Le bonheur et le devoir Analyse préalable : => 1 er angle = bonne heure = le bo

Le bonheur et le devoir Analyse préalable : => 1 er angle = bonne heure = le bonheur serait une question de moment ; qu‘est-ce qui définit ou favorise ce moment ? En décide-t-on ? ( si j‘en décide cela relève de ma liberté). Ou est-il indépendant de notre volonté ? Dépendant des aléas de la vie (contingence du bonheur : il serait le résultat du hasard, d‘un concours de circonstances…). Ou un peu des deux : choix et concours de circonstances ? D’où la distinction proposée par les philosophes stoïciens notamment, comme EPICTETE, entre « ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas » pour savoir ce qu’il faut accepter -ce qui ne dépend pas de nous- et ce qui nécessite des efforts de notre part -c’est-à-dire ce qui dépend de nous comme notre manière de percevoir les événements. Ou encore nos désirs : DESCARTES sui s’inspire de la philosophie stoïcienne, dit qu’il « vaut mieux changer ses désirs que l’ordre du monde » car c’est ce sur quoi on peut agir surtout : nos désirs futiles, nos désirs les plus fous, les plus irréalisables peuvent être alors plus ou moins ignorés par un effort de notre volonté. ♪ A noter qu’en latin, on a par exemple le terme « fortuna » qui renvoie au bonheur comme « hasard chanceux »: la « fortune » ce n’est pas ici nécessairement une richesse matérielle à laquelle nous pourrions avoir accès (mais c’est aussi une possibilité), mais le fait que ce qui nous arrive nous soit favorable. => 2ème angle = satisfaction durable ou plaisir éphémère ? L‘ataraxie (absence de troubles de l‘âme) et aponie (absence de troubles du corps) est visé par le sage, dit EPICURE : il s‘agit alors d‘élaborer des stratégies pour atteindre un bonheur durable, sous la forme d‘une sérénité (être heureux = être serein); les stratégies proposées par Epicure se résument à se libérer des peurs qui nous entrâvent par la connaissance (en prenant connaissance, rationnellement donc de ce qui nous fait peur, cette rationnalité éradique alors la peur fondamentalement irrationnelle). ♪Mais on peut aussi considérer ce « bonheur permanent » comme illusoire ; le philosophe allemand R. SPAEMANN imagine, dans Notions fondamentales de morale, l'expérience suivante : on place un homme sur une table d'expérience, et, après l'avoir endormi, on lui injecte dans le cerveau une substance chimique à dose régulière (une drogue) afin de lui procurer un sentiment d'extase, de jouissance, permanent. Au bout de plusieurs décennies, quand son corps est trop vieux, on l'euthanasie. SPAEMANN nous pose la question suivante : qui veut tenter l'expérience ? On peut parier que le nombre de candidats volontaires sera très réduit et ce refus de tenter l'expérience est très révélateur : nous savons tous que le bonheur ne se confond pas avec un état continu de jouissance. A noter que l’ataraxie visée par Epicure ne se présente pas non plus comme un état de jouissance permanent mais plutôt comme « l’absence de troubles ». ♪Si , à l‘inverse, d‘autres auteurs plaident pour un bonheur comme le cumul de plaisirs éphémères c‘est pour nous amener à mieux considérer les petits instants heureux de nos vies, petits instants que nous comparons aux instants plus désagréables voire dramatiques afin de mieux les apprécier (pas de prise de conscience de notre „chance“ quand elle se présente si nous ne la comparons pas à des moments de „malchance“). => 3ème angle = bonheur comme béatitude fondée sur l‘ignorance ? Le naïf, le crédule, celui qui ignore la méchanceté des autres peut-il être plus heureux que les autres ? Le personnage de Candide de VOLTAIRE avec son optimisme béat semble incarner cette position mais souhaite-t-on traverser l‘existence comme Candide c‘est-à-dire sans se rendre compte des malheurs du monde et de notre propre malheur au fond (Candide est battu, vendu comme esclave…) ? => Le savoir peut nous rendre inquiet mais l‘ignorance nous semble dangereuse aussi car si je ne connais pas certaines réalités je ne peux pas lutter contre elles, je ne peux pas agir pour changer certaines situations (je ne combattrai jamais l‘injustice par exemple) ; suis-je libre si je ne sais pas ce qui peut me limiter ? Suis-je heureux si je ne suis pas libre (dans la mesure du possible) ? => Savoir ce qui est bien peut aussi être une condition du bonheur : s’efforcer d’être quelqu’un de bien, vertueux, nous permettrait de « mériter » le bonheur (même si concrètement on peut se demander si cette « recette » est toujours efficace). => 1 er angle : le devoir / la contrainte : On peut distinguer ce qu’on doit faire -pour des raisons morales ou juridiques – et ce que nous sommes contraints de faire notamment pour des raisons de « survie » (ce qui renvoie aux nécessités vitales) ou contraints de subir -comme la maladie. => Le devoir renvoie donc toujours plus ou moins à l’idée de la possibilité de choisir et va de pair avec une certaine liberté donc. / Tandis que la contrainte limite étroitement nos choix et notre liberté. => Le devoir suppose une certaine autonomie / la contrainte renvoie à une hétéronomie à l’inverse (à quelque chose d’imposé par l’extérieur ou par quelque chose en tout cas qui ne dépend pas -ou peu car nos choix de vie peuvent aussi avoir une influence, sur notre santé par exemple- de notre volonté). => 2ème angle : les devoirs du citoyen : -Remarque : traditionnellement,notamment à partir de la philosophie kantienne (cf E. KANT), la notion de devoir renvoie directement à la question d’un devoir moral plus qu’à la question des devoirs du citoyen mais on peut aussi analyser la notion sous cet angle. -les devoirs du citoyen se définiraient comme le devoir de s’impliquer dans la vie collective, de participer à la vie politique, devoir de voter, de respecter les lois juridiques, devoirs de défendre sa nation de différentes manières –y compris parfois en intégrant l’armée en temps de paix ou en tant de guerre, ou en cherchant à valoriser certains éléments de sa culture comme la DDHC- ou alors on se sent « citoyen du monde » avant tout et on cherche à défendre les écosystèmes, les êtres vivants et notamment les êtres humains de manière générale… => A noter que dans certains pays, le devoir de voter va de pair avec une contrainte puisque ceux qui ne votent pas -alors qu’ils remplissent les critères d’âge et de nationalité notamment- peuvent être sanctionnés par une amende. Et, concernant le devoir de respecter les lois, de ne pas vandaliser les biens d’autrui aussi bien que les biens publics… on voit apparaître plusieurs raisons de le faire (de respecter) : -parce qu’on a décidé que ces lois ont une raison d’être, une légitimité, donc on accepte librement de s’y soumettre. -mais on peut aussi se sentir contraint de les respecter même si on n’est pas d’accord avec telle ou telle loi ou avec le pouvoir politique (sa nature, ses représentants…) en place. -parce qu’on est fasciné par le pouvoir en place (fascination mêlée de crainte) : Conseil de lecture : E. DE LA BOETIE, Discours sur la servitude volontaire. … => 3ème angle : Le devoir moral : suppose la volonté, volonté qui suppose la conscience à priori, notamment une conscience morale qui s’appuie sur la raison -et vice versa : => on peut suivre ce devoir moral, agir en accord avec ce devoir ou ne pas le suivre ; d’où notre responsabilité morale, d’où aussi notre sentiment de culpabilité éventuelle si nous avons « désobéi » à la Loi morale qui serait inscrite en nous (culpabilité qui peut nuire à notre bonheur). => Ce devoir moral n’est donc pas incompatible avec notre liberté morale et intellectuelle ; au contraire, il nous permettrait de ne pas être prisonnier de nos pulsions mais d’écouter en nous une voix morale qui nous permettrait d’avoir de bonnes intentions et -idéalement- de bien agir. => Le devoir moral donne lieu à des obligations morales (à distinguer des « contraintes » mais aussi des « nécessités »). Il renvoie à des principes, des maximes, des règles de conduite d’abord théoriques que l’on s’efforce d’appliquer dans la mesure du possible (même si le décalage entre la théorie et la pratique est inévitable, il s’agirait de réduire ce décalage). => Remarque : le devoir moral apparaît à première vue comme s’imposant « de l’intérieur » donc on y obéirait de manière autonome, trouvant en soi les raisons d’y souscrire. => Le devoir moral « permettrait » à l’individu de se sentir digne : Chez KANT c'est d'ailleurs le respect de cette loi morale qui prime, et pas la recherche du bonheur : il ne s'agit pas de se rendre heureux mais dignes du bonheur en s'efforçant d'exercer une « bonne volonté » (= une volonté qui vise le Bien). Ainsi si l'être moral ne peut jouir d'un bonheur terrestre, il affirme néanmoins son humanité, sa dignité d'homme en uploads/Philosophie/ bonheur-et-devoir-cours-entier.pdf

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