INTERROGATION DE PHILOSOPHIE : ORAL Fabienne BAGHDASSARIAN, François CALORI, Pa

INTERROGATION DE PHILOSOPHIE : ORAL Fabienne BAGHDASSARIAN, François CALORI, Pascale GILLOT, Laurent LAVAUD, Baptiste MÉLÈS, Pauline NADRIGNY oefficient de l’épreuve : 3 Durée de préparation de l’épreuve : 1 heure Temps de passage devant le jury : 30 minutes, dont 20 minutes d’exposé et 10 minutes de questions. Types de sujets : une ou plusieurs notions, une question. Modalités de tirage du sujet : tirage au sort d’un billet comprenant deux sujets au choix à lire à haute voix. Le/la candidat/e indique le sujet choisi au début de sa prestation orale (après le temps de préparation). Ouvrages autorisés : dictionnaire de langue française. Aucun autre ouvrage. Confrontés à une épreuve dont le jury mesure bien la grande difficulté, les candidates et les candidats ont su démontrer dans l’ensemble, cette année encore, une bonne maîtrise de l’exercice oral, attestant de leur qualité personnelle et de celle de leur préparation. Nous avons pu entendre, dans la très grande majorité des cas, des exposés de bonne facture, articulés, respectant les règles formelles de l’exercice et souvent intéressants. Et comme chaque année, les différentes commissions ont eu le plaisir d’assister à quelques leçons d’une exceptionnelle qualité, forçant l’admiration, non seulement par la parfaite maîtrise de la méthode de l’exercice, mais par la rigueur et la profondeur de la réflexion déployée, la pertinence des connaissances mobilisées, nous offrant de véritables moments de grâce philosophique dont nous sommes très reconnaissants aux candidats et candidates. Il nous faut rappeler une nouvelle fois l’importance de l’introduction, dont la rigueur et la précision conditionnent pour beaucoup la réussite de la suite de l’exercice. Candidates et candidats doivent y poser le plus clairement possible une problématique claire et précise qui constituera le fil directeur de l’ensemble de la démarche, problème dont l’ensemble de la leçon constitue la réponse, laquelle devra être ressaisie clairement dans la conclusion. Cette problématique peut s’exprimer sous la forme d’une question unique, ou d’un tout petit nombre de questions clairement articulées entre elles. En aucune manière, le candidat ne devra se lancer dans une accumulation folle d’interrogations juxtaposées dans le tourbillon desquelles il perdra son auditeur le mieux intentionné. Mais au terme de trop d’introductions encore, nous restons en peine de savoir si une seule question a vraiment été posée, et laquelle. Le rôle de l’introduction tout entière sera de justifier pourquoi cette question s’impose et doit être résolue, ce qui oblige à faire l’effort de dégager les enjeux fondamentaux du sujet proposé, mais aussi d’en définir l’extension et les limites précises. Et le jury tient à insister sur l’absolue nécessité de présenter en introduction, de façon claire et explicite, le plan articulé de l’exposé qui va suivre. Peut-être plus encore que pour l’exercice écrit, les conditions de l’oral, avec la part d’improvisation qu’il comporte et la charge émotive qui est la sienne, peuvent amener à des exposés qui se perdent un peu en route et s’enfoncent dans une certaine confusion : il est d’autant plus crucial de proposer à l’auditeur une première cartographie du cheminement qui sera suivi, afin qu’il puisse accompagner au mieux le candidat, même dans les sinuosités les plus tortueuses de sa présentation. Cette année encore, trop de candidats n’ont pas pris la peine de présenter un plan, ou bien se sont contentés d’une annonce tellement nébuleuse qu’il était impossible d’y distinguer une véritable progression, et immanquablement la suite de l’exposé a déployé une argumentation confuse, brouillonne, insuffisamment charpentée. Le jury y insiste : mieux vaut sacrifier une prétendue élégance rhétorique au souci de clarté. La nécessité d’une annonce forte du plan aide le candidat à expliciter sa pensée. Rappelons que la construction argumentative va de pair avec la problématisation, et qu'une négligence dans la construction est la marque de l'absence d'une problématisation véritable, les exposés prenant alors la forme, dans le meilleur des cas, d'exposés de vague culture générale sans véritable tension philosophique, et tournant au catalogue de références superficiellement traitées, au risque du contresens. Mais construire une argumentation selon un plan ne revient pas non plus à seulement juxtaposer de façon statique et artificielle des développements indépendants dont on n’expose pas l’articulation. C’est bien un cheminement de pensée qu’il s’agit de dessiner, dans sa continuité, et il appartient de travailler tout particulièrement les transitions qui manifestent les raisons du passage à une autre perspective ou à un niveau différent de l’analyse, dont la nécessité s’impose par le repérage des limites du moment précédent. Toute thèse abandonnée devra être ainsi patiemment et explicitement réfutée. L’exercice