Le Bonheur Etymologie : « bon » signifie bon, bien moral ou satisfaction et « h
Le Bonheur Etymologie : « bon » signifie bon, bien moral ou satisfaction et « heur » signifie la chance, le hasard. -> Signifierait que le bonheur ne dépendrait pas totalement de nous et qu’il impliquerait une part de moralité. Concevoir le bonheur comme souverain bien, c’est concevoir le bonheur comme la fin suprême à laquelle toutes les autres sont subordonnées. Eudémonisme : théorie selon laquelle le but de l'action est le bonheur conçu non comme quelque chose de sensible, mais comme une valeur intellectuelle, comme le souverain bien. Est il de l’ordre du don comme le suggère son étymologie ou de la conquête ? Est il à notre portée ou fondamentalement inaccessible ? Le bonheur est il une fin morale comme l’entend la pensée antique ou faut il dire avec Kant que « la majesté du devoir n’a rien à faire avec la jouissance de la vie » ? I) Le paradoxe entre la notion de bonheur et le suicide « Tous les hommes recherchent d’être heureux. Jusqu’à ceux qui se pendent. » dixit Pascal in Pensées. -> Le bonheur est une quête universelle, et ceux qui se suicident l’ont aussi connus mais ont été déçus. Pour Schopenhauer, tout homme est entrainé dans une certaine cyclicité qu’est le « vouloir vivre » ie un effort continu, sans but, sans repos, aveugle et absurde qui engendre toujours et sans cesse de nouveaux besoins et avec eux de nouvelles douleurs. Chaque homme est contraint de désirer toute sa vie et sans être jamais rassasié et en étant donc éternellement déçu. -> Celui qui se suicide serait donc qqn qui ne refuse pas la vie, mais qui remplit de trop de désir, de trop de vouloir vivre se perd dans cette spirale (cette puissante affirmation du vouloir vivre) et un jour finissant par trop souffrir se pend. La sagesse consisterait alors à se détacher de son vouloir, à le nier (modèle hindouiste du nirvana). Sisyphe est un homme condamné par les dieux à pousser jusqu’au sommet d’une montagne un rocher qui en haut de celle-ci retombe en bas de la montagne. -> Dans Le Mythe de Sisyphe, Camus explique qu’il faut être un « Sisyphe heureux » image alliant les trois concepts clés de l’auteur : absurde, révolte, amour : - Tout d’abord, l’homme doit prendre conscience de l’absurdité, du non sens du monde. - Mais ensuite, il faut qu’il se révolte, résiste à la condition de l’homme. - Par contre cette révolte ne doit pas être nihiliste mais s’accompagnée d’un étrange amour de la vie. II) Conception épicurienne du bonheur « Le bonheur est la plus grande somme des plaisirs, diminuée de la plus petite somme des douleurs possibles dans une existence complète. » dixit Benthan. -> Définition empirique, réaliste qui s’inspire de la doctrine d’Epicure. Dans la Lettre à Ménécée, Epicure explique que le bonheur est l’absence de souffrances, l’ataraxie. Cet état de sagesse où « avec un peu de pain, de l’eau et avec l’amitié, le sage vit comme un dieu parmi les hommes » refusant les excès de plaisirs, de passions qui n’entraineront que des déceptions et des souffrances. Il existe trois types de désir : - les désirs naturels et nécessaires (boire, manger, faire l’amour), - les désirs naturels et non nécessaires (bien manger), - les désirs ni naturels ni nécessaires (gloire, pouvoir, honneur). Il faut cultiver les premiers dans un idéal quasi acétique et laisser tomber les autres qui sont futiles et entrainent plus de troubles que de satisfactions. Mais n’est ce pas limiter le bonheur aux plaisirs que de mettre ces deux notions au même niveau ? III) De la distinction entre le plaisir, la joie et le bonheur Le plaisir est une composante du bonheur. Satisfaction d’un désir, le plaisir dépend de l’instant et est éphémère et partiel. Ainsi, Don Juan, le héros du plaisir, mène une vie faite d’instants