ALEXANDRE PROULX CRITIQUES DE LA RAISON INSTRUMENTALE ; HORKHEIMER, ADORNO, HAB

ALEXANDRE PROULX CRITIQUES DE LA RAISON INSTRUMENTALE ; HORKHEIMER, ADORNO, HABERMAS Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l'obtention du grade de Maître es arts (M.A.) FACULTE DE PHILOSOPHIE UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2010 © Alexandre Proulx, 2010 Résumé À travers l'examen de plusieurs critiques de la raison instrumentale, ce mémoire cherchera à déterminer s'il en est une qui soit le mieux à même de répondre de la complexité de la société occidentale moderne. Tout d'abord, la problématique sera introduite avec la lecture de Max Weber proposée par Jûrgen Habermas. Il sera question chez Weber du phénomène de la rationalisation de la société. Partant de l'évidence que la sphère cognitive-instrumentale de la raison s'impose fortement dans la modernité, notamment par le complexe monétaire-bureaucratique, il s'agira d'expliquer, en revenant sur le processus historique du désenchantement du monde, comment la rationalité par rapport à une fin a-t-elle pu devenir aussi dominante dans nos institutions sociales? Ensuite, la critique de la réification de Max Horkheimer et Theodor W. Adorno sera abordée. Elle voudra montrer que la raison est totalitaire dans son essence; la raison a toujours produit de la domination et de la violence dans tous ses rapports: à la nature, à la société et à la subjectivité. Depuis le tout premier mot de l'homme, mana, jusqu'à YAufklàrung en passant par le mythe, la raison est totalitaire. Enfin, Jtirgen Habermas proposera un changement de paradigme qui, selon lui, est nécessaire pour dépasser le concept de raison réduit à son seul potentiel cognitif-instrumental. C'est dans le paradigme du langage que Habermas trouvera les ressources manquantes pour saisir le riche potentiel de la rationalité communicationnelle. Puis, grâce à ce nouveau paradigme, il pourra adéquatement conceptualiser les deux niveaux qui composent la société moderne: le système et le monde vécu. C'est seulement après avoir considéré l'importance du rôle que joue le système pour la reproduction matérielle et le monde vécu pour l'intercompréhension que Habermas abordera la colonisation systémique du monde vécu, une critique de la raison instrumentale nuancée et représentative de l'ambivalence qui caractérise la société moderne. Il Table des matières Résumé II Table des matières III Introduction 1 Chapitre I - Weber : le désenchantement du monde 6 A. Les manifestations du rationalisme occidental et la tripartition de Parsons 7 1- Société 7 2-Culture 8 3- Personnalité 8 B. La typologie wébériennede l'action 10 1- L'agir traditionnel et l'agir affectif. 10 2- La rationalité par rapport à une fin 11 a) La rationalité instrumentale 11 b) La rationalité du choix 11 3- La rationalité par rapport à une valeur 12 C. Le désenchantement du monde .' 13 1- Les caractéristiques des grandes religions universelles 13 a) L'injuste souffrance à l'origine des grandes religions 14 b) Les conceptions du divin : théocentrisme et cosmocentrisme 15 b.l Théocentrisme 15 b.2 Cosmocentrisme 16 c) Le jugement sur le monde : affirmation ou négation 16 c l Affirmation du monde 16 c.2 Négation du monde 17 2- Les religions et la rationalisation culturelle 17 a) Les indices de la rationalisation : désenchantement et systématisation 17 b) La perspective morale-pratique de la rationalisation chez Weber 18 c) La perspective cognitive-instrumentale de la rationalisation chez Habermas.. 21 3- Le passage de la rationalisation culturelle à la rationalisation de la personnalité et de la société 22 a) Le puritanisme, point final du désenchantement 23 b) L'éthique protestante de la vocation et l'esprit du capitalisme 25 c) La Zweckrationalitat institutionnalisée dans l'entreprise capitaliste et l'État moderne 27 D. La chape d'acier trempée et le nouveau polythéisme des valeurs 29 1- L'autodestruction des fondements éthiques de la raison instrumentale 29 a) Weber et l'effondrement de l'éthique dans la modernité 29 b) Habermas et la possibilité d'une éthique laïque dans la modernité 30 2- La thèse de la perte de sens 31 a) Weber et le nouveau polythéisme des valeurs 31 b) Habermas et l'unité formelle de sens 32 3- La thèse de la perte de liberté 33 a) Weber et la chape d'acier trempée 33 III b) Habermas et la liberté reflexive et critique qui sous-tend l'institutionnalisation de la Zweckrationalitàt 35 Chapitre II - Horkheimer et Adorno : la raison totalitaire 37 A. Lukâcs : la critique du phénomène de la réification 37 1- Le fétichisme de la marchandise, modèle fondamental de la réification 37 a) Qu'est-ce que la réification? 