III) L’acceptation postmoderne de la technique: le transhumanisme 1) Quelques d
III) L’acceptation postmoderne de la technique: le transhumanisme 1) Quelques définitions essentielles pour envisager cette dernière partie ● Transhumanisme : C’est une approche interdisciplinaire (ou encore une « manière de penser » ou un « mouvement philosophique et culturel ») ayant pour but de surmonter nos limites biologiques par les progrès technologiques : allongement de la durée de vie, améliorations cognitives, modifications génétiques…Le terme a été proposé par Julian Huxley en 1957, mais sa paternité semble devoir être partagée avec Teilhard de Chardin qui, dès 1950, dans un texte intitulé « Du préhumain à l’ultra-humain » utilise déjà le terme de « transhumain ». ● Posthumanisme : Il a pour but de fabriquer des êtres radicalement différents de l’homme actuel, super-intelligents, résistants, toujours jeunes. Ils pourront être partiellement ou même complètement synthétiques, sans plus aucune partie organique d’origine et dotés d’une intelligence et d’une conscience numériques, totalement virtuelles. ● Intelligence Artificielle (IA) : logiciel capable de remplacer une ou plusieurs fonctions de l’intelligence humaine (par exemple reconnaissance des formes, des images ou des sons suivie du lancement de la réaction correspondante). Ce terme d’intelligence est sans doute excessif et trop précis en Français où il n’a pas du tout le sens de « renseignement » que comporte le terme Anglais (par exemple dans « CIA », Central Intelligence Agency). ● IA générale : elle remplacerait toutes les fonctions de l’intelligence humaine, y compris la conscience. Elle permettrait donc la réalisation du « posthumain synthétique ». ● Super-Intelligence : il s’agit d’une intelligence artificielle supérieure à l’intelligence humaine, la surpassant dans pratiquement toutes les disciplines dont la créativité scientifique, le sens pratique et les aptitudes sociales. ● Singularité : c’est ainsi que les transhumanistes désignent le moment où l’IA surpasse l’intelligence humaine. Certains l’annoncent pour 2045 (Ray Kurzweil), d’autres craignent qu’elle n’arrive plus tôt (Elon Musk) et beaucoup pensent qu’il faudra sans doute plus de temps. ● Cyborg (de « Cybernetic Organism ») : être humain ayant reçu des greffes de parties mécaniques ou électroniques. Donc partiellement homme et partiellement robot. ● Bioconservateur : qui souhaite préserver la nature humaine telle qu’elle est (parfois aussi appelé « biofondamentaliste »). C’est l’inverse du BioProgressiste qu’est tout transhumaniste. ● Technoprogressiste : Transhumaniste (donc bio progressiste) du type plutôt Français, affirmant des préoccupations sociales, avec un même progrès accessible à tous. Souhaite la convergence des progrès techniques et sociaux. ● Les NBIC : ce sont les quatre types de « technologies convergentes » qui vont permettre la réalisation du transhumain: les Nanotechnologies (objets à l’échelle moléculaire), les Biotechnologies (génie génétique), l’Informatique et les Sciences Cognitives. ● Les TIC : ce sont les Technologies de l’Information et de la Communication (un développement du terme « Informatique » qui apparaît dans les NBIC). 2) Le Transhumanisme en tant que tel Dans son article au sujet du transhumanisme, Catherine Dechamps-Le Roux identifie trois grands domaines investis par ce mouvement : le domaine de l’intelligence artificielle, celui du « super bien-être », et enfin celui du vieillissement et de la longévité, autrement dit de la recherche quant à l’immortalité. Le mouvement transhumaniste est véritablement naît depuis une quarantaine d’années, même si la première apparition du terme « transhumanisme » remonte à 1957, inventé par le biologiste Julian Huxley. En souhaitant unifier les différents courants ayant pour but d’améliorer l’homme par la science, ce dernier propose le mot ‘transhumanisme’ qui désignait, selon lui, « un homme qui reste homme mais qui se transcende en utilisant de nouvelles possibilités de et pour sa nature humaine ». Toutefois, la définition du terme à évoluer - même si la pensée première à laquelle il renvoie reste la même - notamment sous l’influence des différents cercles intellectuels des prestigieuses universités américaines comme MIT ou University of California. Par transhumanisme, on doit entendre aujourd’hui, un mouvement philosophique et culturel qui cherche le perfectionnement de l’homme par la technique. Le but ultime des transhumanistes est d’orienter l’évolution de l’humanité. Par perfectionnement, ils entendent la modification des capacités et s’il le faut, de la nature et du ressenti humain. Ils envisagent l’homme tel que nous le connaissons comme un moment de l’évolution dont il faut prendre le contrôle, sans quoi le hasard (notamment par l’action de la sélection naturelle) continuera à prendre le dessus. Le mouvement transhumaniste voit dans la prise de contrôle de son évolution un perfectionnement pour l’homme, dans la mesure où cette prise de contrôle, au moyen de la technologie, est le fruit de la raison. La définition officielle, qui rejoint celle de Max More, tout en étant capable de