont réservé un triste sort aux tragédies de Conan Doyle. Régulièrement, nous sommes assaillis de nouvelles au sujet des «attaques» dont la psychanalyse ou Freud seraient l’objet. Réguliè- rement, une supposée crise de la psychanalyse sert à jouer à faire peur et éveille des passéismes. Régulièrement, on dénonce les attaquants, les détracteurs, les infâmes. Au contraire, je pense que ce sont là des preuves de la vitalité de la psychanalyse, qui n’a jamais vécu sans crise, mais n’a jamais connu de véritable persécution en dehors des régimes totalitaires. D’ailleurs, le mot «attaque» accorde trop d’importance à un phénomène banal dans tout débat d’idées. À mon sens, il s’agit de divergence d’opinions et il est sain que certains chercheurs puissent dire tout le mal qu’ils pensent de la psychanalyse. Prétendre que Popper, Ricœur ou Wittgenstein ont été des «détracteurs de la psy- chanalyse» exclut la possibilité du débat. Je ne partage pas les argu- ments de ces trois auteurs. Néanmoins, leur expression ne constitue en rien une menace pour la discipline qui en est l’objet. D’autres diront tout le bien qu’ils attribuent à la psychanalyse. Nous devrions un jour faire une évaluation et une histoire contextuelle de la présence du vocabulaire militaire dans la pensée, les écrits et les paroles des psychanalystes. Tempêtes dans des verres d’eau. D’autres disciplines, à la même époque, ne s’en servent pas autant. Les «attaques contre la psychanalyse» et les «défenseurs de la psychanalyse» oublient un élément majeur. Les premières «attaques» avant-propos Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 9 viennent des fondateurs du mouvement psychanalytique eux-mêmes, qui témoignent ainsi de leurs hésitations. Ce sont des doutes ou des réserves à l’égard de l’institutionnalisation de ce mouvement. Avant même que des critiques plus virulentes — et souvent fondées — n’apparaissent, ce sont des psychanalystes eux-mêmes qui ont exprimé leur vive inquiétude au sujet du mouvement psychanalytique. Ce sont les «critiques internes». Bleuler et Tausk, les premiers, mais aussi Reik ou Balint immédiatement après. La psychanalyse n’est pas une religion, elle n’a pas besoin de couvents ou de chapelles, elle vit sa vie parmi les autres inventions ou découvertes de la pensée humaine. Il peut y avoir des crises des institutions psychanalytiques, universitaires ou hospitalières qui s’en inspirent, sans que pour autant la pensée psychanalytique soit en crise. Plutôt, elle se transforme, devenant plus exigeante, quand elle ne se perd pas dans la langue de bois. Plusieurs mouvements, différents, sont en cours: celui des révolutions permanentes dans le champ d’une pensée qui vise à saisir un domaine problématique de l’humain, souvent soumis aux aléas du temps; un autre, assez disjoint de celui-là, où il s’agit, par endroits, de la réglementation inévitable d’une profession. Les professions entrent dans le cadre de la loi, ou disparaissent, ou deviennent des sections d’autres professions plus vastes; une des conséquences de ces deux mouvements serait la disparition probable de la psychanalyse en tant que mouvement unitaire et de sa théorie en tant que théorie unifiée, avec une base commune. De même, la psychanalyse ne présente pas une surface lisse et uniforme. Tel auteur célèbre dans tel pays a très peu ou beaucoup moins d’importance ailleurs. La psychanalyse a connu la langue de bois nourrie des travaux de Melanie Klein, de Bion, de Kohut, de Lacan ou d’autres. Ces jargons ont disparu ou disparaîtront. De la langue de bois, faisons un feu de joie1. Le présent ouvrage prolonge une réflexion et un questionnement sur mon propre parcours analytique dans une institution formatrice. Alors que ma naïveté et ma prétention m’avaient amené à penser ( Les pires ennemis de la psychanalyse 10 1. Plus exactement, selon la belle expression de H. Meschonnic: «La poétique est le feu de joie qu’on fait avec la langue de bois. Le travail de la théorie est de veiller… à ne pas faire du bois» (Poétique du traduire, Paris, Verdier, 1999, p. 22). Cette phrase permet d’évaluer le dévoiement progressif de la théorie psychanalytique depuis Freud et ses disciples. Le pire, néanmoins, est que le «théoricien» ou le «clinicien» jargonnants demeurent inconscients de la langue qui les domine, croyant, bigots, à la pertinence de ce qu’ils avancent. Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 10 mon cas comme unique ou, du moins, restreint à cette institution, la recherche me réservait des surprises. Je m’intéresse à l’incidence de la vie institutionnelle des psychanalystes sur leur pratique clinique. Cela pose le problème de l’articulation entre éthique, morale et déonto- logie, aujourd’hui trop vite confondues, avec ce qu’ils pensent être leur technique. Ainsi, il est évident que la participation à une institution a des incidences variées sur la vie privée des analystes, sur leurs pensées et sur leur capacité de penser. Une institution psychanalytique est une interface entre vie privée, vie politique et travail clinique. En psychanalyse comme ailleurs, toute pensée qui se cloisonne s’étiole. Le «purement psychique» ou la «psychanalyse pure» sont non seulement des leurres et des fautes méthodologiques, mais cor- respondent à une ambition essentiellement religieuse, ayant le romantisme piétiste comme ancêtre. Les questions que j’aborde n’ont rien d’abstrait, même si elles ne conduisent jamais à des réponses simples. Elles ont été souvent posées et réapparaissent souvent. Elles ont des conséquences multiples, économiques, politiques, sociales ou culturelles. Il convient de les actualiser. Un grand nombre de textes existent en langue anglaise, écrits par des psychanalystes, critiques à l’égard de la psychanalyse, de son histoire et de ses pratiques. Un tel travail est quasi inexistant en d’autres langues. Il est important de les traduire et de les diffuser. Je les résume ici. Je résume aussi quelques textes français pertinents à ce sujet. Le refoulement des textes s’exprime à travers le refus de traduc- tion. Mais il peut prendre d’autres formes: les résistances suscitées par ces textes, la disqualification de leur auteur, l’acceptation des critiques tout en prétendant qu’elles ne s’appliquent qu’aux autres, la réduction du scandale à la banalité — «depuis toujours c’est comme ça», «cela vous étonne?», «on le sait depuis toujours», «et alors?»… Et alors. Des pratiques sont souvent difficilement justifiables, les uns et les autres feignant d’être blasés pour mieux garder les choses en l’état: entre perversité et perversion, entre immoralisme et amoralisme, entre complaisance et complicité. Alors que la psychanalyse part d’une démarche révolutionnaire, elle aboutit à des rigidités conservatrices et réactionnaires dans tous les domaines. Cela ne lui est certes pas exclusif et s’étend sur nombre de pratiques politiques ou religieuses. Cette rigidité prend source en partie dans le caractère le plus souvent imprécis des propositions Avant-propos ( 11 Compo Les ennemis.qxd 08-12-18 16:46 Page 11 analytiques. En psychanalyse, en grande partie, elle provient aussi de défenses professionnelles, comme de se camoufler derrière la psychiatrie, la psychologie, la philosophie, la littérature, la religion et éviter tout contact direct avec la société civile, prétendant à une marginalité fanfaronne. Ma sensibilité a été interpellée par les textes que je présente. En France, la discussion sur les institutions psychanalytiques s’est déroulée à l’ombre de la scission autour de Lacan. L’étude des enjeux institutionnels et professionnels des analystes en a souffert d’autant. De même, la formation des analystes s’est ressentie de cette manière de poser et d’essayer de résoudre les problèmes. L’approche française de ces questions s’est trouvée démarquée de ce qui se faisait et se fait en Amérique latine et aux États-Unis. La formation analytique et la transmission de la psychanalyse ont toujours eu une histoire compliquée. Dans cette histoire, un carrefour crucial a été celui des «grandes controverses» à Londres, entre 1942 et uploads/Management/les-pires-ennemis-livre.pdf
Documents similaires










-
28
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 17, 2022
- Catégorie Management
- Langue French
- Taille du fichier 0.7309MB