37 b) La faculté d'abstraction 38 c) La réification objective et subjective 39 d) L'aliénation comme conséquence de la réification 41 2- La limite intrinsèque à la réification 42 a) La dislocation des sous-systèmes et l'émergence de la crise 42 b) La prise de conscience du prolétariat comme solution à la réification 43 3- Habermas et sa critique de la théorie de la réification 43 a) La critique de l'universalité de la réification 43 b) Le problème du fondement normatif dans la théorie de Lukâcs 44 c) L'histoire contre la théorie de Lukâcs 45 B. Horkheimer et Adorno : la domination comme essence de la raison 46 1- Qu'est-ce que l'Aufklârung? 47 a) L'espoir dans le progrès 47 b) Le savoir comme instrument de la raison 48 c) De la raison objective à la science ; l'unité comme critère du savoir 50 2- La dialectique, mythe et raison 52 a) Le mythe entre raison et nature 52 b) De la substitution spécifique vers la fongibilité universelle 54 c) De l'immanence mythique à la nouvelle immanence du calcul 55 3- La naissance de la raison en « mana », le tout premier mot 57 a)mana, la terreur du tout autre 57 b) mana, l'embryon de la domination rationnelle 58 4- La critique de la subjectivité comme domination de soi 59 a) Ulysse et les sirènes, la préfiguration de la dialectique de la raison 59 b) Sous l'autoconservation, l'auto-aliénation 61 C. Le fondement normatif de la critique de la raison 62 1- La persistance des vraies lumières comme fondement inavoué 63 2- La faculté mimétique, une solution bien enfouie 64 3- Habermas et la critique de la raison comme métaphysique de la domination 65 D. Les premières ambitions de la théorie critique 66 1- Retrouver la théorie comme praxis 66 2- La difficulté de fonder une autoréflexion critique 68 3- Un intérêt émancipatoire universel, un retour à l'idéalis.me 69 Chapitre III - Habermas : le changement de paradigme 71 A. La théorie de la connaissance 71 1- L'ancrage de l'intérêt émancipatoire dans le langage 72 a) Le système des intérêts de la connaissance 72 b) Lapraxis de la théorie dans le dialogue 74 2- La faiblesse de la théorie critique autoréflexive 75 B. La rationalité dans le paradigme du langage 76 IV 1- Les mécanismes de la coordination sociale de l'action 76 a) Weber et la typologie officieuse de l'action 77 b) L'activité sociale dans le paradigme du langage 79 b.l La coordination par l'influence 79 b.2 La coordination par l'entente 79 2- Le concept d'intercompréhension 81 a) L'ébauche de la définition 81 b) L'intercompréhension dans la rationalité communicationnelle 81 3- La pragmatique formelle 82 a) Les actes de langage 83 b) Les prétentions à la validité 86 Chapitre IV - Habermas : la société à deux niveaux 90 A. Le monde vécu 91 1-Vers la définition 91 2- La mise en situation et le monde vécu 93 3- Les structures du monde vécu 94 a) La tradition culturelle 95 b) L'intégration sociale 96 c) La socialisation des individus 97 B. Le système 98 1- L'activité stratégique étendue à un ordre instrumental 98 2- Le fonctionnalisme systémique 99 C. L'ambivalence de la modernité 101 1- La formation des sociétés modernes 101 2- La modernité libère les potentialités du monde vécu 102 3- Le système spécialisé dans la reproduction matérielle 104 D. La colonisation systémique du monde vécu 105 1- La colonisation de la tradition culturelle 106 2- La colonisation de l'intégration sociale 107 3- La colonisation de la socialisation des individus 108 E. Le paradigme du langage et la théorie sociale 108 Conclusion 111 Bibliographie 117 Introduction S'il nous est possible de communiquer par l'écriture aujourd'hui, c'est bien sûr, nul ne nierait une telle trivialité, parce que l'homme est doué de raison, comme l'a bien souligné Aristote il y a longtemps. Il y a encore plus longtemps, en introduisant le mot Logos, Heraclite marquait l'histoire de la philosophie en liant en un seul terme la pensée et le langage, du moins selon une certaine ligne interprétative. Il semble que la philosophie, en tant que pratique discursive, i.e. qui procède de discours et de raisonnements, ait porté très tôt le flambeau de la raison. Cela a certainement perduré jusque dans la modernité. On a qu'à penser à Descartes, Kant, ou encore Hegel. Ils accordent tous à la raison un rôle central dans leur philosophie. En ce sens, il n'est pas étonnant que, plus récemment, Habermas veuille faire de la raison sa principale préoccupation philosophique : « Le thème fondamental de la philosophie est la raison. La philosophie s'efforce depuis ses débuts d'expliquer le monde uploads/Philosophie/adorno-critica-ratiunii-instrumentale-fr.pdf

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