Alessandro VALSECCHI étudiant étranger Cours de textes philosophiques en anglai

Alessandro VALSECCHI étudiant étranger Cours de textes philosophiques en anglais. 2 décembre – Séance 10 Contextualisation dans l’œuvre. Après avoir énoncé son projet d’étudier la philosophie de l’homme selon le précepte delphique « connais-toi toi-même » et avoir distingué celle-ci entre une philosophie « singulier » et une autre « sociale », Bacon analyse la première en discriminant entre l’étude du corps, qu’il propose avec un longue reproche aux médecins de son époque, et l’étude de l’esprit, qu’il faut séparer en la substance ou les facultés (ou fonctions) du même. A leur tour, ces dernières viennent distinguées, par une nouveauté psychologique à signaler, en « intellect et raison » et « volonté et passions », tous les deux liés par leur agent et messager, l’imagination. Au regard à l’intellect, enfin, Bacon étudie ce qu’il appelle « les arts intellectuelles », qui consistent dans le découvrir (la recherche), le juger (l’examen, soit le jugement), le conserver (la mémoire) et en fin l’exprimer (la tradition). Or les premières deux coïncident, en grand partie, avec la logique aristotélicienne, et au même temps ils y présentent une critique serrée. Le juger est ce que nous intéresse ici. Le problème qui est posé par Bacon est l’enquête des erreurs dans la pensée humaine et la meilleure façon de les éviter. La méthode du syllogisme n’est pas suffisante, selon Bacon, pour accéder à une véritable preuve du raisonnement, d’autant qu’elle n’est que la « réduction de propositions à des principes, à travers un terme moyen ». Il y préfère la réfutation, qu’il appelle elenches, bien qu’elle soit, cependant, utilisé avec soin pour éviter de tomber dans une confusion pas seulement infructueuse mais aussi dangereuse d’ambiguïtés de définitions et d’équivoques de mots. La meilleure façon d’éviter, retrouver et même réfuter les erreurs est l’Interpretatio Naturae, un des point cardinaux du système baconien. On doit alors se demander quel genre d’erreurs soit présent dans l’esprit de l’homme pour mieux y répondre tant qu’il est possible, et voici pourtant le contenu des morceaux qui nous présentons. Texte et traduction The Advancement of Learning, Book Two, p. 226 : But lastly, there is yet a much more important and profound kind of fallacies in the mind of man, which I find not observed or enquired at all, and think good to place here, as that which of all others appertaineth most to rectify judgment: the force whereof is such, as it doth not dazzle or snare the understanding in some particulars, but doth more generally and inwardly infect and corrupt the state thereof. For the mind of man is far from the nature of a clear and equal glass, wherein the beams of things should reflect according to their true incidence; nay, it is rather like an enchanted glass, full of superstition and imposture, if it be not delivered and reduced. For this purpose, let us consider the false appearances that are imposed upon us by the general nature of the mind […] Mais en dernier lieu, il y a dans l’esprit de l’homme un type d’erreur bien plus important et profond, que je ne trouve ni observé ni enquêté, et que je crois bien placer ici, parce qu’il concerne bien plus que les autres le redressement du jugement, et dont la force est telle qu’elle n’aveugle ni piège la compréhension que dans certains détails, mais elle infecte et corrompt plus généralement et intérieurement l’état de la compréhension. L’esprit de l’homme est en fait bien différent de la nature d’un miroir clair et régulier, dans lequel les rayons des choses peuvent se refléter selon leur propre incidence; non, notre esprit est plus proche d’un miroir enchanté, plein de superstitions et impostures, s’il n’en est pas libéré et réduit. Pour ce but, on doit considérer les fausses apparences qui nous sont imposées par la nature générale de l’esprit. Second passage, p. 228 : Elenchi magni, sive de Idolis animi humani, nativis et adventitiis. And lastly, let us consider the false appearances that are imposed upon us by words, which are framed and applied according to the conceit and capacities of the vulgar sort: and although we think we govern our words, and prescribe it well “Loquendum ut vulgus, sentiendum ut sapientes”, [a man should speak like the vulgar, and think like the wise;] yet certain it is that words, as a Tartar’s bow, do shoot back upon the understanding of the wisest, and mightily entangle and pervert the judgment; so as it is almost necessary in all controversies and disputations to imitate the wisdom of the Mathematicians, in setting down in the very beginning the definitions of our words and terms, that others may know how we accept and understand them, and whether they concur with us or no. For it cometh to pass for want of this, that we are sure to end there where we ought to have begun, which is in questions and differences about words. To conclude therefore, it must be confessed that it is not possible to divorce ourselves from these fallacies and false appearances, because they are inseparable from our nature and condition of life; so yet nevertheless the caution of them (for all elenches, as was said, are but cautions) doth extremely import the true conduct of human judgment. The particular elenches or cautions against these three false appearances I find altogether deficient. Sur les réfutations importantes, soit sur les idoles de l’esprit humain, innées et imposées. Et enfin, il faut considérer les apparences fausses qui nous sont imposées par les mots, et qui sont encadrées et appliquées selon les concepts et les capacités du peuple commun ; et bien que nous croyions que nous gouvernons nos mots, comme le suggère bien l’expression “un homme devrait parler comme le vulgaire, et penser comme le sage”, cependant il est sûr que les mots, comme un arc tartar, tirent en arrière sur la compréhension des plus savants, et elles intriquent et pervertissent le jugement. Alors il est presque nécessaire, dans chaque controverse et chaque débat, d’imiter la sagesse des mathématiciens en établissant au tout début les définitions de nos mots et de nos termes, afin que les autres puissent savoir comment nous les utilisons et les comprenons, et s’ils s’accordent avec nous ou non. Cela doit arriver pour éviter ce dont on est sûr, c’est-à-dire de finir là où nous aurions du commencé, soit dans des questions et des distinctions entre les mots. Pourtant, pour conclure, il faut confesser qu’il n’est pas possible de se séparer de ces erreurs et fausses apparences, parce qu’elles sont inséparables de notre nature et de notre condition de vie ; mais néanmoins la précaution contre elles (car tous les elenches, comme nous l’avons dit, ne sont que des précautions) exprime très bien la vrai conduite du jugement humain. Je trouve que les elenches particuliers, ou les précautions contre ces trois apparences fausses, sont complètement absents. Commentaire du premier passage. Avant d’analyser le sujet du texte il faut faire une petite remarque linguistique. Le mot fallacy (dont l’étymologie est bien évidemment le latin « fallacia »), qui est utilisé ici par Bacon pour designer les erreurs dont on va parler, désigne exclusivement les erreurs logiques, et pourrait-on alors le traduire comme Sophisme ou Paralogisme, à la fois ; mais Bacon utilise cet expression pour indiquer un certain erreur dans l’étude de n’importe quelle discipline, pas seulement dans la logique, et qui est profondément intégré dans l’esprit humain.1 Ces erreurs, qui Bacon définit comme « les plus importants et profonds dans l’esprit de l’homme » ne sont en fait que les très célèbres Idola qu’il étudie dans le Novum Organum.2 La véritable exposition des Idola, bien que ce sujet soit un point cardinal de l’ouvrage major de Bacon et qu’il mériterait une explication bien plus longue de celle-ci, compare à partir du apophtegme XXXIX du premier livre jusqu’au XLVIII. On trouve quatre types différents d’Idola : les Idola tribus (idoles de la tribu), les Idola specus (idoles de la caverne), les Idola fori (idoles du forum) et en fin les Idola theatri (idoles du théâtre). Les idoles de la tribu sont causées par la réflexion de l’intellect humain sur la nature, qui se trompe en se considérant analogue à l’univers ; on y retournera. Les idoles de la caverne sont les conséquences des notions ou des croyances de l’individu particulier, qui pourtant ne possède aucun éprouve pour les soutenir et qui proviennent de son éducation et expérience.3 Comme les précédentes étaient causés par l’individu, les idoles du forum proviennent par contre de la communication entre les hommes et les définitions qu’y suivent. Enfin, les idoles du 1 Cf. P. ROSSI, Francesco Bacone : Dalla magia alla scienza, Torino 1974, surtout les pp. 263-269 et 274-278. 2 Pour une très claire exposition du développement de la théorie des Idola chez Bacon, cf. F. ANDERSON, The philosophy of Francis Bacon, Chicago 1948, pp. 91-105. 3 La référence à Platon est bien clair, bien que le mythe de la caverne ne soit pas cité dans uploads/Philosophie/ 2-de-cembre.pdf

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