Revue Internationale de Philosophie COMME SI C'ÉTAIT POSSIBLE, « WITHIN SUCH SU
Revue Internationale de Philosophie COMME SI C'ÉTAIT POSSIBLE, « WITHIN SUCH SUCH LIMITS »... Author(s): Jacques DERRIDA Source: Revue Internationale de Philosophie, Vol. 52, No. 205 (3), DERRIDA with his replies: Contemporary philosophers / Philosophes contemporains (OCTOBRE 1998), pp. 497-529 Published by: Revue Internationale de Philosophie Stable URL: http://www.jstor.org/stable/23955885 Accessed: 27-06-2018 15:33 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Revue Internationale de Philosophie is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Internationale de Philosophie This content downloaded from 85.233.220.25 on Wed, 27 Jun 2018 15:33:48 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms COMME SI C'ÉTAIT POSSIBLE, « WITHIN SUCH LIMITS »... Jacques DERRIDA Malgré le retard de ce qui commence ici, il ne s'agira pas, on s'e doute, de quelque dernier mot. Il ne faut surtout pas qu'un lecteur s attende, au dernier mot. Il est exclu, quasiment impossible, que mon côté j'ose y prétendre. Il faudrait même, autre protocole d contrat, ne pas y prétendre ou s'y attendre. Peut-etre, l'im-possible (Aphoristique I). La déclaration qu'en langage très ordinaire je viens de risquer, ne sais déjà plus comment elle peut se lire. Signe de la pudeur o grimace de présomption ? « Veut-il dire, modestement, affectant pe être la timidité, qu'il ne sera pas capable de proposer, en manière de réponse, quoi que ce soit de sûr et de définitif, pas le moindre dern mot?», se demanderait peut-être tel lecteur. «Aurait-il l'arrogance d suggérer qu'il a encore tant de réponses en réserve, après ce qui serait en somme, en lieu et place de dernier mot, un simple foreword ? », ajouterait l'autre. «Mais alors, comment interpréter la possibilité ces deux interprétations du dernier motl», soupirerait un troisième. Puis le quatrième, sentencieusement: «Avez-vous lu Austin sur "t crux of the Last Word\ à propos du langage ordinaire, dans A Plea f Excuses ? Ou trois fois Blanchot (') sur Le dernier mot, Le tout (1) «Le dernier mot», puis «Le tout demier mot», (à propos de Kafka in L'amitié, Gallimard, 1971) et «Le dernier mot», in Après coup (1935-36), Minuit, 1983:«... l'écho du mot il y a. 'Voilà sans doute le dernier mot', pensai-je en les écoutant.» (p. 66). Revue Internationale de Philosophie 3/1998 - n° 205 - pp. 497-529. This content downloaded from 85.233.220.25 on Wed, 27 Jun 2018 15:33:48 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 498 JACQUES DERRIDA dernier mot, Le dernier mot, à savoir sur un certain «il y a» qui va ressembler à celui de Lévinas et qu'on ne peut surtout pas, en irréduc tible langage ordinaire, traduire sans reste? Surtout pas par « there is » et « Es gibt » ? Oserai-je encore ajouter ma voix à ce concert d'hypothèses et de citations virtuelles? Peut-être orienterais-je alors les choses autrement. Par exemple vers une modalité irréductible du « peut-être ». Elle ferait trembler toute instance du «dernier mot». N'avais-je pas essayé ailleurs (2) d'analyser à la fois la possibilité et la nécessité de ce «peut-être»? Sa promesse et sa fatalité, son implication dans toute expérience, à l'approche de ce qui vient, de (ce) (l'autre) qui vient de l'avenir et donne lieu à ce qu'on appelle un événement? Or cette (2) Notamment dans Politique de l'amitié, Galilée 1994, Ch. 2 et 3, dans le sillage de ce «dangereux peut-être» dont Nietzsche disait qu'il était la pensée des philosophes de l'à-venir. Par exemple (et je souligne donc certains mots tout en prenant, d'entrée de jeu, une précaution : les citations qu'il m'arrivera de faire de certains de mes textes ne sont ici destinées qu'à ouvrir l'espace d'une discussion. Je souhaite seulement prolonger celle-ci au-delà de certaines limites dans lesquelles elle doit rester ici, faute de place, contenue et contrainte. Ces citations que je m'oblige à faire contre mon goût et au risque délibérément couru d'être accusé de complaisance, ce ne sont dans mon esprit ni arguments d'autorité ou exhibitions abusives ni des rappels aux auteurs des articles ici publiés. Ils n'en ont nul besoin. Je voudrais donc seulement, de façon brève et économique, m'adresser ainsi, par ces citations ou références, à un lecteur qui, soucieux de poursuivre l'échange engagé, voudrait se reporter aux textes concernés) : « Or la pensée du "peut-être" engage peut-être la seule pensée possible de l'événement. De l'amitié à venir et de l'amitié pour l'avenir. Car pour aimer l'amitié, il ne suffit pas de savoir porter l'autre dans le