Ne pas confondre diffi cultés d’apprentissage et troubles d’apprentissage Les d

Ne pas confondre diffi cultés d’apprentissage et troubles d’apprentissage Les diffi cultés d’apprentissage, généralement passagères, sont reliées à des facteurs externes (déménagement, divorce des parents, etc.). Elles se manifestent par un retard ou un déséquilibre ponctuel dans les apprentissages : problèmes de concentration, diffi cultés en lecture, en écriture ou en mathématiques, problèmes de comportement, etc. Si on repère assez tôt les diffi cultés d’apprentissage, on peut rapidement intervenir sans qu’il n’y ait de conséquences. Et ces diffi cultés deviendront vite chose du passé (fi gure A). Les troubles d’apprentissage durent toute la vie Les troubles d’apprentissage, généralement permanents, sont caractérisés par des diffi cultés persistantes. Les élèves auront de la diffi culté à suivre le programme scolaire régulier à moins d’être repérés assez tôt et d’obtenir un soutien et un suivi adaptés (fi gure B). Règle générale, en milieu scolaire, l’orthopédagogue dépiste et évalue les élèves lorsque des doutes s’installent. Ensuite, de concert avec les enseignants, la direction de l’école, les parents et l’élève, il établit un plan d’intervention personnalisé, qui sera revu chaque année. Celui-ci contient toutes les stratégies engagées pour favoriser la réussite éducative et sociale de l’élève. Une multitude d’outils ont été développés au fi l des ans pour soutenir les élèves en trouble d’apprentissage dans leur cheminement scolaire. Ces outils, principalement des aides technologiques, facilitent leurs apprentissages et les encouragent à persévérer malgré les diffi cultés rencontrées. Loin de devenir des béquilles pour les élèves, ils représentent au contraire une source de motivation et un moyen compensatoire à leur diffi culté très effi cace. Figure A : Diffi cultés d’apprentissage Figure B : Troubles d’apprentissage Par Martine Rioux, avec la précieuse collaboration de Jean Chouinard, du Service national du RÉCIT en adaptation scolaire. Troubles d’apprentissage : les technologies à la rescousse Les troubles d’apprentissage se manifestent sur le plan de l’attention, de la mémoire, de la coordination, de la communication, de l’habileté à lire et à écrire, de la conceptualisation, de la sociabilité et de la maturité affective. Ils ne sont pas reliés à l’intelligence, mais plutôt à une carence en lien avec le traitement de l’information. Ils touchent environ 10 % de la population. Puisque le repérage et le traitement des troubles d’apprentissage étaient pratiquement inexistants jusqu’à tout récemment, plusieurs adultes d’aujourd’hui vivent avec ce genre de troubles sans le savoir. Extrait du Guide annuel 2009-2010 – 500 sites Web pour réussir à l’école Les professionnels de l’éducation interrogés sont unanimes : les aides technologiques à l’écriture sont des outils indispensables pour favoriser la réussite scolaire des élèves ayant un trouble d’apprentissage. Les élèves qui les utilisent effi cacement obtiennent non seulement de meilleurs résultats scolaires, mais ils sont aussi plus motivés à l’école et ont une plus grande confi ance en eux. Selon Sophie Cadieux, orthopédagogue à la Commission scolaire des Trois-Lacs, les aides à l’écriture peuvent faire la différence entre l’obtention d’une note de passage ou un échec pour des élèves souffrant de dyslexie, de dysorthographie ou de dyspraxie. Des élèves qui obtenaient des 40 % ou 50 % en production écrite s’en sortent désormais avec des 65 %, depuis qu’elle utilise avec eux le logiciel de prédiction de mots WordQ. « Ce logiciel n’écrit pas à la place de l’élève, il lui suggère des mots. L’élève peut se concentrer sur sa composition plutôt que de paniquer sur l’orthographe. » Brigitte Stanké, orthophoniste doctorante, témoigne également des effets positifs de l’utilisation des aides à l’écriture. Elle a utilisé le logiciel WordQ avec des jeunes de la fi n du primaire à la Commission scolaire de Montréal et du secondaire à l’école privée Vanguard. L’effort requis pour la rédaction limitait la longueur des textes de ces élèves à une dizaine de lignes, dit-elle. En écrivant avec l’aide du logiciel, ils rédigeaient des phrases plus longues, avec un vocabulaire plus riche. En fait, l’usage des logiciels d’aide donnerait un répit aux élèves en trouble d’apprentissage, en leur apportant une assistance, une rétroaction sur le travail accompli, les invitant à se corriger au fur et à mesure. La recherche « L’erreur dans l’acquisition de l’orthographe » (Arnaud Rey, Sébastien Pacton et Pierre Perruchet, 2005) corrobore ces témoignages. Elle a démontré qu’une exposition répétée aux erreurs d’écriture empêche l’élève de retenir l’orthographe correcte. Selon Madeleine Fauteux, conseillère pédagogique en adaptation scolaire à la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, en réduisant l’exposition à l’erreur (par la suggestion de bonnes réponses possibles), les aides à l’écriture permettent