LE NOUVEAU TRIANGLE DIDACTIQUE1 La formation professionnelle et, plus récemment
LE NOUVEAU TRIANGLE DIDACTIQUE1 La formation professionnelle et, plus récemment, l’approche par compétences sont venues bousculer la logique disciplinaire. Puisqu’ils sont passibles de plusieurs champs scientifiques, les savoirs professionnels ne peuvent plus être enseignés à partir d’une seule didactique, voire d’une combinaison de didactiques disciplinaires. Les savoirs professionnels sont constitués de pratiques sociales dont les sources sont multiples et dont les critères de validité ne sont pas homogènes. De plus, les relations de ces pratiques avec les savoirs scientifiques sont souvent très indirectes, puisque les critères scientifiques sont loin d’être les seuls, ou encore d’être ceux qui prédominent, dans la constitution des pratiques professionnelles. Il est de plus en plus argumenté qu’«une didactique des savoirs professionnels est nécessaire et possible»2 mais qu’elle doit obéir à une autre logique, celle des situations professionnelles ou des situations de travail. Les concepteurs de programmes (ordinairement des équipes pluricatégorielles) partent des situations de travail typiques dans un métier, une technique ou une profession et tentent d’analyser les différents types de savoirs (Le Boterf dirait les ressources) que l’agir compétent dans de telles situations nécessite. Ce travail de clarification, de caractérisation, de catégorisation et de mise en relation des savoirs (ou ressources) mobilisés selon les situations professionnelles est nécessaire avant de les organiser en séquences d’apprentissage. Cet exercice (clarification, caractérisation, catégorisation et mise en relation) est essentiel AFIN DE PROJETER, DANS LA LOGIQUE DE L’APPRENTISSAGE, LES ÉLÉMENTS ESSENTIELS DE LA LOGIQUE DES SITUATIONS PROFESSIONNELLES. Selon Raisky et Loncle (1993), la logique des situations professionnelles vient se substituer à celle des contenus à apprendre du triangle didactique classique. Cette logique oriente les rapports de l’apprenant aux objets d’apprentissage, de l’enseignant aux contenus à faire apprendre et le travail des concepteurs de la formation pour la sélection des contenus (disciplinaires, techniques, pratiques, interpersonnels ou sociaux) à inclure dans le programme. Raisky et Loncle (1993) proposent de réviser la représentation du triangle didactique, du moins pour les formations professionnelles. Ils offrent la représentation suivante : 1 Extrait d’un document de Danielle Raymond (2005) intitulé L’encadrement didactique, p. 810. 2 Raisky, C. et Loncle, J.C. (1993). Didactiser des savoirs professionnels : L’exemple des formations agronomiques. In P. Jonnaert et Y. Lenoir, Sens des didactiques et didactique du sens (p. 339366). Sherbrooke : Éditions du CRP. On remarque dans cette figure l’importance que prend la situation professionnelle dans le triangle didactique reconstruit. Les différents types de savoirs à apprendre ne sont plus en relation directe avec le formateur et l’apprenant; leur sélection et leur sens sont inscrits à l’intérieur de la situation professionnelle, elle-même orientée en fonction de finalités la plupart du temps sociales et de valeurs de référence pour le milieu de pratique. Dans une formation conçue selon une logique disciplinaire, on s’attendrait à ce qu’il y ait une forte ressemblance entre les savoirs disciplinaires et les savoirs du programme de formation. En formation professionnelle, cette ressemblance est moins certaine, en ce sens qu’il sera nécessaire de créer des raccourcis, des voies d’accès particulières aux savoirs scientifiques, autant pour sélectionner ceux qui sont directement pertinents que pour les transformer de manière à ce qu’ils soient utilisables pour agir en situation professionnelle et comprendre ce que l’on fait. On enseignera peut-être moins de notions ou de connaissances (que dans une formation inscrite dans une logique disciplinaire), ou on en enseignera moins à la fois, pour permettre leur intégration à des situations réelles ou à des tâches qui ressemblent à des tâches professionnelles. Raisky et Loncle concluent : Dans le domaine de l’apprentissage des savoirs professionnels, les bons critères de transposition didactique sont ceux qui permettent d’établir un rapport d’isomorphisme3 entre savoirs de référence et savoirs enseignés/appris. C’est dire, en d’autres termes, que la signification des seconds doit être la même que celle des premiers . (p. 347-348) Pour ces chercheurs, l’expertise didactique des enseignants se manifestera, entre autres, par la capacité de sélectionner des contenus d’enseignement qui sont réellement mobilisés et tels qu’ils sont mobilisés dans la situation professionnelle de référence. 3 Les auteurs précisent qu’ils entendent isomorphisme comme une correspondance entre deux ensembles apparentés par l’existence d’un système de relations. uploads/Philosophie/ apropos-du-nouveau-triangle-didactique 2 .pdf
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- Publié le Oct 20, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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