oral est d’abord et avant tout un exercice d’argumentation, qui doit viser prioritairement à la clarté, la cohérence, la précision et la rigueur du propos. Il ne s'agit pas de disserter de façon mondaine ou rhétorique ou d'asséner des jugements à l'emporte-pièce. Toute proposition doit être justifiée, et il ne suffit pas d’exposer de façon inspirée une assertion non triviale pour emporter l’adhésion. Les exposés ne sauraient faire l’économie d’un travail nécessaire d’analyse conceptuelle qui fait trop souvent défaut : une leçon sur « l’universel », incapable d’articuler cette notion à celle de généralité et de différencier le particulier et le singulier ne pouvait guère aboutir. Il ne faut pas supposer qu'il existe des notions philosophiques si transparentes que l'on puisse se passer de les définir : sans définitions claires, un exposé sur « Le privé et le public » devient flou et discutable ; « L'éternel » a été alternativement confondu avec l'immortel, la longue durée et la fixité… On ne saurait non plus s’en tenir seulement à des acceptions métaphoriques d’une notion, sans d’abord en proposer une analyse plus directe, comme ce fut le cas pour une leçon peu convaincante sur « le monstre » où le sens biologique du terme a été presque entièrement occulté. Les meilleures prestations sont celles qui ont consenti à faire ce travail patient d’analyse et de spécification des termes qui donnait toute sa force à la problématique qu’elles déployaient. L’argumentation déployée doit trouver son impulsion dans l’appropriation par le candidat ou la candidate des enjeux fondamentaux du sujet. En aucune manière l’exposé ne peut se contenter de la récitation approximative de références doctrinales plus ou moins bien maîtrisées, juxtaposées sans nécessité et non intégrées à la continuité d’une argumentation personnelle. Mais pour autant, il va sans dire que les meilleures leçons sont aussi celles qui ont réussi à mobiliser des références philosophiques précises, pertinentes et développées pour nourrir, faire avancer et approfondir la réflexion. L’exercice oral n’est certes pas un exercice d’érudition et le jury est très loin d’attendre une culture encyclopédique en histoire de la philosophie : telle n’est pas la règle du jeu du concours, et l’érudition ne saurait se substituer à l’argumentation. Il n’en demeure pas moins que certains exposés ont manifesté une inculture philosophique stupéfiante, qu’on ne saurait accepter de la part d’élèves de khâgne, ayant bénéficié d’au moins trois années pour se familiariser avec la discipline. Le jeu des questions et des réponses dans le moment de la reprise a confirmé souvent des manques qu’un honnête cours de terminale aurait permis de combler très aisément. On constate que les exposés qui ne mobilisent pas de culture philosophique, notamment sur des sujets extrêmement classiques (« A qui devons-nous obéir ? », « Qu'est-ce qu'une expérience ? », « Le hasard », « La critique », « L’oubli », « Y a-t-il des limites à la connaissance ? »), sont aussi ceux qui présentent des défauts majeurs de construction argumentative et d'analyse conceptuelle. Il est vraiment désarmant de voir des candidats parvenir aussi démunis à l’oral du concours sur des sujets aussi classiques. Le jury attire l'attention sur la nécessité pour les candidats d'acquérir une culture philosophique de première main tout au long des années d'hypokhâgne et de khâgne, ce qui implique de bien connaître, non une multitude d'auteurs, mais quelques auteurs « classiques », par une pratique assidue de textes de la tradition philosophique. Dans ce recours aux références doctrinales pour nourrir leur argumentation, les candidats et candidates devront toujours préférer l’analyse approfondie et clairement présentée de quelques auteurs et ouvrages bien choisis et connus directement, voire le commentaire détaillé d’une page ou d’un passage précis qu’ils auraient en mémoire, à l’évocation papillonnante et allusive d’une multitude de références parfois réduites à l’évocation d’un nom propre, laquelle n’impressionne personne : le jury attend la restitution d’arguments et non pas un tourbillon de noms, de titres ou même de thèses détachées de toute justification. Empressons-nous de dire que certains sujets très classiques ont reçu un traitement tout à fait convaincant, comme ces excellentes leçons sur « Penser par soi-même » ou sur « L’identité personnelle », où les candidates ont su démontrer, avec beaucoup d’élégance, une parfaite maîtrise de l’exercice : approche très bien problématisée, associant références précises, volonté de déployer la question dans des domaines très divers et illustrations par des exemples pertinents. Mais des sujets peut-être un peu plus déroutants ont suscité aussi des exposés inventifs et réussis, comme « Entendre raison » qui a été l’occasion d’une bonne leçon sachant faire varier uploads/Philosophie/ 2018-al-philo-oral-epreuve-commune.pdf

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