plaisants sans continuité ni fidélité. -> « Je peux joyeusement endurer une douleur et savourer sans joie le bouquet d’un vin » dixit Max Sheller ie le plaisir ne reflète pas toujours l’état d’un homme. La joie est la réalisation d’un but qui transcende le temps et fait suite à un élan créateur. « Partout où il y a de la joie, il y a création et plus la création est riche, plus profonde est la joie. Le chef d’une usine qui voit prospérer son usine est il joyeux en raison de l’argent qu’il gagne ? Cela lui apporte du plaisir plutôt que de la joie. Ce qu’il goute de joie pure c’est avoir appelé qqch à la vie. » Le bonheur est un état durable de satisfaction visant l’intégralité d’une personne, corps et esprit. IV) De la possibilité ou de l’impossibilité d’être heureux Dans une perspective religieuse, le bonheur serait lié à l’éternel. Il serait donc impossible de l’atteindre totalement sur Terre ici et maintenant. Surtout si l’homme a toujours ce désir de progrès pour mieux atteindre l’idéal. Le bonheur échapperait alors au temps. -> « L’homme a toujours du mouvement pour aller plus loin » dixit Malebranche. Pour Spinoza, il y a deux niveaux : - le bonheur « c’est la jouissance infinie de l’être qui s’efforce de se préserver dans son être. », - la béatitude est une élévation au niveau de l’Etre permettant d’accéder à la compréhension rationnelle et universelle du monde. -> On n’est plus du point de vue du moi individuel mais sous l’angle de l’éternité. V) Comment concilier morale et bonheur ? Platon et Aristote, eux, sont à la recherche de la « vie bonne » et du « bien vivre » (plan éthique). Il faut éviter la démesure en recherchant la sagesse et la justice au sein de la cité. -> Les grecs assimilent le Bien (morale) au bonheur. Mais est ce possible de concilier ses aspirations personnelles et le bonheur ? Kant oppose le bonheur, les aspirations personnelles à l’éthique. L’homme doit faire primer ses actions morales sur le bonheur dans la mesure où être vertueux c’est se rendre digne d’être heureux. Le bonheur est un « idéal non de la raison mais de l’imagination » (Fondements de la Métaphysique des Mœurs). -> Certes, chaque homme aspire au bonheur mais il faut savoir faire la part des choses entre le bien et le bonheur. L’action morale n’est pas celle qui rend l’homme heureux, mais celle qui rend l’homme digne d’être heureux. Levinas explique qu’il y a une transcendance de l’autre sur moi-même. « Je n’ai que des devoirs et l’autre que des droits. » -> Relation dissymétrique entre moi et autrui où il ne semble pas y avoir de place pour le bonheur. Ricoeur nuance ce propos en posant une réciprocité entre moi et autrui. Il dit qu’il faut se considérer « soi même comme un autre » en reprenant l’évangile « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». -> Nécessité de se placer au même niveau que son prochain. Il convient de concilier autant que possible aspirations personnelles et exigences éthiques, sachant qu’on est redevable envers son prochain quand il y a « conflit de devoirs ». Etre en accord harmonieux autant que possible (conditions extérieures) et autant que cela dépende de moi (conditions intérieures) avec les autres et avec le monde. VI) Un bonheur stoïcien immanent Distinction fondamentale d’Epictète entre « les choses qui dépendent de nous » et celles qui « ne dépendent pas de nous ». -> Notre malheur est du à une obstination dans ce qui ne dépend pas de nous alors que le bonheur serait issu d’une capacité à accepter l’ordre du monde qui me dépasse et à travailler que sur les choses qui dépendent de nous. -> Il faut vivre conformément à la nature et à ses lois. uploads/Philosophie/ bonheur.pdf
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- Publié le Jan 03, 2023
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