rassembler la diversité de forme de transhumanismes existants au sein de la philosophie générale, serait celle énoncée par le Transhumanist FAQ159 : “Le mouvement intellectuel et culturel qui affirme la possibilité et la désirabilité de fondamentalement améliorer la condition humaine par la raison appliquée, et plus particulièrement, en développant et en faisant des technologies largement accessibles, qui élimineront le vieillissement, et qui augmenteront considérablement les capacités intellectuelles, physiques et psychologiques de l’homme.” Le transhumanisme est donc à la fois une philosophie de vie, un mouvement intellectuel et culturel, mais aussi un espace d’étude, de recherche. Cette philosophie se voit souvent comparée à l’humanisme des lumières, qui serait au principe de la philosophie transhumaniste, et au posthumanisme, avec lequel elle semble souvent être confondue. En ce qui concerne les ressemblances avec l’humanisme, nous pouvons en effet voir un rapprochement quant à la vision de l’homme, et au désir de le perfectionner. L’humanisme est ce mouvement de transition entre le Moyen-âge et les Temps Modernes, où l’homme se libère du prisme de la religion pour prendre en main sa propre destinée et sa propre pensée. Le moyen de perfectionnement de l’homme dans l’humanisme - où déjà la raison est remise au centre -, rassemblant des valeurs telles que la laïcité, la liberté, la foi en l’humanité, et surtout le progrès, est celui de la culture. Ainsi, le transhumanisme s’inscrit dans cette lignée. Cependant, ce dernier peut être vu comme un humanisme revisité à la lumière du prisme de l’évolution. Dès lors, si l’homme tel que nous le connaissons, n’est qu’un moment dans l’évolution de l’espèce, il prend le contrôle de sa propre évolution. Le moyen de perfectionnement n’est d’ailleurs plus la culture comme dans l’humanisme classique, mais désormais la technique de manière générale. Les transhumanistes conservent donc cette valeur du progrès, mais l’actualise non plus uniquement par la vie intellectuelle et la culture, mais par les avancées technologiques. En ce qui concerne le rapprochement, voir l’éventuelle confusion entre le mouvement transhumaniste et le posthumanisme, il s’explique par cette vision commune d’un homme en constante évolution qui doit être perfectionné par la technique. Toutefois, le posthumanisme se distingue du transhumanisme, et se positionne certainement comme une finalité de ce dernier. En effet, nous sommes dans un posthumanisme, lorsque les transformations apportées à l’homme pour l’accompagner dans son perfectionnement sont irréversibles. Par irréversible, il s’agit d’entendre des améliorations, des transformations qui entraînent une incapacité de reproduction entre les hommes transformés et les hommes non transformés : nous sommes donc dans la création d’une nouvelle espèce. Ainsi, le post humain sera l’homme qui aura réussi à se libérer de toutes les limites biologiques qui étaient les siennes. Le posthumanisme est un transhumanisme entièrement accompli. Le perfectionnement dans le posthumanisme passe par une transformation intrinsèque de l’homme, et non par une augmentation de ce dernier comme dans le transhumanisme. Il existe une littérature bien différente, qui fait du posthumain non pas un intellectuel radical affranchi de l'anthropocentrisme de l'humanisme, mais un être qui a au moins une capacité posthumaine, c'est-à-dire au moins une capacité générale centrale dépassant de beaucoup le maximum accessible à tout être humain actuel qui n'aurait pas recours à de nouveaux moyens technologiques (Bostrom, 2008). Dans ces conditions, un transhumain est un humain de transition, sorte de pont entre l'humain et le posthumain (FM-2030) ; c'est aussi un être humain cherchant à transcender son humanité, reprenant à son compte l'œuvre immémoriale de l'évolution biologique et se préoccupant de réaliser de nouvelles possibilités de sa nature humaine, ou de nouvelles possibilités pour celle-ci (Huxley, 1957). Dans les deux cas, la nature humaine apparaît comme un travail en cours, comme un chantier à jamais inachevé. M. More (More, 1999) indique du même geste ce que pourraient être ces capacités générales grandement améliorables et le type d'amélioration qu'il serait possible de leur apporter : développement des capacités perceptives au-delà de ce qui est accessible aux êtres vivant et création de nouveaux sens ; amélioration de la mémoire et de l'intelligence ; accès à un niveau accru de la conscience de soi ; correction des émotions dans le sens d'une élimination des réactions irrationnelles ; incorporation toujours plus fine de nouvelles technologies ; reconfiguration de la forme et des fonctions du corps de façon à aller au-delà des capacités intellectuelles et physiques de l'humanité historiquement constituée et ce par l'élimination des défauts individuels et spécifiques hérités de l'évolution biologique ; renversement de la tyrannie du vieillissement et de la mort. uploads/Philosophie/ technique-et-transhumanisme.pdf
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- Publié le Mar 29, 2021
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