deuil, il faut aimer l'avenir. Et il n'est pas de catégorie plus juste pour l'avenir que celle du «peut-être». Telle pensée conjoint l'amitié, l'avenir et le peut-être pour s'ouvrir à la venue de ce qui vient, c'est-à-dire nécessairement sous le régime d'un possible dont la possibilisation doit gagner sur V impossible. Car un possible qui serait seulement possible (non impossible), un pos sible sûrement et certainement possible, d'avance accessible, ce serait un mauvais possible, un possible sans avenir, un possible déjà mis de côté, si on peut dire, assuré sur la vie. Ce serait un programme ou une causalité, un développement, un déroulement sans événement. La possibilisation de ce possible impossible doit rester à la fois aussi indécidable et donc aussi décisive que l'avenir même.» (p. 46) «Sans l'ouverture d'un possible absolument indéterminé, sans le suspens radical que marque un peut-être, il n'y aurait ni événement ni décision. Certes. Mais rien n'arrive et rien ne se décide jamais qu' à lever le peut-être en en gardant la possibilité «vivante», en mémoire vive. Si aucune décision (éthique, juridique, politique) n'est possible qui n'interrompe la détermination en s'engageant dans le peut être, en revanche la même décision doit interrompre cela même qui est sa condition de pos sibilité, le peut-être même » (p. 86 et passim). Les guillemets autour du mot « vivante » signalent le lien nécessaire entre cette aporé tique chanceuse du possible im-possible et une pensée de la spectralité (ni vive ni morte, mais vive et morte). This content downloaded from 85.233.220.25 on Wed, 27 Jun 2018 15:33:48 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms COMME SI C'ÉTAIT POSSIBLE, « WITHIN SUCH LIMITS »... 499 expérience du «peut-être» serait à la fois celle du possible et de l'impossible, du possible comme impossible. Si n'arrive que ce qui est déjà possible, donc anticipable et attendu, cela ne fait pas un événe ment. L'événement n'est possible que venu de l'impossible. Il arrive comme la venue de l'impossible, là où un «peut-être» nous prive de toute assurance et laisse l'avenir à l'avenir. Ce «peut-être» s'allie nécessairement à un «oui»: oui, oui à (ce) qui vient. Ce «oui» serait commun à l'affirmation et à la réponse, il viendrait avant même toute question. Un «peut-être» comme «perhaps» (it may happen, dirait on plutôt que dans la légèreté du «vielleicht», plutôt que l'appel à l'être ou l'insinuation ontologique, le to be or not to be d'un «maybe», voilà peut-être ce qui, exposé comme le «oui» à l'événe ment, c'est-à-dire à l'expérience de ce qui arrive (happens) et de qui alors arrive (arrives), loin d'interrompre la question, lui donne sa respiration. Comment ne jamais renoncer à la question, à son urgence ou à son interminable nécessité, sans toutefois faire de la question, encore moins de la réponse, un «dernier mot»? Voila ce qui me tient au cœur et à la pensée, mais ce n'est peut-être plus là une question ni une réponse. Peut-être tout autre chose, il faudrait y venir. Le « peut être» maintient la question en vie, il en assure, peut-être, la sur-vie. Que veut dire alors un «peut-être», à la jointure désarticulée du possible et de l'impossible? du possible comme impossible? Du LANGAGE ORDINAIRE : EXCUSES (APHORISTIQUE II). A toutes les études qu'on vient de lire, leurs auteurs le savent, j'ai trop longtemps tardé, moi, à répondre. Est-ce pardonnable? Or j'en demande pardon. Sincèrement. Mais non sans m'engager de nouveau à répondre. Je promets ainsi de faire quelque chose qu'on appelle «répondre», et de le faire, comme toujours devrait le faire, croit-on, une réponse, à savoir en parlant. Non pas en joignant le geste à la parole, comme on dit dans le langage ordinaire, mais en faisant quelque chose avec des mots, selon la formule d'Austin. Pourquoi nommer ici l'inventeur bien connu d'une distinction désor mais familière? Telle paire de concepts (performatif/constatif) peut être d'origine assez récente, elle est devenue canonique. Malgré l'entêtement amusé de son auteur à ne se régler que sur le «langage ordinaire», elle aura changé tant de choses dans le langage moins This content downloaded from 85.233.220.25 on Wed, 27 Jun 2018 15:33:48 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 500 JACQUES DERRIDA ordinaire de la philosophie et de la théorie en ce siècle. Or il s'agissait là, premier paradoxe, uploads/Philosophie/ comme-si-c-x27-etait-possible-within-such-limits.pdf
Documents similaires










-
35
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 30, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 2.6573MB