LM0006Y Cours de M. Chométy Méthode de la dissertation Qu’est-ce qu’une dissert

LM0006Y Cours de M. Chométy Méthode de la dissertation Qu’est-ce qu’une dissertation ? Une dissertation est une réflexion organisée autour d’une problématique littéraire. Elle s’appuie sur le corpus des œuvres au programme (extraits analysés en classe, œuvres intégrales étudiées, lectures complémentaires), et vous demande d’élargir vos références à votre culture personnelle. Une problématique littéraire est une question regardant la création, les genres, les mouvements littéraires ou la lecture d’une œuvre. Que peut-on vous demander ? On vous demande généralement de discuter, nuancer une opinion exprimée par un critique ou un auteur dans une citation. Comment traiter un sujet de dissertation ? La dissertation est un exercice réglé par un protocole précis qui se déroule en plusieurs étapes. Étape 1 : analyser le sujet Il vous faut dégager la problématique littéraire que pose la citation. Cette étape décisive vous donne un cadre pour conduire votre réflexion. L’énoncé du sujet ne pose pas toujours explicitement le problème. Dégager la problématique consiste alors à clarifier le sujet, à en extraire une question fondamentale. Méthode : ¶Relevez les mots-clés de l’énoncé : notions, termes littéraires, indications éventuelles concernant le plan (un connecteur logique par exemple). ¶ Relevez les références littéraires : mention des œuvres, des auteurs, des mouvements culturels. ¶ Reformulez l’énoncé sous la forme d’une question. 1 LM0006Y Cours de M. Chométy Étape 2 : rechercher des arguments Pour nourrir votre réflexion, il faut explorer la problématique et en extraire toutes les richesses. Méthode : ¶ Appuyez-vous sur les textes du programme. ¶ Raisonnez par déduction (partir d’une idée générale pour déboucher sur un cas particulier), par induction (partir d’un exemple et en extraire un principe) et par analogie (souligner les similitudes entre deux idées). ¶ Abordez la problématique selon des angles différents : littéraire, esthétique, historique, moral, politique… ¶ Réfutez (prendre le contre-pied de la thèse par une série d’arguments et de contre-exemples qui en montreront les insuffisances). Étape 3 : ordonner les arguments Il est essentiel de regrouper les idées selon un plan progressif ordonné en partie et sous-parties. Méthode : ¶ Construisez une argumentation, c'est-à-dire un ensemble organisé dans lequel chaque argument s’articule au suivant et avec celui qui précède dans un rapport logique. ¶ Choisissez un plan dialectique organisé en trois parties complémentaires et équilibrées : - 1re partie : la thèse argumente en faveur de l’idée énoncée par le critique ou l’auteur dans la citation. Elle démontre la validité de son point de vue. - 2e partie : l’antithèse avance des arguments qui nuancent l’opinion énoncée par le critique ou l’auteur dans la citation. Elle développe un point de vue complémentaire ou qui montre les limites de la thèse. - 3e partie : le dépassement vise à adopter une perspective plus large sur la problématique. Il s’efforce de reposer le problème d’une manière nouvelle. On voit bien que le plan dialectique s’organise comme un vaste schéma de concession en deux temps : « Certes, on peut admettre que… (mouvement concessif) Cependant 2 LM0006Y Cours de M. Chométy (renversement argumentatif)… ». Un troisième mouvement permet de surmonter le paradoxe ou la contradiction. Étape 4 : construire le plan du développement La dissertation présente les arguments dans un développement structuré, construit sur un plan. Méthode : ¶ Notez au brouillon les idées directrices, les arguments secondaires et les exemples. ¶ Regroupez-les en trois parties (thèse, antithèse, dépassement) et sous-parties (paragraphes argumentatifs). ¶ Prévoyez des transitions entre les parties. ¶ Agencez les parties et les sous-parties de façon logique, dans un rapport de cause à effet ou de filiation. Étape 5 : rédiger l’introduction L’introduction sert d’ancrage à la réflexion. Elle occupe un paragraphe. Méthode : ¶ Commencez par un préambule (une phrase d’accroche, une entrée en matière) : - une considération historique liée au sujet. - une réflexion générale liée au sujet. - l’étymologie d’un mot-clé contenu dans le sujet. ¶ Citez le sujet. ¶ Énoncez la thèse en analysant l’énoncé du sujet. ¶ Présentez la problématique - sous une forme interrogative. - sous la forme d’une hypothèse. ¶ Annoncez le plan du développement : - en autant de phrases rédigées que de parties. - sous une forme démonstrative : dans un premier temps/ ensuite/ en dernier lieu. Étape 6 : rédiger la conclusion La conclusion clôt la réflexion avec richesse et fermeté. Méthode : ¶ Récapituler les temps forts du raisonnement. 