aux élèves d’enregistrer la bonne orthographe des mots et, ce faisant, de se concentrer sur d’autres aspects de la rédaction. Certes, les élèves ayant un trouble d’apprentissage n’obtiennent pas une note parfaite du jour au lendemain. La source du trouble étant neurologique, les problèmes demeurent à vie. Malgré tout, ils peuvent avoir « plus de contrôle sur leur apprentissage », soutient Brigitte Sirois, orthopédagogue à la Commission scolaire des Phares. « J’ai vu des élèves passer d’une démotivation, près de l’apathie, à une motivation vraiment plus importante », affi rme-t-elle. Les élèves qui voient leurs efforts mener à de meilleurs résultats sont plus motivés et ont une meilleure estime d’eux-mêmes. Les aides technologiques deviennent source de valorisation. « Maintenant, ils savent qu’ils peuvent réussir », dit Sophie Cadieux. Accompagnement requis Malgré les bienfaits observés, certaines conditions doivent être respectées pour assurer une utilisation maximale et effi cace des aides à l’écriture. « On ne peut pas juste recommander un outil sans montrer au jeune comment l’utiliser », avertit Mme Stanké. « Il est nécessaire de réaliser un accompagnement pédagogique en parallèleà », précise Mme Fauteux. L’élève doit comprendre son trouble et être conscient de ses diffi cultés. Il doit être amené à comprendre le principe de base et les limites des outils qu’il utilise. Certains « croient à tort que les correcteurs d’orthographe sont un peu magiques ». D’emblée, elle leur explique que ce n’est pas le logiciel qui est intelligent, mais l’élève qui prend une décision parmi les choix proposés. Ainsi, l’élève s’engage dans son apprentissage, il devient plus autonome. Il acquiert « une méthode de travail », et non une « dépendance » à l’outil, fait remarquer Mme Cadieux. Mme Fauteux rappelle également que « la réussite des élèves est en lien avec plusieurs facteurs », pas uniquement avec l’utilisation d’un outil ou d’un autre. « La majorité des enfants qui ont un trouble d’apprentissage ont aussi un problème de motricité fi ne », relate Mme Sirois. Taper sur les touches d’un clavier est alors moins énergivore que manipuler un crayon. Les troubles d’apprentissage les plus connus • dyslexie : trouble spécifi que de la lecture • dysorthographie : trouble spécifi que de l’écriture • dyscalculie : trouble spécifi que du calcul et des mathématiques • dysphasie : trouble spécifi que du langage • trouble de la mémoire (à court ou à long terme) • dyspraxie : trouble psychomoteur • trouble visuo- ou auditivo-perceptif : diffi culté d’assemblage et de différenciation de visuels ou de sons • trouble des fonctions exécutives : organisation et planifi cation • syndrome de dysfonction non verbale : diffi culté motrice, visuelle, sociale ou sensorielle • trouble du traitement auditif : traitement de l’information • trouble du défi cit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) Source : www.aqeta.qc.ca Utiles, les aides technologiques? Certainement, mais… Par Elsa Iskander En développement L’utilisation des aides à l’écriture est relativement récente dans les écoles, ce qui fait que les enseignants et autres professionnels scolaires ne sont pas tous au courant des retombées possibles. « Au bout du compte, il vaut mieux avoir l’outil pour faire [de l’élève] un adulte fonctionnel plutôt qu’un futur illettré ou décrocheur », fait valoir Mme Stanké. À long terme, quel que soit le moyen utilisé, l’objectif est que l’élève parvienne à écrire un texte cohérent et sans fautes. Pour l’instant, les aides technologiques sont davantage utilisées au primaire, et même au préscolaire qu’au secondaire. Le manque d’orthopédagogues au secondaire, les classes plus nombreuses et les changements de local sont évoqués pour expliquer la situation. De plus, l’accès aux ordinateurs directement en salle de classe est plus facile au primaire. Les professionnels interrogés déplorent également le peu de formation que les enseignants reçoivent sur les troubles d’apprentissage et l’usage des aides technologiques en classe. Selon Mme Fauteux, « la formation devrait être davantage en lien avec l’apport pédagogique des aides que le soutien technique ». Elle prône du même souffl e un travail très étroit entre orthopédagogues et enseignants pour maximiser l’exploitation de l’outil, favoriser la progres- sion de l’élève et assurer le suivi des outils d’une année scolaire à l’autre. Et les parents dans tout cela? Puisque les troubles d’apprentissage sont très souvent héréditaires, Mme Sirois tente de les déculpabiliser. « Les enfants et les parents sont familiers avec l’informatique, il reste à les éduquer pour qu’ils l’utilisent en fonction de leur diffi culté. » Mythe 3 : L’aide technologique ne permet pas à l’élève d’apprendre. L’aide technologique permet à l’élève de développer ses compétences en favorisant son autonomie et son implication. Elle lui uploads/Philosophie/ cahier-troublesapprentissage-p1-a-6.pdf

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