3 LM0006Y Cours de M. Chométy ¶ Apporter une réponse claire à la problématique (fonction de clôture). ¶ Élargissez la réflexion en situant le sujet dans le cadre d’un intérêt plus général (fonction d’ouverture). Étape 7 : rédiger le développement Il s’agit de développer une démonstration. Méthode : ¶ Chaque grande partie (thèse, antithèse, dépassement) comporte : - une phrase introductive qui énonce l’idée directrice ; - trois sous-parties (paragraphes argumentatifs) correspondant chacune à un argument illustré par des exemples ; - une transition (phrase conclusive établissant un bilan partiel et introduisant la partie suivante). ¶ À l’intérieur de chacune des trois grandes parties, les sous- parties (paragraphes argumentatifs) comprennent toujours un argument développé et des exemples qui illustrent et renforcent l’argument. L’exemple n’est pas seulement cité, il est commenté. ¶ Soigner la mise en page de la dissertation : séparer les grandes parties de la dissertation (introduction, thèse, antithèse, dépassement, conclusion) par quelques lignes de blanc (espacement de deux ou trois lignes). Pour commencer une grande partie ou une sous-partie, aller à la ligne et faire un alinéa (retrait bien visible par rapport à la marge). ¶ Organiser : - classer : premièrement/ en premier lieu/ en dernier lieu ; tout d’abord/ ensuite/ de plus/ en outre / enfin / pour finir ; on sait déjà/ plus important encore/ il faut aussi compter avec ; on remarque… / au contraire/ à l’inverse… - mettre en parallèle : d’une part… d’autre part…, non seulement… mais aussi…, ni… ni…, soit… soit… - récapituler : au fond, après tout, en définitive, en fin de compte, en sommes, nous le répétons, comme nous l’avons déjà indiqué, en résumé, en un mot, finalement, bref… - conclure : ainsi, finalement, en définitive, pour conclure… ¶ Modaliser : 4 LM0006Y Cours de M. Chométy - exprimer la certitude : il est certain/ incontestable/ évident que, il va de soi que, nul doute que, il faut convenir que… - exprimer le doute : il est peu probable que, on doit s’interroger sur, il n’est pas sûr que… - insister : nous ferons remarquer que, nous voyons que, qu’il soit permis d’insister sur… - expliciter : c’est-à-dire, pour être clair, d’ailleurs, en d’autres termes, autrement dit… ¶ Articuler parties et sous-parties par des connecteurs logiques : - cause : car, parce que, puisque, grâce à, par, en effet, en raison de, du fait que, vu que, à cause de… - conséquence : ainsi, c’est pourquoi, en conséquence, si bien que, de sorte que, donc, par conséquent, de telle façon que… - hypothèse : si, au cas où, à la condition que, dans l’hypothèse où… - but : pour, afin de, afin que, pour que, en vue de… - contradiction : au contraire, or, en revanche, mais, alors que, tandis que, bien que, en dépit de… - restriction et concession : cependant, néanmoins, pourtant, toutefois, quoique, tout au plus, même si, certes… mais, il est vrai que… cependant… ¶ Introduire un exemple : par exemple, ainsi, notamment, comme en témoigne, comme l’indique, tel est le cas par exemple de, si l’on prend le cas de, l’exemple le plus significatif nous est fourni par, l’exemple de… confirme que, ce texte montre que… ¶ Intervenir discrètement dans le texte, en limitant les expressions qui soulignent une prise de position très personnelle (éviter : « moi, je pense que… », « selon moi… », « pour ma part… »). Les pronoms on et nous sont préférables à je. Le style impersonnel est encore davantage préférable aux pronoms on et nous. ¶ Éviter le style parlé : le texte doit être écrit dans une langue courante ou soutenue. Renoncer au niveau de langue familier, aux proverbes et aux formules toutes faites. Renoncer au style journalistique ou publicitaire (slogans, néologismes…). Renoncer aux anglicismes. 5 LM0006Y Cours de M. Chométy ¶ Citer les œuvres que vous avez étudiées : la citation reproduit une phrase d’auteur entre guillemets français : « … » (éviter : “… ” et ″…″) et en précise la source (préciser le nom de l’auteur et le titre de l’ouvrage). S’il s’agit de vers, respecter leur disposition. La citation doit s’accompagner d’un commentaire. Elle permet d’appuyer la réflexion sur les textes au programme. Il faut s’efforcer de varier les moyens d’introduire des citations : - mettre deux points, des guillemets et juxtaposer la proposition introductrice et la citation. Dans la préface à son édition du Spleen de Paris, Jean-Luc Steinmetz déclare : « Baudelaire incarne un nouveau regard venu à l’homme moderne. Il s’applique aussi à nous donner une image plus étendue du poète ». - subordonner la citation à la proposition qui l’introduit. Dans la préface à son édition uploads/Philosophie/ chomety-lm06-methode-de-la-dissertation-synthese.pdf

  • 35
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager